Mais qu’est-ce qu’on fout là ?

Difficile de comprendre comment on peut volontairement s’infliger un énième derby des «capitales économiques avec un lac tout près» entre des Lions engoncés et des Lionceaux gringalets. Surtout qu’il y avait quand même un superbe Lammer-Harrison dans un quatrième match de Coupe Davis où tout était encore possible, suivi d’un formidable Isner-Chiudinelli. Décidément, c’est pas à Fribourg qu’il faut aller pour espérer remporter des titres.

Il y avait aussi une Coupe d’Afrique des Nations que tout le monde attendait et qui a vu les Zambiens (pays vers le Sud de l’Afrique ou par-là autour) l’emporter au 16ème tir au but face à la Côte d’Ivoire au terme d’un palpitant 0-0 après prolongations aux multiples rebondissements. Sans oublier la rediffusion en boucle de Bodyguard avec Kevin Costner et une actrice américaine, grande admiratrice de Serge Gainsbourg mais dont j’ai oublié le nom.Et donc à Malley, le public aussi fervent que grelottant a eu l’insigne honneur de se voir proposer la venue de Daniel Eigenmann, Philipp Beeler, Patrick Faic et Steven Widmer, soit les piliers des deux premiers blocs des GCK Lions. Rien que ça. Il en fallait pas plus pour réchauffer l’atmosphère glaciale du CIGM. Enfin si, un chouïa plus. Comme une tournée de vin chaud que l’on renverse inconsciemment sur ses menottes en pensant que ça va réchauffer alors que ça va juste coller tout le match (parce qu’essayez de vous laver les mains au jet glacé).
Il fallait sinon une forte dose d’auto-conviction façon méthode Coué pour réaliser qu’on était (enfin) au premier tour de ces play-offs si attendus. Et mis à part quelques échanges bon enfant de rafales de phalanges ou quelques charges qui ont immanquablement vu les Lionceaux se faire étaler, cette rencontre avait tout du LHC-GCK de remplissage d’un mardi de novembre.

Mais qu’est-ce qu’on fout là (bis) ?

Quand on regarde les autres affiches des quarts de finale, un constat s’impose, implacable. Qu’est-ce qu’on fout là ? Dans quel purgatoire le CP Berne romand s’est-il fourvoyé, alors que les clubs de LNA n’attendent que sa montée pour fermer la ligue ? Pour des chefs-lieux de sous-district comme Viège, c’est un événement de recevoir un club de la grande agglomération d’Olten. Langenthal et Bâle trépignent d’impatience. Sans parler du seul vrai derby «rrrômánd» de LNB entre la Chaux-de-Fonds et Ajoie. D’ailleurs, dans son infinie mansuétude, le staff technique du LHC avait décidé de faire l’impasse sur le huitième du championnat pour rentrer, pépère, dans la seule phase de la saison qui compte vraiment.
Ce calcul a un effet inattendu : les Chaux-de-Fonniers qui invoquaient le sentiment de fraternité des habitants des zones hostiles de l’arc jurassien pour prendre fait et cause pour les Voye-Beaufs dans leurs précédents affrontements contre le LHC, commencent à voir tout le bonheur qu’il y a à rencontrer les gentlemen du HCA et les réflexions avinées de ses distingués supporters. C’est toujours facile de trouver sympathique le petit lorsqu’on n’a pas à se le farcir soi-même. Mais pour une fois que les deux clubs régatant pour la patinoire la plus pourrie de Ligue B se rencontrent en play-off, les charges dans le dos, les coups de crosses dans la gueule et les plongeons à répétition sont tout de suite moins sympathiques. A quoi ça tient. Espérons juste que, si le HCC devait rencontrer des difficultés, il puisse compter sur l’apport de Salmelainen pour le match couperet, histoire de les énerver pour au moins une année.
Côté match, heureusement qu’il y a eu le pénalty de Genoway qui a réédité pour le public lausannois la feinte qu’il avait enfilée à Ajoie en saison régulière. Quelques cafouillis devant les buts dont certains ont fini au fond, deux belles réussites d’Ulmer et de Setzi, et le constat que Helfenstein souffre terriblement de l’absence de son capitaine Florian Conz. Il ne serait pas surprenant de voir Mottet et/ou Barbero venir se réinsérer à terme dans cette ligne, tant la première semble à nouveau efficace avec le retour de Genoway et la prise de marque toujours plus probante de Wirz. Le quatrième bloc a parfaitement joué son rôle en épuisant l’adversaire, en mettant une grosse pression et en provoquant des pénalités clés. Le test du mois pour les dirigeants des Lions sera de voir s’ils arrivent à suspendre d’eux-mêmes (sans perte de matchs par forfait) Stalder qui s’est fait expulser suite à la bronca déclenchée par les cohortes de supporters des GCK sur-peuplant le secteur visiteur pour une faute peu évidente dans le feu de l’action.

