Entretien-vérité exclusif avec Maria Sharapova

À seulement quelques heures du début de l’US Open, alors que la tempête Irène s’abat sur New York, Maria Sharapova a accordé à Carton Rouge une interview exclusive dans le salon de l’hôtel Hilton. Rendez-vous était pris à 14h cet après-midi.

CartonRouge.ch : Mlle Sharapova, bonjour…
Maria Sharapova : Appelez-moi «Maria», je n’ai pas non plus 28 ans, je ne suis pas mariée et je n’ai pas d’enfant.Vous faites référence à Kim Clijsters ?
Oui, forcément. Quelle idée de faire des gosses à cet âge et rejouer au tennis. Ces filles bien pensantes et qui veulent tout avoir en même temps me prennent la tête.
Pourtant elle a prouvé sa grande forme depuis son accouchement ?
Je ne dis pas le contraire, mais entre le tennis ou la marmaille, il faut choisir. Maintenant les jeunes parents veulent continuer à mener la belle vie mais avec des enfants. Alors ils font quoi ? Ils les prennent partout là où ils ne devraient pas être : bars, concerts, restaurants, etc. Ils pensent que les gens trouvent ça touchant et adorable mais en fait la plupart des personnes, moi en premier, ne supportons pas les vagissements de ces gosses, ils sont sales et ils ont rien à foutre sur le terrain des adultes. C’est un peu comme si j’allais sucer les hochets des enfants dans les garderies !
Et qu’est-ce qui vous retient de le faire ?
Je suce plein d’autres choses, mais pas les hochets, c’est plein de microbes ! Et c’est le terrain de jeux des enfants.

Et par les «autres choses», comme vous dites, vous entendez quoi ?
Ah vous le saviez peut-être pas, mais je suis une boulimique des glaces ! D’ailleurs pour fêter sa retraite, «Marathon» (ndlr : Marat Safin) a invité quelques joueurs et joueuses dans une boîte et a payé toutes les tournées. Je me suis envoyé trois fusées et deux paires de boules vanille chocolat !
Personne n’a eu vent de cette petite sauterie pour la retraite de Marat Safin. Pouvez-vous nous en dire plus ? Et pourquoi ce surnom «Marathon» ?
Ouais, j’aurais mieux fait de rien dire. À l’époque Marat avait invité ses potes, dont votre compatriote Marc Rosset, et quelques joueuses et anciennes joueuses, dont Ana Kournikova, Maria Kirilenko ou encore Ana Ivanovic. Les gars ont fini la soirée – enfin plutôt la matinée – plein comme des huîtres à danser le Foxtrot tout nu avec des colliers de fleurs autour du cou. Pendant ce temps moi je dégueulais mes glaces aux toilettes, je n’avais pas supporté le quinzième shot de vodka que Marathon m’avait versé.
Quinze c’est déjà un joli nombre ! Et pour le surnom ?
N’oubliez pas que je suis russe quand même ! Ce surnom, c’est pour les intimes et c’est resté depuis ses 20 ans. Marat avait organisé une fiesta où il se serait envoyé deux ou trois filles par heure jusqu’au petit matin. Et je crois que c’est Igor, celui qui filmait, qui a eu la brillante idée pour le surnom.
Vous y étiez ?
Bien sûr que non ! J’avais 13 ans à l’époque ! Et puis je ne suis pas une fille facile. Et la sexe tape a mystérieusement disparu vous savez…
Merci Maria pour ces précisions. Une chose m’intrigue depuis que j’ai eu votre agent au téléphone l’autre jour ; vous avez tout de suite accepté cette interview, puis-je vous demander pourquoi l’avoir accordé en exclusivité à Carton Rouge plutôt qu’à un grand groupe de presse ?
La dernière interview parue sur moi, c’était dans News of the World et le journaliste a mis le doigt sur tous les sujets sensibles de ma vie privée, dont personne n’était au courant, mais de manière détournée. À croire qu’il savait lire dans les pensées ! Et il a écrit un tas de saloperies sur moi et tout était faux, ou presque. Après l’éclatement de l’affaire des écoutes téléphoniques, j’ai décidé d’accorder ma prochaine interview à un journal plus modeste.
Donc lorsque l’article de News of the World prétendait que vous étiez lesbienne, c’est donc faux ?
En fait c’était vrai il y a quelques années. J’étais en pleine crise d’adolescence et Amélie a été mon mentor sur le circuit. Elle m’a décomplexée et initiée aux pratiques tantriques. Après mon premier titre à Wimbledon, je me suis distanciée d’elle et j’ai retrouvé le goût aux hommes. Sauf que le journaliste a prétendu que je m’envoyais toujours des filles, ce qui est absurde.

