Enfin !

En s’imposant samedi, le Borussia Dortmund a mis fin à une anomalie ennuyeuse, l’invincibilité d’Hoffenheim au Westfalenstadion en Bundesliga. Face à un adversaire en pleine déprime, le BVB s’est imposé beaucoup plus facilement que ne l’indique le score dans un match à sens unique pendant une heure de jeu.

Si tu lis régulièrement mes élucubrations germaniques, tu sais déjà que le Borussia Dortmund et le TSG Hoffenheim 1899 incarnent deux conceptions diamétralement opposées du football. Tradition, fidélité et engouement populaire d’un côté, pognon, opportunisme et caprice de milliardaire de l’autre, les valeurs sont assez différentes. C’est pourquoi le BVB a toujours envie de bien réussir contre Hoppenheim, histoire de remettre l’impudent à sa place. Mais jusqu’ici, cela ne fonctionnait pas : sur les quatre matchs disputés en Kraichgau depuis l’arrivée du jouet de Dietmar Hopp en Bundesliga, il y a trois victoires d’Hoffenheim contre une seule du Borussia. Et au Westfalenstadion, les trois matchs de Bundesliga joués jusqu’ici s’étaient tous soldés par des scores nuls. La seule victoire jamais obtenue par le BVB dans son antre contre Hoffenheim, c’était en quart de finale de Coupe d’Allemagne en 2008, alors que les Kraichgauer évoluaient encore en Zweite Liga. Et lors de la Meistersaison, Hoffenheim était la seule équipe à présenter un bilan positif contre le BVB (4 points à 1). Il était donc plus que temps de remettre les pendules à l’heure, surtout que l’aversion jaune et noire pour Hoffenheim a encore un peu grimpé après le match aller et l’utilisation par la sécurité de la Rhein-Neckar-Arena d’une sirène à haute fréquence potentiellement dangereuse pour la santé afin de couvrir les chants dortmundois hostiles au mécène Dietmar Hopp.

La déprime

Tu imagines donc bien qu’Hoffenheim a reçu un accueil des plus chaleureux en arrivant au Westfalenstadion. Les Kraichgauer n’avaient pas besoin de ça, eux qui nagent déjà en pleine déprime. Comme à chaque mercato, ils perdent leurs meilleurs joueurs. Après Carlos Eduardo, Demba Ba et Luiz Gustavo, ce sont les trois meilleurs éléments offensifs du club que s’en sont allés cet hiver, Chinedu Obasi, Gylfi Sigurdsson et Vedad Ibisevic. A peine transféré à Stuttgart, le buteur bosnien a d’ailleurs flingué son ancien club en affirmant qu’il ne voyait aucune perspective à Hoffenheim et qu’il se réjouissait d’arriver dans un club avec une tradition et des supporters qui savent mettre l’ambiance.
En outre, ces départs en série trahissent à chaque fois les divisions au sein du club. L’an passé, le mécène Dietmar Hopp avait transféré Luiz Gustavo contre l’avis de son entraîneur Rangnick, qui en avait démissionné. Cet hiver, c’est le contraire, Hopp était contre la vente d’Ibisevic mais le manager Tanner et l’entraîneur Stanislawski ont validé le départ du Bosnien. Et l’hémorragie n’est pas terminée puisqu’une autre figure marquante de l’équipe, le meneur de jeu Sejad Salihovic, a manifesté son intention de quitter rapidement le club. Du coup, les supporters, sortis de nulle part après l’accession en Bundesliga, ne sont pas contents de voir que leur nouveau jouet est beaucoup moins brillant qu’au début et commencent à déserter. Bien évidemment, cela nous fend le cœur de voir Hoffenheim en pareilles turpitudes. Ajoute à cette ambiance morose l’absence de la charnière centrale habituelle Vorsah/Compper et tu conviendras que c’est une équipe bien amoindrie qui a débarqué dans la Ruhr. On était d’ailleurs tellement persuadé du succès du BVB qu’on l’a fêté par anticipation le nuit précédant le match en buvant des bières dans le car jusqu’à 9 heures du matin. C’est donc frais et dispos que l’on arrive au stade pour la tournée des Biergarten d’avant-match.

