Coin polémique : ne parlez plus d’exploit

Quoi qu’on en dise et malgré tous les matches contre le Honduras ou l’Ukraine que vous voudrez, la Suisse est devenue, après 15 ans de labeur, une nation qui compte en football. Certes pas au point de s’immiscer dans le haut de la hiérarchie continentale, mais tout de même dans la catégorie des valeurs sûres.

Oui, disons-le d’emblée, si le pays du hornuss est représenté pour le troisième fois de suite en Ligue des Champions, il le doit en bonne partie à son nouvel habitant Michel Platini, qui semble beaucoup se plaire dans le canton de Vaud tant il a oeuvré pour remercier sa patrie d’adoption. Bâle fait cette saison partie du gotha après avoir sorti, excusez du peu, des tanches encroûtées venues de Debrecen et des Sheriff arrivés de Tiraspol bien plus en mode Rosco P. Coltrane que Jed Cooper. L’année d’avant, le FC Zurich avait atteint le jardin d’Eden en repoussant les terrifiants assauts de Maribor et de Ventspils. A ce tarif, même Sion se serait hissé en phases de groupes !
La refonte du mode qualificatif pour la Ligue des Champions offre, on ne peut pas dire le contraire, un véritable boulevard au champion de Suisse. Autant lui assurer une place d’office en poules, ce qui devrait normalement être le cas dès la saison prochaine. Mais n’allez pas croire que cette générosité uefaienne soit totalement infondée. Bien au contraire.

Si la Suisse jouit de cette position privilégiée, c’est qu’elle l’a mérité, surtout grâce à la régularité du FCB, dont c’est tout de même la septième participation de suite à une phase de groupes européenne. Plus généralement, dans les faits, je crois bien que nous sommes contraints de nous faire violence et de nous défaire de nos manteaux masochistes de petits Helvètes.
A moins d’un minaret à Rüschlikon, la logique veut qu’un club suisse n’ait aucune chance – mise à part la sacro-sainte incertitude du sport – face à un membre du top 5-6 anglais, italien, espagnol et allemand. Encore que… comme dirait l’autre. Difficile aussi de régater contre les deux ou trois meilleures formations de France, du Portugal ainsi que contre les champions des Pays-Bas ou de Russie. Mais pour le reste ?
La vérité, c’est que le football suisse arrive juste derrière ces quelques géants européens. Young Boys s’est chargé d’enfoncer encore un peu plus le ballon rond turc dans sa déliquescence actuelle, Lausanne – au prix d’un miracle, il est vrai – n’a pas tremblé contre des Bosniaques, des Danois et mêmes des Russes et Grasshopper, malgré l’élimination, a entièrement dominé un Steaua Bucarest qui partage en ce moment la tête de la ligue roumaine.
Je sais, ça fait bizarre dit comme cela. Mais il n’y a pas d’autre explication : les clubs issus de la Wonderful League (et de la Bwin League pour le LS) soutiennent plutôt très bien la comparaison avec l’étranger.
Si on essaie de faire taire la blessure encore fraîche du dernier Mondial, la théorie se vérifie également avec l’équipe nationale, qualifiée pour les trois derniers tournois où elle a dû gagner son billet. Encore une fois, posons-nous la question suivante. Une fois que l’on énumère les géants que sont l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre, l’Allemagne, la France, le Portugal et les Pays-Bas, quelles nations européennes reste-t-il, desquelles nous pouvons affirmer à 100% qu’elles sont supérieures à la Suisse ?

Aucune. D’où le fait qu’en temps normal, la sélection nationale se doit de terminer logiquement à la deuxième place derrière la tête de série de son groupe et ainsi disputer un barrage pour l’Euro ou la Coupe du Monde. Dans le pire des cas, elle peut finir troisième si le tirage au sort lui a été défavorable et qu’elle se retrouve avec la Russie ou la Serbie dans un groupe emmené par un mastondonte. Ce qui a peu de chance d’arriver avec le jeu des chapeaux. Dans le meilleur des cas, son chef de file est la Grèce…
Alors, qu’il s’agisse de qualification pour la Ligue des Champions ou des tournois internationaux, plus question de parler d’exploit (d’autant moins avec un Euro à 24 équipes d’ici 2016). L’exploit, pour le football suisse, n’a pas été circonscrit dans une seule victoire, dans un seul match, dans un moment fulgurant. L’exploit a été très helvétique, construit patiemment, discret, lancinant.
Il n’en demeure pas moins d’autres exploits à réaliser dans le futur. A commencer, notamment, par se maintenir à ce niveau-là. Et l’affaire n’est pas mince.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Psyko Franco

