J’ai mal à ma Champions League

Hier soir, j’ai regardé la Champions League. Je ne me suis pas ennuyé, non, mais l’attrait du zapping m’a titillé, à la limite du ras-le-bol sportif – diable que c’est rare.

Après la passion du lundi soir, oui, je m’attendais à mieux, beaucoup mieux, surtout de la part des caciques du monde du foot ; des clubs millionnaires et des joueurs grandiloquents qui s’émancipent de cette Champions League riche aux as.

Norwich-Sunderland, entre sapeurs et carnassiers

Lundi soir pourtant, ce n’était que Norwich City versus Sunderland. Un match entre sapeurs et carnassiers. Un match de milieu de tableau anglais certes,  mais une partie où l’implication est totale, les joueurs dévoués à leurs supporters, mais surtout au bien-être du jeu : pas de simulation, pas de fourberie, pas de tricherie, un match sans mauvais geste aucun. Bien au-delà du kick-and-rush qu’on abhorre tant ici, dont on se pavane avec une condescendance grave, ce match m’a tenu en grippe et la grappe, la passion du ballon rond en bandoulière.
26’107 spectateurs de Norwich qui chantent leur fierté, accompagnés de bonne bière et de tatouages de mauvais goût. Qui chantent à la gloire de Léon Barnett, colosse central aux allures de boxeur auteur du magnifique 1-0 ; de Steve Morison, international gallois longiligne qui adore l’effort, même dans le vide, surtout pour le dévouement des siens. Pour l’anecdote, Norwich s’est imposé 2-1. Mais le rythme fut haletant, passionnel et incessant, rien vu du temps filer.


Norwich, un lundi soir…

Vive la Champions League. Ou pas

Hier soir, c’était jour de gloire, vive la Champions League. Mais je me suis ennuyé ferme. J’ai bien cherché à m’immiscer dans un Valence-Chelsea à priori prometteur, mais après quelques minutes de passivité grave, où les équipes s’observent passivement, où chaque joueur qui ose sortir des 20 mètres carrés qui lui sont attitrés est sermonné, sur le champ, par son entraîneur. Je craque devant tant de crainte et de couardise. Et je zappe.
Au tour de Milan-Plzen. C’est déjà mieux. Mais Antonio Cassano, formidable funambule du ballon, s’essaie maladroitement à une simulation stupidement ridicule. Je craque devant cette tricherie risible. Et je zappe.

Vive le foot, le vrai

Je me rabats sur Marseille-Dortmund, bon gré mal gré. Pendant que Christophe Dugarry s’égosille devant la faiblesse du niveau de jeu, qu’il avoue ouvertement ne connaitre ni le championnat allemand ni Mario Götze – bonjour l’esprit d’ouverture pour un consultant –, je vois Loic Rémy hurler à la mort sur une touchette de Mats Hummels. On donnerait Rémy pour mort, il ne se lève qu’au moment où M. Eriksson brandit son carton jaune. J’en ai ma claque. Et je zappe, tout en observant le fossé qui sépare la gloire, le strass et les paillettes de la Champions League et le genre, bien plus terre-à-terre des modestes cabochards du milieu de tableau anglais. Entre soi-disant esthètes de la CL et vrais puristes de la Perfide Albion, chacun ira de sa préférence. Moi j’ai clairement la mienne.
Pourtant, je m’obstine. Je transite sans cesse entre l’Espagne et la France, entre la TSR et Canal Plus. Je reprends mon tour des stades en attendant mieux, en attendant de voir du foot, du vrai. Ou en attendant, par exemple, le Wolverhampton-Newcastle du weekend prochain. Vive le foot, le vrai.

Écrit par Sacha Clément

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17 Commentaires

  1. Je rejoins S. Clément sur le niveau de la CL.

    Hier soir, je me suis farci la 1ère mi-temps de OM-Dortmund. Quel ennui et quelle misère de niveau de jeu.