Starke était fort

D’emblée, Dortmund met une énorme pression et se rue à l’attaque. Il faudra trois parades exceptionnelles du gardien visiteur Tom Starke devant Robert Lewandowski pour qu’Hoppenheim atteigne le quart d’heure de jeu sur un score nul et vierge. Complètement asphyxiés, les Kraichgauer tentent de la jouer à l’espagnole, soit multiplier les passes alibis dans leur propre camp pour casser le rythme du match. Mais n’est pas Xavi qui veut et, à la troisième passe, Sebastian Rudy perd la balle sur son homonyme Kehl, lequel lance Shinji Kagawa qui s’en va battre Starke avec une facilité déconcertante. Le BVB ne relâche pas la pression après l’ouverture du score, Starke réussit un nouveau miracle devant Bender mais il devra s’incliner une seconde fois avant la pause. Le vice-champion du monde Edson Braafheid perd le ballon, Shinji Kagawa et Jakub Blaszczykowski font joujou avec la défense adverse sur le flanc droit avant que le dernier nommé ne dépose le ballon sur Kevin Grosskreutz pour un 2-0 comme à l’entraînement. Lors de la seule victoire à domicile du BVB contre Hoffenheim, en Coupe d’Allemagne, Kevin Grosskreutz n’était encore qu’un jeune supporter dans le mur jaune, il a parcouru un bout de chemin depuis.

En pleine forme

Dortmund va encore dérouler un gros quart d’heure après la pause. Il y aura un troisième but sur une nouvelle bévue de Braafheid : Shinji Kagawa profite d’une talonnade délicieuse de Kevin Grosskreutz pour inscrire un superbe goal. Le BVB va ensuite un peu lever le pied, Hoffenheim en profitera pour sauver l’honneur sur un centre d’Edson Braafheid repris par Fabian Johnson mais sans jamais donner l’impression de pouvoir revenir. Au contraire, et c’est le seul reproche que l’on peut faire au BVB, l’addition aurait pu et dû être beaucoup plus salée au vu de la physionomie du match, on pense notamment à ce nouveau miracle de Starke devant Barrios. Dans un championnat aussi serré, la différence de but pourrait avoir son importance.
Mais on ne va pas faire la fine bouche, 5-1 à Hambourg où il ne gagnait traditionnellement jamais, 3-1 contre Hoffenheim qu’il ne battait jamais, le BVB a bien entamé cette année 2012. Et le tout sans son meilleur joueur, Mario Götze, lequel fera défaut jusqu’à mi-mars. A priori, le calendrier de ce 2ème tour apparaît très favorable au Borussia avec pas de gros déplacements et l’avantage de recevoir presque tous les ténors, à part Schalke. Alors qu’elle semblait illusoire en septembre, la défense du titre n’est finalement peut-être pas si inimaginable que cela.

Borussia Dortmund – TSG Hoffenheim 1899 3-1 (2-0)

Signal Iduna Park, 80’500 spectateurs.
Arbitre : M. Kircher.
Buts : 16e Kagawa (1-0), 31e Grosskreutz (2-0), 55e Kagawa (3-0), 63e Johnson (3-1).
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Bender, Kehl; Blaszczykowski (77e Perisic), Kagawa, Grosskreutz (85e Gündogan); Lewandowski (77e Barrios).
Hoffenheim : Starke; Beck, Williams, Vestergaard, Braafheid; Johnson (77e Mlapa), Weis, Rudy (79e Musona), Salihovic, Firmino; Babel.
Cartons jaunes : 20e Weis, 23e Braafheid,  28e Bender, 67e Beck, 84e Babel.
Notes : Dortmund sans Koch ni Götze (blessés), Hoffenheim privé de Vorsah (suspendu), Compper, Ibertsberger ni Jaissle (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Attirés par ces magnifiques compte-rendus, nous nous sommes déplacés ce week-end dans la Ruhr, et ben ça valait le détour !!

    De la choucroute dans des Brötchen, des Biergarten d’avant- (et d’après-) match absolument fabuleux, du Jaeger à prix d’amis, une ambiance incomparable dans ce stade mythique, que de beaux moments !

    Et que dire de l’Anton’s Bierkönig… Quelle merveille cette petite discothèque !

    Le seul regret, c’est de ne pas t’y avoir croisé, Julien Mouquin ! On t’a cherché toute la journée dans les Biergarten, toute la nuit au Bierkönig, même le lendemain à Stuttgart dans le Kop de Gladbach, et on n’a pas réussi à te mettre le grappin dessus pour partager une bonne bière et tirer des théories footballistiques.

    Mais vu la grandeur du voyage, cela n’est que partie remise…

    Heja BVB !

  2. On a dû se croiser parce que j’ai effectué à peu près le même parcours, sauf que j’ai fait l’impasse sur Stuttgart – Gladbach et sur le Brötchen avec la choucroute et le Westfälische Schinken (y avait trop de file devant le stand).
    Mais sinon, j’ai été au Rote Erde Biergarten, au Biergarten de la piscine et à la tonnelle en bas de la Südtribüne avant le match, au Strobels pour regarder Köln-Schalke après le match et au Bierkönig entre minuit et 4h (mais là je n’étais plus trop en mesure de faire des théories).
    Une prochaine fois…

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