Le festival des défenses

Forcé de recomposer sa défense en l’absence des trois latéraux attitrés (Schlauri, Moubadje et Rüfli), João Alves a dû s’ingénier comme il l’a pu samedi après-midi. En fin de compte, la tarte concoctée par le mentor lusitanien sentait le moisi, faute d’ingrédients inadéquats. Petit retour sur cette sixième journée qui aura fait faire une piètre figure aux deux arrière-gardes…

Goliath contre… Goliath !

246 ans d’histoire, 44 titres nationaux et 25 Coupes de Suisse : c’est ce que le SFC et les Sauterelles représentent. Au-delà du phénomène de la décennie, qui a vu le championnat suisse se disputer sur l’axe zuricho-bâlois, GC et Servette sont les deux véritables titans du football helvétique. Autant dire que, en dehors des footix, «glory hunters» et Genevois lambdas, ce match avait une saveur particulière, beaucoup plus que le dernier derby du lac de Genève. Certes, les deux formations ont une autre dimension dans le panorama actuel du football national, mais, 7 ans sans ce grand classique c’est beaucoup trop. Il était vraiment temps que ces deux rivaux historiques se retrouvent de nouveau. On peut même dire que c’était l’affiche la plus attrayante depuis le début de la saison, et que lorsque l’on a vu les supporters de GC débarquer, des frissons nous ont pris. Car le passé est toujours là, il vit dans les maillots portés par ces deux équipes. Il coule dans les veines des joueurs et sort par les pores de la peau de ceux qui s’identifient pleinement à ces légendes.

La profondeur de banc mise en exergue

C’est un prémice et non des moindres ; Luvas Pretas Alves avait très peu de solutions sous la main. Dès lors, l’idée de titulariser Kouassi comme latéral droit et Schneider à gauche ne surprenait pas grand monde. Certes, il aurait aussi pu opter pour le valeureux Pont, afin de laisser Kouassi effectuer son ô combien important abattage au milieu du terrain.  Mais le problème n’est pas là. Il réside dans le manque de solutions qui s’offraient au coach. Ainsi, avec l’expérience de Pizzinat et le gabarit de Nater, le milieu genevois aurait pu tenir la baraque. Or, l’absence de l’international ivoirien allait peser lourd, comme si la chape de plomb qui englobait la Praille ne suffisait pas. Se rendant à l’évidence, Alves procédait à un changement tactique des siens en faisant entrer M’Futi pour Pizzinat. Ceci afin de replacer Kouassi à son poste de prédilection et disposer l’attaquant d’origine congolaise comme latéral. Bref, Servette n’a pas de profondeur de banc et l’a bien fait savoir face à GC.
Le supporter de Crystal Palace qui provoquait à longueur de match Éric Cantona, savait que, tôt ou tard, le Français lui aurait démoli la tronche. Cependant, lorsque le kung-fu kick du King l’a abattu, cela l’a abasourdi, même si le provocateur pouvait s’y attendre. Dans un autre registre, les supporters servettiens ont vécu la même «histoire bien connue à effet surprise» : ils savaient que cette équipe nécessitait deux ou trois renforts, mais ne s’attendaient pas à devoir le constater en recevant 4 tartes en pleine tronche. Car si Servette possède une excellente ossature, les solutions de rechange sont insuffisantes. Nous ne sommes qu’au début du championnat, mais au football, les suspensions, la baisse de forme physique ainsi que les blessures sont des menaces qui guettent les joueurs sans relâche.

Ne changeons pas les vieilles habitudes !

Après les buts encaissés contre Thoune, Zurich et Lausanne, on s’attendait à voir la troupe servettienne gentiment corriger le tir. Or, face à GC, les mêmes erreurs défensives ont été réitérées. À chaque fois qu’il y a un centre, un coup-franc ou un corner, la défense grenat s’emmêle les pattes. Le marquage on ne peut plus laxiste de l’arrière-garde met des frissons dans le dos. Ajoutez à cela le fait que le dernier rempart, qui est très fort sur sa ligne, n’est pas encore à l’aise dans les sorties, et vous comprendrez pourquoi GC en a mis quatre. Voici quelque chose que Servette devrait travailler à Balexert, tout le monde en conviendra : le positionnement défensif lors des balles arrêtées et des centres adverses. Le SFC ne peut que s’améliorer, tant il serait difficile de faire pire sous ce point de vue-là.

