Ces Sédunois qui écrivent l’histoire en dépit des menaces

Le match décisif avait commencé bien avant le coup d’envoi. Au terme d’une première partie pourtant soldée sur un score nul et vierge, Majstorovic méprisa le niveau de son adversaire dans les médias et plusieurs Sédunois ne se déclarèrent que guère impressionnés par le niveau du Celtic. L’ambiance n’était donc pas aux traditionnels échanges de politesse, mais plutôt à des attaques sèches et sonnantes. Un parler à l’image d’un match aller fort engagé, qui ne faisait qu’ajouter encore plus de piment à une soirée de football que le Valais n’avait plus pu savourer depuis trop longtemps.

Objectivement, le Celtic bénéficiait de son statut de favori et surtout de l’avantage du but pouvant être marqué à l’extérieur, une menace qui allait mettre une pression d’enfer sur les épaules de l’équipe valaisanne. La moindre bévue défensive pouvait en effet contraindre les Sédunois à devoir inscrire deux buts pour échapper à l’élimination. Songeant à leurs difficultés récurrentes dans la zone offensive, il semblait dès lors impératif que la cage reste inviolée jusqu’au terme de la partie. Mais c’était peut-être se tromper sur leur véritable force de frappe.Et malgré tout, l’outsider avait des arguments à faire valoir, des arguments tels que la plupart des sites spécialisés misaient sur du 50-50. Goran et ses coéquipiers bénéficiaient en effet de l’avantage du terrain et d’un arbitrage qui n’était pas estampillé du nom de la SFL. Ils composaient également une équipe globalement plus forte que ces dernières années et actuellement bien plus en forme que les joueurs du Celtic, en crise après le nul du match aller et encore défait la semaine passée par un faible adversaire. La menace d’une élimination prématurée, les nombreuses défaites subies contre des clubs suisses et plus que tout l’extrême faiblesse affichée par le Celtic lors de ses déplacements européens nourrissaient en outre la défiance de l’équipe écossaise.
Après 3 échecs lors de ces 5 dernières années, le FC Sion semblait ainsi plus à même que jamais de s’ouvrir les portes de la phase de poules de l’Europa League.

Un Serey Die en feu

Et quelqu’un l’avait compris plus que nul autre. Motivant ses coéquipiers comme le Gelson Fernandes des grandes années avant même le coup d’envoi donné et soulevant le public tel un gladiateur prêt à bouffer les lions qui lui faisaient face, Serey Die semblait prêt à tout péter. Connaissant les valeurs de l’engagement  et de l’amour du maillot plus que nul autre en Suisse, sa mentalité de guerrier ne manqua pas de doper le moral de ses coéquipiers. Et les bonnes intentions de l’Ivoirien ne se limitèrent pas au spectacle d’avant-match.
Après moins de 40 secondes de jeu, il adressait une ouverture lumineuse en direction d’Afonso dont l’échappée solitaire ne fut pas sans rappeler l’action la plus mythique de sa vie au stade de Suisse. Le match de ce dernier dura 40 secondes, mais 40 secondes conclues par un lourd sacrifice qui aura fait tourner le match en  faveur de son club. Car l’ancien défenseur du FC Bâle, selon lequel les Sédunois étaient trop faibles, coupa le hors-jeu avant de faire une faute de dernier recours sur sa première et seule action de match. Le FC Sion n’oubliera probablement pas  de le remercier pour cette supériorité numérique et ce penalty offerts si tôt dans la partie. Prendre le risque de tirer ce penalty nécessitait néanmoins un sacré courage que l’insouciance de Feindouno ne manqua pas de concrétiser. Les Valaisans allaient ainsi mener au score et jouer à 11 contre 10 dès les premières minutes.

Un adversaire apathique

La partie s’en trouva évidemment complètement bouleversée. Le Celtic se contenta d’attendre son adversaire dans son camp et n’impressionna pas par son pressing. Etonnamment apathiques, les Ecossais ne firent pas preuve de l’engagement physique qu’on leur prête si souvent et encore moins de la révolte frappant parfois les équipes évoluant à 10. La stratégie consistait, au contraire, à laisser sortir le FC Sion puis à procéder par quelques contre-attaques éclaires.

