Entre euphorie, Ståle et déprime…

On poursuit le tour d’horizon de cette Bundesliga 2011-2012 avec un Kaiserslautern euphorique mais affaibli, le FC Cologne et son nouvel entraîneur atypique, le Hertha Berlin de retour dans l’élite après une année de purgatoire en Zweita Liga et un Werder Brême en pleine déprime avant même la première journée de championnat.

1. FC Kaiserslautern

L’euphorie d’une promotion suivie d’un maintien brillamment assuré, l’engouement du Betzenberg, l’enthousiasme de l’entraîneur Marco Kurz et l’homogénéité du groupe ne seront pas de trop pour assurer un nouveau maintien. Car les Roten Teufel ne paraissent pas sortir renforcés du mercato. L’arrière-garde n’a pas bougé : deux bons gardiens très prometteurs, Trapp et Sippel, et une défense qui, nonobstant quelques naufrages ici ou là, n’a pas trop mal fonctionné autour du Brésilien Rodnei l’an dernier. Sur le plan offensif en revanche, Kaiserslautern perd trois joueurs importants, le milieu de terrain Moravek et les deux attaquants titulaires Hoffer et surtout Lakic (16 buts la saison dernière). Avec en plus la blessure, sans doute pour tout le premier tour, du troisième attaquant de l’an dernier, le Slovaque Nemec, c’est tout un secteur qui est à reconstruire.

Sans grands moyens, les Roten Teufel ont été contraints de miser sur des paris osés pour recomposer leur attaque : l’espoir de Duisburg Sahan, sans expérience de la Buli, l’international espoir allemand Sukuta-Pasu, qui ne s’est imposé ni à Leverkusen ni à St. Pauli, ou le globe-trotter camerounais Kouemaha. Mais les deux renforts les plus attendus sont le milieu offensif Gil Vermouth et surtout l’attaquant Itay Shechter, deux Israéliens qui débarquent en Allemagne avec une réputation flatteuse. Reste à voir s’ils pourront confirmer en Bundesliga. Sinon, la bonne nouvelle, c’est que les Roten Teutel pourront toujours compter sur leurs deux milieux de terrain vedettes, Christian Tiffert, meilleur passeur de la Bundesliga 2010-2011, et Ivo Ilicevic, un temps convoité par le Bayern. Ce duo devra tirer dans son sillage un club qui aura bien de la peine à confirmer sa septième place de l’an dernier et se contentera volontiers d’un maintien obtenu, quelles que soient la place et la manière. Car si ses renforts offensifs ne se montrent pas à la hauteur, Kaiserslautern n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise.
Départs : Hlousek (Slavia Prague), Hoffer (Eintracht Francfort), Moravek (Schalke 04), Lakic (Wolfsburg), Correia (Braunschweig), Fuchs (retraite), Dzaka et Damjanovic (?).
Arrivées : Shechter et Vermouth (Hapoel Tel Aviv), Kouemaha (Bruges), Sahan (Duisburg), Fortounis (Asteras Tripolis), Sukuta-Pasu (St. Pauli).
Équipe type présumée : Trapp; Dick, Abel (Amedick), Rodnei, Jessen; Petsos; Ilicevic, Tiffert, de Wit (Bilek), Vermouth (Sahan); Shechter.
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Pronostic : 14e

1. FC Köln

Depuis le licenciement du manager Michael Meier à l’automne dernier, les choses ont bien changé à Cologne : plus question de se lancer dans le transfert de pseudos-vedettes à prix d’or, la sagesse est désormais de mise au Müngersdorfer et un peu plus de place est laissée aux jeunes du club. De toute façon, les caisses sont vides. Du coup, une seule arrivée significative durant l’été chez les Domstädter : le champion d’Allemagne 2009 Sascha Riether, qui vient apporter son expérience à mi-terrain. Pour symboliser cette nouvelle politique, Cologne a misé sur un entraîneur réputé pour faire des miracles avec peu de moyens, le Norvégien Ståle Solbakken, qui a réussi l’exploit d’emmener le modeste FC Copenhague en huitième finale de la dernière Ligue des Champions. C’est là un personnage plus qu’intéressant qui débarque en Bundesliga : rescapé d’un arrêt cardiaque qui l’avait laissé pour mort sur un terrain d’entraînement, le Norvégien n’avait pas eu froid aux yeux en apostrophant véhémentement l’intouchable Guardiola pour lui reprocher le comportement abject du FC Barcelone lors d’un match de C1 à Copenhague. Encore plus téméraire, à Köln, sa première mesure a été de retirer le brassard de capitaine à l’idole locale, Lukas Podolski, pour le confier au Brésilien Geromel. Ce qui n’a pas du tout plu à Poldi redevenu Prinz justement depuis qu’il avait hérité du capitanat. C’est dire que si les résultats ne suivent pas rapidement, la position de Ståle Solbakken va vite devenir intenable.