Une défaite providentielle ?

Survenue à moins de deux semaines de la fin du mercato estival, cette défaite pourrait être l’aubaine du club du bout du lac. Effectivement, il se peut que les dirigeants genevois se soient enfin rendus à l’évidence : il manque au moins deux recrues à ce Servette-là. Mais pour cela, il faut mettre la main au portefeuille. Yartey, Diallo et Fall ont rejoint le club sans que Pishyar n’ait dû dépenser un centime. Maintenant, il faudrait songer à accorder une enveloppe – aussi petite soit-elle – à Costinha dit la côtelette, afin qu’il puisse nous dénicher un ou deux joueurs.
De plus, cette déconvenue permet de rétablir les hiérarchies et d’aplatir l’euphorie qui commençait à monter vertigineusement. Les Genevois, en mesure de proposer un football très alléchant, sont dotés d’un groupe très riche en qualités humaines et professionnelles. Mais il ne faut pas que les exploits de Zurich et de Berne viennent masquer complètement les lacunes et carences du club grenat. Au contraire, il vaut mieux retenir les erreurs de ce début de championnat, afin que João Alves et son staff puissent les corriger au plus vite. 
Avec un peu de chance, en plus de Moubandje, Rüfli devrait faire son retour le week-end prochain à Tourbillon. De plus, Issaga Diallo, bien encadré par ses coéquipiers et le staff grenat, a pris confiance et est en forme physiquement : dorénavant il faudra compter aussi sur le Franco-Sénégalais !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Servette – Grasshoppers 3-4 (1-2)

Stade de Genève, 12’258 spectateurs.
Arbitre : M. Zimmermann.
Buts : 4e Vallori 0-1. 23e Eudis 1-1. 30e Emeghara 1-2. 50e Routis 2-2. 52e Emeghara 2-3. 66e Nater 3-3. 73e Emeghara (penalty) 3-4.
Servette: Gonzalez; Kouassi, Baumann, Routis, Schneider (54e Esteban); Pizzinat (38e M’Futi); Vitkieviez, Nater, Yartey, Karanovic (46e De Azevedo); Eudis.
Grasshoppers: Bürki; Menezes, Vallori, Smiljanic, Bauer (46e Bertucci); Abrashi; Feltscher, De Ridder (90e La Rocca), Toko, Zuber (95e Mustafi); Emeghara.
Notes: Servette sans Moubandje (suspendu) ni Rüfli (blessé) ; GC sans Callà ni Cabañas (blessés).
Avertissements: 16e Baumann. 33e Bauer. 61e M’Futi. 65e Abrashi. 65e Kouassi. 70e Toko. 89e Routis. 90e De Ridder. 92e Smiljanic.

Écrit par Grégory Soldati

Commentaires Facebook

5 Commentaires

  1. Le niveau du jeu présenté lors de ce match était plus que moyen. Par comparaison, le LS ne devrait pas se faire trop de soucis et s’en sortir…

  2. C’est donc à la fin du 1er paragraphe qu’on est supposé éjaculer sur son clavier…?

    (Les Sauterelles en ont rien à cirer de Servette. Seuls les derbys contre le FC Zurich et les matchs contre Bâle représentent un événement)

  3. On peut savoir qui tu es Mr Jinks? Certainement pas un fan de GC… Si tu l’es, tu peux te faire connaître stp, j’ai laissé mon e-mail. Car t’es à côté de la plaque pour causer comme ça.

    Evidemment que c’est incomparable avec le derby de la ville, mais rivalité il y a sur le plan sportif. Les groupes respectent beaucoup Servette. Et bien que je sois vaudois et n’ayant aucune affinité avec les arrogants du bout du lac, leur montée a été bien plus agréablement reçue que celle du LS…

  4. Faute d’ingrédients adéquants et non inadéquats dans le sous-titre.

    Sinon, rien sur le trouage monumental du gardien. Si c’était àarrivés à d’autres équipes, on aurait eu droit à un paragraphe et à une vidéo sur la page d’accueil.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.