Che Guevara, grand sportif (1/5)

Découvrez le révolutionnaire argentin Ernesto Guevara de La Serna, dit le «Che», tel que vous ne l’avez jamais vu. Grand sportif, le Che Guevara a relevé de nombreux défis durant sa brève existence (il est mort en 1967 à l’âge de 39 ans). Le célèbre révolutionnaire argentin s’est illustré par des actes de bravoure qui ont laissé pantois tout son entourage. Le natif de Rosario (comme Leo Messi ou Cesar Luis Menotti) a nourri une passion sans limites pour le sport et ce, malgré des crises d’asthme éprouvantes qui l’ont souvent laissé sur le carreau.

Depuis tout petit, «Ernestito» voue une véritable passion pour le rugby, en dépit des interdictions formelles de ses médecins et des remontrances de son père: «J’aime le rugby et même si j’en crève je continuerais à le pratiquer.» Le ton était donné! De la même manière, il défie les diagnostics les plus pessimistes de la Faculté en se lançant de sacrés challenges, comme le cyclisme et le motocyclisme, le football et l’athlétisme. En 1948 il participe même à des Jeux Universitaires et signe un bond de 2.80 mètres à la perche.Grand admirateur de son compatriote, le mythique pilote automobile Juan Manuel Fangio, le Che est un casse-cou. Il s’adonne également au tir, à la pêche, au patin et à l’équitation. Rien ne l’arrête, surtout pas la maladie.
En juin 1952,  le jour de ses 24 ans, il  traverse le fleuve Amazone à la nage en ignorant ses pièges mortels, les tourbillons et les piranhas, pour célébrer son anniversaire en compagnie des lépreux. La scène est  mémorable dans le film «Carnet de Voyage», le road movie de Walter Salles, dans lequel l’acteur Gael Garcia Bernal campe le Che à la perfection.
Le football fut son éternelle passion. Enfant, il est fan de Rosario Central. Durant son premier voyage en motocyclette qu’il accomplit à travers le continent sud américain avec son compagnon Alberto Granado, il ne perd pas une occasion de taper dans le ballon, que ce soit au Chili, dans les mines de l’Altiplano en Bolivie, sur les ruines du Machu Picchu, dans la léproserie San Pablo, sur les bords de l’Amazone, dans le cœur de la jungle péruvienne.

Dans son Diario de motocicleta, son journal de bord, il se répand en commentaires dithyrambiques sur ses exploits sportifs: «Nous y avons rencontré un groupe de cantonniers qui s’entraînaient au football en prévision d’un match avec une équipe rivale. Alberto a sorti de son sac à dos une paire d’espadrilles et a commencé à dicter ses instructions. Spectaculaire résultat: nous nous sommes retrouvés engagés pour le match du dimanche suivant. Comme salaire: le gîte, le couvert et le transport jusqu’à Iquique (Chili). Deux jours ont passé avant le dimanche en question, deux jours marqués par une splendide victoire de l’équipe dans laquelle nous jouions tous deux, et par les chevreaux grillés qu’Alberto avait préparés pour émerveiller la concurrence grâce à l’art culinaire argentin.»
En 1952, à Bogota, il boit le maté en compagnie d’Alfredo Di Stefano dans le restaurant où la star argentine avait ses habitudes. Le Che rêvait de voir jouer «Los Millonarios» réputés pour leur beau jeu. Dans cette équipe de galactiques évoluaient alors ses compatriotes Adolfo Pedernera, Néstor Raúl Rossi et Di Stéfano. La légende veut que ce soit Di Stefano en personne qui ait offert des invitations aux deux globetrotters pour le match au sommet contre le Real de Madrid. Interrogée à ce sujet, la fille aînée de Di Stefano, Nanette (aujourd’hui disparue) était sceptique: «Mon père ne m’a jamais raconté cette anecdote. Mais c’était il y a bien longtemps. Et il est vrai qu’en Colombie, il voyait défiler un nombre incalculable de supporters et d’admirateurs et le Che n’était pas encore le Che! (…)»
Au Pérou, au Machu Picchu, Ernesto Guevara fait le récit d’une autre rencontre autour du ballon rond: «Dans les ruines, nous avons rencontré un groupe qui jouait au football, ce qui nous a valu une invitation immédiate. J’eus l’occasion de me distinguer comme gardien de but par un ou deux arrêts, ce qui m’amena à expliquer, en toute humilité, que j’avais joué dans un club de première division à Buenos Aires avec Alberto.»
Si Granado jouait en avant, le Che aimait par dessus tout évoluer comme gardien. Il pouvait ainsi se prémunir d’une subite crise d’asthme en gardant son inhalateur toujours à sa portée, à côté de son but.
A Leticia, aux confins du fleuve Amazone, le Che se mua une nouvelle fois en entraîneur pour une équipe locale, histoire de faire bouillir la marmite et se payer un moyen de transport pour gagner la prochaine étape de son voyage.
En 1955 quand il se pose au Mexique, il gagne sa vie comme comme reporter et photographe de l’Agence Latina. Il est envoyé spécial aux Jeux Panaméricains de Mexico City. Un autre pari fou qu’il se lance et qu’il réussit avec brio: l’escalade du Popocatepetl, à 5’426 mètres d’altitude.

