6 décembre : St James’ Park

St James’ Park… Rien que ce nom évoque l’héritage sportif et culturel que la ville lui doit. Ce sont des gars comme Marc Hottiger ou David Ginola qui ont eu l’immense privilège de fouler la pelouse de ce stade de légende, qui a malheureusement subi les conséquences des velléités économiques du football moderne pour s’appeler désormais la Sport Direct Arena.

Nom : St James’ Park ou depuis peu Sport Direct Arena, ou encore sportsdirect.com @ St James’ Park Stadium.
Ville : Newcastle.
Club résidant : Newcastle United.
Capacité : 52’387.

Le stade

On parlera ici de St James’ Park (pas encore du Sport Direct Arena dont on reviendra plus tard), une légende parmi les stades british, qui est situé en plein cœur du centre ville de Newcastle. Il est le sixième plus grand du Royaume-Uni, a été inauguré en 1880 et rénové à plusieurs reprises dont la dernière entre 1998 et 2000. Un nouveau projet pour l’augmenter à 60’000 places est à l’étude. Les mauvaises langues disent que la moitié de la somme de transfert d’Andy Carroll suffirait à en construire un nouveau de 80’000 places. St James’ Park doit sa réputation à ses impressionnantes tribunes érigées en porte-à-faux sur Milburn Stand, la principale à l’ouest, et Leazes End au nord. Un mur gigantesque qui s’érige devant les joueurs, à faire trembler un joueur de Dortmund. Ce sont les plus hautes tribunes en porte-à-faux d’Europe avec 64 mètres 50, elles devancent la tribune de Stretford End d’Old Trafford de 6 mètres. Il est évident que du sommet de ces tribunes, où les places sont les moins chères, la visibilité n’est pas des plus aisées. Si tu ne t’es pas renseigné sur la formation de Newcastle avant de venir, tu te demanderas fortement ce que Puyol fout dans l’arrière-garde des Magpies alors qu’il ne s’agit en fait que de Coloccini. C’est vrai qu’il ressemble à Puyol, mais il est roux, donc tu peux l’appeler Ruyol…

L’ambiance

De l’ambiance il y en a ! Enfin, selon où l’on se trouve dans le stade, St James’ Park n’est pas non plus le bastion le plus volumineux de Grande-Bretagne. Un mouvement non-officiel de fans s’est approprié le haut du virage entre Milburn et Leazes End dans le but de contrecarrer les chants des supporters adverses qui se trouvent juste à leur gauche sur Leazes End. Une façon comme une autre de se transmettre des politesses avec les fans de l’équipe visiteuse en s’envoyant joyeusement des répliques sur les capacités de chacune à se faire entendre ou sur leur manque de réussite à cadrer les buts. Si les supporters présents chantent en permanence dans ce coin, il en reste cependant une minorité dans le stade.

Le traditionnel et véritable kop se trouve, lui, dans la tribune sud de Gallowgate End s’endormant dès le moment où son équipe est menée. Ils chantent à la gloire des joueurs ayant fait les beaux jours des Toons : Joe Harvey, Kevin Keegan, Sir Bobby Robson ou Alan Shearer. Actuellement, les fans de Newcastle ont une nouvelle coqueluche en la personne de leur entraîneur Alan Pardew qui a réussi l’exploit de rendre des attaquants moyens en buteurs en série, à l’instar d’Andy Caroll, l’année dernière, ou plus récemment Demba Ba. A quand Prijovic, Moussilou et Esteban en prêt du côté du nord-est de l’Angleterre ?

Les chocs

Le Tyne and Wear Derby du nord met aux prises Newcastle United à Sunderland. Le choc footballistique équivaut certes à un bon Lorient – Brest, mais la rivalité ancestrale – datant de la guerre civile britannique puisque les deux villes s’étaient retrouvées dans des camps opposés, royaliste pour Newcastle et pro-parlementaire pour Sunderland –, en fait l’une des rencontres les plus attendues du côté de la Tyne, du fait que les deux villes sont séparées de moins de 10 petits kilomètres. «C’est le plus grand derby d’Angleterre», avait l’habitude de dire le regretté Sir Bobby Robson. En 1901 déjà, 70’000 personnes s’étaient rendues à St James’ Park pour le derby, alors que le stade ne pouvait en accueillir que 30’000.
Comme à l’accoutumée, et même si les fans des deux équipes ont créé le Wear United afin que les supporters de chaque camp puissent se rendre dans le stade «ennemi», des échauffourées existent entre clubs rivaux comprenant petites rixes à l’extérieur du stade ou invasions de terrains. Parmi celles-ci, en janvier dernier, un gamin de 12 ans, fan de Sunderland, a fait irruption sur la pelouse du Stadium of Light des Black Cats pour aller en foutre une au gardien des Magpies, Steve Harper.

Il existe également le Tyne-Tees entre Newcastle et Middlesbrough mais d’un degré moindre, surtout que le second se trouve en Championship. Le fan de Newcastle porte également assez peu Manchester United dans son cœur comme l’illustre l’une de leurs chansons «Who the fuck are Manchester United ?», se congratulant notamment sur le fait qu’Alan Shearer ait toujours refusé les avances plus ou moins prononcées de Fergie.

