Pauvre de nous

Trois matchs, trois défaites, trois buts marqués, deux points ajoutés au classement, chercher l’erreur. Une semaine routinière en somme pour un Genève-Servette toujours aussi triste qu’un dimanche de pluie avec une bonne gueule de bois.

Pourtant, les deux points acquis de haute lutte devraient, sur le papier, nous revigorer et nous pousser à utiliser nos cordes vocales autrement que pour sortir un son strident à la fin de chaque match. Deux points, vu le début de saison des Aigles, ce n’est pas rien. On doit se montrer raisonnable et la raison nous pousserait à nous montrer satisfaits. Malheureusement, nous ne sommes pas restés au chaud chez nous en matant tranquillement Bluewin TV (pour les plus aisés) ou la page 241 du télétexte pour les moins fortunés d’entre nous. On est allé constater la réalité du terrain de nos propres yeux et on se demande toujours comment ces deux points sont venus à nous !

L’arbre qui cache la forêt

Ce Genève-Servette version 2011/2012 est constitué de deux entités : Stephan et les autres. Le premier est en pleine forme, rend des copies parfaites, déjoue toute tentative de marquer avec une efficacité qu’on ne prête qu’aux Experts et, tel un grand frère, protège ses camarades des corrections que veulent leur administrer les caïds de la ligue.

Sublime contre Zurich, il était également parfait mardi passé contre Berne et aurait signé à coup sûr un deuxième blanchissage de suite sans la trahison de Rico Fata ! Plus efficace que les murs érigés entre les deux Corées ou entre Israël et la Palestine, Tobias Stephan est au sommet de son art en ce début de saison et rapporte de nombreux points aux hommes de McSorley. D’ailleurs, les deux engrangés cette semaine sont le fruit du dur labeur du portier genevois, tant il a dégoûté ses adversaires qui se présentaient face à lui de tous les côtés, profitant des laissez-passer octroyés par la défense servettienne.
Mais sans vouloir faire le difficile, Stephan doit juste travailler les pénaltys. Étant donné l’offensive des Grenat cette année, il ne peut pas se permettre d’encaisser plus de zéro but à chaque série et une fois qu’il sera vraiment imbattable dans cet exercice, on pourra doubler notre ratio de points par semaine. L’objectif sera ainsi de viser le bon vieux 0-0 du football et attendre les tirs au but tant on ne peut compter sur nos attaquants !

Un power-play qui n’en est pas un

Avec un Stephan dans une forme éblouissante, on serait en droit de suivre le petit proverbe du hockeyeur qui dit que «le gardien c’est 60% de l’équipe». Les Aigles devraient survoler le championnat à l’heure actuelle, écraser la concurrence et réjouir les foules tant le dernier rempart grenat est éclatant. Malheureusement, le classement à Genève on le lit à l’envers pour l’instant. Si Stephan est en pleine forme, le reste de l’équipe est au fond du trou et présente à coup sûr le pire spectacle depuis le retour du GSHC dans l’élite du hockey suisse. Seulement trois buts marqués en trois matchs, soit un but par match ! Le pire, c’est que cette offensive affligeante suffit à rapporter deux points aux Aigles. La question mérite alors d’être posée : combien de points si l’attaque tournait à plein régime ?

Pour l’instant, ce jeu offensif ressemble à s’y méprendre à une parodie de hockey sur glace. Des mauvaises passes en veux-tu en voilà, des choix douteux des joueurs et des mises en échec aussi molles que le gouvernement suisse face à Kadhafi rendent Genève-Servette plutôt misérable en ce début de saison et explique pourquoi les Grenat ont autant de peine à chatouiller les filets adverses.
Surtout que pour se rendre la chose encore un peu plus compliquée, les Aigles ont la sale manie de foirer complètement leur power-play. Les mauvaises passes s’enchaînent, les tirs sont aussi rares qu’une semaine sans entendre parler de Chagaev et les buts le sont tout autant étant donné qu’ils ne tombent en moyenne qu’une fois toutes les quinze minutes. À vrai dire si vous en avez vu, vous êtes un peu un privilégié et les casinos ne doivent pas trop vous aimer.
Devant le peu de réussite dans cet exercice, les joueurs ont la fâcheuse tendance à rechercher LA passe qui surprendra tout le monde et offrira le goal au GSHC, au lieu de canarder l’adversaire. C’est le résultat d’une perte de confiance en soi et la peur de ne pas récupérer le puck une fois que l’on a tiré au but et du coup s’emmerder à rentrer à nouveau en zone offensive. Malheureusement, avec cette manière de procéder, les hommes du bout du lac se compliquent méchamment la tâche et sont tout simplement les cancres de la LNA concernant l’efficacité en power-play ! Il manque parfois un peu de simplicité dans le jeu en supériorité numérique pour que les Grenat marquent plus d’un but par match.