Cuba et les échecs

Une fois débarqué à Cuba pour y organiser la Révolution aux côtés de Fidel Castro, il ne cache pas sa déception dans une lettre à sa mère: «Ici, personne ne joue au rugby ni au football et je n’aime pas le baseball. Sauf une partie d’échecs (de temps en temps parce que ça prend trop de temps) ou aller pêcher, je n’ai pas d’autre évasion». Mais il assouvit  tout de même avec brio sa passion pour les échecs. Même promu au rang de Ministre de l’Industrie, il passa encore du temps devant des échiquiers.
Dans les années 1960 le Che Guevara, alors directeur de la Banque Nationale, fonda le mémorial Capablanca et en fit le tournoi le mieux payé du monde. La première édition eut lieu du 20 avril au 20 mai 1962 dans l’hôtel Habana Libre de La Havane. Le champion argentin Miguel Najdorf le remporta devant 21 autres joueurs dont Lev Polougaïevski, Boris Spassky, Svetozar Gligoric, Vassily Smyslov et Borislav Ivkov. Le Grand maître Najdorf offrit la nulle à Guevara.
En 1963, via téléphone, il joua le mythique Bobby Fischer. Le champion américain  avait été invité à Cuba, mais le Département d’Etat américain ne l’autorisa pas à se rendre sur l’île. Pour résoudre la situation, Fischer disputa les parties depuis New York: il transmettait ses coups par télex à La Havane.

Trois ans à peine après le lancement de ses programmes d’apprentissage du jeu d’échecs, Cuba tenait son grand maître en la personne de Silvino García. A Cuba, en dépit de ses nombreuses occupations, le Che s’essaya aussi au golf, à la pêche sportive, au tir et au sport national, le baseball.
En 1963 à Santiago de Cuba, le ministre Guevara arrive quand même à se mettre tout le monde sur le dos en disputant une partie de football. Son ami Granado s’en souvient dans ses mémoires: «Quand il était dans les buts il ne pensait plus à ses fonctions ni à rien d’autre. Quand il était dans les buts, il était gardien. On affrontait l’équipe de football de l’université qui était entraînée par Arias, un Espagnol. Durant le match, Arias reçoit la balle, et il avance tranquillement, mais le Che sort du but, se lance vers lui et le renverse. Personne ne pensait que le ministre allait se jeter à ses pieds pour un ballon. Mais lui, il était comme ça…»

Relève pas assurée

La descendance du Che Guevara a hérité de plusieurs des aptitudes du mythique Argentin, mais aucun ne s’est illustré dans le sport. Si Camilo, son fils aîné, se distingue dans la photo comme le Che et aime comme lui les cigares cubains, il ne pratique pas de sport. La fille aînée Aleida est doctoresse comme son paternel, Celia est vétérinaire et travaille à l’Aquarium de La Havane. Ernesto, le cadet, aime la moto. Le plus âgé de ses petits-fils Canek, infatigable voyageur, excelle, quant à lui, dans l’écriture mais n’est pas non plus féru d’activités sportives.

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7 Commentaires

  1. Super article ! Et c’est vrai qu’à Cuba j’ai vu beaucoup de photos du Che jouant aux échecs. Et malgré qu’il n’aimait pas le base-ball, sur toutes les photos officielles où il joue à ce jeu, il sourit et fait « comme si » je pense pour faire plaisir au « pueblo » et à Fidel. Merci et vivement les suivants!

  2.  » le Che s’essaya aussi au golf, à la pêche sportive, au tir et au sport national, le baseball.  »

    Pour le tir, Il à principalement excellé dans la catégorie « Tir dans la nuque des prisonniers »

    L’article est sympa, mais de là à glorifier un criminel de guerre…

  3. « Le célèbre révolutionnaire argentin s’est illustré par des actes de bravoure qui ont laissé pantois tout son entourage »

    C’est de la glorification ça! Ce mec est un criminel de guerre, alors je trouve déplacé de lui accordé une série d’article! Aujourd’hui on en fait un héros romantique, mais le Che à massacré ou envoyé au poteau des « traitres » avec la même efficacité qu’un Klaus Barbie

  4. Tout à fait d’accord avec Jérémie Kohler.

    Cet article dégouline d’admiration béate pour le Che. Ok, il s’est battu pour ses idées et c’est cette image que les gens veulent retenir, mais n’oublions pas son autre côté. Un guerillero combat les armes à la main, et donc par définition, est un tueur. Le Che qui tue, ça fait tout de suite moins héros romantique…

    Néanmois, bravo pour le travail de recherche qu’il y a derrière ces articles.

    Bien à vous

    Seb

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