La nuit des longs sifflets

Alors que des Darbellay, Pelli, Levrat ou autres Brunner se sont esquinté lors de cette nuit des longs couteaux à élaborer des plans ultra-subtils pour que rien ne change au Conseil fédéral, l’issue du choc au sommet de LNB s’est également décidée en conciliabule suspect, entre les arbitres Rochette, Blatter et Micheli.

Nous étions à la moitié du troisième tiers-temps, le score était de 3-3 et Lausanne mettait une pression insoutenable sur le but défendu par Marco Streit. Tout indiquait que les Lions allaient réussir à offrir à leur public une énième victoire à domicile. Les intenables Setzinger, Genoway et Helfenstein voyaient leurs tirs passer à ras la cage bernoise ou étaient captés par le cerbère de Langenthal. Leur entraîneur Heins Ehlers ayant choisi la technique de la monoligne version Ajoie ou Sierre, en usant et en abusant de sa première triplette Kelly-Campbell-Tschannen (un shift sur deux), les Emmentalois devaient logiquement être éreintés à ce moment de la partie face à des Lausannois jouant à quatre blocs la majeure partie de la rencontre.

Révolution de palais

Bien sûr, l’issue de ce match ne revêtait qu’une importance symbolique, vue l’avance insolente de la troupe à Boxy. Le LHC allait-il matérialiser son survol de cette ligue B en prenant une avance de 10 longueurs sur son dauphin du soir, ou celui-ci allait-il réussir à maintenir l’espoir que, après tout, ils pourraient espérer un coup du sort qui puisse les voir s’accrocher au légitime et logique leader ? Le suspense était aussi haletant qu’à l’hôtel Bellevue de Berne. Et le résultat sur la glace pourrait bien préfigurer celui du choix des conseillers fédéraux de ce mercredi (encore inconnus au moment où nous publions).

«Marre de ces Welschs»

C’est en ces mots choisis que l’arbitre assistant a dû signifier son courroux de voir que l’équipe qui fait la fierté de toute la Romandie était en passe de prendre un avantage décisif sur les Bernois. Le parallèle avec la «représentation» au Conseil fédéral est saisissant, où le Mittelland (deux Bernois et un représentant du No Man’s Land de l’arc jurassien) monopolisent près de la moitié des sièges, alors que l’arc lémanique, la région la plus dynamique de l’économie suisse regroupant deux tiers des Romands, risque de perdre son fauteuil fédéral au cas où Calmy-Rey ne serait pas remplacée par Maillard mais par encore un autre Mittellandois (Berset). La présence des Bourbines de Biou, du CP Berne et de Langnau en LNA n’en est que le parallèle sportif.

Le pacte du Mittelland

À quoi sert le Mittelland ? À vrai dire, personne ne sait vraiment. Comme son nom l’indique, elle est définie par l’absurde, c’est-à-dire «ce qu’il y a entre les régions lémanique, zurichoise et bâloise» (assurant à elles trois 80% du PIB helvétique). Ils ont donc dû se dire à l’époque : «allez hop, on annexe et on verra ce qu’on en fera. On y mettra nos déchets nucléaires, nos vaches ou même notre capitale».
Je me suis quand même posé la question de ce qui liait à ce point les Bernois et les Fribourgeois. La réponse du premier (et du seul) Emmentalois croisé à Malley était sans équivoque : «Bah ils sentent la même chose que nous, c’est pour ça qu’on est copains !» Imparable. Une sorte de pacte de sang. Enfin, une sorte.
Sur la glace, c’est donc logiquement que le trio arbitral décida de donner une longueur d’avance à l’équipe sponsorisée par les machines Ammann (vous savez, l’entreprise que dirigeait Schneider-Ammann avant d’être choisi à la place de la St-Galloise Keller-Sutter, car cette dernière était trop compétente pour le poste), en infligeant une incompréhensible pénalité contre le gentleman Helfenstein. Le meilleur power-play de la ligue dans les stats et dans les faits, grâce à sa redoutable première triplette auteure de 4 buts ce soir, ne se fit par prier et retourna totalement une situation compromise à l’avantage des Emmentalois.

Je ne m’en prends d’habitude pas au corps arbitral, trop souvent décrié, et qui constitue la base et l’honneur de tout sport. Mais le Québécois Stéphane Rochette est d’habitude trop bon et régulier pour comprendre la séquence de pénalités plus qu’aléatoires qu’il a sifflées (ou omis de siffler) à des moments cruciaux.

Pis sinon ?