    En ayant marre, j’ai zappé sur Arsemal-Olympiakos pour la 2ème mi-temps. Encore pire. Un festival de mauvaises passes, de mésententes.

    J’attendrai les 1/2 finales pour m’intéresser à nouveau à cette CL. Ce n’est qu’à partir de là qu’on peut espérer voir de beaux matchs.

  2. @Popol

    Ouais le seul championnat (avec ptet la Bundesliga) qui t’offre un spectacle autre qu’une lutte à distance entre 2 clubs, un florilège de 0-0 ou un championnat où les litres de gel dans les cheveux fait apparemment facilement tomber les joueur sous son poids…

  3. C’est amusant, on dirait une forme de footix intellectuel, où une fois de plus la passion du jeu est remplacée par certaines valeurs abstraites, à base de vilains tatouages et de chants avinés qui seraient synonymes d’engagement et de foot pur, par opposition à un foot corrompu par l’argent et dont le jeu serait vide d’intérêt.

    Encore faut-il comprendre de quel intérêt on parle. Il semble évident qu’un jeu de talus sera truffé d’occasions. Entre les gestes ratés, les situations improbables et les gars qui se lancent, le ratio émotionnel peut sembler élevé.

    Mais tu peux pas te permettre ce genre de fantaisie à un certain niveau. Alors rentrent en ligne de compte un certain nombre de données qui sont complémentaires de l’engagement: la discipline, la tactique, le jeu collectif, le positionnement… Pas sur que Norwich défende de la même façon contre Sunderland que contre Barça. Y a des trucs qui pardonnent pas à un certain niveau de jeu.

    Le Valence-Chelsea de hier montrait bien d’abord les changements dans le jeu proposé par le nouvel entraineur anglais, avec Chelsea qui a tenté mais raté de prendre le jeu à son compte face à une équipe joueuse et certainement engagée mais aux limites tactiques certaines.

    Pas certain que ce soit moins passionnant que le culte de la sueur, moins évident peut être, plus exigeant aussi, évidemment moins spectaculaire. Mais on parle en Champions League d’une qualité de jeu exceptionnelle à tous ces niveaux qui font la différence, et si j’apprécie la passion, l’excellence reste fascinante.

    Ah, pour Barça, non, désolé, pour voire du beau foot, il faut deux bonnes équipes, et jouer contre des piquets d’entrainement c’est pas faire un grand match ou du beau sport. J’ai de loin préféré l’affrontement de Chelsea et Valence, c’est évident il me semble.

  4. Excellent article monsieur Clément.
    Je suis heureux d’être aussi un footix intellectuel. Quel joie de voir le public se lever pour un tacle défensif (même si y’a corner) plutôt que de devoir attendre le sombrero suivi d’un petit pont puis double une-deux pour le 4-0…Lundi j’ai regardé Dresde-Frankfurt sur Sport 1(j’ai une vie passionnante, je sais). score 1-4. les fans de Dresde chantait encore (pas à fond certe…mais combien de supporter aurait hué leurs joueur??Quel joie de voir tout le monde à fond, et pas les bras croisés à faire des théorie sur la tactique (un peu ça va mais bon…genre désolé Epi t’es surement très interessant mais mon voisin à un match me fait deux phrases comme les tienne moi je m’barre:) (sans rancune hein…)
    « T’avais qu’à regarder Barça (je dis pas ça parce qu’ils dominent tout le monde. Je soutien ce club depuis 3 ans avant ma naissance) »
    Pourquoi? Pour voir encore une fois Messi continuer une action et la conclure dix seconde après avoir été sifflé hors jeu et pas prendre un carton (je sais y ‘en a d’autre. Mais pour lui quand même c’est légion la complaisance…).
    Pour voir des gars qui trottent comme des dératés 90 min sur leur couloir et qui sont pas essoufflé?(pas que barça, je précise, mais..)
    ça aussi c’est marrant! Pour rappel lors de tottenham- Inter l’année passée les commentateurs avait réussi à dire que c’était incroyable que les mecs y avaient l’air sec. Ben c’est rassurant quelque part non? bref je m’égare.Mais quand même.. C’est tout à fait personnel, mais certains matchs deviennent inhumains.Bon vous me direz que les gaillards (aucun lien avec les célèbre frêres)y passent assez de temps par terre pour récupérer. Mais que vous êtes mauvaises langues.
    Bonje crois que j’ai fait assez long, désolé pour ceux à qui j’ai fait perdre deux minutes et bonne soirées aux autres.
    P.S: Nul besoin de corriger mes fautes d’orthographe et de grammaires messieurs les professeurs (y en a qui aiment bien)
    P.S 2: oui je suis un bourrin et je suis un inculte du foot raciste primaire anti-barça. et comme je le sais pas besoin de le re écrire M.Ramon.