À défaut de renforts, les Geissböcke vont s’appuyer sur les mêmes armes que l’an dernier, la classe retrouvée de Rensing aux buts, la vista de Geromel en défense, le talent de Podolski à la construction et le sens du but de Novakovic à la conclusion. Si Ståle Solbakken confirme sa flatteuse réputation et parvient à insuffler cette envie et cette motivation qui ont si souvent fait défaut par le passé, alors cela suffira largement pour le maintien. À défaut, Cologne s’offrira une énième crise et alors il y aura une nouvelle fois gros danger.
Départs : Terrode (Union Berlin), Yabo (Aachen), Yalcin (Istanbul BB), Giannoulis (Atromitos Halkidona), Basala-Mazana (Ried), Ehret (Evian), Salger (Osnabrück).
Arrivées : Riether (Wolfsburg), Roshi (Flamurtari Vlore).
Équipe type présumée : Rensing; Brecko, Geromel, Mohamad, Eichner; Chihi (Clemens), Riether, Lanig (Pezzoni), Jajalo (Peszko); Podolski; Novakovic.
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Pronostic : 13e

Hertha BSC Berlin

Le retour en Bundesliga a provoqué une certaine euphorie dans la capitale fédérale. L’entraîneur Markus Babbel s’est même fait tatouer le logo du club sur le bras. Il aura l’air malin s’il se fait vider après cinq matchs ! Mais a priori, il n’y a pas de raisons pour que cela se passe mal. Une nouvelle dynamique est en marche à l’Olympiastadion et l’Alte Dame s’est donnée les moyens de s’éviter de faire une nouvelle fois l’ascenseur. Dans les buts, Thomas Kraft, maintenant qu’il n’a plus Hoeness et compagnie sur le dos, va prouver qu’il est un excellent gardien de Bundesliga, on rêve déjà de le voir tout sortir lors d’un match contre le Bayern à Munich. En défense, il y a beaucoup d’expérience avec Lell, champion d’Allemagne 2008 avec le Bayern, et Kobiashvili, vice-champion d’Allemagne 2005 et 2007 avec Schalke, sur les côtés, ainsi que trois centraux pour deux places, Hubnik, Mijatovic, et l’inénarrable Maik Franz, qui débarque de Francfort. En milieu défensif, ils sont également trois pour deux places, Niemeyer et le Suisse Lustenberger, brillants la saison dernière en Zweite Liga, ainsi que  l’ancien Bavarois Ottl.

Le secteur offensif paraît un poil plus léger. Certes, l’international colombien Ramos et l’ancien Zurichois Raffael ont de solides références mais ils n’avaient pas pu empêcher la relégation en 2009-2010. À Berlin, on fonde beaucoup d’espoir sur la révélation de la saison dernière, Pierre-Michel Lasogga (19 ans) et, dans une moindre mesure, sur l’espoir venu d’Hambourg Tunay Torun. Si le Hertha arrive à faire un bon début de saison et à surfer sur l’euphorie de l’ascension, alors le contexte sera favorable pour les jeunes et le Hertha devrait faire un bon championnat, sans trop se soucier de la relégation. En revanche, si cela devait mal partir, alors l’absence d’une pointure en attaque pourrait devenir problématique et l’Alte Dame ne serait pas complétement immunisée contre une nouvelle chute.
Départs : Hartmann (Aachen), Beichler et Domovchiyiski (Duisburg), Knoll (Dresde), Bigalke (Unterhaching).
Arrivées : Franz (Eintracht Francfort), Kaka (Braga), Kraft et Ottl (Bayern Munich), Torun (Hambourg).
Équipe type présumée : Kraft; Lell, Hubnik, Franz (Mijatovic), Kobiashvili; Niemeyer (Lustenberger), Ottl; Ebert, Raffael (Torun), Ramos; Lasogga.
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Pronostic : 12e

