Dunne infranchissable pour Liverpool

Après Everton – Arsenal, notre périple dans la patrie du football se poursuit avec Manchester City – Liverpool. Un simple coup d’œil au classement suffisait pour se rendre compte de l’importance de la rencontre puisque les deux équipes sont au coude à coude pour la 4e et dernière place qualificative pour la Ligue des Champions.

La grande foule se pressait aux portes du City of Manchester Stadium : les Citizens n’y avaient jamais accueilli autant de monde depuis qu’ils y ont emménagé en 2003. C’est avec plaisir que nous découvrons ce magnifique stade, qui sera l’hôte de la prochaine finale de la Coupe UEFA. Hyperfonctionnelle, confortable, accueillante, cette enceinte flambant neuve mérite le détour, même si ce n’est pas tout à fait la même magie qu’Old Trafford ou Anfield Road. Par contre, il est relativement aisé de s’y procurer des billets. L’ambiance y est très belle, avec cette particularité que les supporters les plus bruyants de City sont situés de part et d’autre du parcage réservé aux supporters adverses, dans le même virage. Enfin, cerise sur le gâteau, de délicieuses pintes et des Smirnoff Ice sont servies aux buvettes, ce qui ne gâte rien.

Manchester City dispose donc d’un bel écrin pour satisfaire aux hautes ambitions de son président et mécène, le Dr Thaksin Shinawatra, qui est, faut-il le rappeler, le premier ministre démocratiquement élu de Thaïlande, renversé par un coup d’état militaire. Les récentes élections législatives ont d’ailleurs largement tourné en faveur du président Thaksin puisque son parti y a frôlé la majorité absolue. Ce plébiscite pourrait permettre un retour du Berlusconi thaïlandais au poste que le verdict des urnes lui a légitimement conféré. C’est curieux comment certains peuvent «oublier» les grands principes démocratiques selon la couleur politique du gouvernement légitime destitué et celle de la dictature qui l’a renversé. Quoiqu’il advienne du destin politique de M. Thaksin, cela ne devrait pas remettre en cause son engagement à City, ce qui pourrait permettre au deuxième club mancunien de s’installer durablement aux avant-postes de la hiérarchie du football anglais.
Les Citizens abordent en tous les cas cette rencontre sans complexe et ne se gênent pas pour bousculer Liverpool dans la première demi-heure. On croit même au but à la 8e lorsque Vassell devance la sortie de Reina mais sa tête passe quelques centimètres à l’extérieur du poteau. Liverpool met le nez à la fenêtre dans le quart d’heure précédant la mi-temps avec cinq tirs relativement dangereux de Kewell, Kuyt, Fabio Aurelio (deux fois) et Benayoun. Dés la reprise, Torres se met en évidence d’abord avec une reprise stoppée par Hart sur un centre de Fabio Aurelio, puis en tirant juste à côté alors qu’il se présentait seul devant le gardien mancunien. Ce sera les deux seules fois où le vif attaquant espagnol parviendra à échapper à la vigilance du héros du match, le capitaine irlandais des Citizens Richard Dunne.

Car pour le reste, le défenseur central mancunien a fait le désespoir des attaquants scousers : placement impeccable, tacles salvateurs, on l’a même vu rattraper Torres à la course. Pourtant, les Reds ont tout tenté pour arracher une victoire indispensable s’ils entendaient encore atteindre l’objectif du début de saison (y croient-ils encore vraiment ?), soit reconquérir ce titre qui les fuit depuis 1990. Les Scousers ont cru au but à la 86e sur un coup de tête de Dirk Kuyt mais le gardien Hart puis Dunne sur la ligne sont parvenus à écarter le danger. Les attaquants de Liverpool ont été définitivement écoeurés une minute plus tard sur un nouveau sauvetage de Dunne devant Benayoun.
Incontestablement, les Reds auraient mérité meilleur sort, au vu de leur plus grand nombre d’occasions de but. Le Manchester City de Sven-Goran Eriksson (qui est redevenu un dieu en Angleterre après avoir été considéré comme le dernier des zéros en été 2006) n’a pas démérité dans ce match intense mais a manqué de percussion offensive. Vassell puis Bianchi se sont beaucoup démenés en pointe mais sans succès, le Brésilien Elano n’était pas dans un grand soir et Petrov, l’ancien plongeur des Charmilles, très remuant en 1ère mi-temps, a raté tout ce qu’il a entrepris après la pause. Dans ces conditions, difficile de mettre en difficulté une défense aussi solide que celle de Liverpool, et ce malgré le gros match de Dietmar Hamann, qui a récupéré un nombre incalculable de ballons à mi-terrain contre son ancienne équipe. L’Allemand représente une concurrence féroce pour Gelson Fernandes, qui a tout de même eu droit à une demi-heure de jeu. L’ancien Sédunois s’est attiré plusieurs salves d’applaudissements pour son engagement et quelques pressings forcenés. Par contre, lorsqu’il a le ballon, il manifeste encore quelques réticences à prendre le moindre risque et opte souvent pour une passe latérale. Espérons que son premier but en Premier League, qu’il a récemment inscrit contre Newcastle, l’incitera à un peu plus d’audace.
Cette équipe de Manchester City peut-elle déjà cette saison venir troubler l’harmonie du Fab Four et piquer une place en Ligue des Champions à Manchester United, Arsenal, Chelsea ou Liverpool ? A priori, malgré toute la science tactique d’Eriksson, les Citizens m’ont paru encore un ton en dessous des équipes précitées. Mais attention, car City dispose de moyens considérables pour l’actuel Mercato : l’arrivée du Mexicain Castillo (Shakhtar Donetsk) est déjà acquise et de nombreux autres noms sont évoqués avec insistance du côté du City of Manchester Stadium, dont celui de Peter Crouch.

C’est dire que le mois de janvier s’annonce particulièrement animé sur et autour des pelouses britanniques et la surenchère sur le marché des transferts n’est pas prête de se calmer. L’hypothèse de voir prochainement Manchester City priver un Liverpool ou un Chelsea de Ligue des Champions n’a donc rien d’utopique.

Manchester City – Liverpool 0-0

City of Manchester Stadium : 47’321 spectateurs (guichets fermés, record du stade pour un match de football).
Arbitre : M. Rennie.
Manchester City : Hart ; Onuoha, Richards, Dunne, Ball ; Ireland (61e Fernandes), Elano (70e Bianchi), Hamann, Corluka, Petrov ; Vassell (75e Geovanni).
Liverpool : Reina ; Finnan, Carragher, Arbeloa, Fabio Aurelio ; Benayoun, Gerrard, Mascherano, Kewell (75e Babel) ; Torres, Kuyt.
Carton jaune : 85e Torres.

Écrit par Julien Mouquin