Le bout du tunnel

La longue campagne de qualification pour l’Euro 2012 a touché à son terme pour 43 des 51 sélections nationales engagées. Comme d’habitude, les éliminés préparent la prochaine campagne, les barragistes se préparent aux matchs-couperets de novembre et les qualifiés attendent le tirage au sort des 4 groupes du prochain Euro ukraino-polonais. Par contre, les bucoliques Slovénie-Féroé et San Marin-Moldavie, c’est fini. Dommage…

Les qualifiés :

Pologne et Ukraine
Rien à signaler, les hôtes ont disputés des matchs amicaux durant deux ans. La Pologne et l’Ukraine s’apprêtent à se battre chèrement pour éviter de rejoindre la Belgique, la Suisse et l’Autriche dans la glorieuse catégorie des pays-hôtes ne survivant pas au premier tour de leur tournoi. Triste.
Allemagne, Espagne, Pays-Bas, Italie, Angleterre
Les très gros d’Europe s’en sortent sans l’ombre d’un problème dans leur groupe respectif. Sans faute pour l’Allemagne (10 matchs, 30 points) et l’Espagne (8 matchs, 24 points). Les deux finalistes du dernier Euro ont pour ambition de remettre (au minimum) le couvert. On peut sans trop s’avancer affirmer qu’il s’agit actuellement des deux meilleures équipes d’Europe. A priori, le moyen le plus sûr de ne pas vivre un remake de la finale 2008, c’est un affrontement ibérico-teuton en demi-finale…
Attention toutefois, les Pays-Bas ont également fait forte impression, malgré leur défaite face à la Suède en clôture. Finalistes de la dernière Coupe du Monde, les Oranje crieront vengeance en Europe de l’Est et aiguisent déjà les crampons de De Jong.
L’Angleterre et l’Italie sont toutes les deux issues de groupes d’une faiblesse affligeante, où l’équipe tirée dans le 5ème pot a décroché sa place pour les barrages…  Leur bilan comptable est bon, mais il est impossible d’en tirer la moindre conclusion. A eux de confirmer qu’ils peuvent sortir de vraies performances contre de vrais adversaires. D’habitude, l’Italie confirme et l’Angleterre infirme… On parie ?

France, Russie, Grèce, Danemark, Suède
Eux aussi ont remporté leur groupe (sauf la Suède, meilleure 2ème). De là à nourrir des ambitions pour le tournoi final, il y a un pas que l’on se garderait bien de franchir à leur place. Ils ne seront pas favoris, mais cela n’a empêché ni le Danemark, ni la Grèce de monter sur le toit de l’Europe.
La France aussi y est montée. Mais les Bleus sont en plein processus de reconstruction et inquiètent par leur manque de cohésion.
La cohésion, les Danois, Suédois et Grecs connaissent et comptent dessus. A choisir, on aura plus apprécié le football étonnement technique des (pourtant) coéquipiers de Bendtner à celui toujours aussi dégueulasse (mais efficace) de ceux de Charisteas.
La Russie, c’est de constance qu’elle manque. Capables de battre n’importe qui, pétris de talent et dotés d’un réservoir énorme, les Russes ont quelque chose à tenter. Le problème ? Cette équipe est capable d’en mettre 3 à l’Espagne le mardi et d’en prendre 4 contre l’Estonie le samedi… Dans ces conditions, difficile de rêver à une finale.

Les barragistes :

Il y a deux sortes d’équipes engagées dans les barrages. Celles pour qui une deuxième place est un strict minimum, et celles pour qui c’est un grand maximum…
Croatie, Portugal, Bosnie
Voici les trois qui auraient pu, qui auraient dû s’éviter une double-confrontation pas forcément accueillante en novembre… Le Portugal, sur le papier, était favori de son groupe. Mais un début de qualifications pitoyable les a mis dans le rôle du poursuivant. Les Lusitaniens ont même joué la tête jusqu’au bout. Pas de bol, le Danemark était objectivement plus fort.
La séance de rattrapage face à une Bosnie qui a bien mûri ces dernières années ne sera pas simple. Les équipiers de Dzeko ont fait trembler la France jusqu’au bout. Spahic, l’ancien poète de Montpellier, a concédé le pénalty de trop un quart d’heure trop tôt. Il cherche à battre un record ou quoi ?
Les Croates, eux, avaient tout pour bien faire, mais ils se sont pris les pieds dans le tapis grec lors de la rencontre décisive. Dommage, car le foot à damiers est moins soporifique que le foot à colonnes. Toujours est-il que se prendre un but de Giorgios Samaras dans un match décisif, ni la Nati il y a 2 ans, ni le FC Sion il y a deux mois n’y ont jamais pensé. En plus, l’addition est doublement salée. En barrages, les Croates se rendront au sympathique stade Sukru Saraçoglü. On se réjouit pour eux.