  5. Est-ce que trop de foot tue le foot? Intéressant comme question.
    Je pense qu’il en faut pour tout le monde. Certains sont prêts à passer leur soirée à regarder un match de ligue 2 française tous les lundis soirs, alors que d’autres suivent le multiplex de Canal où on ne voit que les buts et les actions manquées.
    Les puristes (dont j’avoue faire partie) trouveront toujours quelque chose d’intéressant à voir dans un match, même un bon vieux Vaduz-Nyon. alors que d’autres ne veulent que des buts.
    A chacun son foot… Mais soyons suffisamment tolérant pour accepter celui des autres!

  6. J’ai suivi du foot anglais de D4 et j’ai aucun interet particulier pour la CL mais c’est vraiment un tantinet ridicule cet article. Il y a eu des tres bon match mardi et meme si Bale avait ete un club bosniaque, ca aurait ete autant un match fou, c’est certainement ce qui se degage des reactions anglaises…

    Quand a faire d’un match entre Norwich et Sunderland une sorte de tableau d’un foot meilleur et plus pure, il faut quand meme le faire. La mechancete, la triche se porte tres bien aussi ici, Titus Bramble de Sunderland vient de se faire arreter pour « sexual assault » et possession de drogues dures et Sunderland joue un des pire football de la ligue sous l’egide de Bruce. J’en sais qqchse m’etant tape son football champagne du temps ou il entrainait Wigan…

    Norwich est aussi bien connu pour etre un club bien gentil au niveau tribune ce dans une ville pepere qui a surtout reputation pour etre un peu chiante, avec une presidente catho qui est la Betty Bossi anglaise, c’est un peu rate pour les delires legerement homoerotiques sur les durs tatoutes des tribunes…

    T’aurais vu le meme match mais avec Thoune et Lucerne, t’aurais trouve ca a chier, je te parie… 😉

