Comme un avant-goût de play-off

Malgré les blessés, les sorties prématurées d’Himelfarb et Villa et malgré (ou plutôt grâce à…) l’absence de renforts du club partenaire, le LHC a relevé la tête mardi à Viège. Battus aux penalties dans une ambiance hostile, les Lausannois ne récoltent certes qu’un point mais ils ont rassurés leurs supporters dans un match qui avait déjà un petit air de play-off.

Pourtant, en début de match, on ne donnait pas cher des chances du LHC dans cette rencontre au sommet. Il n’a en effet fallu que 34 secondes à Wüst, meilleur viègeois mardi, pour s’échapper sur le flanc gauche et servir Furrer qui marquait comme à l’entraînement. Les premières minutes de jeu donnent lieu à un siège en règle de la cage vaudoise et il a fallu un Tobler impeccable pour permettre aux Lions de Malley de rester dans le match. Après sept ou huit minutes extrêmement pénibles, le LHC a refait surface pour prendre le contrôle du match.Bodemann a profité d’une glissade d’un défenseur adverse pour égaliser. Puis Lötscher, de retour de blessure un peu à la surprise générale, a donné l’avantage au LHC en surgissant sur un renvoi d’Hecquet après une passe subtile de Rüfenacht et un tir de Pecker. Deux buts lausannois marqués par deux ex-Viégeois, on aurait bien aimé voir la tête que faisait à ce moment-là le directeur sportif local Pius-David Kuonen, dont les provocations idiotes d’avant-match dans la presse auraient sans doute mérité quelques chants nocturnes sous ses fenêtres. Mais apparemment les nouveaux dirigeants du LHC n’ont pas les mêmes priorités que Silvio Caldelari et l’on ne va pas s’en plaindre.
C’est donc avec un avantage au score pas immérité, si l’on se réfère à la deuxième moitié du tiers-temps, que les Lausannois ont rejoint une première fois les vestiaires, malheureusement sans Himelfarb ni Villa, sortis sur blessure au cours de la première période. C’est le jeune Chabloz qui relaiera donc le Canadien dans la deuxième ligne d’attaque vaudoise aux côtés de Bodemann et Lüssy, jusqu’au début du 3e tiers où Pecker a pris le relais en évoluant dans deux lignes.
Malgré le lourd handicap de n’évoluer qu’avec un seul étranger, le LHC soutient parfaitement la comparaison avec des Haut-Valaisans surmotivés. Viège parvient toutefois à égaliser peu après la mi-match par l’omniprésent Wüst. Treize secondes après l’engagement, les Vaudois auront l’occasion de reprendre l’avantage lorsque Lötscher est accroché par Schüpbach, alors qu’il partait seul affronter Hecquet. L’arbitre dicte un penalty indiscutable, même si cette décision provoque l’ire de la Litternahalle, qui ne doit pas connaître toutes les règles du hockey sur glace. Kevin Lötscher veut se faire justice lui-même mais son tir passe à côté.

