Manchester City : l’argent n’achète pas tout

Après une campagne de transferts faramineuse, toute l’Angleterre attend Manchester City au tournant. Mais la mayonnaise n’a pas encore pris dans les travées du City Stadium et les millionnaires n’ont pas pu faire mieux que match nul face aux vagabonds de Blackburn.

Shopping à Manchester

City avait dépensé 170 millions en 2009 pour se donner les moyens de ses ambitions avec l’acquisition de plusieurs internationaux. Mais après avoir crevé au pied des places qualificatives pour la Ligue des Champions, le club a remis ça cet été : avec environ 215 millions de francs dépensés pour Silva, Milner, Yaya Touré, Balotelli et J. Boateng pour ne citer que les plus connus, City a fait dans la démesure et s’est attiré la haine de la plupart des fans dans le reste du pays. Mais contrairement à Hoffenheim, le club a un passé glorieux (même si le dernier trophée est la Coupe de la Ligue en 1976) et une base de supporters solide.
Contrairement au Real Madrid, le choix des joueurs ne s’est pas fait sur des retombées économiques à la Florentino Pérez. Bien qu’il a pris la place des galactiques en tant que «psychopathe du marché des transferts»,  le cheikh Mansour, PDG d’Abu Dhabi United Group et propriétaire du club, a dépensé sans compter sur des critères plus sportifs : investissant autant dans le secteur défensif (Barry, Lescott, les frères Touré, Boateng) qu’offensif, les Citizens ont une équipe plutôt équilibrée. Ne pouvant pas faire tout juste, Santa Cruz (toujours au club) ou Robinho ont été les premiers flops du recrutement des Skyblues. Loin de moi l’envie de défendre les millions dépensés, néanmoins avec un recrutement autant anglais qu’étranger et quelques joueurs au fighting spirit reconnu, on aurait pu faire bien pire. Mais si Hugues, débarqué à Noël passé, avait commencé un recrutement intelligent avec Given, Lescott, Kolo Touré, Barry ou Tevez, son remplaçant a pris plus de risque au niveau de l’ambiance du groupe : Balotelli, Vieira ou Silva ne sont pas des joueurs toujours faciles à gérer et ils multiplient le nombre de stars et fortes têtes dans le vestiaire. Un joli casse-tête pour Roberto Mancini.

Sam Allardyce, entraineur des Rovers, s’est fendu d’une belle déclaration d’avant-match, marmonnant qu’il faudrait peu de temps avant que City n’achète son titre. Comme Big Sam s’est officiellement présenté dans la semaine comme candidat à la succession de Capello à la tête de l’Angleterre et au vu du jeu pratiqué par Blackburn, on n’accordera que peu de crédit à ses propos. C’est un peu comme si la Suisse nommait Artur Jorge ou Enzo Trossero comme sélectionneur…

Everton – Manchester United au pub

A la base, c’était le match que je voulais aller voir, mais n’ayant pas trouvé de billet, je me suis «rabattu» sur Manchester City. Et puis, voir les éternels rivaux dans un pub devant le stade est une expérience à vivre une fois. C’est donc au «Derby Arms» avec une centaine de supporters de City que je regarde Manchester United sans Rooney, officiellement écarté par papa Ferguson pour ne pas subir la pression des sifflets des supporters des Toffees. Ça ressemble plus à une sanction interne pour sa mauvaise gestion de sa libido, parce que si la raison invoquée est la bonne, Roo ne va pas jouer souvent à l’extérieur cette saison. On assiste à une bonne première mi-temps avec deux équipes offensives, qui ont tour à tour la possession de balle et les occasions de but s’enchaînent rapidement. A la 39ème, c’est le Sud-Africain Pienaar qui rappelle à Evra son cauchemar estival, inscrivant le premier but de la partie consécutive à une bourde de l’ex-capitaine français à mi-terrain ; explosion de joie dans le pub, quelques chants lancés et les barmaids sont prises d’assaut. L’euphorie sera de courte durée, Fletcher égalise sur un centre lumineux de Nani juste avant le thé. Nani remet ça juste après la pause et trouve cette fois la tête de Vidic pour le 2 à 1. Le petit Portugais commence à épurer son jeu et devient gentiment mais sûrement une arme redoutable. Il y aura toujours deux ou trois centres par match qui finiront au point de corner, mais quand ils arrivent à destination, ce sont des caviars pour les attaquants mancuniens. A la 66ème, Berbatov met le troisième et à la 80ème minute, je quitte le pub, sûr de la victoire de United, pour ne pas arriver trop à la bourre au stade. Bien mal m’en a pris, puisque c’est à la stupeur générale et suivi d’une clameur, que le speaker annonce le match nul entre Everton et United 3 à 3.  Les Blues du nord auront trouvé les ressources nécessaires par Cahill et Arteta pour revenir au score dans les arrêts de jeu, autant dire que ça devait être de la folie à Goodison Park, qui reste décidément une forteresse imprenable.