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5 Commentaires

  1. Dis, à part quelques remarques un peu gratuites, je vois pas ce que ce billet a de polémique: dans l’ensemble le foot suisse a énormément progressé, au moins depuis 94, ce qui se voit tant dans les coupes d’Europe, dans le nombre de mercenaires que nous avons actuellement, dans la formation des jeunes… Bien sur, il y a des paliers, mais avec les moyens actuels, effectivement, l’enjeu est de rester parmi les meilleurs viennent ensuite à long terme.
    Maintenant, si on est pas vraiment inférieurs à l’Irlande ou à la Grèce, ça ne veut certainement pas dire que nous leurs sommes supérieurs. N’en déplaise à certains, les équipes européennes à l’exception de quelques machines de combat, sont dans un mouchoir de poche, dans ce sens, une qualification reste une performance pour n’importe quelle équipe. Un exploit, c’est un peu du journalisme non?

  2. Comme le dit Epi, tu es même trop gentil avec certains championnats des « grands ». C’est plutôt en Europe une vingtaine de clubs qui sont intouchables, et tous les autres qui viennent après qui ont plus ou moins une chance entre elles (même le LS bat le 3e russe…)

    A part ca, j’ai pas lu dans la presse que Bale avait fait un exploit de se qualifier…

    Sinon pour l’équipe nationale, c’est à voir. Je pense que son rang entre la 10e et 15e place européenne, en fonction des générations. En 2006, nous étions même plus haut que la 10e place selon moi (ahlala, un Hitzfeld aux commandes à ce moment là…), actuellement nous sommes plus près du 15e rang et la qualif pour l’Euro sera dure, l’air de rien.

    T’as raison qu’il faut arrêter de rougir quand les gens nous dénigrent ou dénigrent le foot suisse. Mais c’est malheureusement le propre de ce sport de toujours avoir des clichés sur tout le monde (lire un con comme Pierre Ménès par exemple, le type même du café de la poste avec des théories de débile profond): dans l’esprit des gens la Suisse sera toujours nulle, le Brésil toujours le meilleur, et les résultats qui sortent des pays conventionnels toujours des surprises…

    Par exemple, depuis 2004, on a grosso modo les mêmes résultats que l’Angleterre (ils font un tour de mieux que nous en 2004, 06 et 10 mais avec un groupe pourri et des matchs épouvantables, mais ils sont pas présents en 08), mais personne dans la rue n’oserait dire que l’équipe de Suisse est du niveau de l’Angleterre depuis 6 ans. Pourtant l’équipe l’est. Sûrement pas les joueurs, assurément pas le championnat, mais l’équipe et ses résultats oui!

    Ca restera sans doute toujours comme ca. D’ailleurs même en gagnant un titre, ca ne suffit pas pour les petits pays (Danemark, Grèce) qui sont vus comme des « miracles » ou des « voleurs », alors que ca adoube à vie des grrrrrrrrrandes nations comme la France ou l’Angleterre. Dans leur cas, personne ne parle de miracle, ils font plutôt semblant de s’étonner de perdre à chaque fois…

    Enfin, juste une précision. Contrairement à ce que tu dis, les trois prochaines années, on aura tjs les mêmes représentants en coupe d’europe et dans 4 ans, on risque plutôt de n’avoir à nouveau qu’une seule équipe en ChampionsLeague. La faute aux point qu’on perd de la saison 2006 de Bâle. Et comme les campagnes 2007, 2008 et surtout 2009 ont été horribles, il faudrait une immense campagne 2011 (l’actuelle donc) pour conserver 2 places en qualif de Champions.

    Après, si on assure un qualifé en Champions encore 3 ans de suite, il se peut effectivement que dans 5 ans (!) la champion de Suisse soit directement qualifié pour la Champion’s League…

    Comme tu dis, seule la longévité compte! :o)

  3. Au niveau des équipes nationale, la Suisse est 17, et 11e équipes européennes.
    Le classement des club de l’UEFA donne la suisse en 13e place, ce qui peut offrir au champions la chance de ne pas faire les phases de qualification.

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