Une fausse note pour terminer

Pour son dernier match à domicile d’une année 2011 si riche en émotions, le Borussia Dortmund a terminé sur une fausse note en partageant l’enjeu avec le modeste Kaiserslautern. La faute à une infirmerie qui affiche complet, à des Roten Teufel courageux et volontaires, à un but venu d’ailleurs et à des montants pas trop conciliants.

En arrivant à Dortmund, on avait une idée assez précise de ce que devait être le scénario de notre après-midi de football : d’abord, le BVB devait battre assez facilement Kaiserslautern, ensuite on allait fêter la victoire en buvant le Glühwein mit Schuss au pied du sapin géant du Weihnachtsmarkt où l’on aurait appris que le Bayern a été accroché à Stuttgart, ce qui aurait permis au Borussia de reprendre la tête du classement et d’aller jouer le titre de champion d’automne la semaine suivante à Freiburg. Sauf que les choses ne se sont vraiment pas passées comme cela.

Le miracle Kaiserslautern

On savait le BVB un peu affaibli avec pas mal d’absents et un Mario Götze, tout récemment élu Ballon d’Or 2011 M-21, diminué. Mais on pensait quand même que les joueurs encore valides suffiraient pour battre un Kaiserslautern qui n’a rien d’un foudre de guerre. Le 1. FCK était régulièrement présenté comme un candidat très sérieux à la relégation l’été dernier après le départ de plusieurs cadres en phase offensive. Et, après un début de saison honorable, les Roten Teufel ont décidé d’augmenter la difficulté du challenge en vendant leur meilleur joueur, Ivo Ilicevic, à ce qui était alors un concurrent direct dans la lutte contre la relégation, Hambourg. S’ils n’ont pas beaucoup d’atouts dans leur effectif, les Roten Teufel peuvent en revanche compter sur un entraîneur, Marco Kurz, enthousiaste et charismatique, ainsi que sur un groupe solidaire et combattif qui s’est construit en partant de la Zweite Liga. Autre atout, le soutien de l’un des meilleurs publics d’Allemagne ; après la Coupe d’Europe, ça faisait plaisir de retrouver des fans adverses capables d’entonner des chants qui traversent tout le terrain.  

Kagawa Shinji-la-la-la

Et ces qualités vont suffire pour faire déjouer un BVB bien peu inspiré. On s’en était déjà rendu compte contre Marseille mais da Silva – Gündogan en Doppelsechs, c’est insuffisant pour un prétendant au titre. Et quand les deux joueurs censés donner le rythme et l’impulsion au jeu ne sont pas à la hauteur, c’est tout le collectif qui se retrouve désarmé. Bref, on s’est vite aperçu qu’il faudrait un exploit individuel ou une balle arrêtée pour trouver la solution. Surtout qu’en face, Kaiserslautern est courageux et bien organisé, allant même se créer quelques occasions, notamment sur des frappes de Dick et Sahan. Le BVB se procure sa première chance de but sur une reprise acrobatique de Lewandowski qui s’écrase sur la transversale, le premier montant d’une longue série. Dortmund trouvera la faille quelques minutes plus tard grâce à une déviation de Kevin Grosskreutz pour Shinji Kagawa dont la frappe passe sous le ventre d’un Kevin Trapp pas franchement impérial sur le coup.

La volée improbable de Sahan

On se disait qu’avec ce 1-0, le BVB avait fait le plus dur face à la plus faible attaque du championnat, qui plus est avec une 2e mi-temps à jouer face au mur jaune. Il y a eu quelques occasions de doubler la mise, notamment une tête d’Hummels sur le poteau ou une frappe de Kuba détournée par Trapp. Mais comme le but du break n’est jamais venu, le BVB n’était pas à l’abri d’un accident. Et l’accident, il est arrivé à l’heure de jeu sous la forme d’une volée dans une position impossible d’Olcay Sahan qui gicle sous la barre. Le genre de geste improbable qu’on ne réussit qu’une fois dans sa vie, rappelant un peu la volée de Marco van Basten en finale de l’Euro 1988. On est très content pour lui mais on aurait préféré que l’ancien joueur du MSV Duisburg choisisse un autre moment pour inscrire son premier but en Bundesliga.

Touche du bois…

Il restait une demi-heure au BVB pour reprendre l’avantage. Si la pression dortmundoise a été plutôt brouillonne et mal inspirée, il y avait largement la place pour aller chercher le deuxième but. On pense à ce nouveau coup de tête de Mats Hummels sur le poteau, à cette incroyable occasion échue à Robert Lewandowski qui seul à cinq mètres du goal voit son tir miraculeusement sorti par le pied de Kevin Trapp ou encore à cette frappe de Mario Götze qui vient s’écraser sur la latte pour le quatrième montant dortmundois de l’après-midi. Ceci dit, Dortmund aurait aussi pu tout perdre sur une tête d’Itay Schechter difficilement captée par Roman Weidenfeller. Au final, il est clair qu’une équipe qui a tiré quatre fois sur les montants est forcément mal payée et aurait pu réussir un carton avec un peu de réussite. Toutefois, l’impression générale du match, c’est qu’en ce dimanche après-midi les deux formations étaient relativement proches l’une de l’autre et que Kaiserslautern n’a rien volé avec ce match nul.

Limiter la casse

Avec deux nuls en Buli et une défaite en Champions League, la semaine n’a pas été des plus fastes pour le Borussia Dortmund. Et des trois, c’est clairement ce nul contre Lautern qui nous a fait le plus mal. Bref, ce n’était pas tout à fait la fête escomptée au Weihnachtsmarkt, surtout que l’on a appris la victoire du Bayern qui reprend un peu ses distances au classement. On espérait aller à Freiburg samedi prochain pour fêter un titre de champion d’automne, il faudra malheureusement y aller dans le seul but de limiter la casse avant Noël avec une équipe de plus en plus diminuée, puisque Mario Götze vient s’ajouter à la liste des blessés.
En cette année 2011, on a vécu des trucs incroyables au Westfalenstadion, des émotions inoubliables, une joie immense, c’est un peu dommage que la dernière sortie de l’année se solde par un échec. Toutefois, cela ne nous empêche pas de déjà commencer à compter les longues journées qui nous séparent du premier match à domicile 2012, fin janvier contre Hoppenheim, du club numéro un en Europe, devant Barcelone, Manchester United, le Réal Madrid et le Bayern Munich. Que les Footix se rassurent avant de bêler, je parle là uniquement des affluences puisqu’en jouant une nouvelle fois à guichets fermés contre Kaiserslautern, le BVB a conforté sa place de club le plus populaire du continent (80’365 spectateurs de moyenne).

Borussia Dortmund – 1. FC Kaiserslautern 1-1 (1-0)

Signal Iduna Park, 80’720 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Aytekin.
Buts : 27e Kagawa (1-0), 60e Sahan (1-1).
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Santana, Hummels, Schmelzer (77e Owomoyela); da Silva (73e Perisic), Gündogan; Blaszczykowski (66e Götze), Kagawa, Grosskreutz; Lewandowski.
Kaiserslautern : Trapp; Dick, Abel, Rodnei, Bugera; Kirch (51e Schechter), de Wit (83e Petsos); Fortounis, Tiffert, Sahan; Kouemaha (78e Nemec).
Cartons jaunes : 18e Kouemaha, 52e Gündogan, 83e Dick.
Notes : Dortmund sans Subotic, Bender, Leitner, Kehl, Koch (blessés) ni Barrios (malade), Kaiserslautern sans Simunek, Bilek, Micanski ni Vermouth (blessés).

Écrit par Julien Mouquin