On peut quand même excuser un peu les joueurs en se rappelant les nombreux attaquants qui jouaient aux mots croisés à l’infirmerie : Fritsche, Salmelainen, mais aussi Brunner et Savary ; c’est évident qu’ils manquent à l’équipe. D’autant plus que quand cette équipe compte sur Randegger pour emmener la première ligne d’attaque. Moche. Mais cette semaine, on a vu le retour au jeu de Fritsche, quelques matchs auparavant c’était Savary qui revenait au jeu alors on a bon espoir de revoir un allant offensif digne d’une équipe de LNA, une fois que les éclopés auront retrouvé le rythme de la compétition.

Fatal error !

Comment finir cet article sans parler de Fata ? L’homme qui à lui tout seul résume le malaise grenat ! Transparent sur la glace, le Canadien s’est dit qu’il serait temps de marquer, histoire d’aider quelque peu l’équipe. Devant la difficulté de la tâche, il s’est résigné à offrir des caviars. Malheureusement pas à ses coéquipiers, mais directement à l’adversaire, comme contre Berne où il perd le puck devant Stephan alors que son adversaire le plus proche se trouvait à trois mètres. Une distance qui n’empêchera pas le Bernois de s’emparer de la rondelle et de tromper le gardien grenat à bout portant. Froidevaux, puisque c’est de lui qu’il s’agit, pourra envoyer un joli paquet de fleurs à Fata afin de le remercier de l’offrande. Les supporters genevois, eux, peuvent aussi lui envoyer un petit quelque chose, mais ça risque d’être moins joli.
Car Fata erre sur la glace comme une âme en peine. Il n’est pas dangereux devant le but adverse (devant le nôtre c’est un autre homme) et ne fournit pas un travail défensif conséquent comme l’avait fait en son temps Kolnik lorsqu’il connaissait lui aussi des soucis à la finition. Non, Fata est comme le reste de l’équipe : il balbutie son hockey, manque à peu près tout ce qu’il entreprend et semble présent davantage pour faire le nombre plutôt que pour vraiment aider l’équipe. Comme si un Biennois pouvait réellement renforcer une équipe telle que Genève qui prétend(ait) jouer le titre !

Malgré tous ces côtés négatifs, Genève a marqué des points cette semaine, ce qui est relativement nouveau et n’a pas encaissé beaucoup de buts. Dès lors, avec le retour des blessés qui devraient redonner vie au jeu offensif et un Stephan toujours autant en verve, on peut (enfin) espérer et entamer la remontée au classement. Il serait grand temps car, et c’est peut-être le pire en ce début de saison, Fribourg pointe en tête du classement, même si on pourra toujours dire que c’est un Genevois qui dirige l’équipe. Et si, finalement, le véritable problème était que Genève est victime de la fuite de ses cerveaux ?
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Sylvain Rossel

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6 Commentaires

  1. Depuis quand Claudio Moggi joue-t-il au SCB?? Même les journalistes qui suivent le GSHC ne sont pas à leur affaire! Pauvre club…

  2. Pourquoi parler de Gottéron dans cet article? Par le passé c’était nettement plus souvent les fribourgeois qui devaient se battre avec la barre. Même la saison passée malgré un bon départ, la suite fût une vraie catastrophe. Je pense que c’est pour ça que la grande majorité des dzos évitent de se moquer du début de saison de Servette!

    Concentrez-vous sur votre équipe, vous allez déjà faire des points car contrairement à des Ambri, Rappi ou Bienne, vous avez quand même nettement plus de vrais joueurs de LNA!

  3. ton « equipe » se caque dessus tous les soirs mais le pire c’est que Fribourg soit en tete…. Cherchez l’erreur… Ton titre en dit long. Pauvre de toi.

  4.  »La fuite des cerveaux »… Jeanin, Gamache, Dubé, Rosa ainsi que Sprunger sont tous passés par Genève c’est bien connu et ne me dites pas que c’est Kossman qui a tout changé à Fribourg… Bon article à part cette phrase pour Genevois frustré.

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