Au-delà de ces considérations hautement stratégiques, relevons encore que depuis qu’il a enfin réussi à débloquer son compteur de buts, Mottet veut le beurre et l’argent du beurre. Non content d’avoir inscrit la première réussite lausannoise, il a en effet tout tenté pour remettre les siens sur le bon chemin. La 25e minute de match a vu une bagarre mettant aux prises Mike Wolf qui a choisi étrangement le petit Antonietti, alors que les armoires à glace Staudi, J.Fischer et Primeau étaient sur l’aire de jeu. Mais ce n’était peut-être pas si malin, car Antonietti lui a adressé une belle droite à décoller les plombages.
Quant au décrié Primeau, il démontre match après match qu’il a de bonnes dispositions offensives et des gestes très intéressants, même si la réussite le fuit pour l’instant. Son évolution mérite en tous cas d’être suivie par les observateurs attentifs de Malley. Plus que sa moustache «Movember» qu’il aurait été bien inspiré de raser à la fin du mois de novembre. J’ai toujours trouvé étrange que l’on se laisse pousser la moustache pour sensibiliser au cancer des testicules pendant le mois de novembre. Du coup, j’ai personnellement trouvé plus malin et symbolique de me laisser pousser la bite pendant ce mois. Mais moi, je me suis arrêté au 1er décembre, n’est-ce pas, M. Primeau ? À noter encore que Caminada peine à se montrer décisif. À l’image de trois erreurs coûtant autant de buts, dont la sixième réussite langenthaloise où il s’est totalement troué.

Le rendez-vous de tout un peuple

Ce samedi aura lieu LE rendez-vous hockeystique attendu par tous les Haut-Neuchâtelois. Bien que du point de vue lausannois, les seuls vrais matchs qui comptent sont le derby des Lacs Frontaliers (contre Thurgovie), le derby des Noeuds Ferroviaires (contre Olten) et celui des Rues en pente (contre Visp), les Chaux-de-Fonniers ont décidé de transposer leur haine viscérale de tout ce qui est urbain et lémanique dans cette confrontation anachronique – car l’un des deux clubs n’est pas dans la bonne ligue, je vous laisse deviner lequel. Le boycott par les clubs de supporters lausannois de ce banal match de saison régulière contre le HCC devrait frustrer plus d’un supporter là-haut, vu qu’ils ne se déplacent que lorsque c’est «le méchant Lausanne» en face et qu’ils peuvent invectiver joueurs et supporters à longueur de match. C’est beau, la passion du sport.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Langenthal 3-6 (0-0 2-3 1-3)

Malley, 4594 spectateurs.
Arbitres : MM. Rochette ; Blatter et Micheli.
Buts : 24e Bodemann (Gruber, Neukom) 0-1, 25e Mottet (Ulmer/5c4) 1-1, 28e Kamerzin (Helfenstein) 2-1, 29e Kelly (Tschannen, Campbell/5c4) 2-2, 31e Tschannen (Campbell, Kelly) 2-3, 41e Genoway (Setzinger, Caminada) 3-3, 51e Campbell (Tschannen, M.Leuenberger/5 contre 4) 3-4, 52e M.Leuenberger (Brägger, Y.Müller) 3-5, 59e Kelly (Campbell) 3-6 (dans le but vide).
Pénalités : 7 x 2’ contre Lausanne ; 8 x 2’ contre Langenthal.
 
Notes : Lausanne sans Barbero, Augsburger et Sigrist (blessés), mais avec Rivera.

Écrit par Yves de St-Aÿ

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17 Commentaires

  1. il faudrait peut-être commencer à se renouveler un peu… Parce que le coup du club envié par le monde entier, même au 2è degré, ca ne fait même plus sourire

  2. @I.o. : CR ne demande pas mieux que de parler d’autres clubs de ligue B mais ceux-ci sont situés dans des régions n’étant pas encore raccordée à internet. Ca pose inévitablement problème pour un médial électronique.

  3. @l.0
    Etant donner que le LHC est le seul club de LNB qui est dignement soutenu saison après saison par un bassin de population qui dépasse les 700’000 personnes Y a pas photo !!
    Tu en veux plus ?
    1- Il es en effet tout naturel qu’on en parle un peu plus que les autres puisque sa moyenne de spectateurs est supérieure à toutes les équipe de LNB (en LNA 3ème au niveau Suisse et 5ème au niveau européens)
    3- La création du site est… lausannoise
    4- En Ajoie on ne peut pas savoir écrire et tuer le cochon pour la St-Martin (chacun son job)
    5- Sierre : Le fait de cracher tous ses organes pour gueuler dans une patinoire des insanités et tenir le volant d’un ratrak empêche tout travail d’écriture aux plus instruits d’entre eux (enfin pour ceux qui n’ont pas été engagé à mi-temps au Nouvelliste…
    6- Last but not least… Le seul « rédacteur » étranger certes, il serait en effet plus juste d’écrire le forumer du HCC (aux deux noms mais à l’unique médiocre style 1er degré d’écriture) qui, poussé par des incultes trolls de sa région n’intéresse personne (voir commentaire/s sous ses articles)
    Je pense que j’ai répondu à ton commentaire…

  4. C’est bien connu, il n’y que les imbéciles qui sont heureux!
    Pour ta gouverne HCCforEver a raison.
    Lorsque que le LHC était en LNA (2001-2005) elle détenais la 5ème place dans le classement des fréquentations européennes. Aujourd’hui au niveau européen elle est en 66ème position et 3ème dans le classement de seconde division.
    HCB est toujours premier au classement (depuis 10 ans) La Ligue nationale A est le Championnat le plus regardé d’Europe. La LNA a été suivie en moyenne par 6306 personnes, contre 6160 à l’Elitserien suédoise et 5785 à la KHL. Au niveau mondial, seule la NHL (17’052) fait mieux que le Championnat de Suisse (5196 spectateurs en AHL)
    ABE

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