Presque comme au Portugal…

Ça y est ! Après des longs mois d’attente et une dernière série de matchs amicaux aussi intéressants qu’un discours en français d’Ueli Maurer, le coup d’envoi de l’Euro a été donné !

Après une cérémonie d’ouverture réunissant, notamment, un insupportable DJ italien et un joueur de Futsal incapable d’aligner 3 jongles, ultime torture avant les choses sérieuses, les sélections grecque et polonaise s’alignent pour les hymnes nationaux. Enfin !Le statut de match d’ouverture de l’Euro aura assuré un audimat décent à cette rencontre. En effet, l’affiche proposée, Grèce – Pologne, ne fait pas beaucoup plus rêver qu’un lundi soir «Ligue 2» sur Eurosport
Et pourtant, alors que je m’attendais à assister à un triste 0-0, le match fut animé. Il y a eu la domination polonaise du début de match, couronnée par l’ouverture du score de Lewandowski à la 18e, d’une magnifique reprise de la tête.
Puis, l’expulsion incompréhensible de Sokrates Papastathopoulos à la 44e et, dans la foulée, un pénalty potentiel en faveur de la Grèce qui n’a pas été signalé, sur un magnifique combo glissade-main de Perquis.
A la mi-temps, les Polonais semblent néanmoins mériter leur avantage et paraissent nettement supérieurs. Mais ça, c’était avant de jouer la deuxième mi-temps à l’envers.
En effet, comme tétanisés par la situation, les hommes de Frantiszek Smuda vont considérablement abaisser leur niveau de jeu en seconde période, permettant notamment au remplaçant grec Salpingidis d’inscrire une «Gelson» (51e, 1-1), avant d’offrir un pénalty évident pour une faute de Szczesny sur ce même Salpingidis (pénalty stoppé par le portier remplaçant Tyton). Salpingidis inscrira également un but annulé, à juste titre, pour hors-jeu.
Match nul qui paraît finalement plus amer pour les Grecs que pour les Polonais. Quoi qu’il en soit, ces deux équipes se sont d’ores et déjà compliqué la survie dans ce tournoi…
L’homme du match
Dimitris Salpingidis, entré à la mi-temps, alors que son équipe est menée 1-0 et évolue à 10 contre 11, a mis le feu dans la défense polonaise. Tout ça sans effectuer le moindre passement de jambes inutile. 6 minutes après son entrée, l’attaquant du PAOK profite d’une mésentente entre Szczesny et sa défense pour inscrire un but super-moche-mais-qui-compte-quand-même. A la 68e, il provoque un pénalty indiscutable et l’expulsion du portier d’Arsenal, décidément pas à la hauteur ce soir. Il inscrit enfin le but de la victoire (on y a cru sur le moment), en reprenant un centre de Samaras. Hélas pour les Hellènes, l’attaquant du Celtic était en position de hors-jeu : but invalidé.
Salpingidis sera probablement titulaire lors du prochain match. Pourquoi pas à la place de Ninis ou de Gekas, transparents hier soir ?
La buse du match
Wojciech Szczesny entame l’Euro avec une certaine pression. Le portier d’Arsenal a, pour beaucoup de Polonais, pris la place qui revient au grand Artur Boruc (non sélectionné pour l’Euro) entre les perches. Ce qui est certain, c’est qu’il a ramené de son expérience londonienne cette capacité qu’ont les Gunners à faire tout faux dès qu’il y a un peu de pression.
La star polonaise n’a eu que deux interventions à effectuer. D’abord, prévenir son défenseur qu’il sort de ses cages. Mission non accomplie, et c’est 1-1. Puis, sortir devant Salpingidis. Mission non accomplie, pénalty et carton rouge. La performance de Szczesny est grave pour les Aigles Blancs et ne justifie en tout cas pas la mise à l’écart de Boruc. Tant pis, Tyton, son remplaçant, ne pourra pas faire pire lors de la 2e journée.

