La panthère après les vendanges

Fidèle à une mauvaise habitude prise depuis le début de ce 2e tour, le Borussia Dortmund a vendangé un nombre incalculable d’occasions contre St. Pauli avant d’enfin trouver la faille grâce à la Pantera Lucas Barrios. C’est donc avec treize points d’avance sur le Bayern que le BVB s’en ira défier les Rekordmeister samedi prochain à Munich. Pour une passation de pouvoir ?

Depuis le début de la saison, ils sont nombreux, notamment du côté de Munich, à attendre une baisse de régime du Borussia Dortmund. Jusque-là, le BVB ne leur avait pas laissé beaucoup d’espoir mais, depuis quelques matchs, c’est quand même un peu plus laborieux. Depuis le début du 2e tour, Dortmund a déjà concédé trois résultats nuls en cinq matchs, soit déjà six points perdus contre seulement huit lors des 17 matchs du 1er tour. Pire, pour la première fois cette saison, le BVB a enchaîné deux matchs de championnat (Schalke et Kaiserslautern) sans connaître la victoire. Ajoute à cela une infirmerie qui se remplit gentiment ainsi qu’une incroyable fébrilité devant le but et il n’en fallait pas plus à certains Cassandre pour prédire un effondrement du Borussia dans l’un de ces retournements de situation spectaculaires dont la Bundesliga a le secret. C’est dire qu’une réaction jaune et noire était attendue samedi contre St. Pauli pour éviter de laisser le doute s’installer avant le déplacement à Munich la semaine suivante.

L’incroyable histoire de Benedikt Pliquett

A priori, St. Pauli, c’était l’adversaire idéal pour se relancer sauf que les Kiezkicker débarquent au Westfalenstadion auréolés du titre de meilleure équipe d’Allemagne en 2011 (11 points lors des 5 premiers matchs, 1 de plus que le Bayern et 2 de plus que Dortmund). Mais surtout, le club de la Reeperbahn nage en pleine euphorie, quatre jours après un succès historique (le premier depuis 1977 !) sur la pelouse du grand rival du SV Hambourg, avec un coup de poker insensé de l’entraîneur Holger Stanislawski. Ce dernier a en effet décidé de titulariser son troisième gardien, Benedikt Pliquett, lequel n’avait jamais joué en Bundesliga et s’était contenté d’une dizaine de matchs de 2e et 3e division depuis son arrivée au Millerntor en 2004. Mais qui surtout s’était fait agresser dans un train en août dernier par une quinzaine de hooligans du HSV.
Le coup de poker s’est avéré gagnant : le SV Hambourg a fait le siège du but de Pliquett durant 90 minutes mais les Kiezkicker ont fait bloc autour de leur gardien et ont marqué l’unique but du match sur l’une de leurs rares incursions dans le camp adverse. A Dortmund, le brave Pliquett a retrouvé sa place sur le banc, alors que l’autre Derby-Held, l’auteur du but Gerald Asamoah, est annoncé blessé. Reste à savoir s’il agit d’une vraie blessure ou d’une blessure diplomatique pour s’éviter les huées du Westfalenstadion dont ledit Asamoah est, depuis son passage à Schalke et ses multiples provocations avant chaque Revierderby, le joueur le plus détesté.

Tous derrière !

Même privé de ses deux Derby-Helden, St. Pauli entend appliquer la même tactique que contre le HSV, soit tous derrière et on espère marquer sur un malentendu. On connaît les orientations politiques du club du quartier chaud de Hambourg, il faut croire que leur nostalgie du mur de Berlin s’applique aussi à leur jeu. Mais samedi à Dortmund, le risque de malentendu a été extrêmement restreint vu que les Kiezkicker ne sont jamais parvenus à inquiéter une défense dortmundoise parfaitement organisée autour d’un énorme Santana-oh-oh-oh, lequel a une nouvelle fois parfaitement suppléé l’absence de Subotic. La statistique des tirs au but suffit à illustrer la physionomie du match : 28-3 !

Le temps des vendanges

Restait encore à percer cette muraille brune. Rapidement les occasions s’enchaînent mais les attaquants dortmundois butent sur l’excellent gardien hambourgeois Thomas Kessler, ancien deuxième portier du 1. FC Köln qui a vraiment pris une dimension supplémentaire cette saison et s’affirme comme l’un des bons gardiens de Bundesliga. Il sauvera son camp à deux reprises seul devant Kevin Grosskreutz et deux fois face à Lucas Barrios, ainsi que sur un tir lointain de Nuri Sahin qui prenait la direction de la lucarne. La Südtribüne avait beau pousser tant et plus, le BVB ne trouvait pas la faille et le spectre des matchs contre Stuttgart, Schalke et Kaiserslautern, où le Borussia avait à chaque fois égaré deux points faute d’avoir concrétisé ses occasions, commençait à hanter les travées surchauffées du Westfalenstadion.

