Un M21 à la rescousse

Ça ne devait être que l’une de ces répétitions marquant le retour en grâce du football romand, mais le destin en avait décidé autrement et cette rencontre allait faire parler l’instinct de survie de Welsches en voie de disparition.

Devant l’affiche de cette guerre fratricide, les supporters peinaient aussi difficilement à cacher leurs craintes qu’Edmond Isoz à contenir sa salive. Car les dernières confrontations directes furent très serrées et Sion n’avait repris que 4 points en 5 matches sur son prédécesseur alors qu’il en restait 11 à récupérer lors des 11 prochains matches. Autant dire tout de suite que cette lutte à distance pouvait prendre un tournant décisif dès aujourd’hui. Entre un club fier d’avoir choisi une saine ligne de conduite et un autre qui n’en fait qu’à sa tête, qui se mange des coups de batte dans les dents et qui s’en relève toujours malgré tout ; l’opposition de style avait amusé la presse. Mais c’est ici au pied des châteaux que le règlement de compte allait véritablement se jouer.

Manque de mobilité et bijou de football moderne

Extrêmement décevant dans la manière, le FC Sion avait décidé de changer d’approche malgré une série de 4 résultats positifs. Tactiquement, Roussey était revenu sur une formation déjà vue au 1er tour, qui consistait à renforcer l’axe du terrain et à confier l’animation des ailes aux latéraux. Si les porteurs du ballon tentèrent tant bien que mal de mettre un peu plus de rythme dans leurs offensives, ils se trouvèrent trop fréquemment contraints de balancer ou de jouer la passe en retrait. Car le plus souvent cachés ou alignés sur le dernier rideau lausannois en l’attente d’une longue balle perdue, les coéquipiers ne se pressèrent pas pour leur offrir des solutions. Même si certains joueurs omniprésents comme Bühler et Serey Die firent exception, l’équipe resta trop statique pour pouvoir perturber le marquage adverse.
Attendu comme le messie, même Obradovic ne trouvait aucune solution dans de telles conditions. Bref, du pain béni pour un Lausanne-Sport qui s’était visiblement déplacé dans l’idée de tenir le match nul, tout en misant sur une éventuelle action de rupture. Ainsi, malgré le non-jeu pratiqué par son équipe, Jocelyn Roux parvenait une fois ou l’autre à inquiéter les Valaisans. Le reste du temps, Lausanne le passait à déposer protêt, à défendre en bloc et à tuer le jeu à l’image d’un Coltorti qui jouait déjà la montre aux abords de la 35ème minute.

C’est ainsi que la 1ère mi-temps débouchait sur un pur produit de football moderne entre une équipe venue pour défendre et une autre censée faire le jeu, mais incapable de trouver des solutions et jamais à l’abri de se faire surprendre. Stérile au possible en grande partie à cause d’un manque de mobilité dans ses propres rangs, la domination valaisanne n’offrait qu’une volée manquée par Tréand sur une combinaison avec Basha et Serey Die. Impressionnant en début de partie, notamment par ses ballons gagnés très haut dans le camp adverse, Basha devra encore gagner en constance et en sérénité à la relance.

Le travail payant de Laurent Roussey

Et en l’absence de solution du côté sédunois, la méthode miracle n’est pas nouvelle. Trois minutes après le retour des vestiaires et malgré le marquage extrêmement serré de ses adversaires, Vanczak parvenait à décocher un coup de tête de peu au-dessus de la transversale. Insuffisant pour compenser une faiblesse offensive qui pourrait bien encore s’être aggravée en dépit des renforts. Les matches se suivent et se ressemblent pour un Danilo qui n’a pour l’heure qu’un CV qui parle en sa faveur. Incapable de jouer en pivot malgré sa taille, incapable de centrer, incapable de se placer de façon à mettre hors de position le marquage adverse et manquant de réaction dans certaines situations, il livra un nouveau match fantomatique. Les inquiétudes deviennent sérieuses pour Roussey et ses gars. Dangereux et excellent dans son rôle de pivot malgré son blocage face au but, le retour de Prijovic ferait du bien au groupe.
Décontenancé mais jamais dépité, l’entraîneur français réfléchissait la veille aux côtés de son maestro hollandais. Parmi une septantaine de spectateurs, il observait les M21 comme bien souvent et un truc avait déjà germé dans sa tête. Roussey avait eu une inspiration géniale. La solution se trouvait peut-être quelques sièges derrière lui. Tisane à la main, Yerly était venu soutenir ses potes. Le lendemain, il effectuait sa première apparition devant 10’500 spectateurs. Et c’est sur ce mec à la tisane que tous les espoirs du club allaient être portés. Malgré l’impossibilité de la tâche confiée, Yerly rentra dans l’arène pour tout donner. Loin du pressing de fonctionnaire de son illustre prédécesseur, il annonça d’entrée la couleur à l’arrière-garde lausannoise. Puis, sur une tentative de lob à l’aveugle de Didier Crettenand, il était le plus prompt à réagir à la tombée du ballon. Au taquet, le jeune du club ouvrait la marque et sauvait les siens 10 minutes après son entrée.

