Il y a un pilote dans l’avion

Patrick de Preux était membre du conseil d’administration depuis le limogeage version tchétchène de l’ancien CA. Il en devient aujourd’hui le président et se veut être le pilote dans l’avion qu’il manquait jusque-là. Toute ressemblance physique avec Leslie Nielsen mise à part, espérons que son sérieux de notaire et de président d’un club de golf permette au navire LHC d’être sur de bons rails.

«Ici le commandant qui vous parle. Nous sommes actuellement à 600’000 pieds d’altitude et le ciel est dégagé. Nous survolons en ce moment l’Ajoie et vous apercevez Olten en Langenthal sur votre droite, minuscules depuis notre position. Nous arriverons à destination à Zurich-Kloten avec 4h50 d’avance. La température y sera de 40°C avec un soleil radieux. Nous espérons que vous passez un agréable voyage à bord de notre A380, aménagé avec casino, golf 18 trous et bassin olympique. Les hôtesses Cindy, Laetitia et Ruby se tiennent à votre entière disposition et vous serviront dans quelques minutes champagne, caviar et foie gras, ainsi qu’une attention très personnelle vu que notre avion n’a qu’une seule classe, la Worldwide Best Selected VIP First Class. La compagnie LHC vous souhaite un agréable vol.»

10 minutes plus tard

«Ici le vice-sous-commandant en second. Le commandant vient d’être largué par-dessus bord (sur sa demande) alors que nous sommes très précisément entre Mourmansk et Vladivostok. Une mise à niveau des conditions s’impose. Nous sommes en fait à -390’000 pieds sous le niveau de la banquise, avec des cumulo-nimbus tout autour. Y en a même un qui a réussi à rentrer dans le cockpit, ce qui rend la lecture du tableau de bord assez aléatoire. Nous prévoyons un retard compris entre 9h et une semaine à l’aérodrome régiono-local de Viège. La température y sera de -52°C avec des rafales de vent à 240 km/h, des chutes de neige, du brouillard et des pluies verglagivrantes. Nous vous prions de rester assis car nous perdons des bouts de notre Fokker500, version 1947 à 12 places, propulsé par 2 hélices en bois. Ne regardez pas sur votre gauche où un Steward est en train de réparer l’aile avec du scotch. Les hôtesses Marcelle et Cunégonde passeront dans les rangs pour vous vendre des sacs à vomi. Vous êtes priés de les refermer hermétiquement après usage, à cause des turbulences. Les toilettes sont indisponibles, vu que l’hôtesse Bernadette a encore chopé la coulante avec les sandwichs cervelas-mayonnaise que vous avez aussi mangés. La sous-compagnie GS airways espère que vous ne porterez pas plainte contre elle et que vous achèterez quelques chips.»
Bon on avoue, on force un brin le trait. Ce qui n’est d’habitude pas notre genre. Mais comment est-on passé d’un bénéf’ à 6 chiffres à un déficit à 6 chiffres? Ben y a eu des changements d’entraîneurs et d’étrangers, nous dit-on en substance, et le resto a fait un peu n’importe quoi. «Une année de plus comme ça et on faisait faillite» assène Patrick de Preux. Bref, il faut tourner la page et la nouvelle équipe est là pour ça. Le meilleur exemple est la démocratisation du conseil d’administration. Exit l’obligation d’avoir sa carte de membre du VIP Golf Club de Miami, la pratique d’un sport aussi populo que le tennis suffit. On descend enfin de son piédestal.
Stan fait donc coup double en rejoignant le CA de son club de cœur. Il fera jouir de son aura l’organisation de Malley, tout en s’investissant au sein du mouvement junior, pour prodiguer aux jeunes ses conseils de sportif de haut niveau. Mais il fera peut-être même coup triple : en s’associant à l’image de l’un des clubs les plus populaires du pays, c’est le meilleur moyen pour lui de faire de l’ombre à Roger et son FC Bâle bien pâlichon en comparaison. Nul doute que toute la Romandie sera encore plus fière et admirative de son immense champion, autant pour sa 16e place mondiale que pour son attachement indéfectible au LHC.
Bon, c’est vrai que le type est sur la route quasiment toute l’année et qu’il s’est séparé de sa femme pour se consacrer encore plus à son sport. Certains diront que «cela ne nous regarde pas» et ils auront raison. Son arrivée dans la structure lausannoise est clairement cosmétique et ne va pas changer fondamentalement le rendement du mouvement junior le plus stérile de la galaxie, ni attirer de nouveaux sponsors juste autour de son nom. Mais cela ajoute un peu de «bling-bling» et redonne une touche locale au club vaudois, qui en avait bien besoin après s’être perdu entre l’Amérique du Nord et le bout du lac.

Un nouvel envol

Un renouvellement de l’équipe, un nouveau capitaine de bord et l’objectif très clair que le mouvement junior devienne l’une des pierres angulaires du vaisseau LHC, pour que celui-ci prenne son envol et devienne ce monument qui déplace la foi et les montagnes et atteigne des cieux où la main de l’homme n’a jamais mis le pied.

«On ne peut rien faire sans un mouvement junior performant, reprend M. Weibel. C’est une part indispensable de tout club de hockey, pour assurer la relève, mettre la concurrence avec les titulaires mais aussi par rapport aux contrats de longue durée proposés aux jeunes et aux indemnités de formation. Il faut réaliser que nous sommes en concurrence directe avec Zurich ou Berne.» Et pour l’actionnariat ? «Le club appartient à 100% à ceux qui ont prêté les 2.5 millions lorsque le club en avait besoin, résume M. de Preux. Mais notre vœu est d’ouvrir l’actionnariat à toute personne, si possible lausannoise ou vaudoise, qui désire s’y investir.» Finalement, Barry Alter (absent) passe le témoin de la présidence du LHC à M. de Preux, qui conclut: «Pour être un bon président du LHC, il faut aimer ce club. Et ça, ce n’est pas difficile à faire.»
En fin de conférence de presse, après une bonne bourrade d’André Boschetti sur le sujet, l’inévitable serpent de mer de l’actionnariat est logiquement revenu sur le tapis. Pour la première fois de mémoire de CartonRouge.ch, un dirigeant lausannois a admis à haute et intelligible voix que celui-ci était bien en main genevoise. Mais point d’argent qui passe d’un club à un autre, point de Chris McSorley qui serait grand manitou à Malley. Juste de gentils préteurs qui ne prennent même pas d’intérêts sur le pognon mis dans l’histoire. Qu’est-ce que c’est sympa quand même.

Écrit par Yves de St-Aÿ

Commentaires Facebook

1 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.