Le match est très animé et quelques instants plus tard, c’est au tour du LHC d’être en difficulté : suite à une pénalité différée infligée à Pecker, Hogeboom se présente seul devant Tobler qui sauve une nouvelle fois. 56 secondes plus tard, l’arbitre envoie Bernasconi rejoindre son top-scorer sur le banc pour une faute inexistante ; à 3 contre 5, le LHC vit des heures difficiles mais, au moment au Pecker rejoint la glace, Morandi traverse toute la patinoire, aussi bien en longueur qu’en largeur, pour aller redonner l’avantage à ses couleurs dans un angle impossible. Voilà incontestablement un but que la septantaine de supporters lausannois présents à Viège ne sont pas prêts d’oublier. Malheureusement, une inattention à 4 contre 4 juste avant la fin du tiers (nouvelle pénalité contre Pecker, que l’arbitre a pris en grippe) ne permet pas aux Lausannois de conserver leur avantage.
Le 3e tiers débute par une énorme occasion viègeoise mais Tobler peut s’interposer devant Hogeboom. Le LHC se voit ensuite offrir trois supériorités numériques successives mais ne parvient pas à en profiter ; il faut dire que, vu les nombreux absents, les solutions à disposition de Kevin Ryan ne sont pas nombreuses dans cette situation de jeu. Cela nous rappelle un peu un match vécu dans cette même patinoire de Viège lors de la saison 2000-2001 dans lequel Riccardo Fuhrer avait été contraint d’aligner N’Goy, Cordero ou Bentuqui sur les power-plays, faute d’autres joueurs valides. Le LHC s’était incliné ce soir-là mais personne n’a oublié comment s’était terminée la saison.
En tous les cas, le 3e tiers a déjà des allures de play-off avec deux équipes très tendues et craignant de commettre l’erreur fatale. Plus rien ne sera marqué, malgré deux derniers tirs pour Grieder et Pecker, et il faut recourir aux prolongations. A l’instar du 1er et du 3e tiers, celles-ci débutent par une immense occasion viégeoise puisque Wüst se présente seul devant Tobler, qui sauve une nouvelle fois. L’arbitre estime que Grieder a retenu l’attaquant valaisan et envoie le numéro 5 lausannois en prison. Plutôt que d’accorder un penalty, qui s’imposait si vraiment il y avait faute. Etonnamment, la Litternahalle, si prompte à hurler au moindre contact, ne s’en offusque pas. Ce qui confirme mon sentiment selon lequel on n’a pas une connaissance très aigue de la règle du penalty dans le Haut-Valais. Toujours est-il que la pénalité se passe sans mal pour les Lausannois, malgré quelques frayeurs sur des missiles d’Heldstab, dont l’un heurte l’extérieur du poteau. Il faut donc passer à la série de tirs au but, après avoir refait la glace, ou du moins une bande large de dix mètres, comme le stipule le règlement.
Les penalties ne permettront malheureusement pas au LHC de remporter une «Auswärtsieg» héroïque ; seul Pecker marque son essai, alors que Rüfenacht et Lötscher échouent sur Hecquet. En face, les deux étrangers Hogeboom et Yake transforment et donnent la victoire au EHC Visp. Le premier nommé s’en vient stupidement allumer les supporters lausannois après son penalty, alors que Terry «testostérone» Yake n’aurait même pas dû être sur la glace suite au contrôle antidopage positif dont il a fait l’objet. Peut-être bien que les aléas du règlement ou de la procédure lui permettaient de jouer mais il me semble que l’annonce du contrôle positif aurait dû entraîner une suspension immédiate par son club. Même dans le tant décrié cyclisme, c’est comme cela que ça se passe. Mais a priori du côté de la Litternahalle, cela ne semble déranger personne qu’un joueur se dope et, même lorsque la suspension de Yake sera effective, sa place de co-entraîneur ne sera pas remise en cause. Superbe exemple pour la jeunesse !

Les Viégeois fêtent cette victoire comme s’ils étaient champions du monde. On se garde bien de leur rappeler que ce n’est qu’un match du tour qualificatif et que leur saison se terminera comme d’habitude en mars lors d’un 7e match de play-off à Malley. Pour cela, il faudra que le LHC, virtuellement relégué à la 4e place après cette défaite, reprenne sa place en tête du classement. La performance effectuée à la Litternahalle permet en tous les cas d’entrevoir la suite avec un certain optimisme.
Si toute l’équipe est à créditer d’un bon match, il faut mettre en exergue la performance du gardien Tobler qui a retrouvé son assurance du début de saison, comme en témoigne l’arrêt magistral effectué sur un tir de Schüpbach (51e). Face à ses anciens coéquipiers, Yanick Bodemann a réussi l’un de ses meilleurs matchs depuis son arrivée au LHC. On saluera aussi le très bon retour de Kevin Lötscher, même s’il a un peu baissé au 3e tiers, le match solide de Merz et le but magnifique de Morandi.

Viège – Lausanne HC 4-3 t.a.b. (1-2, 2-1, 0-0)

Litternahalle : 2838 spectateurs.
Arbitre : M. Popovic, assisté de MM. Wermeille et Zosso.
Buts : 1ère (34’’) Furrer (Wüst) 1-0, 14e Bodemann (Himelfarb, Lüssy) 1-1, 17e Lötscher (Pecker, Rüfenacht) 1-2, 32e Wüst (Heldstab, Schüpbach) 2-2, 36e Morandi (4c5 !) 2-3, 40e (39’20’’) Triulzi (Wüst/4c4) 3-3.
Tirs au but : Rüfenacht 0-0, Hogeboom 1-0, Pecker 1-1, Yake 2-1, Lötscher 2-1.
Viège : Hecquet; Heldstab, Portner; Anthamatten, Schüpbach; Summermatter, Heynen; Furrer, Yake, Wüst; Triulzi, Brunold, Hogeboom; Schafer, Brechbühl, Bruderer; Lauber, Kohler.
LHC : Tobler; Lardi, Grieder; Benturqui, Merz; Villa, Bernasconi; Morandi; Lüssy, Himelfarb, Bodemann; Lötscher, Rüfenacht, Pecker; Sigrist, Staudenmann, Tognini; Chabloz.
Pénalités : 6×2’contre Viège, 7×2’contre LHC.

Écrit par Julien Mouquin