A l’année prochaine !

L’ambiance n’est plus à la fête dans le camp servettien depuis longtemps. Mais cette fois-ci, ce dimanche contre les Wintertouristes, Servette s’est vêtu d’un vêtement noir cimetière. Pour les gens normaux, les lucides, les espoirs de montée sont définitivement évanouis.

Centre ville, un quartier à Genève, les rues sont vides. Le manque d’hommes laisse place à la réverbération du soleil sur le macadam. Même les véhicules motorisés habituellement parqués sauvagement invitent les automobilistes à se garer où bon leur semble. Quant aux forces de police, elles se sont apparemment demandé à quoi bon finalement s’en intéresser. Leur présence n’est qu’invisible et ainsi présumé. Difficile à croire à un tel décor, 5 minutes avant le coup d’envoi de Servette-Winterthour. Enième match des Grenat en mission rattrapage du peloton de tête du classement de Challenge League. Et encore, faut-il rajouter les 30 secondes étonnantes d’attente pour rentrer dans ce stade à 30’000 places. Si on avait pu placer sur l’esplanade 3 bonhommes habillés en cow-boy avec des pistolets datant des années 1800, on aurait pu jouer un remake de la dernière scène du meilleur film de Sergio Leone «le Bon, la Brute et le Truand». Les acteurs, se regardant droit dans les yeux, prêts à dégainer, se trouvant dans un désert, sans personne autour.
A l’inverse des matches précédents, cette course-poursuite des équipes de haut de classement commence à lasser tant le public que les joueurs grenat. Témoin, en effet, le nombre de spectateurs : 3956. A peu près 6’000 personnes de moins que contre Lugano. C’est en fait 6’000 personnes de plus sur les terrasses à siffler une bière ou à taper dans un ballon en se disant que le monde professionnel du football n’a pas su, à son détriment, profiter de leur talent.

Pour un spectateur neutre et passionné, les matchs au score anglais sont toujours synonymes de beau jeu et de spectacle. Bien que le score final ait été de 3 buts partout, le jeu proposé n’a guère été chatoyant. Des joueurs grenat habituellement très actifs, notamment lors du dernier match contre Lugano, ont semblé manquer d’automatisme. La lassitude, la crispation de jouer chaque match comme une finale sans avoir le sentiment d’une quelconque évolution ? Une des raisons réside peut-être dans le fait que Joao Alves change d’entrée la disposition de sa formation. Il aligne 3 attaquants dans une formation en 4-3-3. Certainement pour forcer la réussite qui a fui lors du dernier match, le 4-5-1 habituel est mis de côté.
Les premières minutes voient Servette se montrer conquérant comme d’habitude dans son antre face à des équipes dites moyennes. Lorsque, dès la 6ème minute, Rüfli loge puissamment le ballon dans la lucarne sur un coup franc indirect, on croit déjà que le scénario habituel va se mettre en route. Mais c’est se leurrer. Winterthour marque coup sur coup 2 fois. Mendes, impliqué sur ces buts, cèdera de toute façon sa place. C’est là que Servette accuse le coup. Chose qui n’est pas arrivée depuis très longtemps, Servette semble perdre la maitrise de son football. La possession de balle tombe sous le contrôle de Winthi. On sent le début de la fin de saison. Le dynamisme n’est plus là. Le penalty de De Azevedo avant le thé donne un peu de baume au cœur.
La pause n’y changera rien. Les frappes de De Azevedo sont bizarrement hésitantes. Les attaquants sont en retard sur les centres. On a l’impression d’assister à une rencontre amicale. D’ordinaire, toujours en recherche de décalage et de permutation, les attaquants s’enfoncent sans arrêt dans l’axe comme manquant d’idées. Eudis, Karanovic, Esteban sont au même niveau que le seul attaquant adverse, Newton Ben Katanha. Ce joueur, sosie du très connu Vagner Love, marque sur la réception d’un coup franc le 2-3. De plus, notons la rentrée ultra efficace de M’Futi. Durant 5 à 10 minutes, celui-ci n’a pas touché un seul ballon. Finalement, pour ne pas gâcher l’après-midi, Karanovic égalise sur une déviation.

Un derby, ce samedi ?

Avec la défaite de Servette contre Lugano et le nul concédé ce week-end, le derby contre Lausanne a malheureusement perdu presque tout son intérêt. Ce qui s’annonçait être, il y a quelques mois, une confrontation décisive pour la montée se révélera être un match de préparation pour la saison 2011-12. Il s’agissait aussi de «laver» l’affront commis par les Lausannois lors du match aller. Or, désormais, l’avance des concurrents est trop grande. Servette accuse 13 points de retard sur le deuxième, Vaduz.