Werder Brême

Après douze ans de bons et loyaux services, le duo composé du manager Klaus Allofs et de l’entraîneur Thomas Schaaf semble arriver en fin de cycle. On se demande s’ils ne s’apprêtent pas à faire la saison de trop. Pour un club habitué au podium, la 13e place de l’an dernier a été vécue comme un traumatisme et la campagne de transfert estivale n’a pas permis de dissiper la morosité ambiante, bien au contraire. Le Werder ne fait pas partie des grosses fortunes d’Allemagne : d’habitude il pouvait compter sur les recettes de la Ligue des Champions et de la vente de ses meilleurs joueurs, cette année il n’y a eu ni l’un ni l’autre. La priorité, c’était de renforcer la défense, catastrophique l’an dernier : cela a été fait avec l’arrivée du jeune latéral Schmitz et de deux centraux, l’expérimenté capitaine de Nuremberg Wolf et le Grec Papastathopoulos, éphémère joueur du Milan AC. Avec le retour prochain du Brésilien Naldo, absent toute la saison dernière pour blessure, et la présence de Mertesacker et Prödl, le Werder se retrouve avec cinq défenseurs centraux, ça ressemble un peu à du gaspillage, surtout que l’on n’est même pas certains que ça imperméabilisera cette défense.

Du coup, il n’y avait plus beaucoup de moyens pour renforcer les autres secteurs de jeu. À mi-terrain, le départ du capitaine emblématique Torsten Frings devrait être remplacé à l’interne par le jeune Bargfrede, le Brésilien Wesley ou l’ancien Borowski, jamais revenu à son meilleur niveau depuis son passage raté au Bayern. À la création du jeu, les Brêmois espèrent d’abord que les Hunt, Marin et autres Arnautovic vont retrouver un niveau de jeu décent après une saison 2010-2011 ratée. Le principal (seul ?) motif d’espoir pour le Werder consiste sans doute dans l’arrivée du talentueux Mehmet Ekici, formé au Bayern et révélé à Nuremberg, qui peut redynamiser cette attaque brêmoise bien timide la saison passée. Enfin, pour mettre des buts, le Werder s’appuiera sur le Péruvien Pizarro, qui a déjà annoncé son intention de quitter le club en fin de saison, et le Suédois Rosenberg, revenu sur les bords de la Weser où il était indésirable il y a douze mois… Chouette ambiance. L’inamovible gardien Tim Wiese a lui longtemps menacé de partir, au motif qu’il était trop fort pour jouer une deuxième saison de suite contre la relégation, alors que le manager Klaus Allofs a admis que le championnat à venir serait difficile. La confiance règne ! Et le Werder, non européen, ne pourra compter que sur la Buli pour sauver sa saison, puisqu’il a trouvé le moyen d’aller s’incliner au premier tour de la DFB-Pokal à Heidenheim (3. Liga). Décidément, cet exercice 2011-2012 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices à Brême.
Départs : Frings (Toronto), Jensen, Husejnovic et Vranjes (?), Pasanen (RB Salzburg), Ikeng (Ingolstadt), Testroet (Offenbach), Wiedwald (Duisburg), Schmidt (Eintracht Francfort).
Arrivées : Schmitz et Stevanovic (Schalke 04), Ekici et Wolf (Nuremberg), Trybull (Rostock), Rosenberg (Santander), Futacs (Ingolstadt), Papastathopoulos (Genoa).
Équipe type présumée : Wiese; Fritz, Naldo (Wolf), Mertesacker, Schmitz (Silvestre); Bargfrede (Wesley); Borowski, Marin (Ekici), Hunt; Rosenberg (Wagner), Pizarro (Arnautovic).
Abonnés : 25’000
Pronostic : 11e

Écrit par Julien Mouquin

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