FC Sion : ambitions et sanctions

Habituellement champions de l’intersaison, les Valaisans laissent échapper leur titre à un public neuchâtelois aussi euphorique qu’un Pishyar à l’interview après une promotion du Servette de Genève. Toulalan, Bougherra, Arteta, Diouf, Grichting, Heinze, Kanouté, Cissé, Coupet et Trezeguet faisaient notamment partie de la très longue liste dressée par le Père Noël tchétchène et ses braves supporters. Les campagnes de design et d’abonnements menées chez nos voisins auront aussi eu le don d’esquisser des sourires.

Bref, malgré un championnat de folie qui s’annonce pour le football romand, Christian Constantin aura donc dû se contenter des petits titres et ce ne fut franchement pas pour nous déplaire. Aucun Buffon africain, ni de Rooney asiatique ne furent annoncés jusqu’à ce jour. Mais que ses contradicteurs se rassurent, les scandales guettent. Petit tour d’horizon d’un club qui, malgré de nombreux problèmes, se voudra résolument ambitieux lors de la saison prochaine…

Un staff qui part en vrille

Au club, tout le monde excelle dans chaque domaine. On s’en réjouit, mais difficile tout de même de ne pas se poser de questions sur le bon sens d’un tel tournus… On avait connu le président-entraîneur. Voici venu le directeur sportif-assistant de l’entraîneur. Ce dernier participe au manège en étant lui-même promené dans une nouvelle fonction encore inconnue à ce jour. Mais ce n’est pas tout. En devenant formateur, il ne manque désormais plus que le rôle de président et d’avocat au tableau de chasse de Freddy Chassot. Le psychologue sportif, lui, semble s’être évaporé dans la nature.
Brillant dans ses affaires et gras dans sa façon de faire, Constantin reste fidèle à lui-même. A en croire ses propos, Piffaretti serait un bien mignon placeur de cônes, mais le petit enfant mériterait d’être envoyé en camp afin de vaincre sa timidité. Pas sûr que la décennie de fidélité de notre ancien capitaine méritait un hommage public aussi appuyé que ce dernier…
Si le respect devrait donc en toute logique rester banni du club et que la gestion de ce dernier laisse toujours autant à désirer, force est de constater que tout n’est pas à jeter. Armé d’une Coupe de Suisse et d’une qualification européenne, le président a su conserver l’ossature de l’équipe au cours d’une bataille qui n’était pas gagnée d’avance et des grands noms pourraient bien s’y ajouter. Les partisans et les anti CC auront assez de quoi s’arracher.

Le cas Roussey

Guère le bienvenu lors de son arrivée, et ce notamment à cause de l’éviction injustifiée de Bernard Challandes, Laurent Roussey est parvenu quoiqu’il en soit à faire son trou. Ses changements peu communs intervenant après un quart d’heure de jeu et ses compositions improbables ont souvent porté leurs fruits. Il a monté le club à une 4ème place du classement qualificative pour l’Europa League. En tirant le meilleur des joueurs à disposition, il aura surtout résolu le désastre offensif redouté d’une attaque infertile qui allait encore devoir se passer de Mrdja sur blessure. Mais plus que tout, c’est certainement sa victoire en Coupe qui en Valais lui aura valu l’immunité. Il a signé pour une année supplémentaire.

Deux anges-gardiens

Jamais un gardien aussi adulé n’aura paru aussi peu indispensable. L’un des meilleurs gardiens du pays devrait rester sédunois l’année prochaine, au plus grand dam de Fickentscher. Irréprochable lors de chacune de ses apparitions, la doublure de Vanins ne se contentera probablement guère d’une nouvelle saison sur le banc du FC Sion. Moins bon lors de ses derniers matchs, le Letton a peut-être senti venir le souffle dans son dos. Le poste semble pratiquement trop bien fourni, mais on n’oserait pas s’en plaindre.

La défense de toutes les convoitises

Statistiquement la plus solide du dernier championnat, le club n’avait depuis longtemps plus connu une défense aussi efficace. La conservation de ses éléments fut probablement le plus beau des «transferts» réalisé du côté de Tourbillon tant il y eut fort à faire. Les deux piliers de l’axe semblaient en effet plus que jamais vacillants. Adailton était annoncé dans un club brésilien et Dingsdag aurait eu des touches en Suisse, mais à ce jour, les deux sont toujours sédunois.
Vanczak et Bühler, les incontournables latéraux également capables de présenter une solution dans l’axe, devraient eux aussi être conservés. Paradoxalement, meilleur que jamais depuis son arrivée sous nos couleurs et membre incontournable de la défense de l’année passée, Bühler aura très fort à faire afin de conserver sa place de titulaire. Parmi les meilleurs de la mythique épopée thounoise en Champions League et récemment transféré à Sion, José Gonçalves semble avoir la préférence de Laurent Roussey.

Elmer risque de jouer les seconds rôles, mais le tournus cher à l’entraîneur ne devrait probablement pas le confiner au banc des remplaçants. Sa polyvalence lui permettra de présenter une solution intéressante pour le milieu de terrain. On ne semble par contre plus vraiment compter sur un Georges Ogararu trop minimaliste et franchement très décevant à la vue de son CV. Un réveil paraît, il faut bien le dire, quasi inespéré.