La tactique Roussey

A des années lumières de celui que l’on avait connu lors de son arrivée à Tourbillon, Arnaud Bühler fut préféré à Goncalves et n’aura une fois de plus pas déçu. Mutsch prit le couloir à gauche devant lui, tandis que de l’autre côté, Obradovic garda une position essentiellement axiale. Il laissa ainsi le couloir droit à l’entière responsabilité de Vanczak qui aura multiplié les appels offensifs, mais qui ne fut que trop rarement servi malgré tous les boulevards qui se présentèrent à lui. Autre particularité tactique, les Sédunois jouaient à 4 derrière, mais Mutsch fit le pas de retrait dans la phase défensive afin de former une défense à 5.
On aurait pu craindre que les Sédunois défendent à bloc en jouant la montre jusqu’à la fin du match. Mais il n’en fut rien. Avec une grosse possession de balle, ils maîtrisèrent de la tête et des épaules un Celtic qui ne semblait franchement pas meilleur que le Lucerne ayant aussi évolué à 10 à Tourbillon. Mais cela, les hôtes le doivent surtout à leur excellente maîtrise technique, à leur application dans les passes, ainsi qu’à un engagement physique de tous les instants. Un état d’esprit en contraste avec un manque de mobilité du côté écossais, des ballons bêtement perdus, des attaquants fréquemment piégés par le hors-jeu et des défenseurs s’oubliant trop souvent.

«Passe à 10» et contre-attaques

Face à un adversaire qui ne voulait pas se griller, Sion joua la «passe à 10» et ne fut souvent pas loin d’inscrire le deuxième but synonyme de sécurité. Giovanni Sio frappa à côté sur une passe donnée de manière un peu trop excentrée par Prijovic. Deux minutes plus tard et au terme d’un cafouillage, Mutsch frappait lui aussi non loin du cadre. Peu inspiré offensivement, le Luxembourgeois aura travaillé dur pour le travail défensif du groupe. Malgré son apparente impuissance, le Celtic lança quelques avertissements sans frais lors de la première mi-temps. Sur balles arrêtées et par quelques accélérations bien placées, les Ecossais auraient pu reprendre la main sur la partie. La brillante action de la 18ème rappela aux Sédunois que rien n’était acquis et Vanins se déploya de superbe manière afin de détourner un coup-franc quelques minutes avant la pause. Courageux et efficace dans ses sorties, il employa néanmoins systématiquement les poings là où il aurait précédemment tenté de capter certains ballons. Un signe d’une confiance pas encore totalement retrouvée.

Une énigme toujours pas résolue

A 1-0, le but de la sécurité aurait pu venir des pieds de Prijovic et plutôt deux fois qu’une. Les médias écossais qui le craignaient penseront peut-être que la malchance l’accable. Mais le malaise semble beaucoup plus profond. Parti seul au but à la 37ème minute, il se fit reprendre par un défenseur comme s’il cherchait à ce que le potentiel manqué ne paraisse pas trop conséquent. A la 51ème, Sio aspirait deux défenseurs sur lui et offrait un service en or au jeune Serbe qui frappait sur le gardien. Se cachant de plus en plus et le moral s’amenuisant au fil des matches, il serait bon que l’entraîneur évite de le griller. Sachant que le blocage est mental, quelques parties disputées avec les M21 pourraient peut-être lui permettre de soigner la confiance et de reprendre du plaisir devant les buts.

Le FC Sion a trouvé son artiste

Eclaboussant la partie de tout son talent et de sa vision du jeu, c’est finalement Feindouno qui allait faire la différence comme à Lausanne par quelques coups de génie. Un premier coup-franc parfaitement placé au ras du poteau aurait pu faire mouche dès la 26ème, mais il corrigea le tir à la 63ème. Sur un coup-franc joué en deux temps avec un coéquipier, il résista à l’assaut d’un adversaire avant de mettre deux défenseurs dans le vent par un superbe crochet du droit. Il termina le travail par une frappe du gauche face à une forêt de jambes et sans élan aux 18 mètres. N’esquissant pas le moindre geste, le gardien n’a pas eu le temps de comprendre sa douleur et muet durant deux bonnes secondes, le public eut du mal à réaliser que la balle était au fond. Un véritable but d’anthologie qui permettait au FC Sion de voir venir. Et Feindouno n’aura pas brillé que par intermittence, quelque chose semblait en effet pouvoir se passer à chaque fois qu’il prenait possession du cuir. Dans un registre un peu plus défensif et certainement par désir de trop bien faire, Obradovic n’aura pas eu le rendement habituel. Il se sera néanmoins battu sur chacun de ses ballons perdus.