Les billets

Pour acquérir des billets du côté de James’ Park, il n’y a généralement pas trop de problèmes indépendamment de l’affiche, mais il ne faut pas non plus s’y prendre deux jours avant l’affiche. Il suffit de s’inscrire sur le site internet du club, de choisir l’une des prochaines rencontres à domicile et le secteur dans lequel vous souhaitez être placé. Evidemment, certaines tribunes ne sont pas accessibles car réservées aux détenteurs d’abonnements. Les prix s’échelonnent entre 42£ et 67£ lors de grosses rencontres comme contre ManU en janvier prochain, et 26£ à 51£ lors d’une partie d’une moindre importance. Des prix beaucoup plus accessibles que dans certains autres stades anglais. St James’ Park reste avant tout familial.

La troisième mi-temps

Le Shearer’s Bar, qui se trouve directement sous la tribune de Gallowgate End, est le rendez-vous d’avant-match de nombreux Toons. Si vous souhaitez un pub typique, le Newcastle Arms est un bar assez accueillant mais très souvent bondé, se trouvant au coin de China Town, de l’autre côté de la route du côté de Gallowgate End également.
L’avantage de St James’ Park, c’est qu’il se trouve au centre-ville et donc à environ 5 minutes de toutes les commodités, pubs y compris. N’ayant pas pu profiter pleinement de l’après-match faute de temps lorsque je m’y suis rendu, il est répertorié sur la toile toute une série de pubs proches de la gare centrale. L’O’Neills Pub, repère de la Toon Army Newcastle United, et le Lounge Bar sur Neville St sont réputés. On y mentionne aussi le Bodega sur Westgate Rd, faisant partie du guide british CAMRA des pubs où l’on sert les meilleures bières, une référence. Attention tout de même : dans la plupart de ces établissements, vous risquez de vous voir refuser l’entrée si vous arborez les couleurs d’un club les jours de match à St James’ Park.

L’anecdote

C’est le scandale qui secoue actuellement les fans de Newcastle : le naming de St James’ Park ! Depuis son inauguration il y a 131 années, le stade a toujours connu un seul et unique nom auquel tous les Toons s’identifiaient. Aujourd’hui, les dirigeants de Newcastle ont succombé aux sirènes de l’argent facile en vendant le nom de leur stade à un sponsor quelconque. Il est évident que le naming est la solution idéale pour augmenter ses recettes, surtout en temps de crise, mais il est regrettable dans le sens où ce genre de changement d’identité se fait plus couramment lors de la construction d’une nouvelle enceinte. Ici, il s’agit d’un héritage d’histoire et d’architecture du football britannique vieux de plus d’un siècle que l’on renomme selon les velléités pécuniaires des grandes têtes pensantes des Magpies.
Ainsi, le mois dernier, St James’ Park a été rebaptisé Sport Direct Arena en attendant l’arrivée d’un gros sponsor «afin de générer des revenus commerciaux et additionnels», selon les hautes sphères du club représentées par Mark Ashley, l’actuel président du club peu en odeur de sainteté du côté des fans. La colère gronde parmi les supporters, d’autant plus que le directeur général, Dereck Llambias, avait assuré il y a deux années que St James’ Park conserverait son nom actuel. Malheureusement, les supporters n’ont aucune influence sur la décision. La réalité économique est ainsi faite. Le boycott a été envisagé, mais lors de l’inauguration du nouveau nom du stade samedi contre Chelsea, ils étaient 52’305 spectateurs (soit uniquement 82 places libres) dans la Sport Direct Arena…

Écrit par Lars Jensen

Commentaires Facebook

8 Commentaires

  1. Merci pour ce papier, fort intéressant. Sinon j’ai entendu dire – mais je n’ai foutu qu’une seule fois les pieds dans un stade anglais – que les fans des Magpies étaient les plus bruyants du pays. Ce que ce papier dément d’une certaine façon.

  2. @ Redac’ : St James’ Park a été inauguré en 1880, pas 1980…

    @ D.S. : Pour avoir vu les supporters de Stoke à Londres face à West Ham, je peux confirmer qu’ils sont bruyants… Après les plus bruyants, je sais pas!

  3. J’avais lu sur Sofoot une brève qui disait que pour la saison dernière, les fans de Liverpool avaient été les plus bruyants en terme de décibel, mais bon j’imagine après que ça dépend pas mal de la configuration du stade.

    J’ai aussi beaucoup entendu parler des fans de Portsmouth

  4. Petite faute de grammaire dans la première parenthèse à la première ligne? =) ‘Faudrait remplacer le « dont » par « sur lequel » y m’semble.
    Bref…
    Sinon c’est le plus beau stade d’Angleterre, question architecture! Ces deux tribunes gigantesques, c’est de la FOLIE!!!

  5. Je ne pense pas que Pardew n’y soit pour quoi que ce soit dans les performances de Carroll car il ne l’a entrainé que durant 1 mois et demi (décembre 2010 et janvier 201)… Quant à Ba, personne ne dira qu’il s’agit d’un attaquant moyen en Allemagne et même chez les Hammers il n’était pas maladroit

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.