La gueule de bois

Quatre jours après la clôture du Karneval, Köln avait encore la gueule de bois samedi au RheinEnergieStadion. Et ce n’est pas la venue des aspirines de Leverkusen qui a permis de soigner ladite gueule de bois.

Le 1. FC Köln recevait le Bayer Leverkusen quatre jours seulement après l’Aschermittwoch, qui marque traditionnellement la fin du Karneval. Et le carnaval, c’est le cauchemar de tous les entraîneurs du 1. FC Köln, qui doivent tenter de maintenir un semblant de discipline dans leur équipe, alors que Kölle Alaaf est sens dessus dessous pendant une semaine. Le tout sous le regard attentif d’une presse de boulevard prompte à guetter le moindre débordement des «stars» du FC. Et cette année, une fois de plus, ça n’a pas raté : la palme s’en revient au défenseur slovène Miso Brecko qui est allé planter sa BMW sur une voie de tram avec 1,6 ‰ d’alcool dans le sang. Le milieu de terrain Kevin Pezzoni a lui fini à l’hôpital, nez fracturé, après avoir reçu un coup dans une Karnevalsparty. Ces joyeuses libations sont d’autant plus malvenue que les Geissböcke traversent des heures difficiles : Köln reste sur deux défaites contre des adversaires directs en bas du classement, n’a toujours pas de président, la star Podolski est toujours en froid avec sa direction et le milieu de terrain Riether s’est empoigné avec l’entraîneur-assistant à l’entraînement. Et pour couronner le tout, le club déplore une kyrielle d’absence, notamment de toute la défense. C’est donc avec une solide gueule de bois que Köln s’est présenté samedi au RheinEnergieStadion (et ton serviteur aussi, dans un souci louable de mimétisme).

Derby or not Derby

Selon la sagesse populaire, qui m’a toujours échappé, l’aspirine est le meilleur remède contre la gueule de bois. Cela tombe bien, les adversaires du jour, ce sont les aspirines du Bayer Leverkusen. Si le 1. FC Köln, c’est le grand club populaire et historique de la région, le Bayer c’est le club beaucoup plus anonyme mais aussi beaucoup plus riche de la banlieue. Toutefois, comme Leverkusen n’est pas une Traditionsverein, les fans des Domstädter ont toujours refusé de considérer le duel contre la Werkself comme un derby, terme réservé aux chocs contre les deux autres grandes Traditionsvereine de la région, le Borussia Mönchengladbach et le Fortuna Düsseldorf. Ceci dit, puisque Köln ne lutte plus vraiment avec Leverkusen au classement depuis une vingtaine d’année, les supporters colonais ont au moins l’envie de réaffirmer une certaine forme de suprématie régionale dans les confrontations directes. Cela avait plutôt bien marché dans les dernières confrontations, avec une victoire 2-0 à Köln le Jour de Grâce du 30 avril 2011 qui enterrait les derniers espoirs de titre du Bayer et un historique 4-1 l’automne passé à la BayArena.

Un feu de paille

Si les supporters des Geissböcke ont préparé un joli tifo, ceux de Leverkusen débarquent avec des écharpes spécialement préparée pour l’occasion marquée «Hurensöhne» (je t’épargne la traduction) et arrivent à balancer des fumigènes en direction de leurs propres joueurs. La grande classe. Les fans de Neverkusen tiennent vraiment à démontrer qu’ils sont parmi les plus pathétiques de la ligue, eux qui n’ont même pas réussi à remplir le bloc qui leur était réservé, alors que le déplacement n’excédait pas la quinzaine de kilomètres.
Köln réussit la meilleure entame mais Lukas Podolski préfère tirer au-dessus plutôt que servir Novakovic en retrait. Mais ce n’était qu’un feu de paille et Leverkusen va rapidement imposer son potentiel supérieur. Michael Rensing retarde l’échéance avec une splendide parade sur une frappe de Lars Bender mais ce n’était que partie remise : sur le corner qui s’ensuit, après une partie de billard au milieu d’une défense figée entre Toprak, Reinartz, le poteau et Corluka, Lars Bender n’a plus qu’à pousser la balle dans le goal vide.