Vous n’êtes donc pas sortie avec Dinara Safina ?
Mon Dieu non !
Maria, encore quelques questions avant que nous prenions congé l’un de l’autre. Pouvez-vous nous parler de cet US Open ? Comment l’abordez-vous ? Quels sont vos pronostics ?
J’adore l’US Open et les Américains, même s’ils savent pas s’alimenter et qu’ils pensent que l’Amérique est un pays libre. Chaque nation a ses défauts ma foi ; les Australiens sont perdus sur une île tandis que les Français se croient au centre du monde. Et les Anglais sont bourrés de traditions ridicules.
Et donc pour cet US Open ?
Oh oui, pardon, je m’emporte ! Après ma défaite à Wimbledon, j’ai passé par une grosse remise en question et je crois avoir trouvé des réponses ; j’ai intensifié ma préparation physique pour frapper encore plus fort, notamment au service et en coup droit. J’ai laissé tomber l’amorti, le slice et le lift. Et j’ai pris un cours de pose de voix avec Roberto Alagna, pour mieux faire travailler mon diaphragme.
Concernant les prévisions, chez les femmes je me vois bien soulever la coupe. Kim étant blessée, je ne vois pas qui pourrait me battre. Chez les hommes, Novak fait des choses incroyables en ce moment. Je le vois bien soulever la coupe avec moi.
Que pensez-vous de Roger Federer ?
(Après un moment d’hésitation) C’est un grand joueur avec un palmarès énorme. Il a une éthique de sport fabuleuse.
Vous savez, vous pouvez être franche, ce n’est pas parce que c’est mon compatriote qu’il faut vous sentir obligée de le brosser dans le sens du poil.
Je peux, c’est vrai ? Ouais, ben je pense que Rodgeur a perdu du poil de la bête. Il est dépassé par les jeunes, physiquement il coince et la motivation n’est plus là. Il est devenu comme certains banquiers suisses après avoir fait fortune, il délègue un peu trop à des gens peu recommandables. Là, par exemple, il a même délégué son tennis à un type un peu bizarre qui est tout le temps dans sa loge, il me fait marrer, on dirait un croisement entre un Mormon et un croque-mort ! Il bouge pas et parle pas. Vous savez qui c’est ?
Euh oui, c’est Séverin Lüthi, mais beaucoup de gens se posent la même question que vous au sujet de ses fonctions au sein du clan Federer…
Et puis je connais bien Paul (ndlr : Paul Annacone, l’entraîneur de Federer), il est sympa mais je crois qu’il lui faut quelqu’un avec du feu dans les mains, un type qui va le faire se sortir de ses gonds et envoyer chier le monde. Un mec comme McEnroe par exemple. Bon sa femme fait du bon boulot à ce niveau-là, elle gère l’entreprise, mais je ne suis pas certaine qu’il prenne encore son pied avec la marmaille, même s’il prétend que «c’est super et que tout va bien». Il lui faut un coup de fouet et Mirka a pas l’étoffe.
Ni la carrure SM…
Je connais pas leur vie privée, mais je serais tentée de donner à Rodgeur quelques bonnes adresses que Marat m’a refilé…
Maria, dernière question. Que vous inspire cet ouragan sur New York ?
C’est fantastique ! En fait c’est comme dans un film catastrophe hollywoodien, sauf que la réalité a rejoint la fiction. Bizarrement, ça intervient quasiment 10 ans jour pour jour après les attentats du 11 septembre et encore personne n’a pensé au fait qu’il s’agit peut-être d’un attentat terroriste.

Vous n’êtes pas tendre avec le pays qui vous a vu grandir…
Comme je vous l’ai dit, j’adore l’Amérique et j’ai une tendresse certaine pour Barack qui essaie de remettre de l’ordre dans le merdier que Bush a installé. Mais il faut bien le dire, les Ricains sont un peu paranoïaques. Je vois dans cet ouragan une métaphore de leur esprit tourmenté. C’est aussi le combat de la ville d’acier contre la force de la nature ; peut-être qu’ils devraient être plus humbles et respecter plus leur environnement.
Maria, merci pour ce mot de la fin ! Carton Rouge vous souhaite plein succès pour cet US Open et vous remercie de nous avoir accordé cet interview…
Merci à vous ! I loved this interview ! How do you say in French, «j’ai pris mon pied» ?
Euh yes, but not in this context, you would rather say «j’ai beaucoup aimé cet interview»…
Eokeeey ! J’aiiii beaucuuuu aimé cet interview, thanks !

Écrit par Jérôme Nicole

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2 Commentaires

  1. Dans le passage sur Federer, « Vous savez qui c’est », et non pas « qui sait ».

    Sinon, interview très bien ficelé, très terre-à-terre. Enfin quelqu’un qui pose les bonnes questions.

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