Aucun doute : l’Allemagne dominera ad eternam la Suisse

Jamais en reste lorsqu’il s’agit de goûter aux spécialités locales, Franc Margerie a repris son bâton de pèlerin pour aller voir à quoi ressemble le hockey lorsqu’il est pratiqué par nos voisins. Après la farce savoyarde de la Ligue Magnus, le tour des talus gelés voisins a conduit votre intrépide reporter à poursuivre ses investigation au pays des mules-moustaches, de la bière et de la saucisse.

C’est avec un mauvais pressentiment et un tiers-temps de retard que l’envoyé spécial de CartonRouge.ch s’est engouffré dans la patinoire olympique de Garmisch-Partenkirchen pour y suivre la partie d’Oberliga Sud entre les locaux du SC Riessensee et les visiteurs de Regensburg (2-1). Lors de sa dernière visite d’une patinoire olympique européenne, en 2006, votre courageux serviteur avait déclaré forfait après deux tiers-temps d’un palpitant Cortina d’Ampezzo – Milano Vipers, tant le niveau de jeu de cette rencontre au sommet de la Serie A1 avait été indigent. Difficile d’espérer mieux d’un match de troisième division au pays du sémillant Uwe Krupp. M’enfin quand on aime, on ne compte pas… Et puis la bière allemande allait forcément supplanter la pisse italienne.

Placée sous les pires auspices, cette partie n’a finalement pas été si dégueulasse que cela à suivre. Le jeu pratiqué par les tauliers bavarois s’est certes plus rapproché du niveau d’un Bienne – Ambri que d’un Berne – Davos. Mais les débats n’ont fort heureusement rien eu à voir avec le festival de maladresses expérimenté deux semaines plus tôt à Saint-Gervais (F). Le rythme du match a été soutenu, les phases de construction plutôt intéressantes et les schémas défensifs auraient fait se pâmer d’admiration le chantre de la discipline Ralph Krueger himself.

Habitué à l’exécrable à force de suivre les palpitantes pérégrinations des talibans de Malley, Franc Margerie sait certes désormais se contenter de peu. Mais il n’aura finalement remarqué qu’une grosse lacune commune aux deux formations d’Oberliga Sud : un power-play si indigent que Chris McSorley aurait pu en revendiquer la paternité.

Toujours est-il que, là-bas, au fin fond de la Bavière, les investigations de l’espion de CartonRouge.ch ont pu mener à un constat implacable : la Suisse se fera une nouvelle fois déguiller par les Schleus en Slovénie, ce printemps. Uwe Krupp à la bande ou pas, la clique à Shawn Simpson doit s’apprêter à morfler. En voici les raisons :

1. La grande bière à trois euros, ça le fait indubitablement. Surtout lorsque t’as le choix entre la blonde, la brune ou la blanche, et qu’en plus on te sert ton breuvage préféré dans une chope, moyennant certes une caution de deux euros.

2. La saucisse diabolique. Non, rien à voir avec un vieux film gay des années 70 tourné en format super 8. Il s’agit simplement de la saucisse la plus épicée proposée au stand des Wurst. Pour les anus fragiles en proie aux hémorroïdes, prière de se rabattre sur le modèle évangélique. On l’aura compris, la saucisse est une véritable religion en Allemagne. De ce fait et bien qu’au bénéfice d’une imagination fertile, l’auteur de cet article a volontairement décidé de pratiquer l’auto-censure sur le sujet. Punkt schluss.

3. Le support à bières ! Mais oui ! Après le kit mains libres pour natel, le kit mains libres pour bières ! Pour pouvoir profiter des avantages de ce présentoir, il faudra toutefois être le joyeux titulaire d’une Weissbier. La chope à Dunkels ou Helles n’est pas compatible avec le dernier né de la technologie bo(s)che.

4. Des pubs partout sur la glace. La troisième division allemande est un monstre business à en croire la gueule du rink. Ces multiples mannes pécuniaires permettent à Riessersee quelques folies, comme par exemple le financement de cinq joueurs professionnels. Excusez du peu !!!  De quoi sans doute donner des idées à Chris McSorley pour boucler son budget la saison prochaine, lorsque la faillite aura conduit les Geneva Eagles en première ligue.

 

 

5. L’ambiance dans le groupe est primordiale. En Allemagne, on partage tout, même le banc de pénalité. Et en plus on reste focalisé sur le jeu… Bon faut dire que ce n’est pas avec ce qu’il y a à se mettre sous la pupille à côté de la table de marque qu’on risque d’être distrait.

6. Des kops d’ultras formidables. Les locaux de Riessersee peuvent s’appuyer sur un noyau dur de gros bras dont la moyenne d’âge doit péniblement dépasser les 20 ans et les 65 kg. Pulls à capuches «No one likes us, we don’t care» en lettres gothiques, les Blue Stars en jettent. D’autant plus que malgré sa morphologie l’ultra du SCR n’est pas chiard, il est même si bagarreur que le très renommé Gepflegt-Arrogant s’était penché sur son cas en janvier dernier, en marge du Hass-Derby contre Augsburg. Quant aux ultras de Riessersee, ils ressemblent étrangement au feu Red n’ Black de Neuchâtel Xamax. Dix gars pour une vingtaine de bâches… La recette est éculée, mais elle rend furieusement nostalgique.

 

7. Le vrai fan ! Ah on n’y croyait plus ! Il a fallu attendre la 56e pour voir débarquer dans le virage local un vieux con de 50 ans les bras chargés de mille drapeaux différents. Sorte d’évolution germaine du quidam emmentalois à gilet jean bardé de patches et de franges en laine, le trépané allemand est chevelu et barbu. Le cas social du coin a passé les 4 dernières minutes du match à étaler bâches et drapeaux (dont un croate privé de sa bande rouge – ndlr : Riessersee joue en bleu et blanc) sur les balustrades. Un grand moment pour un super rendu.

8. Rare témoin d’un passé prestigieux, la Rolba demeure le signe tangible d’une gloire éteinte par une douloureuse faillite. Même le huissier des poursuites n’en a pas voulu. Mais grâce à elle les gamins de Garmisch-Partenkirchen peuvent continuer d’apprendre les rudiments du hockey. Les meilleurs d’entre eux peuvent caresser le rêve de sortir la Suisse en huitième de finale du Mondial 2020 de Bahrein.

Écrit par Franc Margerie

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5 Commentaires

  1. Très bon article, ça commençait à manquer chez CR!! Dis voir, Franc, tu veux pas donner des cours à Gary Romain?? Si j’apprends que vous êtes la même personne, c’est clair, je serais bien dégoûté..

    Bref, tu m’as donné envie d’aller en Allemagne pour tout ce que tu viens d’énoncer, merci!

  2. exact, chouette un bon article

    Putain moi qui connait bien l’allemagne j’ai jamais vu une saucisse « evangelisch »…en Bavière comme par hasard…j’attends de trouver la « katholisch » à Hambourg

    Nonobstant l’enthousiasme des jeunes Riesserseer, la Suisse battra l’Allemagne en 8e en 2020, mais perdra en final contre le Bahrein (mvp de ce match, Gérard Rivière gardien de Barhein) soit 2 ans avant la victoire du Qatar en CdM (MVP Ahmed-Gustavo Saif al Islam-Rodriguez)

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