Foot français régional : match de la peur à Avignon

L’AS La Baume-de-Transit (Visan-Nord) se déplaçait dimanche pour la dernière journée de sa poule de PHB à Avignon. L’US Avignon II était déjà relégué, mais l’ASBDTVN devait gagner pour assurer sa place dans cette ligue. Récit d’une journée «à la française».

Debout à onze heures, les yeux encore collés par le rosé et le Pastis du jour d’avant. Rendez-vous est donné par le Président à 12h45 au bar du coin. Le temps de se jeter deux cafés et d’aller jusqu’au «Transit» rejoindre les autres, de commander un cornet de frites au patron belge du resto et de lire La Provence pour digérer la qualif’ de l’OM en Ligue des Champions et c’est parti direction Avignon, à quelque 50 kilomètres.Les rires fusent sur la route en voyant les «conos» de touristes de retour de long week-end s’amasser dans l’autre sens, dans un immense bouchon qui s’étirera jusqu’aux faubourgs de Lyon (à 150 km de là !) plus tard dans l’après-midi. En arrivant en banlieue de la Ville des Papes, le moment le plus compliqué de la journée s’annonce : trouver le terrain. Le Stade Gorlier, avenue de la Folie (!)… Il faut dire qu’il y a cinq stades différents dans cette agglomération ! Et comme dans la voiture nous avons embarqué le gardien, il vaudrait mieux ne pas se perdre…
Bingo, nous avons erré dans les faubourgs de la cité pendant plus d’une heure. Au moins, j’aurai pu voir et revoir le célèbre Pont d’Avignon où dansaient bon nombre d’Allemands et d’Hollandais tout rouges et en short. Après avoir demandé notre route à des passants qui nous ont envoyé au fin fond de nulle part, nous réussissons finalement à trouver le stade à 20 minutes du coup d’envoi.


Baume-Transit

Les enjeux du match ? Inconnus. Normalement La Baume est sauvée, mais les relégations successives de Montélimar en CFA 2 et de Rhône-Vallée en PHA ont bouleversé les données. Personne, ni même la Ligue, n’est capable de dire si la 10ème place est synonyme de sauvetage. En même temps, faut pas vraiment chercher, le foot en France c’est très spécial. La victoire rapporte quatre points, le nul deux, et la défaite un. Cela afin que les équipes se déplacent même en cas de défaite certaine… Et le classement peut également être bouleversé par un autre stratagème : les points négatifs. Ceux-ci peuvent être infligés à une équipe si un de ses joueurs est expulsé.
En règle générale, un match de suspension coûte un point de pénalité. Par exemple, la «une» de l’US Avignon est deuxième de son groupe, mais un de ses joueurs ayant agressé un arbitre, il a pris près de deux ans de pénalité et son club a été sanctionné de 25 points de malus ! Ils se sont heureusement (pour la régularité du classement au niveau sportif, pas pour la gueule à l’arbitre) sauvés à la dernière journée. Il y a d’autres spécialités, genre les cartons blancs (10 minutes de suspension) ou les changements illimités jusqu’à 10 minutes de la fin…
Même problème pour l’ASLBDTVN, les sanctions ne sont pas encore tombées, mais un de ses éléments a menacé un arbitre et les points de pénalité devraient osciller entre trois et quatre… Autant dire que rien n’est dit dans cette poule B avant ce match ! Une autre tuile est tombée sur la tête du club du village. Malgré 33 licenciés, seuls 19 joueurs étaient présents pour se déplacer soit à Avignon pour la «une», soit à Séguret pour la «réserve». Ajoutez à cela le gardien de la première qui veut aller jouer avec la «deux» parce que sa famille vient de Séguret et le déplacement de l’équipe fanion est tout sauf une sinécure… Heureusement, trois vieux de la vieille ont pu être rappelés à la dernière minute pour faire le nombre avec la «deux» qui est allée chercher un honorable match nul (1-1) en déplacement.
Après avoir présenté les licences à l’arbitre, le match peut commencer. Les deux délégués de chaque équipe ont signé la feuille de match et le Président doit faire la touche. Le règlement oblige en effet un des représentants de chaque équipe à faire l’arbitre assistant, avec les hors-jeux, les fautes et tout le toutim ! Bref, les équipes entrent sur le terrain et le concierge du stade ferme à clé le grillage bordant le terrain. Il paraît que l’enceinte sise entre l’autoroute et quelques barres de HLM a connu quelques problèmes de sécurité. Le nouveau statut des arbitres, considéré comme des représentants de l’ordre (des flics quoi) selon une loi promulguée du temps où le nouveau Président de la République était à l’Intérieur, n’a que modérément porté ses fruits…