Eire, République tchèque, Turquie
Voilà les équipes qui ne pourront jamais espérer gagner une qualification directe, mais qui interprèteraient comme un grave échec une non-participation aux barrages. Chacun ses ambitions.
L’Eire s’est qualifiée aux dépens de l’Arménie, suite à un autogoal ridicule et à une expulsion douteuse du portier Berezovski… La roue semblerait tourner pour les Irlandais, après le scandale Henry il y a deux ans. Oui, mais… L’Irlande est habituée à se qualifier pour les barrages et à y perdre. Bien sûr, les Verts affronteront l’Estonie, et cela paraît gagné d’avance. Cependant, avec la force de l’habitude, on pourrait voir Given, Keane et Duff rester à quai quand même.
Tchèques et Turcs ont réalisé des qualifications toutes pourries et s’en sortent quand même. Les deux équipes peuvent remercier le grand de leur groupe d’avoir fini correctement le travail. Pour les buveurs de Staropramen, c’est à l’Espagne, pour s’être débarrassée de l’Ecosse, qu’on adresse la carte de remerciement.
Se qualifier sans briller est une chose, mais, en affrontant le Monténégro en barrages, les Tchèques ont l’opportunité de donner une nouvelle dimension au concept. On attend de voir.
Les Turcs, eux, pourront envoyer deux cartes de remerciement lors de leur déplacement en Croatie. Une à l’Allemagne qui a battu la Belgique lors de la dernière journée et une à la Belgique qui s’est éliminée toute seule en perdant des points dans les arrêts de jeu en Autriche et en Azerbaïdjan.
Estonie, Montenegro
En principe, lors du tirage au sort des éliminatoires, tu découvres que l’ex-Yougoslavie a accouché d’une nouvelle république et tu as l’impression que l’Estonie fait déjà partie de deux groupes différents. Mais tu te fous bien de savoir lequel de ces adversaires finira par se prendre deux claques face à ton équipe de cœur et tu es de toute façon incapable de citer le moindre joueur composant ces sélections de fond de classement.
Mais apparemment, l’air des plaines polonaises et ukrainiennes a inspiré les petits à se rebeller. Si nous autres, supporters de la Nati, savons déjà que le Monténégro est une machine à tuer et qu’elle finira forcément par atteindre le dernier carré d’une grande compétition d’ici 2018, les Tchèques se réjouissent d’affronter une sélection très limitée en barrages. Ils vont être surpris, les pauvres.
L’Estonie, celle qu’on savait habituée à prendre des roustes à tour de bras, a grandi petit à petit, sans faire de bruit. De 0-5, son score type s’est gentiment rapproché de 1-3, puis de 1-1, puis de 1-0. Bien joué. D’autant que leur qualification pour les barrages, les Estoniens ont pu la regarder en direct devant leur télé. En effet, leur campagne était déjà finie quand la Serbie a décidé de perdre le match qu’elle devait gagner face aux Slovènes.
La vodka bon marché qui attire tant les touristes a dû couler à flots à Tallinn. Pour une fois, l’Estonie peut soutenir autre chose qu’un lanceur de poids, un bi-athlète ou un candidat au Timbersport. Puis, sur un malentendu de plus, en comptant sur le climat balte du mois de novembre et la traditionnelle poisse irlandaise, tout est possible !

Les déçus :

Il y a enfin ceux qui n’y arrivent pas, ou plus. Belges, Suisses, Israéliens, Norvégiens, Roumains, Serbes. Ils en rêvaient de cet Euro. Le problème, c’est qu’ils ont fait soit tout de travers, soit tout bien, mais en flanchant au moment où ça compte.
Reste que ces équipes auront leur mot à dire et peuvent espérer se qualifier pour le Mondial brésilien en 2014, c’est d’ailleurs à ça qu’ils travaillent tous assidûment. Enfin, ça, c’est ce qu’ils racontent aux médias pour cacher leur nouvel échec sous le tapis.
Le cas de la Hongrie est différent. Eux ont tout fait juste et ont présenté une équipe solide. Ils auraient fini au moins 2ème dans 8 des 9 groupes de qualification. Cela leur laissait 11.1 % de tomber dans le groupe E, avec les Pays-Bas et la Suède. C’est moche, mais je mettrai une petite pièce sur eux lors de la prochaine campagne. Et puis, retrouver la Hongrie dans les grands évènements, même pour moi qui suis trop jeune pour en être nostalgique, ça ferait plaisir !
Déçus aussi, Chypre et Malte qui n’ont pas gagné le moindre match, et San Marin et Andorre qui ont perdus tous les leurs. On ne peut qu’admirer l’abnégation et le courage des joueurs de ces petites sélections. Ils ont beau tout faire pour voyager léger aux 4 coins de l’Europe, ils savent avant de partir qu’ils reviendront avec des valises…

Écrit par Arnaud Antonin

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7 Commentaires

  1. @ Berli

    Assez d’accord avec tes prédictions mais le Portugal n’est pas encore qualifié…loin de là au niveau du jeu présenté en qualif!

    A suivre…

  2. Mouais…

    Un bon papier sâle à la Romain Gary aurait ajouté plus de picant au sujet…

    La fin est OK mais le début, on croirait lire le torchon orange…

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