Etait-ce de l’arrogance ? Voulait-il ne pas écraser tout de suite les GCK en tuant tout suspense ? Toujours est-il que van Boxmeer a pris le risque de se priver de son maître à jouer Josh Primeau en le cantonnant au rôle de treizième attaquant. Vous l’aurez compris, en cas de coup dur, Boxy tenait à avoir son joker Solskjaer sous la main. Allez je me lance : je parie une Singha (voire un «ptit limoncello les mecs» en sus) avec mon rédac chef qu’il finira en complément idéal de Genoway et Setzinger avant la fin de sa troisième année de contrat. Si si. Et sinon, pas grave, j’ai déjà soif.

La soupe n’est pas pleine

Côté GCK, les deux réussites ont été l’objet de… lobs. Et encore, il s’en est fallu de peu pour que les Zurichois n’ouvrent la marque sur une première tentative au premier tiers qui a échu sur la lucarne. On savait que notre portier avait plus le gabarit de Beni Conz que Tobias Stephan, mais comment faire pour éviter de se prendre des lobs à tire-larigot ? Il y a bien la méthode Ali Williams. Le rugbyman All Black s’était fait démonter la mâchoire par un Sébastien «Caveman» Chabal plus à son aise dans le calendrier des Dieux du Stade que lorsqu’il s’agit de faire une passe ailleurs que dans les chaussettes. Mais Ali Williams avait le sens de l’humour et a lancé un grand concours pour collecter les meilleures recettes de soupe, seul plat qu’il pouvait encore mâcher. De là à suggérer à «Cami» d’en manger à la pelle dans l’espoir de pouvoir toucher la latte sans sauter, il n’y a qu’un pas.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne HC – GCK Lions 5-2 (1-0 0-1 4-1)

Malley, 4’891 spectateurs.
Arbitre : M. Kurmann.
Buts : 20e Setzinger (Stalder) 1-0, 38e Baltisberger (Koskela, Ulmann) 1-1, 45e Setzinger (Genoway) 2-1, 49e Ulmer (Sigrist, Dostoinov) 3-1, 53e Wirz (Genoway) 4-1, 54e El Assaoui (Micheli, Ness/5c4) 4-2, 56e Genoway 5-2
Lausanne : Caminada; Stalder, Reist; Leeger, J. Fischer; Kamerzin, Chavaillaz; Snell; Setzinger, Genoway, Wirz; Sigrist, Dostoinov, Ulmer; Antonietti, Augsburger, Staudenmann; Helfenstein, Bonnet, S. Fischer; Primeau.
GCK : Wolf; Signoretti, Eigenmann; El Assaoui, May; P. Baltisberger, Cavegn; Zangger; Koskela, Ulmann, C. Baltisberger; Beeler, Faic, Widmer; Altorfer, Ness, Micheli; Schmutz, Senteler, Hentes.
Pénalités : 3×2’ contre LHC + 5’ (Stalder) et 10’ (Kamerzin); 5×2’ contre GCK + 10’ (Ulmann et Widmer)
Notes : LHC sans Borlat, Le Coultre (Elite), Mottet, Barbero, Bucher (surnuméraires), Conz et Bishai (blessés).

Écrit par Yves de St-Aÿ

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4 Commentaires

  1. Tiens un gentil Lausanois a pris une pénalité de match? Il a sûrement été provoqué tout le match par un vilain ajoulot… Ha mais non suis-je bête, ils ne jouent pas contre Ajoie… Comment est-ce possible alors?? Une équipe si gentille, si respectueuse, si parfaite etc…?

  2. Avoue Alex… T’as attendu des jours et des jours à l’affut du prochain article sur le LHC pour la poster celle-là…

    Allez ! Retourne à tes éoliennes Gilles Surchat du très très pauvre…

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