Angstgegner, définition

Les Allemands appellent ça l’Angstgegner ; chez nous on parle de bête noire et à Mönchengladbach elle se nomme Bayer Leverkusen au Borussia-Park. Cela fait depuis 1989 et désormais 22 matchs que le Borussia n’a plus gagné sur ton terrain contre la Werkself. Les rêves de Ligue des Champions s’éloignent pour les hommes de Lucien Favre.

Le récit du week-end débute dans une chambre d’un hôtel quatre étoiles de la bucolique cité de Mönchengladbach. Je suis en train de me préparer pour la soirée lorsque des coups sont frappés à ma porte. « J’arrive », grommelais-je, pensant que c’était mes compagnons de route qui venaient me chercher pour l’apéro. Mais non, on frappe de nouveau. « Ich komme gleich », tentais-je alors, supposant avoir affaire à un membre du personnel de l’hôtel. Encore raté, on continue de frapper à la porte. Je me résous à déposer mon flacon de Déclaration de Cartier pour aller ouvrir et là, surprise : derrière la porte se tient celui que les joueurs de Bundesliga, tout comme les lecteurs du magazine kicker ont récemment élu meilleur entraîneur d’Allemagne : Lucien Favre. On a le temps d’échanger quelques théories sur la défaite de son Borussia la semaine précédente à Hanovre et son calendrier infernal de ce début de 2e tour, sur les difficultés actuels de l’autre Borussia, le mien, et le cas Lewandowski puis l’entraîneur des Fohlen doit partir pour faire la théorie, la vraie, celle qui doit mener ses joueurs au succès contre l’adversaire le plus redouté du Borussia-Park, le Bayer Leverkusen. 

Angstgegner

Après la relégation du Fortuna Düsseldorf, Leverkusen est l’adversaire de Bundesliga le plus proche en kilomètres de Mönchengladbach. Et pourtant, tu ne trouveras aucun fan des Fohlen qui considérera ce match comme un Derby, selon le bon vieil adage qu’une Traditionsverein ne peut jouer de derby contre un Werksclub artificiel. Un peu de la même manière qu’un LHC – Genève-Servette ne sera jamais un vrai derby pour un fan lausannois. Néanmoins, Leverkusen, deuxième du classement, cela reste un gros morceau pour le Borussia qui, à domicile, n’a plus battu la Werkself depuis… 1989. Ce n’était donc pas franchement l’adversaire idéal pour se refaire une santé après deux défaites en ouverture de 2e tour contre le Bayern Munich et Hanovre.
Manifestement, les deux adversaires se craignent et limitent au maximum les prises de risque, la première mi-temps se résume surtout à une bataille intense en milieu de terrain. Si Leverkusen semble un peu plus serein, la meilleure occasion est pour Gladbach  avec une belle reprise de volée d’Herrmann détournée par le gardien Leno au sortir d’une combinaison rusée sur corner, typiquement du Lucien Favre, on se souvient avoir vu ce type de schémas lorsqu’il débutait sa carrière d’entraîneur du côté du FC Echallens il y a vingt ans.

Le contre qui tue

Si les deux équipes sont proches l’une de l’autre, la différence va peut-être se faire sur la confiance supérieure d’un Bayer qui reste sur une victoire contre deux revers depuis la reprise au Borussia. Tout part d’un ballon perdu un peu trop facilement par Raffael à trente mètres du but adverse, le contre fuse par l’intermédiaire de Sidney Sam qui profite de l’absence de filtrage à mi-terrain pour traverser la moitié du terrain balle au pied et décaler Heung-Min Son qui enroule superbement son ballon hors de portée du gardien ter Stegen pour l’ouverture du score. C’est propre, précis et d’un froid réalisme. Cette équipe de Leverkusen ne fait pas beaucoup de bruit mais elle est présente sur tous les tableaux. Certes, ce n’est pas cette saison que Neverkusen ira chercher le premier titre de champion d’Allemagne de son histoire ; si les Rheinländer ont mieux négocié que d’habitude les chocs au sommet (nul contre Bayern, deux victoires contre Gladbach et succès à Dortmund), les quatre défaites concédées contre les mal classés Braunschweig, Brême, Francfort et Freiburg ne leur permettent pas de contester la suprématie du Bayern Munich. Vizekusen va tenter d’obtenir le sixième « titre » de vice-champion d’Allemagne de son histoire ou, à tout le moins, d’assurer une nouvelle qualification directe pour la Ligue des Champions. En bonus, la Werkself a également un bon coup à jouer en Pokal avec un quart de finale à jouer mercredi à domicile face au dernier rescapé de Zweite Liga, Kaiserslautern. Enfin, Leverkusen n’aura rien à perdre en C1 contre le PSG. Si nos voisins tricolores considèrent ce duel comme une formalité et spéculent déjà sur l’adversaire du jouet qatari au tour suivant, je serai plus circonspect. Cette équipe du Bayer sans génie certes mais diablement solide a largement les moyens d’ennuyer les starlettes parisiennes.   