Dès lors, le jeu s’ouvra naturellement. Lang transperça les Sédunois dans l’axe et vit sa frappe passer pour un rien à côté du cadre alors que Vanins était battu. Une minute plus tard, Sauthier expédiait sur le poteau une volée pleine de pureté. Puis, Sion finissait par l’emporter au bout du suspense en défendant à l’arrachée comme il sait si bien le faire.

Un mental d’acier

Capable de marquer des points grâce à une solidité défensive retrouvée, Lausanne n’a perdu qu’une bataille. De leur côté, les Valaisans auront de nouveau souffert jusqu’à l’ultime instant pour gagner aux forceps. Les joueurs pèchent encore par manque de mouvement et de disponibilité pour le porteur du ballon et le tir devra être corrigé au plus vite pour éviter que la survie se décide à la raclette. Mais sur une série de 5 résultats positifs en dépit des critiques, des absences, du départ de Giovanni, d’une phase de reconstruction rendue impossible par les impératifs du court terme et de la sanction ayant anéanti le travail effectué, la solidité mentale du groupe de Serey Die mérite d’être soulignée.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasport.ch  

FC Sion – Lausanne-Sport 1-0 (0-0)

Stade de Tourbillon, 10‘500 spectateurs.
Arbitre : M. Graf.
But : 73e Yerly (1-0) .
FC Sion : Vanins; Sauthier, Vanczak, Dingsdag, Bühler; Serey Die, Basha; Crettenand (77e Adailton), Obradovic, Tréand (70e Wüthrich); Danilo (62e Yerli).
Lausanne-Sport : Coltorti; Avanzini, Tall, Page, Sonnerat; Chakhsi, Bah, Sanogo (78e Negrão), Pasche (74e Lang); Marazzi; Roux (70e Moussilou).
Cartons jaunes : 34e Bah, 54e Dingsdag, 60e Serey Die.
Notes : Sion sans Ianu, Mrdja, Yoda (tous blessés), Lausanne sans Kamber (suspendu), Luccin, Meoli (malades), Prijovic (blessé).

Écrit par Eric M.

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7 Commentaires

  1. « confier l’animation des ailes aux latéraux. »

    Franchement, c’est un gag ? Cela fait depuis le départ de Gaspoz qu’on n’a plus de latéraux dignes de ce nom. Hier, pas une seule fois on a été capable de déchirer cette défense bout de bois. On a passé notre temps à balancer dans les 16 mètres et à s’enferrer dans l’axe. Dans ces circonstances, n’importe quelle défense est capable de faire croire qu’elle est solide.

    Vanczak est un pur défenseur central, très fort de la tête, mais avec les pieds carrés. Bühler est intéressant mais manque de qualité technique pour pouvoir déborder sur son aile et centrer.

    Hier, le brave Sauthier est passé complètement à travers. Incapable de déborder ou d’adresser un centre potable, une véritable misère. Seul le tir sur le poteau aurait pu sauver sa performance catastrophique. Idem pour Crettenand à la rue, mis à part son centre sur le goal.

    Inutile de s’étendre sur des attaquants, tant ce terme parait galvaudé à Sion. Le néant total. C’est fou de voir toutes ces grandes stars, Saborio, Mrdja et maintenant le stratosphérique Danilo, draguées par les grands d’Europe, mais qui finissent au FC Sion. Allez savoir pourquoi…..

    Hier, on a eu la confirmation qu’il s’agissait bien des deux équipes les plus pourries de la ligue. Même face à une formation regroupée comme le Collet Sport, n’importe quelle équipe aurait réglé le cas sans trembler. Sauf Sion.

    Le pire, tant mieux pour nous, c’est de se dire que même avec autant d’indigence et de pauvreté, étalées tous les week-end, on a comblé la moitié de notre passif sur l’adversaire du jour. C’est dire si Collet et Cie n’ont rien à faire en SL. Et c’est un euphémisme.

    D’ailleurs le Cocollet de service est plus concentré sur les règlements de la ligue que sur les solutions pratiques pour sauver son misérable LS, tout aussi pathétique que son pseudo-président.

    Bref, après les venues de YB, Servette et Thoune, encore un matche pourri à ranger dans les placards de mon sous-sol. Depuis toutes ces années, je n’ai bientôt plus de place. Heureusement, j’ai une pelle et une pioche si jamais. Et mon petit doigt me dit que ce n’est pas fini, trois fois hélas.

    Encore un mot pour remercier les 38 pelés vaudois qui ont accompagné leurs favoris. Même en matche amical, les visiteurs sont plus nombreux. Je crois que ça situe bien le niveau réel, populaire et sportif, du LS dans la hiérarchie helvétique.