Le tournant du match
L’expulsion inexplicable de Papasathopoulos, suivie, dans la foulée, d’une faute de main non sanctionnée de Perquis dans la surface polonaise ont changé la donne. On voyait la Pologne se diriger vers une victoire tranquille. Or, Kuba et compagnie ont mystérieusement disparu au moment où leur position était la plus confortable. Un peu comme le Borussia Dortmund en CL… 
Le geste technique du match
Il est l’œuvre de Przemyslaw Tyton. Le portier du PSV Eindhoven rentre sur le terrain sans s’échauffer, part du bon côté et sort le pénalty, pas si mal tiré, de Karagounis. Une raison de plus d’en vouloir à Szczesny, qui, non content d’avoir pris la place de Boruc, barre Tyton.
Le geste pourri du match
Le pétage de plombs de M. Velasco Carballo, qui après, avoir mis un premier carton discutable à Sokratis Papastathopoulos, lui en sort un deuxième tout autant discutable et, donc, l’expulse. Ce geste devrait valoir à l’Ibère une élimination au premier tour de l’Euro.
Les anecdotes
– Ludovic Obraniak a livré une excellente première mi-temps hier soir. Le joueur de Bordeaux avait déjà affronté la Grèce lors de sa première sélection avec les Aigles Blancs en 2009. Bilan ? Un doublé pour une victoire 2-0.
– Titulaire dans la défense polonaise ce soir, Marcin Wasilewski est un miraculé. Le brutal démembreur d’Anderlecht avait en effet été pris à son propre jeu par Axel Witsel en 2009. Une double fracture ouverte (de 8 cm !) tibia et péroné plus tard, il a retrouvé sa place dans la défense bruxelloise cette saison, et a vite fait de dissiper la vague de compassion que sa terrible blessure lui avait apportée en reprenant son jeu, basé sur des coups de coudes et des agressions violentes.
– Il s’agit de la première fois que la Grèce ne perd pas en Pologne.
Le match vu par les Polonais
Nous sommes bien placés pour savoir les sentiments qui traversent un pays qui va ouvrir un Euro à domicile. Des tonnes d’espoir, des hectolitres de vodka et des millions de chapelets auront été égrenés par tous les Slawomir, les Wyacheslaw, les Agneszka et les Zbigniew du monde.
Un but de Lewandowski plus tard, l’ambiance est à la fête, puis monte enfin d’un cran à l’expulsion de Papastathopoulos, que toute la mauvaise foi du monde parvient à faire paraître pour méritée. Avant qu’un frisson ne parcourt la morne plaine polonaise. Frisson, qui, comme à son habitude en ces terres inhospitalières va se muer en dérangeante bise glaciale à la 51e, puis en tempête de neige un quart d’heure plus tard, avant que le coup de sifflet final ramène enfin cette brume rassurante de monotonie sur les rives de la Baltique. La Pologne se sent, comme toujours, mi-est, mi-ouest, avec ce résultat nul.
Le match vu par les Grecs
Injustice ! Injustice et opportunités manquées ! Les Grecs commencent à en avoir l’habitude. A tel point que le mot «espoir» devrait disparaître sous peu des dictionnaires locaux. D’abord, il y a l’Europe qui impose une injuste et cruelle austérité. Ensuite, il y a l’Euro et cet arbitre, avatar de Miss Merkel, qui expulse injustement un brave défenseur.
Mais, comme toujours chez les Hellènes, l’orgueil est plus fort. Comme un parti anti-européen sorti de nulle part, Salpingidis surgit des profondeurs du banc et égalise, puis arrache l’équilibre budgétaire (10 contre 10). Avant que le capitaine du navire ne manque l’opportunité d’assainir le résultat… L’Europe devrait sérieusement revoir sa technique de séduction dans les Balkans du Sud.

Le match vu par… Socrate
Avant-match :
«Ceux qui désirent le moins de choses sont le plus près des dieux»
18e (ouverture du score par Lewandowski):
«Nul n’est méchant volontairement»
45e (expulsion de Papastathopoulos):
«Il vaut mieux subir l’injustice que de la commettre»
51e (égalisation super-moche de Salpingidis):
«Ainsi ce qui est utile est beau relativement à l’usage auquel il est utile»
70e (pénalty manqué par Karagounis) :
«L’amour seul connaît le secret de s’enrichir en donnant»
Coup de sifflet final :
«Une équipe (un homme) qui a besoin de points (faim) n’examine pas la sauce»

Écrit par Arnaud Antonin

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5 Commentaires

  1. Bonne 2ème partie.

    Par contre la 1ère est inutile, elle s’apparente au compe-rendu du torchon orange ou du 20minutes…

    Bonne idée la partie Socrates.

  2. Très bon article ! Merci !

    Petite pique concernant l’austérité.. Les Grecs ont-ils oublié qu’ils sont devenus champions d’Europe avec un entraîneur.. Allemand ?

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