Ligue 1 : la période la plus indécise a débuté

S’il y a bien une période où le mystère demeure intact en championnat de France, c’est clairement le mois de juin. De rumeurs en clash, d’infos bidons inventées par les agents pour augmenter la cote de leurs joueurs en délires mégalomaniaques des présidents, petit tour d’horizon à fin juin.

Pour une fois, tout le monde est à égalité avec les Lyonnais. Tous à 0 point. Mais le PAOK Lyon (*), avec ses 200 millions d’euros déclarés au budget et ses près de 70 millions à investir en nouveaux joueurs, effraye le marché. Etonnant toutefois de constater que le sextuple champion de France ne fait pas, une fois n’est pas coutume, la une des journaux au rayon arrivées (seuls Bodmer, défenseur central, milieu défensif et offensif, et Keita, ailier droit, sont venus garnir leurs rangs).Les départs prévus de longue date (Diarra, Berthod, Govou et quelques jeunes n’ayant pas réellement eu leur chance à haut niveau) s’éternisent, tandis que les piliers des derniers titres veulent prendre la poudre d’escampette contre l’avis de la maison. Ainsi, Tiago va partir à la Juventus, Malouda va bientôt émigrer du côté de Chelsea (ou peut-être Liverpool) et Abidal a une touche avec le Barça (même si les Catalans rechignent à lâcher 20 millions d’euros pour un joueur n’ayant pas réussi un centre de sa carrière). Mais la saignée a été évitée de justesse. Malgré son sale caractère et l’ambiance exécrable qu’il fait traîner dans les vestiaires, Juninho a été reconduit jusqu’en 2010, à l’instar de Grégory Coupet, qui lui a longuement hésité à terminer sa carrière à l’étranger. Un IFK Lyon vieillissant et qui ne voit toujours pas venir les multiples étoiles promises depuis des lustres par Jean-Robertinho Aulas (**). Pourtant, un bon parcours en Ligue des Champions est à ce prix, mais la fiscalité française n’est pas en adéquation avec les ambitions aulassiennes.

On peut donc légitimement poser cette question : Lyon n’a-t-il pas atteint le maximum imaginable pour un club français ? Après six titres, que peuvent faire de plus les Lyonnais pour se rapprocher du top européen ? Beaucoup de physionomistes tels que moi vous répondront en un mot : rien !
Marseille, le dauphin des Lyonnais, a décidé de copier le modèle des Rhodaniens pour essayer de conserver sa place sur le podium l’année prochaine ainsi que d’éviter le ridicule en Ligue des Champions. Après les signatures intelligentes et gratuites de Faty (23 ans/stoppeur) et Gragnic (23 ans/milieu offensif), Benoît Cheyrou (26 ans/milieu défensif gaucher), Gaël Givet (25 ans/stoppeur) et Laurent Bonnart (27 ans/latéral gauche) ont rejoint dernièrement la Canebière en provenance d’un club de L1.
L’OM qui manquait de maturité et de leaders la saison dernière semble avoir comblé ce vide. Tant Cheyrou que Bonnart et Givet étaient capitaines dans leur club respectif ! Reste à finaliser un ou deux gros calibres indispensables à la paix des ménages avec les supporters (Cissé et Giuly) et les Phocéens auront sans doute réalisé le mercato le plus «couillu» depuis 98 et l’époque Dugarry, Blanc & cie.
Pour continuer dans les clubs «à la mode», passons au PSG. Oh, rien de bien excitant, et c’est là le gros progrès effectué par les Parisiens, à l’instar de leur ennemi préféré des Bouches-du-Rhône. En ne faisant pas parler d’eux dans les journaux, ces deux clubs sulfureux travaillent dans l’ombre et c’est sans doute une révolution. Malheureusement, malgré cette discrétion, les joueurs du Parc des Princes n’ont pas enregistré de recrue majeure, plombés par des comptes dans le rouge et des actionnaires américains tout sauf flambeurs.
Le grand perdant de ce début de mercato semble être l’AJA. Non seulement Guy Roux ne hante plus ses couloirs (embauché à Lens, ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle) mais l’effectif s’est réduit comme peau de chagrin. Pourtant l’argent afflue ! 12 millions pour Kaboul (à Tottenham), 5 pour Cheyrou (à l’OM), 5 pour Akalé (à Lens), et que voient arriver les supporters bourguignons ? Un stoppeur brésilien subtilisé à la dernière minute à Caen et Maoulida, «Bandelette-man» du Vélodrome… L’Auxerrois n’est pas d’un naturel flambeur, mais tout de même.

A Lille on continue d’éviter la saignée. Après avoir perdu Bodmer et Keita, partis en multi-pack à Lyon, les Lillois se sont (enfin) débarrassés de Gygax (pour 800’000 euros à Metz). Conserver leurs autres atouts n’est pas une mince affaire, surtout Jean II Makoun, convoité par la moitié de l’Europe. Claude Puel va devoir avoir le nez fin pour accrocher à nouveau une place en Ligue des Champions, qui a fui les Nordistes cette saison.
Pour le reste, et tel Aimé Jacquet dans les Guignols, je ne vais pas vous saouler avec les recrues de Strasbourg, du Liverpool de Nancy ou de la Juventus de Lorient, parce que j’y perdrais le peu de crédibilité qu’il me reste aux yeux de mon lectorat.

(*) La Ligue 1 ne pouvant compter qu’un seul club dit «Olympique», tu ne liras dans cette rubrique que FC Lyon pour désigner le club rhodanien. Des variantes sarcastiques telles que ASPPT Lyon, RC Lyon ou encore CP Lyon sont par contre toujours possibles.

(**) Pour des raisons hygiéniques et mentales inhérentes à ton chroniqueur adoré, le nom du président du FC Lyon ne sera pas prononcé dans ces colonnes. Tu trouveras par contre une bonne dose d’homonymes. Jean-Robert, Jean-Mouloud, Jean-Louison ou encore Jean-Abdelkader Aulas le remplaceront au fil des semaines et de ses pérégrinations.