On comprend donc la raison de cette banderole accrochée en Tribune Nord ; on voit en cette affiche la volonté de ses auteurs de motiver les supporters grenat pour un match dont l’enjeu sera gâché par les mathématiques. Cela rappellera à certains que les maths, ça peut être rasant de la 1ère enfantine à la 27ème année en EMS. En effet, quand tu comptes tes dents qui tombent une à une. L’issue du derby ne sera guère plus intéressante que celle du match Angleterre-Suisse. La Suisse gagne à Wembley. Super, mais on va quand même être éliminés sans même avoir joué les barrages. Servette gagne à la Pontaise. Génial, mais c’est déjà cuit. La viande est déjà bien trop grillée sur le barbecue. Trop tard.
Mais que les Lausannois prennent garde, les Servettiens sont réellement dangereux durant cette phase dite de préparation précisément. Connaissez-vous le Rubin Kazan ? Cette formation russe a battu en 2009 le Barça 2 à 1. Eh ben, le Servette l’a remis à sa place durant la trêve hivernale en gagnant 1 à 0.
En conclusion, qu’attendre de l’avenir au Servette ? Comme l’a rappelé Joao Alves après le match, tout n’est pas à jeter. Il est vrai que la prestation dans l’ensemble fut insuffisante. Contrôles ratés, passes imprécises. La base de l’équipe est là à présent. Sans discréditer la qualité de joueurs comme Sana, Soares ou Varela, elle a juste besoin de renforts plus imposants. Pas trop jeunes et pas trop vieilles, des nouvelles recrues sont nécessaires à Genève. Puissantes et opérationnelles de suite. Un peu comme Eudis lors de son arrivée.

Servette FC – FC Winterthour 3-3 (2-2) 

Stade de Genève, 3’956 spectateurs.
Arbitre : M. Bieri.
Buts : 6e Ruefli 1-0. 13e Lenjani 1-1. 19e Kuzmanovic 1-2. 40e De Azevedo 2-2. 56e Katanha 2-3. 58e Karanovic 3-3. 
Cartons jaunes : 19e Gonzalez, 35e Vitkieviez, 70e De Azevedo, 71e Kuzmanovic, 86e Schuler. 
Servette FC : Gonzalez; Ruefli, Baumann, Pedro Mendes (31e Moubandje), Schneider; Karanovic (71e M’futi), Pizzinat, Kouassi, De Azevedo; Vitkieviez (46e Eudis), Esteban. 
FC Winterthour : Vasic; Von Niederhäusern, Iten, Schuler, Ritter; Zuffi; Lenjani (77e Serafini), Kuzmanovic (74e Radice), Frangao, Lüscher; Katanha (65e Bieli). 

Écrit par Hervé Debon

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6 Commentaires

  1. La question maintenant c’est de savoir comment Servette vas se restructurer et se remobiliser en vue d’une nouvelle saison en Challenge League.

    Pishar veut visiblement « faire le ménage »… C’est louable mais faut voir. Je pense déjà que l’effectif servettien de cette saison n’est pas démesurément inférieur à celui de Vaduz ou Lugano. La gestion du groupe par Alves a-t-elle été bonne? Difficile quand-même d’affirmer le contraire. Le gus a de l’expérience et s’y connaît en matière de promotion.

    Et le groupe en lui-même? De Azevedo, Kouassi, Pizzinat, Vitkieviez, Esteban (même s’il est blessé 70% d’une saison, comme… un Djourou ou un Senderos quoi, cherchez le point commun…), voir même Varela… C’est quand-même pas des manches ou des rookies! Franchement ils pourraient évoluer en Super League à l’heure actuelle, c’est évident. C’est là qu’il y a quand-même quelque chose qui cloche…

    Sinon, globalement, il faut tirer son chapeau pour Pishar qui nous prépare un bien beau projet et j’espère pour le football romand, et suisse, soyons fou, que Servette retrouve son lustre d’antan, ce serait vraiment chouette!

    Maintenant quid du budget pour le recrutement? Quels sont réellement les moyens grenats? Certains transferts estivaux n’ont pas vraiment été de complètes réussites et déjà cet été on pouvait se poser la question sur la réelle volonté des genevois à vouloir monter dès cette saison… N’empêche, la qualité de l’effectif aurait quand-même dû lui permettre de faire bien mieux cette saison, en témoigne le printemps dernier…

  2. Sans enjeu le match de samedi??!!! Le LS peut encore monter j’te rappelle! Et un victoire samedi leurs donnerait la confiance qui leurs manque pour nous faire une fin de saison digne de leurs premier tour!!!!!

    ALLEZ LAUSAAAAAAAAAAANNE!!!!!

  3. Maintenant que c’est fichu, j’espère que vous allez mettre des élément avec les M21 de Genève afin de les faires monter en 1L?

  4. Esteban, le niveau pour la Super League ? Il y a 3 ans, oui. Aujourd’hui, il n’arrive pas à effacer des défenseurs de Challenge League. Alors au niveau en-dessus…

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