L’arbitre assistant

Stade Gorlier : 17 spectateurs (en comptant les remplaçants). Arbitre : Youssef Ben quelque chose. Les compositions. US Avignon II : le 1, le 2, le 4, le 5, le 3, le 8, le 7 (60e, le 13), le 10, le 6 (30e, le 12); le 9 (65e, le 7 qui re-rentre), le 11. AS La Baume-de-Transit Visan Nord : Philippe, le 2, le 3, Le 4, le 5, Guillaume, Ben, Janvier, le 7, Saïd, le 9. Me rappelle pas de tous les noms, j’avais l’esprit quelque peu embrumé…
Alors que le soleil était voilé en début de journée, c’est un soleil de plomb qui s’abat sur le Stade Gorlier. 32° à l’ombre, plus de 40° au soleil, il n’aura donc fallu que dix minutes pour que la rencontre ne se réduise à une attaque-défense et à peine cinq pour que l’arbitre (aussi large que haut, c’était poilant) ne commette sa première faute technique (changement de ballon alors que le portier avait le ballon dans les mains en s’apprêtant à dégager…).
Positionnés très bas, les Baumois procèdent judicieusement par contre, mais le terrain – qui n’a pas été tondu – est aussi très bosselé et s’avère traître pour les attaquants. Lors du premier quart d’heure, les attaquants de l’ASLBDTVN vendangent trois énormes occasions. Le gardien d’Avignon retardera l’échéance à deux reprises lors du quart d’heure suivant, notamment grâce à une superbe claquette sur un frappe des 25 mètres. Mais comme tout gardien de ce niveau, il est capable du meilleur comme du pire et à la demi-heure, un ballon arrivant à près de 8 mètres/heure lui fila sous le ventre et permit à La Baume d’ouvrir le score par Saïd.
Les Baumois reculent tant et plus et ce qui devait arriver arriva. Le 10 adverse perce dans l’axe sans que les défenseurs encore essoufflés de leur dernière relance hasardeuse ne puissent intervenir. 1-1 à la mi-temps. Mais L’AS La Baume-de-Transit Visan Nord a su faire la différence en seconde période. Grâce à Saïd de nouveau, auteur d’un but et de deux passes décisives. La réussite de la peur marquée par l’USA n’y changera rien, l’ASLBDTVN est sauvé (2-4 au final).
Le niveau de ces deux équipes doit être à peu près de la 13 ou 14ème ligue française. Cela correspondrait en Suisse à la 11ème ligue… Mais nombre de joueurs auraient clairement leur place en 1ère ligue sous nos latitudes. Au niveau technique, il y a un monde de différence avec les petites ligues helvétiques ! Quelques joueurs venus de la banlieue de Valréas ont vraiment un niveau impressionnant. La technique balle au pied sur des terrains défoncés, bosselés et mal tondus est un exercice périlleux. Certains joueurs qui «touchent leur bille» se sont vus proposer des contrats semi-pros pour la saison prochaine, à Pierrelatte ou à Montélimar (genre 500 à 800 euros par mois tout de même).
Bref, retour au bercail après la douche pour l’apéro de fin de saison. Il a fallu prendre les petites routes pour s’extirper des bouchons qui sévissent sur l’autoroute depuis 13 heures et qui ne se désengorgeront que dans la soirée. A mon avis, quelques Belges et autres Hollandais ne seront pas à l’heure au boulot le lundi matin… Alors départ direction Courthézon, et 50 bons kilomètres entre vignes et chênes truffiers. Magnifique !


Courthézon

Arrivée au bar du village pour l’apéro, Pastis, Rosé-jus-de-pêche, Coca, pizza et fougasse «hallal» et on finit tous sur la terrasse par de multiples tournées de «momies» (dans un verre format verre à blanc, mettez une dose de 51, deux d’eau et un glaçon, puis répétez le mouvement une quinzaine de fois). Ajoutez-y un bon coup de soleil, et après on s’étonne que je ne vois plus le ballon (www.lebaralier.com – comment ça pas de pub !?) quand je rentre me poser devant l’Equipe du Dimanche
Voilà, ma journée «à la française» touche à sa fin. Limite choquante pour un petit Suisse quand on voit les moyens (ridicules) et le talent (impressionnant) des équipes de la région. Le «pays des Champions du Monde» est vraiment une terre de football. Même si dans le coin, le rugby et surtout le moto-ball (si si), qui fera l’objet d’un reportage lors de mon prochain voyage (c’est promis), sont également les sports phare de la région. Et j’ai même trouvé un joueur de hockey fan de Montréal au bar du village, alors qu’il n’y a que trois patinoires dans les 300 kilomètres alentours !

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7 Commentaires

  1. Rien que la photo du juge de touche vaut le déplacement ..
    Peut-on le lister pour le Pigeon dOr de juin pour son gout désastreux déquipement sportif ???

  2. et oui, bienvenue dans le sud…Et ses joutes endiablés en plein caniard, quand ça nest pas le Mistral qui vient sy mettre. Mais cest vrai que ça vaut le coup de se défoncer, rien que pour lapéro qui va suivre. Parole dun Nimois….

  3. Le niveau de ces deux équipes doit être à peu près de la 13 ou 14ème ligue française. Cela correspondrait en Suisse à la 11ème ligue… Mais nombre de joueurs auraient clairement leur place en 1ère ligue sous nos latitude

    Petite erreur le niveau fait 8eme division ce qui fera env 2 ou 3eme ligue chez vous

  4. Inconnus. Normalement La Baume est sauvée, mais les relégations successives de Montélimar en CFA 2 et de Rhône-Vallée en PHA ( encore une erreur rhone vallée va en DH et non en PHA )

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