Angleterre bis, toujours à la sauce italienne

Le match commence sur un rythme de sénateurs, malgré les efforts du joyau Adam Johnson qui enflamme son flanc droit. Après les demis offensifs d’Arsenal deux semaines auparavant, Salgado et Givet ont un nouveau challenge à relever avec Wright-Phillips et Johnson sur les côtés. Si l’ancien Madrilène, un des joueurs les plus sous-estimés de la Premier League, a abattu un travail titanesque, c’est à nouveau du côté de Givet que viendront toutes les actions dangereuses en première mi-temps. Je ne comprends pas pourquoi Mancini n’a pas un peu changé son système de jeu contre Blackburn. La présence de deux 6, Vieira surprenant titulaire et Yaya Touré, qui ne sont pas les plus rapides dans le jeu court, ne servent pas à grand-chose face à une équipe qui joue rapidement en contre et grille le milieu de terrain par des longs ballons lorsqu’ils l’ont récupéré. Résultat : City est aux abois lors des contres des Rovers et lent dans la construction du jeu vers les buts de Robinson. Je suis nostalgique et admirateur de Roberto Mancini lorsqu’il formait avec Vialli un duo d’attaque redouté par toutes les défenses d’Italie, les années où la Sampdoria était proche du sommet du football européen et où Jean-Jacques Tillmann nous comptait les résultats du Calcio en fin d’émission sportive dominicale sur la TSR avec un accent italien inimitable. Je suis moins convaincu par l’entraîneur, malgré les succès rencontrés par le passé. Reste que les conférences de presse, à l’instar de Fabio Capello, sont assez comiques ; Mancini parle aussi bien anglais que Jim Courier le français au micro après une finale à Roland Garros.
C’est sur une mésentente entre Joe Hart, dont l’état de grâce semble terminé, et Kolo Touré que  Blackburn ouvre le score par Kalinic qui pousse le ballon dans le but vide à la 24ème. Avant et après le but, les tentatives d’Adam Johnson, dont un poteau, de Tevez ou de Milner sont vaines et c’est dans un silence de cathédrale que les deux équipes rejoignent les vestiaires à la pause. L’ambiance n’a d’ailleurs pas atteint des sommets. Avec six internationaux évoluant à City qui ont foulé la pelouse du Parc St-Jacques mardi, le kop a toutefois fait sourire le stade en chantant à plusieurs reprises «Come on England». Avec les blessures de Salgado et Nelsen, l’arrière-garde des visiteurs est remaniée avec les entrées de Chimbonda et Olsson. Seul point positif pour les supporters des Rovers : Givet est du coup replacé au centre. A la 53ème, les Citizens frisent le code sur une rupture de Mame Diouf et comme c’est souvent le cas, Blackburn n’ayant pas su tuer le match, égalisent deux minutes plus tard sur un joli une-deux entre Tevez et Vieira, seule véritable action d’éclat du match de la vieille pieuvre tricolore. Avec l’entrée de Barry, le jeu devient plus fluide. Mais il faudra attendre l’arrivée très tardive de Silva pour que City mette sous pression Samba et compagnie. Un tout grand Robinson dans les buts préserve l’essentiel et Blackburn repart avec ce qu’il était venu chercher.

Les deux matchs nuls des équipes de Manchester ou celui de Tottenham à West Bromwich et les parcours en dents de scie de plusieurs équipes en ce début de championnat prouvent que la Premier League est plus ouverte que ces dernières années, même si on retrouve déjà Chelsea, Arsenal et Manchester United en tête. Chelsea avec un programme qu’on pourrait qualifier de clément en ce début de championnat (ce qui va complètement à l’encontre de ma théorie énoncée une phrase auparavant) se permet même de faire un sans-faute pour le moment et se profile plus que jamais comme l’équipe à battre. A City, le collectif est encore en rodage et avec sept points de retard déjà sur les Londoniens, il ne faudra pas se rater lors des deux prochains matchs contre Wigan à l’extérieur et Chelsea à domicile, faute de quoi, le titre serait déjà bien loin et la crise toute proche. Si au contraire, l’équipe accumule suffisamment de points pour pouvoir travailler dans la sérénité, le potentiel énorme devrait la porter vers les sommets.

Manchester City – Blackburn Rovers 1-1 (0-1)

City of Manchester Stadium, 44’246 spectateurs.
Arbitre : Mark Clattenburg.
Buts : 24e Kalinic 0-1, 55e Vieira 1-1.
Manchester City : Hart; Richards, K. Touré, Kompany, Lescott; Wright-Phillips (56e Jo), Y. Touré, Milner Vieira (66e Barry), A. Johnson (84e Silva) ; Tevez.
Blackburn Rovers : Robinson; Salgado (45e Chimbonda), Samba, Nelsen (39e Olsson), Givet; E. Diouf, Jones, Grella (57e Nzonzi), Pedersen; M. Diouf, Kalinic.
Man of the match : Adam Johnson.

Écrit par Ludovic Schmutz

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4 Commentaires

  1. C’est un peu le Chelsea du début d’ère Abramovich: j’achète tout et à n’importe quel prix.
    A la différence qu’il y avait un certain José Mourinho à la tête de l’équipe…

  2. Oui mais Chelsea a acheter des joueurs a différents postes lors de la première année et s’est contenté de créer une équipe avec ces joueurs. Après ca ils n’ont plus acheter de star mais plutôt des joueurs utiles et des jeunes!

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