Club Social et sportif Che Guevara de Córdoba (2/5)

Le Club Social y Deportivo Che Guevara a vu le jour le 14 décembre 2006 dans la ville de Jesús Maria, province de Córdoba, en Argentine. Sa finalité est de non seulement rendre hommage au Che Guevara, mais également d’offrir, par la pratique du sport roi, un espace dynamique et ouvert à des jeunes livrés à eux-mêmes dans des banlieues défavorisées et des zones sociales à risques.

«Hasta la victoria, siempre»

En Argentine, sa terre natale, le Che connaît une popularité qui ne faiblit pas. Diego Maradona en personne arbore fièrement un tatouage du Che sur son bras droit. Le Pibe clame haut et fort sa passion pour lui. Il en est de même pour ses compatriotes aussi célèbres, Juan Sebastian Verón, et le rugbyman Agustin Pichot, entre autres.

La présidente, Monica Nielsen Paluda, un bout de femme à l’énergie communicative, y a mis tout son temps et toutes ses économies aussi. Sans regret. Dans son regard, la flamme s’anime à l’évocation du Che Guevara. A 53 ans, Monica, qui a connu la dictature durant son adolescente, est convaincue que les valeurs humanistes véhiculées par le Che Guevara sont toujours d’actualité.
Pour elle, le régime militaire qui a décimé l’Argentine dans les années 70 n’aurait pas pu se propager si le Che avait réussi son pari. Mais en dépit de la nostalgie de la Révolution romantique, Monica vit dans son époque, dans la réalité de sa banlieue défavorisée, dans les alentours de Córdoba. Là où des centaines d’ados désœuvrés sont ravis qu’on leur accorde un peu d’attention. Heureux d’avoir une chance de prendre leur propre destin en main, grâce au sport et au programme social mis en place par Monica et ses amis.
Le club, dont le budget mensuel nécessaire à son fonctionnement avoisine les mille dollars, est inscrit au sein de la ligue de la province de Córdoba, affiliée à la Fédération argentine de football. Pour l’heure, plus de 200 enfants licenciés rivalisent chaque week-end dans la ligue régionale et ce, dans plusieurs catégories de jeu. Mais ce sont des centaines qui piaffent d’impatience pour arborer un jour les couleurs du plus célèbre club de la zone.

Pourquoi diable floquer ses maillots avec le fameux portrait du Che ?

Monica et ses petits gars sont bardés d’un superbe maillot à l’effigie de leur héros. Un modèle qui ne passe pas inaperçu, rouge vif avec le portrait du Che en évidence et la mention «Hasta la victoria siempre»: «Jusqu’à la victoire, toujours», la phrase avec laquelle le Che concluait tous ses discours.
Monica et sa troupe en ont fait bien évidemment leur mot d’ordre: «Tout le monde est bienvenu chez nous, il n’est pas besoin de partager nos vues politiques. Notre démarche va bien au-delà que des étiquettes idéologiques», confirme Monica qui se définit quand à elle comme «guévariste à outrance».
Elle ne cache pas sa grande admiration, sa dévotion même pour son compatriote. Mais elle s’évertue aussi à mettre en exergue les aptitudes sportives du grand révolutionnaire. Des passions que l’on ne soupçonne même pas si on ne s’est pas penché sur la biographie du Che: «En dépit de son asthme, il pratiquait le rugby, le football, l’alpinisme, la natation. Il adorait aussi le baseball et le golf. Et ll faisait fi de ses problèmes de santé et se lançait toujours de nouveaux défis», lance la présidente, intarissable sur le sujet.

Le sport est un droit humain

Plusieurs jeunes ont été attirés par des clubs voisins. Monica ne les retient pas, estimant que chacun est libre de ses actes. Mais ils sont vite revenus à leurs premiers amours: «Ils ont expliqué que l’esprit qui anime notre groupe n’existe pas ailleurs. Le sport est un droit humain, pratiquons-le», lance Monica. Et d’ajouter: «Nous nous évertuons à mettre en pratique les valeurs humanistes du Che, l’honnêteté et la justice, celles pour lesquelles il a mené son combat et conduit sa vie. La création de cet espace dynamique et une opportunité de promouvoir le modèle de pensée qui caractérise le Che et qui est à mon avis très opportun dans les moments de profonde crise morale qui secoue notre pays et le monde en général».

Un terrain

Au-delà de cet hommage au Che Guevara, Monica est persuadée que le sport et en particulier le football est un pont social essentiel pour contribuer à l’intégration des plus nécessiteux. La ville voisine de Colonia Caroya avait mis à disposition du groupe une parcelle de terrain pour la pratique du football. Mais le projet connaît des difficultés pour se concrétiser car selon la présidente: «les autorités ont imposé des conditions inacceptables».

Il en faut plus pour décourager la bouillante dirigeante. Monica défend farouchement ses valeurs et ses principes et n’y dérogera pas, quitte à devoir patienter en peu pour obtenir ce dont les enfants ont besoin, un espace pour la pratique du sport. En attendant, le club a également mis sur pied des ateliers d’alphabétisation Che pour tous les âges, pour les joueurs et leurs proches. Car l’éducation était aussi un cheval de bataille du Comandante. Pour paraphraser son modèle, la présidente conclut: «L’argile fondamentale de notre travail est la jeunesse».

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3 Commentaires

  1. Encore un article pour bien commencer sa journée ! Existe-t-il un site de ce club ? Un moyen de les aider d’une manière ou d’une autre ? Merci ! Et continuez comme ça !

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