Huit minutes suffisent au HC Ajoie

Ajoie-Sierre. Deux beaux publics, deux belles équipes. Les quatre meilleurs étrangers de LNB. Tout était réuni pour un match-champagne. A vrai dire, le champagne n’a coulé que huit minutes. On s’est amusé, on a vibré, on a tremblé, on s’est levé pour applaudir, mais tout ça pendant huit petites minutes.

Si le Fendant passe mieux à l’apéro, généralement c’est la Damassine qui achève. Et bien c’est à peu près la définition de cette rencontre en fin de compte assez décevante. Le match a commencé avec un HC Sierre-Anniviers-futur-HC-Valais qui a démarré tambour battant face à des Ajoulots la tête un peu ailleurs. Certainement en train d’essayer de comprendre ce que le Réal (pas celui de Madrid) a voulu dire par «les chums faut pô leur leyysser d’zes ôccâzes» mais aussi en train de se demander quand le toit du Voyeboeuf s’écroulera. Pour la petite histoire, Voyeboeuf signifie «charpentier ivre» en étrusque. Aucnus, héros étrusque, avait décidé d’envahir le Jura au 7ème siècle avant J-C (27ème siècle avant Desmarais pour les Jurassiens) et avait renommé ainsi ce qu’il considérait comme sa porcherie de fortune. Parenthèse historique terminée, revenons-à nos bergers. Comme je le disais plus haut, Sierre est parti mieux en jambe que le HCA et c’est fort logiquement que Dupont inscrivait le 1-0 sur un essai renvoyé de l’autre Dupont (comprenez Cormier et Jinman). Une réussite chanceuse mais qui concluait surtout sept minutes de «passe à 10» pour les Anniviards.

Le match recommence

Huit minutes. C’est le temps qu’il faut à Lorie pour écrire une chanson. Ça a également été la durée nécessaire à la formation bruntrutaine pour renverser totalement la vapeur dans un match qui s’est disputé jusqu’alors à un rythme de sénateur  impotent et comateux. 18 secondes après le retour des vestiaires, Steven Barras crucifiait Zerzuben sur un joli solo. Alors que le public jurassien venait à peine de se réveiller (n’oublions pas le passé bernois de ce peuple), Adrian Brunner marquait le 2-1 sur un formidable solo. L’Aviateur du HCA dribblait une défense sierroise aussi dans le coup que Pierre-Alain Dupuis pour enlever la toile d’araignée de la lucarne de Zerzuben. Sur une mêlée digne d’une horde de pucelles à un concert de Tokio Hotel, le capitaine ajoulot Stéphane Roy, surnommé Bras-Bioniques en Gazpésie, arrivait à mettre le palet une troisième fois dans la cage. On jouait la trentième minute. La sieste pouvait recommencer.

Sierre impuissant

Humiliés, au fond du trou, totalement impuissants, Lee Jinman et Derek Cormier ont essayé de se rebeller. En vain. Après une quarantaine de dégagements interdits concédés par les Jurassiens, Morgan Samuelsson décidait de sortir Zerzuben pour laisser un quatrième mannequin sur la glace. Malheureusement pour les buveurs de blanc, Ajoie défendait à peu près convenablement. Il est vrai aussi que la supériorité numérique valaisanne était digne des plus grandes scènes de totale confusion du HC Coire de la grande époque des fraudes fiscales. Il n’en fallait pas plus à la Traviata locale James-la-plongeuse pour inscrire le quatrième dans la cage vide sur un parfait caviar du gosse du coin, Steven Barras.
Physiquement, Sierre n’a pas tenu le coup à deux blocs pendant une grande partie du match et surtout avec des shifts de 12 minutes 30 du duo de corbeaux ou de moutons. Bref, d’étrangers. Pour le match de vendredi dans la patinoire de Graben (l’étymologie sera dévoilée en temps utile), le stratège suédois aux brillants résultats chez les lacustres saint-gallois devra peut-être comprendre qu’une équipe ne peut pas gagner un match avec deux joueurs.
Du côté jurassien on n’a pas trop de soucis à se faire. Avec une paire d’étrangers plus que moyens, le HCA a réussi à faire la différence collectivement, en accélérant pendant une moitié de tiers-temps. Si Barras et Brunner continuent à ce rythme, ce quart ne devrait pas être si compliqué qu’on le présageait aux Ajoulots. Côté ambiance, une patinoire bien garnie mais on attend un peu mieux avec ces deux équipes qui ont (et méritent) un très beau public.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Ajoie – Sierre 4-1 (0-1, 3-0, 1-0)

Voyeboeuf, 2723 spectateurs.
Arbitres : M. Rochette assisté de MM. Gnenni et Rochette.
Buts : 7e Cormier (Jinman, Reber) 0-1 (5c4). 21e Barras (Roy) 1-1. 25e Brunner (Frutig)  2-1. 29e Roy (Barras) 3-1. 60e Desmarais (Barras, Roy) 4-1 (cage vide).
Pénalités : 5×2 minutes contre Ajoie, 7×2 minutes contre Sierre.
Ajoie : Pfister ; Hauert, Rauch ; D’Urso, Kamerzin ; Studer, Schoop ; Frutig ; Desmarais, Roy, Barras ; Spolidoro, Aeschlimann, Bartlomé ; Pedretti, Schümperli, Brunner ; Orlando, Chételat, Mano.
Sierre : Zerzuben ; Keller, Hostettler ; Dällenbach, Lamprecht ; Bernasconi, Kamber ; Jenni ; Wüst, Cormier, Jinman ; Lötscher, Siritsa, Métrailler ; Reber, Maurer, Lüthi ; Pottier, Imsand, Hürlimann.
Notes : Ajoie sans Schlüchter, Boillat (surnuméraires), Posse et LeMoine (blessés). Sierre sans Faust, Pannatier, Sammali et Kohli (blessés).
Pfister retient un penalty de Cormier ( 46e). Tir sur la latte de Dällenbache (49e). Temps mort demandé par Sierre (57’59) et Zerzuben laisse sa cage (57’59). Sont élus meilleurs joueurs Brunner (logique) et Lötscher (pot-de-vin).
Fait divers totalement inutile : le tableau d’affichage du HC Ajoie a indiqué la victoire d’Ambri face à Berne sur le score de 32-4. Santé !

Écrit par Yannick Lapierre