    Bref, faut arreter un peu avec la tele…

    PS Bon commentaire d’Epi, bien rigole a ta description…

  7. Je crois que le terme « footix intellectuel » est assez bien adapté.

    Loin de moi l’idée de faire les louanges de la plupart de matchs de Champion’s League qui, il faut le reconnaître, sont loin d’être passionnants – tricherie, paillettes, concours de plongeon, dépenses à outrance, individualisme au paroxysme (vous avez vu Ibrahimovitch?), etc.
    Néanmoins, faire l’apologie d’un match tel que Norwich-Sunderland mérite bien cette étiquette. En effet, comme le souligne 1890, ce type de match est du même type qu’un Thoune-Lucerne (le public éventuellement en moins) ou d’un Bercher-Polliez Pittet (match chaud du gros-de-vaud et probablement plus qu’engagé qu’un Barça-Borisov).
    Le problème est qu’il y a maintenant un tel fossé entre deux mondes footballistiques totalement différents. Inévitablement une partie des amateurs de ballon rond vont plus se retrouver dans cet affreux foot business (incroyable le nombre de personnes qui portent à présent le maillot de Chelsea qui représente, à mon goût, très bien ce nouveau foot) et provoqueront le mépris des « dits » conservateurs du football. De l’autre côté, le foot « dit » anti-business est raillé par les autres pour son côté has-been et peu esthétique.
    Certes, tout le monde a ses goûts et ses préférences. Toutefois il faut pas non plus exagérer en couvrant d’éloges un match comme celui-ci. J’apprécie particulièrement ce qu’on appelle un « bon vieux match de foot » pour ce que décrit l’auteur. D’ailleurs, j’ai regardé l’autre jour Celtic-Glasgow et toutes ces caractéristiques présentées ici se retrouvaient. Cependant, pour voir 4 passes de suite et des belles actions, il faudra repasser..C’est bien là le problème avec ce type de matchs. Le niveau footballistique « pur » est rarement au rendez-vous et malheureusement bien plus souvent lors d’un de ces matchs tant décriés par l’auteur et ceux qui partagent son avis ici. Mais il faut reconnaître qu’entre un Barça-MU et un Norwich-Sunderland, le niveau footballistique est à des années-lumières différent mais avec les points négatifs que l’on connaît..

  8. Personellement ce systéme de coupes d’Europe avec ces matches de poules me fait chier et ça n’a rien à voir avec le pognon .
    Pour moi le probléme vient de la répétition des matches : on a tous les ans à peu prés les mêmes affiches .
    Sans compter le peu d’interêt sportif car on sait bien que peu d’équipes peuvent gagner la c1 .
    C’est bien gentil de voir Valence égaliser à la fin mais on sait trés bien qu’ils ne dépasseront pas les 1/4 voire les 8émes .
    En plus le fait de qualifier le 3éme pour la c2 est délirant .
    On se rappele de l’Atletico reversé en Europa League aprés 2 nuls arrachés contre des Chypriotes avant de gagner l’épreuve .
    Bonjour la crédibilité du truc .
    Je ne suis pas nostalgique mais je trouve que le foot était parfait il y’a 15 ans et qu’on n’aurait jamais dû y toucher .
    Le prochain chantier de nos grands penseurs concerne les équipes nationales : il va devenir impossible à une nation pas trop mauvaise de ne pas se qualifier pour une phase finale même avec une génération de merde .
    On n’a pas fini de se taper des cacas nerveux de starlettes en survet’ .
    Pour finir , je suis un peu comme l’auteur de l’article : avant les 1/4 européens , je préfere me mater un bon vieux match de championnat entre 2 équipes qui jouent leur chance sur ce match là .
    C’est dû au fait que comme ce sont toujours les mêmes équipes en Ligue des champions , les ligues nationales sont écrasées par toujours la même poignée d’équipes rendant leurs matches ennuyeux .
    Cela rend les Norwich-Sunderland , Augsbourg-Nuremberg , Cesena-Chievo , Grenade-Getafe ou Sochaux-Lorient finalement plus interessants .
    Là au moins , on a envie de rester jusqu’au bout plutôt que de se casser aprés le 3éme but de Messi conclu à la suite d’une séquence de passes de 5 minutes .

  9. On ne doit pas voir le même sport!
    Si Norwich – Sunderland est un match de foot, le LS peut prétendre à la Champion’s league!
    Un match de pieds carrés, où le coup de botte en avant fait éjac…des spectateurs pour qui le foot tient lieu de corrida! Quant à « pas de simulation, pas de fourberie, pas de tricherie, un match sans mauvais geste aucun », un réglage de la Tv ou des lunettes si tu étais au match, parce que le tacle derrière les oreilles, et les moissoneuses-batteuses qui arpentent le terrains font de ce beau sport que peut être le foot, une espèce de bouilli à mi-chemin entre la lutte au caleçon et le mauvais rugby!
    Quant au reste du papier, entre les lieux communs, les à-priori et l’intellectualisme à la Me Bonnant, il aurait plus sa place dans les collones de l’Hebdo ou du Temps, que dans ce magnifique site.

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