Plié à la 50e

Köln aura quelques possibilités d’égaliser sur une frappe de Novakovic détournée du bout des doigts par Leno ou une reprise trop enlevée de Novakovic. Il aurait aussi pu y avoir un penalty sur une charge de Leno dans le dos de Podolski mais l’arbitre M. Brych est déjà sous les feux de la critique pour avoir donné deux pénaltys peu évidents lors des matchs Hertha – Mönchengladbach et Eintracht Francfort – Fortuna Düsseldorf, il n’a pas voulu prendre le risque de donner un nouveau Foulelfmeter prêtant à discussion. Il y aura encore quelques velléités de révolte colonaise en début de seconde période avec l’entrée en jeu du Nord-Coréen Chong Tese, qui alerte le gardien Leno sur son premier ballon. Mais tout sera plié quelques instants plus tard sur un ballon perdu avec une nonchalance coupable par Mato Jajalo ; Renato Augsto s’enfonce comme dans du beurre dans la défense colonaise et sert Lars Bender qui s’en va battre l’infortuné Rensing très proprement.

Lars Bender est énorme

Lars Bender, c’est une drôle d’histoire : ils étaient deux frangins, Lars et Sven, à jouer pour Munich 1860. Leur talent n’a pas échappé au Borussia Dortmund qui n’allait toutefois pas recruter les deux, puisqu’ils évoluent exactement dans le même registre. Sven parti au BVB, Lars craignait d’être trop éloigné de son frère, il s’est mis en tête de trouver un club pas trop loin de Dortmund. C’est finalement Leverkusen qui a décroché la timbale et ne le regrette pas, puisque Lars Bender a déjà poussé vers le banc de touche les internationaux Rolfes et Ballack. Le jeune milieu de terrain a vraiment connu une progression fulgurante et son volume de jeu à mi-terrain est vraiment énorme. Et du coup, les deux frères vont assez prochainement se retrouver réunis sous le même maillot, beaucoup plus prestigieux, celui de la Nationalmannschaft.

Définitivement la gueule de bois

0-2 à la 50e, c’en était fait des illusions du FC Köln qui n’avait ni les ressources mentales ni la qualité technique et collective pour remettre en cause le succès des Rheinländer. Lesquels auraient même pu donner au score une allure plus sévère (tête de Kiessling sur la latte). Avec ce succès, Leverkusen conserve une mince chance de revenir sur le quatuor de tête et les places en Ligue des Champions. Avec le Bayern, Schalke et Mönchengladbach à jouer dans les quatre prochaines semaines, le Bayer sera rapidement fixé sur les objectifs qu’il peut encore atteindre cette saison.
Quant au 1. FC Köln, il n’a certainement pas soigné sa gueule de bois et se trouve en pleine lutte contre la relégation. Le principal espoir, c’est que les équipes situées derrière (Hertha, Augsburg, Kaiserslautern et Freiburg) ont l’air encore plus faibles. Quant au soussigné, il n’a lui non plus pas pu soigner sa gueule de bois contre laquelle, c’est bien connu, le seul remède vraiment efficace, c’est de soigner le mal par le mal. Problème : il n’y avait pas d’alcool samedi au RheinEnergieStadion et même la soirée Flying Hirsch (cerf-volant, version locale du Jägerbomb) dans un Wiener Steffie plus clairsemé que d’habitude n’a pu me remettre d’aplomb. Vraiment une journée foutue.

1. FC Köln – Bayer Leverkusen 0-2 (0-1)

RheinEnergieStadion, 46’500 spectateurs.
Arbitre : Dr. Brych.
Buts : 16e L. Bender (0-1), 50e L. Bender (0-2).
Köln : Rensing; Andrezinho, McKenna, Lanig, Eichner (88e Ishak); Roshi, Jajalo (75e Weiser), Riether, Clemens; Novakovic (46e Tese), Podolski.
Leverkusen : Leno; Corluka, Schwaab, Toprak, Kadlec; L. Bender, Reinartz; Castro (82e Rolfes), Renato Augusto (91e Ortega), Schürrle (85e Bellarabi); Kiessling.
Carton jaune : 22e Riether.
Notes : Köln sans Peszko, Brecko (suspendus), Jemal, Sereno, Geromel, Chihi, Pezzoni, Uth, Buchtmann ni Petit (blessés), Leverkusen sans Adler, Barnetta, Ballack ni Sam (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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