Lucas Barrios le sauveur

C’est finalement le buteur Lucas Barrios qui va délivrer le peuple jaune et noir peu avant la pause : servi dos au but par Sahin, la Pantera parvient à se retourner et à prendre Kessler à contre-pied d’un tir en pivot. Une immense clameur de soulagement a envahi le temple de la Strobelallee. Ce d’autant plus que le match sera définitivement plié peu après la mi-temps, à nouveau grâce à Lucas Barrios ; en live, on a cru à un but d’anthologie dans un angle impossible. Il semble que la réalité soit un poil moins romantique avec un centre de l’Argentino-Paraguayen dévié dans ses propres filets par le défenseur Gunesch mais ça faisait quand même 2-0. La suite ne sera que du remplissage, avec encore une demi-douzaine d’occasions dortmundoises et quelques prouesses de Kessler, espérons que les attaquants du BVB ont gardé les buts pour le choc de la semaine prochaine à Munich contre le Bayern. Un nul ou, a fortiori, une victoire dortmundoise écarterait définitivement les Rekordmeister de la course à leur propre succession, c’est dire si les choses commencent à devenir sérieuses !

Quand CartonRouge.ch invite TF1

On termine par quelques remarques personnelles. Tout d’abord pour dire que j’ai connu deux grands moments de solitude dans la journée : le premier, c’est quand je suis monté dans le S-Bahn juste à l’instant où arrivait un train en provenance d’Hambourg et que je me suis retrouvé seul maillot jaune et noir dans une rame entièrement remplie de supporters de St. Pauli passablement éméchés ; tout s’est bien passé, il y a eu quelques vieilles théories et ça s’est terminé par le traditionnel «viel Spass !». L’autre moment de solitude, c’est lorsque je me suis rendu compte que j’étais quasiment le seul représentant de la gent masculine sur la piste de danse du Anton’s Bierkönig pour Barbie Girl d’Aqua mais là il n’y a pas eu de théories ni de «viel Spass !».

Enfin, terminons par une précision sur un reportage diffusé dans la grande messe dominicale des Footix qui n’est semble-t-il pas passé complètement inaperçu : le fortuné CartonRouge.ch a gracieusement prêté l’un de ses abonnements au Westfalenstadion au désargenté TF1 pour assister au match en SüdostTribüne. C’est toujours un plaisir de tenter d’expliquer à nos voisins tricolores que le foot européen existe aussi en dehors du Barça, du Real et d’Arsenal et qu’il s’y passe ailleurs des choses à maints égards bien plus exaltantes…

Borussia Dortmund – FC St. Pauli 2-0 (1-0)

Signal Iduna Park, 80’720 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Sippel.
Buts : 39e Barrios (1-0), 49e Gunesch (autogoal, 2-0).
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Santana, Hummels, Schmelzer; S. Bender, Sahin (85e Stiepermann); Götze (77e da Silva), Lewandowski (88e Feulner), Grosskreutz; Barrios.
St. Pauli : Kessler; Thorandt, Morena, Gunesch, Oczipka (12e Volz); Lehmann; Hennings, Kruse (70e Bruns), Takyi, Sukuta-Pasu (46e Bartels); Ebbers.
Cartons jaunes : 34e Thorandt, 75e Lewandowski, 76e Bruns.
Notes : Dortmund sansSubotic (suspendu), Blaszczykowski, Kringe, Kagawa, Zidan (blessés), Kehl niOwomoyela (convalescents, avec la 2e équipe), St. Pauli privé de Zambrano (suspendu), Asamoah, Boll, Rothenbach et Lechner (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. Pour une fois que je regarde Téléfoot, je tombe sur notre Julien régional tout de jaune vêtu ! Quel charme!
    Sympa le petit reportage et je trouve bien qu’ils montrent enfin un peu le championnat allemand. (hors Bayern) L’ambiance avait l’air, comme toujours là-bas, magnifique.
    T’aurais quand même pu faire de la pub pour carton rouge!!! 😉

  2. Et vous auriez pas un lien vers la partie de téléfoot qui nous intéresse, entre deux reportages sur Didier Drogba et trois analyses d’Arsène Wenger? Enfin j’imagine que c’est toujours le cas, ça doit faire 3 ans que j’ai plus regardé…

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