Une erreur qui aurait pu coûter cher, mais une équipe qui ne panique pas

Menés 2 à 0, les Ecossais se décidèrent enfin à sortir de leurs réserves. Trop souvent débordé sur son côté, Vanczak voyait l’une de ces actions sur les ailes se conclure par un but annulé. Un avertissement sans frais qui n’empêcha pas le mur sédunois de se désagréger quelques instants  plus tard, sur un coup-franc généreusement accordé aux Ecossais. Et cette fois, l’erreur ne pardonna pas. A 2 à 1, le scénario catastrophe de Leverkusen revint en tête de certains supporters. Mais menée par les sénateurs de la charnière centrale, la défense resta souveraine. Bien aidés par tout le reste de l’équipe et très complémentaires par la rigueur de l’un et la maîtrise de l’autre, les défenseurs centraux livrèrent une copie parfaite pour le plus grand malheur de leurs adversaires.
Les Ecossais tentèrent tout de même le tout pour le tout et Sio en profita afin d’enfoncer le clou. Il récupéra un ballon dans les pieds du dernier défenseur avant de le piquer en pleine course au-dessus du gardien. Une action pleine de sang-froid et de détermination qui porta un coup fatal à une équipe du Celtic qui ne s’en remettra pas. Tourbillon pouvait exploser de joie.
Après 3 échecs lors de ces 5 dernières années, le FC Sion semblait plus en mesure que jamais de pouvoir atteindre la phase de poules. N’ayant pas tremblé, ces Sédunois peuvent être fiers d’avoir écrit une nouvelle page de l’histoire du club, même si d’aventure l’exploit devait être annulé par l’un ou l’autre bureaucrate. Un scenario qu’on peine à imaginer, car le Celtic ne faisant pas partie du chapeau 4, ce sont tous les autres clubs qui pourraient recourir afin que le tirage soit rejoué. En attendant, on rêve que la belle aventure se poursuive à Tourbillon…  Car même désuet et mal rempli, la magie de ce stade aura aussi fait son effet…

FC Sion – Celtic Glasgow 3-1 (1-0)

Tourbillon, 7100 spectateurs.
Arbitre : M. Borbalan.
Buts : 3e Feindouno (penalty) 1-0. 63e Feindouno 2-0. 78e Mulgrew 2-1. 82e Sio 3-1.
Sion : Vanins ; Vanczak, Adailton, Dingsdag, Bühler, Mutsch; Serey Die, Obradovic (69e Crettenand); Feindouno, Afonso (6e Prijovic/ 85e Rodrigo), Sio.
Celtic Glasgow : Forster ; Cha, Majstorovic, Kelvin Wilson, Mulgrew ; Brown, Ki, Kayal (73e Forrest), Ledley (88e Commons); Samaras, Hooper.
Cartons jaunes : 33e Brown (faute), 43e Dingsdag (faute/suspendu au prochain match), 81e Serey Die (faute), 81e Hooper (antisportivité), 83e Sio.
Carton rouge : 1ère (0’’45) contre Majstorovic . 
Notes : 52e Tir sur le poteau de Prijovic. 69e But de Hooper annulé pour hors-jeu. Sion sans Yoda (blessé), Celtic au complet

Écrit par Eric M.

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5 Commentaires

  1. En championnat de suisse env. 16000 places.
    En coupe d’europe les gradin avec places debout sont fermés, et il ne reste que 8000 places

  2. Et si il n’était pas plein a hauteur de 8000 c’est en grande partie à cause du secteur visiteur qui était a moitié vide et il est vrai de quelques places « chers » coté Sion qui n’ont pas trouvé preneur.

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