Insuffisant

Mönchengladbach a bien tenté de réagir et s’est procuré les occasions pour égaliser mais Raffael n’a trouvé que l’extérieur du petit filet et Kruse s’est heurté au gardien Leno. C’était trop maigre pour éviter une troisième défaite consécutive. Les Fohlen ont pâti du match très moyen de leurs éléments offensifs : Granit Xhaka a été, comme souvent, trop nonchalant, Juan Arango n’a quasiment jamais pesé sur le jeu, Patrick Herrmann est bien loin de sa forme étincelante du printemps 2012 alors que Raffael et Max Kruse, excellents au 1er tour, sont  très effacés depuis la reprise. Difficile dans ces conditions d’espérer mieux contre un adversaire aussi concentré et bien organisé que ne l’était Leverkusen vendredi.

Déprime en VIP

C’est donc un Lucien Favre assez abattu que l’on retrouve après le match. On a tout de même le droit à la visite des catacombes du Borussia-Park, avec au menu : zones VIP avec repas et open bar, vestiaires, jacuzzis, bureau et une petite descente sur le terrain devant les tribunes vides du Borussia-Park. Du haut des gradins, la pelouse avait l’air pas mal mais, vue de près, elle est en état assez piteux, largement de quoi rebuter une diva du FC Bâle si d’aventure les deux clubs devaient se rencontrer en Ligue des Champions la saison prochaine. Mais quand j’ai évoqué l’hypothèse de la C1, Lulu m’a regardé avec des grands yeux et assuré que son contingent n’était pas assez bon pour viser aussi haut et que c’était déjà miraculeux de retrouver Mönchengladbach aussi bien classé avec cet effectif. Soit mais on espère tout de même que la roue va rapidement tourner pour les Fohlen et, si cela peut rassurer Lucien, j’ai visionné samedi leur prochain adversaire, le Werder Brême, que je n’ai pas trouvé très fringant, loin s’en faut. On espère juste que son message passe mieux auprès de ses joueurs qu’auprès de moi quand il m’a recommandé d’être raisonnable et prudent après m’avoir déposé à proximité de l’Alte Markt pour une tournée des bars et discos. En tous les cas, merci à Lucien Favre et à son épouse pour leur accueil et j’espère que la prochaine fois, on portera davantage chance à leur Borussia que je ne l’ai fait sur ces deux derniers matchs.    

VfL Borussia Mönchengladbach – Bayer 04 Leverkusen 0-1 (0-0)

Borussia-Park, 53’379 spectateurs.
Arbitre : M. Meyer.
But : 62e Son (0-1).
Mönchengladbach : ter Stegen; Nordtveit, Jantschke, Stranzl, Wendt; Herrmann (67e Hrgota), Kramer, Xhaka (83e Younès), Arango (83e Mlapa); Raffael, Kruse.
Leverkusen : Leno; Hilbert, Toprak, Spahic, Can; L. Bender, Rolfes, Castro; Sam (69e Derdiyok), Kiessling (94e Wollscheid), Son (81e Hegeler).
Cartons jaunes : 10e Wollscheid, 29e Can, 37e Kiessling, 55e Herrmann, 77e Kruse, 78e Donati.
Notes : Mönchengladbach sans Korb (suspendu) ni Brouwers (blessé), Leverkusen sans Reinartz (blessé).

Écrit par Julien Mouquin

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