Omerta sur la raclette

Au bord de la culbute en quatrième ligue, le CS Ollon vit une période particulièrement trouble. Son président, Jean-Guillaume Bolomey a décidé de remettre les clés de la buvette à Rodolphe Papilloud, entrepreneur valaisan. L’homme d’affaires habite de l’autre côté du Rhône, à Martigny. A Ollon, les réactions sont mitigées et les mœurs du nouvel arrivant dérangent.

Rodolphe Papilloud a fait fortune dans la revente de fromage à raclette. Business florissant, il est à la tête d’un empire qui s’étend de Martigny à Fully. Malgré son importante manne financière, l’homme se fait extrêmement discret. Les nombreuses recherches de l’entourage du club chablaisien n’ont quasiment rien donné, un minimum d’informations filtrent. Tout juste apprend-on qu’il entretient des rapports troubles avec Constant Christantin, richissime homme d’affaire. «TanTan» (son surnom) est le président de l’Association valaisanne de football et de nombreuses plaintes ont été déposées contre lui. Pourtant, il est toujours en poste et s’est même permis le luxe d’inviter Nestor Subiat et Jean-Pierre La Placa à un match de gala à Rarogne.Sitôt intronisé président du club d’Ollon, Rodolphe Papilloud souhaite imposer sa patte à son nouveau jouet. Sa première idée en arrivant ? Remplacer le papet vaudois du menu de la buvette par une raclette. Tollé immédiat chez certains fans. Des banderoles ne font pas vieux avant de fleurir autour du Stade les Verchys. «La raclette me donne la riquelette» – «Plutôt le chômage que votre fromage» – «Ollon enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé». Les quelques enragés à l’origine de ces calicots reprochent ses liaisons dangereuses à Rodolphe Papilloud.

De son côté, Jean-Guillaume Bolomey préfère noyer le poisson : «Ce ne sont que des jaloux. Si j’étais né de l’autre côté du Rhône, j’aurais nourri mes enfants avec de la raclette.» Provocation ultime qui a eu le don de mettre encore de l’huile sur le feu. Les fidèles des Verchys – les Verchieurs, comme ils s’appellent affectueusement – décident de manifester plus fort encore leur mécontentement avec une marche de l’église au stade. Minorité visible et très bruyante, ils ne peinent pas à faire passer leurs idées au plus grand nombre. Pourtant, le rachat est malgré tout entériné et Jean-Guillaume Bolomey cède tout naturellement la majorité des voix à Rodolphe Papilloud. «Le club est entre de bonnes mains, a positivé JGB. Nous pouvons avoir une confiance aveugle en eux.»
Après avoir fait le ménage dans le conseil d’administration, le nouvel homme fort du CS Ollon place ses pions. Il congédie d’abord «Banane», l’entraîneur de «La Une» et donne une toute nouvelle allure à l’organigramme du club. Ainsi Guillaume Crettenand, homme de main de Rodolphe Papilloud, sera le nouveau président du club. Le CA est réduit à sa plus simple expression. Sabrina Michelod est la nouvelle caissière. Malgré son patronyme typique, elle est une inconnue dans la région. «J’ai bossé pour Rodolphe Papilloud, a-t-elle lâché. Le reste ne vous regarde pas.» Difficile de faire plus opaque. Ces changements ont eu don de donner une nouvelle impulsion à un club qui végète en fin de classement.
Aujourd’hui, il reste deux journées au CS Ollon pour sauver sa peau en troisième ligue vaudoise de football. Nul doute que l’arrivée de Rodolphe Papilloud va booster les ambitions de tout un club. «J’ai racheté ce club parce que j’aime le football, a-t-il confié à Radio Chablais à la veille du rachat. Dans le futur, je souhaite voir Ollon jouer la finale de la Coupe vaudoise. Je rêve d’accueillir Bex dans notre stade.»

«Foutaises, ont grogné les opposants. Il veut juste vendre un peu plus de son fromage à raclette.» Nobles ou non, les idées derrière la tête du nouvel homme fort d’Ollon devraient diamétralement modifier l’apparence de la formation chablaisienne. En bien ou en mal ? L’avenir nous le dira, mais les voyants sont à l’orange foncé, malgré la bénédiction de l’Association vaudoise de football qui, par la voix de son président, n’a pas fait tout un fromage de l’arrivée sulfureuse de Rodolphe Papilloud: «Nous ne souhaitons pas mettre notre nez dans ces histoires. Il n’y a aucune raison.» L’omerta sur le fromage à raclette a de beaux jours devant elle.
Tous les événements (ou presque) relatés dans ce texte sont de la pure fiction. Toute ressemblance (ou presque) avec des événements ayant réellement eu lieu ne sont que pure coïncidence (ou presque).

Écrit par Gary de Bourge

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10 Commentaires

  1. « Business florissant, il est à la tête d’un empire qui s’étend de Martigny à Fully » excellent…

  2. Dans le futur, je souhaite voir Ollon jouer la finale de la Coupe vaudoise…
    je pense qu’il y arrivera, faut voir comment Renens a réussit à le faire…
    Pour cela que l’ACVF n’a pas osé commenté, mais bon, on va pas en faire tout un fromage…surtout si M. Papilloud a déjà été mis en difficulté au sein de l’Association Valaisanne de Football! Une petite raclette et un bon petit BLANC du haut de Lausanne, ça donne quoi? Affaire à suivre…

  3. Pour cela que l’ACVF n’a pas osé commenté, mais bon, on va pas en faire tout un fromage…

    Terrible mais le fromage est terminé depuis longtemps, là nous sommes passé au Café Marseillais…. Et au passage l’ACVF faire un commentaire ? heu du jamais vu !!!!

    En tout les cas BRAVO car Guy Roux se posait les même questions lors de cette rencontre 😉

  4. Banane licencié de la une ?!? Mais je croyais qu’il entraînait la deux du Talent (là où il ne fait que passer sans s’arrêter …) après avoir présidé le FC Oulens près Goumoens-le-Jux pendant de nombreuses années.

    J’espère que le puissant syndicat de l’association des entraîneurs du Gros-de-Vaud et des environs va réagir à ce crime de lèse-majesté.

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