L’année ou jamais ?

Napoli n’a pas vraiment joué en candidat au titre samedi soir contre Parma. Si les esprits étaient sans doute déjà tournés vers le match de Ligue des Champions contre le Bayern Munich, les Parthénopéens ont laissé échapper une belle occasion de prendre la tête de la Serie A.

Le stade San Paolo de Naples faisait partie des rares monuments du foot européen que je n’avais pas encore eu l’occasion de visiter. J’ai donc sauté sur l’occasion quand on m’a proposé une virée napolitaine. Fatalement, quand tu vas à Naples avec un ami qui y a vécu deux ans pour étudier l’histoire de l’art, c’est difficile d’échapper à quelques excursions culturelles. Personne ne me croira mais j’ai quand même visité une église et une bibliothèque aux aurores. Et aussi un portail du XVème siècle au milieu de la nuit mais ça c’était plutôt pour l’espèce de botellón estudiantin qui se tenait juste devant.

Par contre, j’ai lâchement esquivé le peintre baroque, au profit de quelques bières sur une terrasse ensoleillée du bord de mer. Du coup, j’étais plutôt bien disposé en arrivant au stade, j’ai même acheté un maillot du Napoli floqué Inler et j’étais tout motivé pour écrire plein de gentilles choses sur le foot italien. Le problème, c’est qu’il y a eu un match et que celui-ci n’était guère fameux, pour rester poli. Enfin, au moins, on a vu des buts, ce qui était assez exceptionnel en ce week-end de Serie A mais pour ce qui était du rythme et de la qualité technique, c’était assez quelconque.

Rien à signaler

Le match en question, c’était Napoli – Parma. Avant la trêve des équipes nationales, Naples restait sur un retentissant succès 3-0 contre l’Inter à Milan. Du coup, la confiance est de mise avant le venue du modeste Parma, les quelques supporters avec lesquels on a discuté nous assurent que ce ne sera qu’une formalité, un aimable échauffement avant le choc de la semaine, le match de Ligue des Champions trois jours plus tard contre le Bayern Munich. Sauf que Parme n’est pas venu en victime expiatoire : les Parmesans débarquent à San Paolo dans un dispositif ultra défensif avec le seul Floccari en pointe, épisodiquement épaulé par l’ancien Juventino Giovinco. C’était largement suffisant pour contenir des Napolitains peu inspirés.

La première mi-temps est aussi creuse que le programme électoral du parti socialiste, c’est dire s’il ne s’est pas passé grand-chose. Tout juste notera-t-on deux coups francs, l’un mal cadré de Cavani et l’autre de Giovinco détourné par le gardien De Sanctis. Et un pénalty réclamé en vain par les Napolitains, mais on était trop loin pour en juger. Au moins, ça nous a donné le temps de préparer notre plainte à la Cour européenne de droits de l’homme pour traitement inhumain : tout le tour du stade s’orne de publicités pour l’excellente Birra Moretti mais ils ne servent que du Coca aux buvettes…  

Le festival des talonnades

Naples revient animé de meilleurs intentions après la pause ; trois tirs napolitains flirtent avec les montants dans les dix première minutes de la seconde période, on se dit que ça va finir par rentrer. Et c’est rentré mais de l’autre côté, sur une magnifique talonnade de Sergio Floccari pour Massimo Gobbi qui s’en va seul battre le portier De Sanctis. Cela se compliquait singulièrement pour un Napoli sans idée, sans envie et terriblement brouillon, à l’image de son trio magique. Marek Hamsik a été transparent, l’idole locale Edinson Cavani n’a pas marqué et n’a donc pas été très utile à son équipe, alors qu’Ezequiel Lavezzi a beaucoup tenté mais n’a pas réussi grand-chose, à l’image d’un très vilain corner tiré directement dans les pieds d’un adversaire. La presse italienne l’a pourtant désigné meilleur Napolitain du match, je ne suis pas vraiment convaincu, c’est sans doute surtout pour sa talonnade subtile qui a permis au joker Giuseppe Mascara d’aller inscrire une égalisation quasiment copie conforme de l’ouverture du score adverse. Il restait un quart d’heure à jouer et San Paolo s’est réveillé pour pousser ses joueurs à aller chercher la victoire.

