This is Anfield

Liverpool – Hull City avec mon ami Nicolas «Jazz» Lefèvre, tel était le programme de ton serviteur en ce 1er janvier 2014. Découvrir l’un des stades les plus mythiques au monde, si ce n’est LE plus mythique, il y a pire pour commencer une nouvelle année. Gueule de bois ou pas, j’ai adoré et y reviendrai… dans exactement 35 jours !

Une fois n’est pas coutume, je n’avais pas de plan cette année pour Nouvel-An. Se profilait donc la traditionnelle fondue chinoise à Lausanne, la énième pétée entre potes dans un chalet ou une improbable montée à Verbier pour ramasser des bouteilles de champagne sur la grande place. Ça, c’était avant que mon téléphone sonne et que Jazz me propose de l’accompagner à Liverpool du 31 décembre au 2 janvier. Au programme la soirée de Réveillon au Newz Bar, le club «very posh» de Jon Flanagan, suivie d’un certain Liverpool – Hull City le 1er janvier à 15 heures. Ni une ni deux, j’embarquais dans la combine tête baissée !

Le poids de l’Histoire

1er janvier à 11 heures, le réveil sonne et l’équation «Pints + Mumm x Grey Goose = petits nains» résonne fort dans ma tête. Mais la perspective de voir Anfield Road couplée au fait de n’avoir bu aucun shot la veille (première bonne résolution de 2014 !) me permet d’être d’attaque pour cette journée qui s’annonce inoubliable. Le ciel est typiquement britannique en ce premier jour de l’an : gris, bas, pluvieux et venteux. Ajoute à cela des rues désertes et on se croirait plongé dans une scène du film The Full Monty. «Un temps parfait pour un match de Premier League» se dit-on pour s’encourager.

Alors que c’est mon dépucelage à Anfield Road, Jazz y retourne pour la cinquantième fois environ, avec toujours la même émotion qu’en 1999 lorsque Stéphane Henchoz l’y avait invité pour un match contre Blackburn. Nico y avait alors découvert la magie du lieu et y est désormais complètement accroc. A tel point qu’il fond en larmes à chaque fois qu’il arrive devant le stade. Emu et sincère, il m’avoue : «Je ne peux rien y faire, ça vient des tripes.» La passion et l’amour d’un club, ça doit être ça.
A la sortie du taxi, tel un château écossais dans la brume des Highlands, se dresse devant nous Anfield Road. Le stade n’est pas forcément impressionnant vu de l’extérieur, il n’a pas l’ampleur d’un San Siro, d’un Westfalenstadion ou d’un Santiago Bernabéu, mais il dégage quelque chose d’indescriptible : celui du poids de l’Histoire, du You’ll Never Walk Alone, du souvenir de ces joueurs d’exception et de Bill Shankly, dont la statue trône devant le stade. La visite du musée – où sont exposées les cinq Coupes aux grandes oreilles remportées par le club – et un passage devant le Mémorial en hommage aux 96 victimes de Hillsborough ne font que raviver ce sentiment. Anfield est au football ce que les Beatles sont à la musique : un mythe.

En attendant nos tickets, nous avons le plaisir d’échanger quelques mots avec David Fairclough dans le Boot Room, un restaurant réservé aux VIP où ce dernier s’occupe de l’animation avant les matches. David Fairclough ? Roux et anglais, mais surtout ancien attaquant des Reds – et du FC Lucerne ! – qui a remporté trois Coupes d’Europe des Clubs Champions, une Coupe de l’UEFA et six championnats durant l’époque dorée du club de la Mersey. Ça calme, comme on dit. Nous avons ensuite la chance de croiser Ian Ayre, le directeur général du club et sa bombe de femme (ou de secrétaire), qui accepte de poser pour la photo-souvenir.
La foule est dense autour du stade, la bière – avec alcool – coule à flot et, malgré la pluie fine et le froid perçant, il n’est pas rare de croiser des supporters en t-shirt (y’en a point comme eux). L’ambiance est conviviale et les fans des deux camps se croisent sans problème. Preuve que le hooliganisme a bel et bien été éradiqué autour des stades anglais, même si mon guide du jour – connu comme le loup blanc et accueilli comme un roi tout au long de la journée – m’avoue que la tension est bien plus palpable lors de la réception d’Everton et des équipes du Big Four.  