Un milieu de terrain en chantier

Avec le discret Rodrigo, le fougueux Serey Die et le prometteur Sauthier, le poste de milieu défensif semble plutôt bien assuré. Offensivement, âgé de 35 ans et toujours irremplaçable, Obradovic a signé pour une nouvelle année supplémentaire. Dans cet ordre d’idée, la venue de Pascal Feindouno paraît fantastique. Encore faudra-t-il voir si ses 3 ans de pétro-football et de paradis fiscal n’auront pas trop émoussé ses ambitions footballistiques. Correct sans être génial, Zambrella devra en montrer beaucoup plus s’il entend conserver sa place.
Sur les côtés, Marin a mis les voiles sur les bords du Léman et Dominguez ne semble avoir eu qu’un court instant de lucidité avant la signature de son nouveau contrat. De plus, Yoda n’a brillé que sur de rares actions et les retours de Berisha et Crettenand demandent encore à être vérifiés. Seul Sio est parvenu a tiré l’épingle de son jeu. Explosif et efficace, il a réussi des débuts de rêve en ASL. Mais il n’est pas dit qu’il évolue sur les côtés. Malgré les arrivées de Stefan Glarner et de Mario Mutsch, les Sédunois devront quand même compter sur une remise en question de tous s’ils entendent mettre un terme aux problèmes offensifs du dernier championnat. Si elle est validée, l’arrivée exceptionnelle de Gabri pourrait néanmoins apporter beaucoup plus d’aisance à l’animation des ailes. Expérimenté d’une centaine de matchs pour Barcelone et également d’une centaine pour l’Ajax d’Amsterdam, il pourrait être l’un des gros coups suisses de ce mercato.

Une attaque qui laisse des doutes

Bellinzone, Xamax et Thoune n’ont pas eu grand-chose à envier à l’attaque sédunoise. Honteusement sifflé par une bonne partie du public alors qu’il brandissait le trophée sur la place de la Planta, Prijovic était incontestablement la meilleure solution à disposition de l’effectif sédunois. Crocheur mais très peu efficace, Chatton n’aura jamais fait mieux et seul en pointe, Sio ne semblait clairement pas à sa place. Par son manque de sang-froid devant les buts, Prijovic n’a jamais su pour autant faire oublier la blessure d’un Mrdja qui commençait à se montrer décisif. Le retour de ce dernier n’est malheureusement toujours pas annoncé et les nouvelles venues laissent pour l’instant perplexes. Ketkeophomphone a encore toutes ses preuves à faire et Afonso, intéressant dans un registre de pivot, n’est certainement pas le buteur recherché. A moins d’un ultime gros transfert, les problèmes offensifs du FC Sion semblent bien partis pour perdurer. Prijovic, l’homme au centre des débats les plus chauds du moment, pourrait être la solution miracle à condition de prendre confiance devant les buts. Mais le jeune Serbe devra faire face à une bonne poignée de spectateurs qui gardent leur abo au chaud et se lèchent les babines à l’idée de pouvoir lui cracher dessus à la première action manquée. Les nostalgiques de Saborio n’ont pas eu le temps de pleurer.

Ambitieux certes, mais guère renforcé dans le secteur le plus critique du dernier championnat, le club devra puiser dans ses ressources s’il entend pouvoir jouer les premiers rôles. Sous le coup d’une interdiction de transfert, il devra surtout prier le Bon Dieu tant le coup de poker est énorme. Huit arrivées ont été annoncées et au regard de la préparation estivale, Roussey n’a nullement misé sur une sanction possible. Avec une quarantaine de joueurs pros à portée de main, le son de cloche n’est pourtant pas le même en coulisses. Pour rappel, le TF a rejeté le recours déposé par le club contre la décision du TAS et un communiqué officiel de la FIFA daté du 19 janvier dernier nous dit textuellement que la sanction reste inchangée et donc que «le FC Sion n’aura pas le droit de recruter de nouveaux joueurs sur les deux prochaines fenêtres de transferts.»
La future saison s’annonce déjà passionnante. Espérons pour Sion qu’elle le soit sur le terrain…

Écrit par Marc Berthouzoz

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4 Commentaires

  1. Excellente présentation.

    Sion jouera le podium cette saison. Pour le titre en revanche, ça me parait impossible, surtout avec cette attaque bout de bois.

    En espérant me tromper….

  2. Il y a du Jean-Jacques Tillmann dans cet article;-) Si jamais je reste au pays de l’érable, je compte sur toi pour me narrer les exploits du FC Sion. En tous cas, c’est bien parti: bon article

  3. Bon article équilibré objectif. C’est vrai que cette histoire d’interdiction de transfert est sidérante eu égard de la campagne sans précédent de CC. Je crois même qu’avec les nouveaux le FCS ne serait pas loin d’avoir la meilleure équipe de son histoire et pourrait taquiner le titre. Mais s’ils perdent les 2/3 premiers matchs ce sera déjà la crise. J’irai voir ZH mais si les nouveaux ne sont pas alignés et qu’il y a une défaite au bout le rêve risque de tourner au cauchemard!

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