180° Sud, partie 4 : entre esbroufe et couardise

La santé des Minnesota North Stars n’était pas au beau fixe, mais les changements opérés au sein de la direction de la franchise poussaient les amoureux de l’équipe à un regain d’optimisme. Des solutions existaient forcément. Norman Green n’avait-il pas contribué à mener les Calgary Flames à la conquête de la Coupe Stanley un an plus tôt ?

L’homme d’affaires canadien Norm Green est un personnage pour le moins démonstratif, amateur de strass et de paillettes. Tous les soirs de matchs, il débarque avec sa Rolls-Royce rutilante dans le Met Center, va directement à la rencontre des fans, serre toutes les mains qu’il peut, signe des autographes et se fait prendre en photo avec tout le monde. Norm Green possède un véritable culte de la personnalité. Et ça marche. L’opération séduction fonctionne, les supporters sont conquis, le Canadien est bien l’homme de la situation.

L’équipe Cendrillon

Affectionnant un marketing agressif, il a d’emblée inondé les services de l’État du Minnesota afin de demander la construction d’une nouvelle enceinte. Avec le Target Center tout juste achevé, ça tombait on ne peut plus mal et cette requête fut naturellement rejetée. À défaut, il s’est alors tourné vers des améliorations cosmétiques et provisoires du Met Center actuel. Lors de la saison 1990/1991, les North Stars jouent leur premier match à domicile devant 5’800 spectateurs à peine. Après un début de saison calamiteux, l’alchimie commence à se former et l’équipe finit en trombe, décrochant d’extrême justesse la huitième place qualificative pour les séries. Le public revient en masse. Le «parcours-cendrillon» débute : les North Stars éliminent coup sur coup les deux premiers de la saison régulière, le rival Chicago et le non moins rival St-Louis. En finale de conférence, Minnesota ne fait qu’une bouchée d’Edmonton et s’accorde le droit d’affronter l’archifavori Pittsburgh en finale de la Coupe Stanley !


Acte V : Lemieux trompe Casey et retourne la série.

Emmené par Lemieux, Jagr, Francis, Murphy et Coffey, les Penguins se font cueillir à froid d’entrée et se retrouvent même menés 2-1 dans la série. Las, Minnesota perd pied et concède les deux manches suivantes. Lors du sixième match disputé dans un Met Center en furie, les North Stars se font atomiser sur le score de 8-0 alors que les locaux ont dominé dans les tirs cadrés ; un de ces soirs où rien ne va. Échouant pour la deuxième fois de son histoire en finale, cet échec sonnera le début de la fin.

De «North Stars» à «Stars»

La saison suivante, Norm Green imposa un changement de couleur et de logo. Le classique logo «N» est remplacé par une étoile où figure juste le nom «Stars» au-dessus. Le nouvel emblème à été conçu par Bill Mack, un ami personnel de l’ancien manager général Lou Nanne. Le vert est aussi relégué au rang de couleur secondaire au profit du noir et du blanc. Le Canadien se montre de plus en plus impatient, incitant les fans à acquérir des abonnements. Selon lui, il n’y a clairement pas assez de support et il prétend avoir déjà perdu 6 millions de dollars rien que la saison de l’inattendu parcours jusqu’en finale. Pourtant, l’affluence moyenne lors de la saison 1991/1992 avait augmenté de 5’609 spectateurs, pour se porter à 13’447 sur les 15’000 places que contenait le Met Center.
À nouveau qualifiés pour les play-off, les North Stars connaîtront une cruelle désillusion en s’inclinant au terme du septième match face aux Red Wings de Detroit après avoir mené 3-1 dans la série. Malgré une affluence qui continuait à s’améliorer, Norm Green se montra de plus en plus insistant en suggérant de nouveaux travaux à faire dans l’arène, notamment la création de 2’000 places ainsi que des loges supplémentaires. Il proposa aussi que le Mall of America (alors le plus grand centre commercial des États-Unis) jouxtant l’amphithéâtre soit connecté au Met Center par une passerelle couverte. Norm Green ayant le contrôle du casino situé dans le Mall, ce projet lui garantirait de nouvelles rentrées ô combien nécessaires. Une fois encore, il subit un refus cinglant de la part de l’État du Minnesota car la construction du centre commercial avait déjà fait exploser le budget initial. En dépit d’une affluence moyenne qui suivait toujours une tendance croissante, la relocalisation de la franchise revint sur le devant de la scène. Au fil des différentes entrevues qu’il accordait, Norm Green gonflait de plus en plus le montant de ses pertes, partant de 15 millions de dollars en deux ans  comme il l’avait annoncé dans le New York Times, mais allant jusqu’à 24 millions de dollars selon l’information obtenue du Sports Illustrated.


Le nouveau logo était déjà apparu sur la
glace avant le changement de maillot.

Soucis juridiques

En dehors du hockey, le gentleman Green s’était aussi mis en mode DSK. Réputé pour être fortement attiré par la jeune et tendre chair fraîche, il avait franchi la ligne rouge et fut poursuivi pour harcèlement sexuel. Avec cette plainte et la situation de plus en plus intenable des North Stars, le Canadien commença officiellement à prospecter des sites de relocalisation potentiels ; nous étions alors en décembre 1992. Dans un premier temps, Anaheim tenait le flambeau, mais cette option fut abandonnée par la création de la franchise made in Walt Disney. En échange, Gary Bettman, le tout nouveau commissaire de la Ligue nationale de hockey, a garanti à Norm Green que ce dernier pourrait déménager la franchise d’ici une année s’il trouvait un accord avec une autre ville. L’option qui vint alors généra l’incrédulité dans le milieu du hockey : Dallas ! Convaincu par le quarterback des Dallas Cowboys Roger Staubach que le métroplexe Dallas/Fort Worth était un marché intéressant, Norm Green entama alors des négociations avec les autorités de la ville du Texas pour loger la franchise.
Cela a provoqué un violent séisme chez les supporters de Minnesota. Les fans ont fait des pieds et des mains pour acheter de nouveaux tickets, les autorités de la ville ont tenté de trouver des solutions avec Norm Green, mais ce dernier ne montra plus aucune volonté à agir dans cette direction. Le Gouverneur Arne Carlson ainsi que d’autres officiels de l’État et de la ville avaient bien tenté de joindre Green pour trouver une solution par rapport au Target Center, mais ce dernier a délibérément ignoré leurs appels. Le train était déjà en marche. Les North Stars avaient bien débuté cette saison 1992/1993, mais une fois que les rumeurs quant à l’avenir incertain de l’équipe se sont faites de plus en plus insistantes, les North Stars ont sombré corps et âme.
À suivre : 180° Sud, partie 5 : un univers impitoyable
Si tu as raté le début : 180° Sud, partie 1 : prélude à l’avènement ; 180° Sud, partie 2 : le lancement ; 180° Sud, partie 3 : l’Étoile du Nord

Écrit par Mathieu Nicolet

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1 Commentaire

  1. Raaah ca fait du bien, je suis un gros fan des Wild et j’ai jamais trouvé la motivation de compulser l’histoire des North Stars! Superbe travaille!

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