En premières loges 

C’est à 14h15 que je pénètre pour la première fois de ma vie dans Anfield Road. Le théâtre des exploits des Ian Callaghan, Kenny Dalglish, Kevin Keegan, Ian Rush, Robbie Fowler, John Barnes, Paul Ince, Steve McManaman, Steven Gerrard, Jamie Carragher, Bruce Grobbelaar et autres Michael Owen. Là où Stéphane Henchoz est devenu un footballeur, là où les Reds éliminèrent St-Etienne en 1977 grâce à un but dudit David Fairclough, là où Arsenal gagna le titre à la dernière minute du championnat le 26 mai 1989, là où le FC Sion de Frédéric Chassot en prit 6 en 1996, là où Robbie Fowler sniffa la ligne blanche en 1999, là où Steven Gerrard inscrivit une volée d’anthologie contre Olympiakos en 2005 et offra le titre à Chelsea en 2010, là où le Kop a peut-être déployé le plus beau tifo du monde pour rendre hommage aux morts du Heysel, là où la passion existe toujours, malgré l’interdiction de l’alcool et l’abolition des places debout. Anfield Road, là où Bill Shankly déclara un jour : «Le football, ce n’est pas une question de vie ou de mort. C’est bien plus important que cela.» Putain, j’y suis !
Je regarde autour de moi, respire et frémis. Nous sommes au premier rang et la vue y est saisissante. La pelouse et les joueurs de Hull sont à quelques centimètres, le fameux Kop est en face de nous. Le stade se remplit gentiment tandis que les supporters de Hull et un petit groupe de fans du… Borussia Mönchenglabach mettent l’ambiance. Il est 14h57 quand retentit le légendaire You’ll Never Walk Alone. L’hymne le plus célèbre du monde et de loin le plus beau. Je tends mon écharpe, évite de chanter et savoure. Walk on, walk on, with hope in your heart…

A sens unique

Ce grand moment d’émotion passé, le match va vite se résumer à une domination sans relâche des joueurs de Brendan Rodgers. Largement au-dessus, les locaux attendront la 37ème minute avant de concrétiser leur supériorité et vendangeront ensuite quelques énormes occasions avant le thé, notamment par Philippe Coutinho, excellent dans le jeu mais tellement maladroit à la finition. Luis Suarez se chargera d’enfoncer le clou via une merveille de coup-franc en seconde mi-temps, inscrivant au passage son vingtième but de l’exercice en seulement 15 matches et confirmant qu’il est actuellement le meilleur attaquant du monde. 2-0, le match est plié et les quelques timides escarmouches des visiteurs n’y changeront rien. Quant à l’ambiance, gueule de bois post-St-Sylvestre oblige, elle ne décollera pas vraiment, comme souvent – paraît-il – en Premier League. Reste qu’il y aura des poussées ici ou là, lors des buts et des occasions, et bien sûr à l’entrée en jeu de la légende locale Steven Gerrard. L’emblématique capitaine des Reds y a effectué son retour après plus de 3 semaines d’absence.
Cette victoire essentielle permet à Liverpool de rester au contact des trois leaders, lesquels ont tous gagné en ce lendemain de Nouvel-An. La période des fêtes, si importante et souvent décisive outre-Manche, aura été maussade pour les ex-leaders de la Premier League. Volés sur la pelouse de City lors du Boxing Day (un but annulé par erreur et un pénalty oublié) avant de plier sur le même score à Chelsea (2-1), les Scousers ont perdu des plumes dans la course au titre et, avec désormais 6 points de retard sur la tête du classement, n’ont plus le droit à l’erreur. Toujours est-il qu’ils peuvent aborder le second tour avec confiance, sachant qu’ils auront l’avantage d’accueillir tour à tour Arsenal, City et Chelsea. En y ajoutant le retour imminent de Daniel Sturridge et le probable engagement d’un renfort d’ici à la fin janvier (on parle de Tello, Pedro et du Bâlois Salah), les Reds semblent armés pour décrocher ce titre qui les fuit depuis 1990, une éternité pour le club du Nord-Ouest de l’Angleterre et ses supporters.    

La journée se poursuivra dans un pub on ne peut plus typique, où la pint à 3 pounds y sera encore plus délicieuse après la défaite du rival Manchester United contre Tottenham, saluée par un tonnerre d’applaudissements. Le club phare de Liverpool n’a pas encore retrouvé toute sa superbe, le titre est loin, mais Anfield, lui, est resté un monument du ballon rond. Un lieu unique, exceptionnel, rempli d’histoire et de traditions. J’y reviendrai avec plaisir le 8 février pour la réception d’Arsenal. Avec encore quelques petits nains qui trotteront dans ma tête avant le match et beaucoup d’étoiles dans les yeux après…
Mille mercis Jazz et bonne année à tous ! 

Liverpool FC – Hull City 2-0 (1-0)

Anfield Road, 44’627 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Craig Pawson.
Buts : 37e Agger 1-0, 50e Suarez 2-0.
Liverpool : Mignolet ; Johnson (55e Touré), Skrtel, Agger, Cissokho ; Lucas, Henderson ; Suarez, Coutinho, Sterling (76e Moses); Aspas (62e Gerrard).
Hull : McGregor ; Chester, Bruce, Davies, Figueroa ; Elmohamady, Livermore, Huddlestone, Koren (58e Graham), Meyler (58e Boyd) ; Sagbo (58e Fryatt).

A propos Marco Reymond 470 Articles
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5 Commentaires

  1. Salut bof,

    A moins de connaître quelqu’un qui est membre, le meilleur moyen est de te rendre sur http://www.liverpoolfc.com, section «Tickets», et de suivre les instructions…

    Désolé de ne pas pouvoir t’aider davantage, mais je ne suis pas un habitué des lieux non plus 😉

    Bonne soirée !
    Marco

  2. Pas forcement cher pour le spectacle presente !!
    J ai paye 45pds pour Everton, dans le kop.
    contacter le fan club suisse, liverbirds.ch
    a+
    YNWA

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