Bundesliga 2010-2011, bilan, partie III

En début de saison, Stuttgart, Hoffenheim et Cologne partaient avec des ambitions bien différentes, élevées pour les Souabes, mesurées pour les Kraichgauer et modestes pour les Geissböcke. Au final, ils se retrouvent au coude à coude après une saison pénible, marquée par un (voire plus) changement d’entraîneur et pas mal de remous.

VfB Stuttgart (12e, 42 points)

Mon pronostic : 8e.
C’est devenu une habitude depuis trois saisons : Stuttgart foire ses débuts de championnat. Sauf que cette année, le changement d’entraîneur à l’automne n’a pas permis d’entamer la même remontée que lors des deux exercices précédents, le remplacement de Christian Gross par son pâle assistant Jens Keller s’étant avéré une erreur. Et l’entraîneur numéro 3 de la saison, Bruno Labbadia, intronisé juste avant Noël, a longtemps semblé incapable de sortir Stuttgart de la zone dangereuse. Au soir de la 29ème journée, après une énième débâcle à la maison (2-4 contre Kaiserslautern), l’hypothèse de la relégation d’un club qui visait une place en Ligue des Champions semblait plus que plausible. Mais finalement, les Souabes ont su se ressaisir et aligner quatre victoires de rang pour sauver leur place dans l’élite.
Au final, on peut quand même parler de saison ratée sur toute la ligne. La faute en premier lieu à un recrutement raté et à un effectif pléthorique, avec beaucoup de joueurs «prestigieux» (Cacau, Pogrebnyak, Degen, Boulahrouz, Tasci, Marica, Camoranesi, Kuzmanovic…) qui n’ont jamais pu assumer un rôle de leader. Alors même que les meilleurs espoirs du club (Schieber ou Rudy) brillaient sous d’autres cieux… L’irrégularité du gardien Ulreich et la très mauvaise gestion du dossier entraîneur (licenciement prématuré de Gross et mauvais choix de ses successeurs) expliquent également ce fiasco. Bref, à l’image de son stade, le VfB a vécu une saison en chantier. Le prochain championnat, dans un stade entièrement rénové, Stuttgart se devra de faire mieux, beaucoup mieux.
Top-Spieler : Tamas Hajnal
N’entrant plus dans les plans de Jürgen Klopp à Dortmund, Tamas Hajnal a rebondi au 2e tour à Stuttgart. Avec succès. Positionné dans le 4-2-3-1 de Labbadia à cette place de n°10 dans laquelle il n’a quasiment jamais eu sa chance au BVB, le Hongrois est devenu le dépositaire du jeu souabe. Qu’il a instantanément éclairé avec son génie du jeu, ses passes millimétrées et ses coups francs d’orfèvre. Certes, après une longue période sans jouer, il a manqué un peu de rythme et avait souvent tendance à sombrer dans la dernière demi-heure mais il aura tout de même tenu un rôle capital dans le maintien du VfB.

Flop-Spieler : Mauro Camoranesi
Il y a eu beaucoup de flops à Stuttgart cette saison mais Mauro Camoranesi était le seul à débarquer avec l’étiquette champion du monde (ou alors on m’a caché des choses sur Philipp Degen). Mais l’échec était prévisible : un joueur dont la principale qualité était sa grinta n’a plus grand-chose à apporter lorsqu’il arrive cramé et en préretraite. Les dirigeants souabes auront mis six mois et sept apparitions peu concluantes (un seul match complet) en Bundesliga pour s’en rendre compte. Ils profiteront de la première occasion pour se débarrasser d’un salaire que l’on imagine conséquent en renvoyant l’Italien dans son Argentine natale lors du mercato hivernal, à Lanus (et je m’abstiendrai de tout jeu de mot graveleux, ce serait trop facile).
La révélation : Martin Harnik
Après une première tentative en Bundesliga non concluante au Werder Brême puis un recul en Zweite Liga à Düsseldorf pour mieux sauter, Martin Harnik s’est enfin imposé dans l’élite. Pourtant, en début de saison, il ne partait pas franchement titulaire derrière les stars Marica, Cacau et Pogrebnyak. Mais les performances décevantes des trois joueurs précités lui offriront une place de titulaire qu’il saura parfaitement justifier. Sur l’ensemble de la saison, l’Autrichien a incontestablement constitué le meilleur atout offensif du VfB. En se montrant notamment décisif lors de chacune des quatre victoires de fin de saison qui ont permis à Stuttgart d’assurer son maintien. Avec neuf buts et neuf assists à son compteur, Martin Harnik a enfin, à 24 ans, troqué son étiquette d’éternel espoir contre celle d’attaquant qui compte en Bundesliga.