  2. En dehors du match en tant que tel, qui a été en effet assez digne de la partie de tableau qu’il concernait (…), je voudrais revenir sur cette phrase de « Titu » :

    « Encore un mot pour remercier les 38 pelés vaudois qui ont accompagné leurs favoris. Même en matche amical, les visiteurs sont plus nombreux. Je crois que ça situe bien le niveau réel, populaire et sportif, du LS dans la hiérarchie helvétique. »

    Y a du vrai. C’est malheureux de le dire (surtout en tant que Romand), mais c’est une réalité actuelle qu’on ne peut totalement renier, n’en déplaise aux valeureux fans du LS qui méritent d’ailleurs toute mon estime pour le soutien qu’ils apportent à un club qui, aujourd’hui, on peut l’affirmer, ne ressemble plus vraiment à ce qu’il a été.

    Un stade d’un autre siècle, un public certes méritant mais ô combien clairsemé, un collègue (LHC) qui soulève bien plus de passion et d’enthousiasme, un budget de ce fait dérisoire ou presque pour l’élite nationale: la Lausanne du foot a t-elle réellement sa place en Super League actuellement? On serait, à contre-coeur (en tout cas en ce qui me concerne), tenté de dire non.

    La présidence du LS a bien essayé de rallier des sponsors pour faire fonctionner le club et ça fonctionne, mais on le voit bien, pas pour cette catégorie de jeu, pas maintenant. Alors peut-être que le nouveau stade (qui arrivera dans… bah dans pas tout-de-suite en tout cas…) aidera à amener plus de sponsors importants et surtout plus de public au LS et qu’il lui permettra de retrouver alors une partie de son panache, car aujourd’hui, ce LS-là me fait de la peine; il semble plus errer sur les terrains de Super League plutôt que d’y participer réellement et posons-nous la question, le jeu en vaut-il la chandelle? …

  3. A Titu

    Lausanne a tenu le 0-0 contre trois équipe (GC, Young Boys et Lucerne) et n’a perdu que 0-1 contre Zurich Pour les 4 premiers match du deuxième tour, alors non nous ne sommes les seuls à sécher devant leur Bunker.

    Crettenand, bien que brouillon, fut l’un des seuls à amener du danger, et était celui qui a montrer le plus d’envie (avec Yerly).

    Bref comme l’a dit Dingsdag après le match de coupe contre Bienne : « finalement, c’ets toujours la même chose, si on gagne c’est normal, si on perds c’est la catastrophe ».

    Sauf que meme si l’on gagne, les gens ne sont pas content parce que leur pop corn n’était pas accompagné d’un beau jeu sur le terrain. On s’en fout de la manière, l’important en cette fin de saison est de se maintenir en SL.

  4. J’ai aimé ta conclusion mon cher Jean-Jacques. Espérons qu’en attendant mieux, ça suffise. On aurait pas l’air con de prendre 7-0 face à Bâle en finale de coupe…

  5. @ Gabu

    « Lausanne a tenu le 0-0 contre trois équipe (GC, Young Boys et Lucerne) et n’a perdu que 0-1 contre Zurich Pour les 4 premiers match du deuxième tour, alors non nous ne sommes les seuls à sécher devant leur Bunker. »

    Tu oublies deux choses essentielles dans ton analyse. D’une, le LS a bénéficié de l’état catastrophique de sa pelouse en février et début mars pour contrer Lucerne et YB. Ce qui prétéritait clairement les formations techniques. Quant à GC, cette équipe très juvénile a disputé 6 matches sans la moindre victoire.

    Deuxio, il s’agissait de la reprise et les formations étaient encore en rodage, détail non-négligeable.

    Maintenant que les formations ont trouvé leur rythme de croisière, le LS est aux fraises, même la tactique du hérisson ne lui est plus d’aucun secours.

    Quant à Sion, on retrouve des lacunes à tous les niveaux et si 3 points au terme d’une prestation aussi misérable suffisent aux gens, tant mieux pour eux.

    Personnellement, cela fait des années que je ne trouve plus mon compte avec cette escouade d’endormis. Même le public est devenu complètement aphone et résigné, les ultras mis à part.

  6. @ Titu: « D’ailleurs le Cocollet de service est plus concentré sur les règlements de la ligue que sur les solutions pratiques pour sauver son misérable LS, tout aussi pathétique que son pseudo-président. »

    Tout à fait d’accord avec toi, simplement quand on a un président comme le tien qui ne respecte pas les règlements et qui fout son club dans la merde, on évite ce genre de commentaire.

  7. « Tactiquement, Roussey était revenu sur une formation déjà vue au 1er tour, qui consistait à renforcer l’axe du terrain et à confier l’animation des ailes aux latéraux. »

    N’est-ce pas là la principale raison des déboires des attaquants sédunois? Car il est plus difficile de marquer quand on ne reçoit pas un seul ballon convenable.

    Et dimanche, avec 4 milieux axiaux entassés et des latéraux qui montent peu, il n’y a logiquement eu aucun centre et quasiment pas d’animation offensive.

    Pendant ce temps-là, Tréand jouait attaquant axial, Wüthrich commençait la rencontre sur le banc et Yoda était blessé comme un match sur deux. Tant pis pour Sion.

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