Réalisme à la parmesane

Mais c’est à nouveau Parme qui a marqué, au terme d’une longue séquence devant une défense napolitaine figée et passive qui se terminera par un centre de Sebastian Giovinco pour Francesco Modesto, lequel n’avait plus qu’à marquer à bout portant. C’était la consternation à San Paolo et le délire parmi la petite trentaine (!) de supporters parmesans venus encourager leur équipe. Manifestement, la tessera del tifoso n’est pas faite pour encourager la culture déplacements, espérons que nos autorités auront la sagesse de ne pas s’en inspirer : il y a d’autres mesures à prendre pour lutter contre la violence que de vider les stades.

Avec deux occasions, deux buts, aucun corner procuré, Parma a démontré que le réalisme à l’italienne avait encore de beaux jours devant lui. Malgré une dernière occasion sur une tête de Maggio détournée par le gardien napolitain de Parme Mirante, Napoli ne reviendra pas et laisse bêtement échapper trois points, même si, au vu du match, il ne méritait sans doute pas plus d’un point.

L’année ou jamais ?

On a pu constater que, cette année, les attentes sont grandes à Naples ; les supporters rêvent d’un troisième titre national après ceux de 1987 et 1990, avec un certain Diego Maradona à la baguette. C’est sûr que l’occasion est belle, les clubs milanais ne sont pas au mieux, la Juventus et la Roma sont en phase de reconstruction, alors que Napoli a pu garder ses meilleurs éléments et s’est même renforcé, notamment avec l’arrivée de Gökhan Inler, lequel était toutefois en mode équipe de Suisse samedi soir. C’est probablement l’année ou jamais pour les Napolitains car on n’est pas sûr qu’ils parviendront à conserver les Hamsik, Cavani, Lavezzi et compagnie à l’été prochain. Mais il faudra gagner en constance pour rêver de Scudetto car Napoli n’a pas vraiment fait fructifier ses deux victoires de prestige contre l’AC Milan et l’Inter en égarant des points contre Chievo, Fiorentina et Parma.

On reviendra

Enfin, on ne saurait parler d’un match au Stade San Paolo sans dire un mot sur l’ambiance. C’est sûr qu’avec sa piste d’athlétisme, la vétuste enceinte parthénopéenne est bien loin d’un stade de foot moderne à l’anglaise. Néanmoins, il y a deux curva assez sympas, bien remplies, et avec de chaque côté une belle équipe de motivés pour chanter durant 90 minutes. Néanmoins, à l’image du match, l’ambiance n’a jamais vraiment décollé, il y a quelques chants qui ont bien claqué après l’égalisation mais ça manquait d’ampleur et de puissance. En résumé, de belles promesses qui ne se sont pas vraiment concrétisées. Ce stade et ce public mériteraient d’être revus dans un contexte plus favorable ; tant mieux, ça nous donnera un prétexte pour revenir.

SSC Napoli – FC Parma 1-2 (0-0)

San Paolo, 48’000 spectateurs.
Arbitre : M. Mazzoleni.
Buts : 57e Gobbi (0-1), 76e Mascara (1-1), 82e Modesto (1-2).
Napoli : De Sanctis; Campagnaro, P. Cannavaro, Aronica (66e Mascara) ; Maggio, Inler (85e C. Luccarelli), Gargano, Dossena (75e Zuniga) ; Hamsik, Lavezzi ; Cavani.
Parma : Mirante; Zaccardo, Paletta, A. Luccarelli, Gobbi ; Biabiany (66e Valiani), Morrone, Jadid (84e Blasi), Modesto (87e Santacroce) ; Giovinco ; Floccari.  
Cartons jaunes : 62e Biabiany, 73e Campagnaro, 73e Lavezzi, 75e Zuniga.

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. @ Telex: Le San Paolo et les tifosi du Napoli ne sont justement pas dans la catégorie des publics événementiels, mais bien parmi les publics fidèles: ils suivent leur équipe toute l’année peu importe l’adversaire et les résultats. Pour certains matches en Série C (2004-2005 et 2005-2006) ils étaient près de 60’000 au San Paolo. Ok, il faut la venue de Bayern, Villareal, City, Milan ou Juve pour jouer à guichets fermés, mais 48’000 spectateurs pour la venue de Parme ce n’est pas peu… surtout en Italie.

    Avec un stade qui tombe en ruine (le seul de Serie A et de Champions League sans écran géant), ce public mériterait bien une médaille pour sa fidélité!

  2. Joli Mouquin, j’adore, Naples est pour moi la vraie ferveur a l’italienne.

    j’attends ton reportage chez les colchoneros maintenant pour l’Espagne

  3. Très content de voir un article sur un nouveau stade, qui plus est sur Naples !

    San Paolo est surement un peu événementiel mais je me rappelle du 3-0 face à la Juve l’an passé, on aurait dit le vésuve !

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