TSG 1899 Hoffenheim (11e, 43 points)

Mon pronostic : 17e.
Pour sa troisième saison dans l’élite, Hoffenheim termine pour la troisième fois dans l’anonymat du ventre mou du classement. Voilà une place qui sied finalement à merveille à ce club sans âme. Pourtant, en début de saison, les Kraichgauer avaient retrouvé un peu de la verve offensive qui leur avait permis de devenir champions d’automne 2008. Mais l’élan a été brisé net par une défaite contre le Bayern à domicile dans les arrêts de jeu. D’ailleurs, les dernières minutes coûteront beaucoup de points à 1899 durant toute la saison. A Noël, le mécène Dietmar Hopp estime que son jouet n’a plus rien à gagner ni à perdre dans ce championnat et décide de vendre son meilleur élément, le Brésilien Luiz Gustavo, au Bayern. Concrétisant la nouvelle politique du club : ayant constaté que maintenir artificiellement sa danseuse dans l’élite coûtait très cher, Herr Hopp a décidé de diminuer ses largesses et fixé au club l’objectif d’être financièrement autonome d’ici 2014. Du coup, il s’agit désormais de recruter des jeunes pas cher et de les vendre très cher quelques années plus tard.
Déçu par ce manque d’ambition et ce transfert décidé contre son gré, l’entraîneur emblématique Ralf Rangnick a alors décidé de claquer la porte. Dans ces conditions, avec en plus le départ – forcé celui-là – du buteur Demba Ba (après un long bras de fer) et avec un entraîneur sans charisme et ni expérience, l’ancien adjoint de Rangnick Marco Pezzaiuoli, Hoffenheim n’avait rien à espérer ce printemps. Il a assuré le minimum syndical, soit obtenir le maintien sans avoir jamais tremblé, mais rien de plus. Ce club fera décidément toujours rêver ! 
Top-Spieler : Sebastian Rudy
Sebastian Rudy incarne la nouvelle politique de recrutement des Kraichgauer. Grand espoir du VfB Stuttgart, il n’y disposait pas d’un temps de jeu suffisant. Sa venue à Hoffenheim lui permettra d’obtenir une place de titulaire indiscutable en Bundesliga et de réussir une saison extrêmement solide comme milieu défensif. Ce qui lui vaudra même, à 21 ans, une première convocation en équipe nationale allemande lors du récent match en Azerbaïdjan ; il n’a pas eu l’occasion d’entrer en jeu mais le voilà au moins dans le cadre des papables pour l’Euro 2012.
Flop-Spieler : Ryan Babel
Si la modération est désormais de mise du côté de Sinsheim en matière de transferts, il y a tout de même eu une exception : en effet, une partie du produit des ventes de Luiz Gustavo et Demba Ba a permis de racheter l’hiver dernier, pour un montant estimé à 7 millions de pounds, le Hollandais Ryan Babel à Liverpool. Si l’ancien Scouser espérait relancer sa carrière en Bundesliga, c’est raté. Quinte matchs, un seul but et quasiment aucun impact dans le jeu, c’est maigre pour un attaquant qui constitue le plus gros investissement du club ces dernières saisons. Voilà qui achèvera de convaincre Hoffenheim de miser sur la jeunesse : vu que ça ne motive personne de jouer dans ce club, autant prendre des jeunes qui pourront l’utiliser comme tremplin.

La révélation : Gylfi Sigurdsson
Arrivé l’été dernier en provenance de Reading, Gylfi Sigurdsson est une autre des trouvailles d’Hoffenheim. A seulement 21 ans, il a terminé meilleur buteur du club avec neuf réussites et ce même si les deux entraîneurs qui se sont succédés sur le banc du TSG ne l’ont utilisé qu’avec parcimonie, le cantonnant le plus souvent dans un rôle de joker. Après une entame tonitruante qui en ont fait l’une des révélations du début de saison, l’international islandais a eu un peu de peine à confirmer, notamment lorsqu’il a commencé à être aligné d’entrée. Toutefois, quelques bons matchs en fin de saison, en position de numéro 10, ont montré que c’est un joueur avec lequel les Kraichgauer pourront compter à l’avenir. En tous les cas jusqu’à ce qu’ils décident de le vendre avec un bénéfice substantiel.

1. FC Köln (10e, 44 points)

Mon pronostic : 12e.
C’était couru d’avance : le 1. FC Köln n’aurait jamais dû repartir pour une saison avec le frileux et peu charismatique Zvonimir Soldo à sa tête. Il faudra neuf matchs, une dernière place au classement et une saison déjà bien mal emmanchée pour que les dirigeants s’en rendent compte avec les licenciements du manager Meier et de l’entraîneur Soldo. Ce dernier a été remplacé par Frank Schaefer, personnage atypique s’il en est, formateur et clubiste dans l’âme, chrétien convaincu et homme du sérail très populaire auprès des supporters. Schaefer donnera une nouvelle impulsion au FC, il relancera les stars Podolski et Novakovic (qui finira avec 17 buts, alors que Soldo ne le faisait pas jouer…) et permettra aux Geissböcke de battre un record dans l’histoire du club, avec sept victoires consécutives à domicile (dont un retentissant 3-2 contre le Bayern après avoir été mené 0-2).
Mais Frank Schaefer a échoué à donner de la constance à son équipe, laquelle a connu quelques déroutes historiques qui ont consterné les fans (0-4 et 1-5 contre l’ennemi héréditaire Gladbach, 2-6 à Hambourg…). Un bilan famélique de 9 points à l’extérieur ne permettra jamais aux Domstädter de décoller de la barre. Finalement, à trois matchs du terme, Schaefer, supportant mal la pression et attaqué sur ses convictions religieuses, démissionnera après une nouvelle déroute (1-4 à Wolfsburg) et des menaces de mort sur les murs du stade d’entraînement à Geissbockheim. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le nouveau manager Volker Finke a assuré l’intérim. Avec succès puisque Köln a bouclé sa saison sur trois victoires, dont un très savoureux 2-0 qui privait définitivement le rival local Leverkusen de titre. De quoi assurer le maintien et terminer à un 10ème rang extrêmement flatteur, vu la saison très pénible vécue par les Geissböcke.
Top-Spieler : Lukas Podolski
Lukas Podolski aura mis 18 mois après son retour à Cologne pour revenir à son meilleur niveau. Au 1er tour, ses performances faisaient peine à voir et l’enfant prodige du Müngersdorfer se distinguait surtout par ses écarts de langage, provocations sur le terrain, déclarations incendiaires contre ses dirigeants et coups de poings dans les murs en mode Marc Rosset. Mais, en récupérant le brassard de capitaine durant la trêve hivernale, Flopolski est redevenu Prinz Poldi. Soit le leader de cette équipe colonaise, celui qui peut décider des matchs sur un trait de génie, à l’instar de ce lob de génie dans les dernières minutes contre Freiburg. Si son idole n’était pas revenue à son meilleur niveau, pas sûr que Köln serait encore en Bundesliga la saison prochaine.

Flop-Spieler : Petit

Armando Goncalves Teixeira, plus connu sous le nom de Petit, est l’un des symboles du recrutement made in Michael Meier. Soit engager à prix d’or des joueurs au palmarès prestigieux (57 sélections en équipe de Portugal) qui ne donneront pas entière satisfaction. Si l’ancien milieu défensif du Benfica laissera un meilleur souvenir du côté du Müngersdorfer que son compatriote Maniche, il n’a pas apporté tout ce que les Geissböcke étaient en droit d’attendre d’un élément aussi chevronné. On ne pourra pas reprocher un manque d’engagement au pitbull portugais mais il n’assumait plus vraiment le rôle de leader attendu. A tel point qu’il a parfois goûté au banc de touche. Ce qui en faisait un remplaçant extrêmement onéreux, surtout pour un club en manque de liquidités. Son départ cet été, à l’expiration de son contrat, est acquis.
La résurrection : Michael Rensing
Michael Rensing n’avait pas supporté la pression d’assumer la lourde succession d’Oliver Kahn au Bayern. Viré comme un malpropre par les Rekordmeister, au chômage, il s’entraînait au 1er tour avec Garching, club de septième division de la banlieue munichoise. A la recherche d’un gardien pour succéder au lâcheur Mondragon, parti durant l’hiver aux Etats-Unis, le FC Köln a pris le risque d’engager ce gardien dont plus personne ne voulait ; sans avoir vraiment le choix, il fallait un gardien gratuit vu les difficultés financières du club. Le pari s’est avéré gagnant : loin de la pression malsaine du FC Hollywood, Rensing a livré un deuxième tour de toute beauté, prenant une part prépondérante dans le maintien du FC. Les notes du magazine Kicker, une référence outre-Rhin, l’ont classé sixième meilleur joueur de Bundesliga cette saison et seul non Dortmundois à s’immiscer parmi les sept premiers. Pas mal pour un gardien indésirable partout il y a six mois…

Écrit par Julien Mouquin

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5 Commentaires

  1. Si seulement un jour Hoffenheim pouvait rencontrer le Barça, j’espère que tu feras un billet dessus….(tu peux pas t’empêcher hein…)

    La trajectoire de Stuttgart depuis le titre est vraiement chaotique. Cette année, les supporters étaient au bout du rouleaux et parlais de 2e Ligua au mois de mars. Virer Gross a clairment été une connerie. Amusant parallèle avec Shalke concernant le rapport en recrutement et résultat, surtout quand on voit les champions

  2. Jean Euclide ne supporte pas que tu veuilles envoyer son Camoranesi chéri dans Lanus.

    A moins que ce soit un des plus ancien supporter d’Hoffenheim…

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