Et alors ?

C’était à peine prévisible. A peine les JO terminés que la presse de notre beau pays s’est déchaînée – à juste titre – sur le minable bilan helvétique de cette campagne 2012. Bien entendu que la délégation suisse s’est montrée grotesque à défaut d’avoir été ridicule, mais les causes sont toujours les mêmes, et seront toujours les mêmes quatre ans plus tard. Cela dit, une, quatre ou cinq cents seize breloques, franchement, qu’est-ce qu’on en a foutre…

Certains pays ont du pognon et pas d’idées, d’autres n’ont pas un rond mais un énorme réservoir de matière grise. En Suisse pour le sport, on a ni l’un ni l’autre ; avec des structures de formation mises au point au moment où on mettait une sacrée branlée aux Autrichiens à Morgarten, pas étonnant que l’on rivalise avec l’Azerbaïdjan ou Trinité-et-Tobago. C’est vrai, Usain Bolt n’a pas la bourgeoisie de Poliez-le-Grand, le tennis ne comporte pas 78 différentes catégories, le hornuss et le lancer de la pierre d’Unspunnen ne font toujours pas partie des sports olympiques et le prochain Federer naîtra probablement aux alentours de 5321 après Jésus-Christ. Telles causes, tels effets.

Depuis que le sinistre Juan-Antonio Samaranch a imposé un virage mercantile aux Jeux Olympiques – mettant au passage l’idéal de Pierre de Coubertin aux chiottes –, l’approche n’est plus la même. Il n’est désormais plus vraiment possible de sourire – au pire de se moquer – aux exploits d’une athlète afghane qui court le 100 mètres en 52 secondes ou d’un nageur zambien auquel il a fallu lancer une bouée de sauvetage après 3½ brasses coulées. Maintenant, le capitalisme est devenu roi. Les JO se sont transformés en une gigantesque machine à fric où seules les performances comptent, transformant ainsi cette compétition en Championnats du monde bis. Pas une plainte communiste néo-révolutionnaire, juste un constat.

Le meilleur, avec mention

Dans ce contexte, chaque pays «industrialisé» se fixe des objectifs chiffrés. Pour la Suisse, c’était une place parmi les 25 meilleures nations au classement des médailles. Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs, vous avez échoué. Il faut donc passer à la caisse. Une caisse vide, forcément. Afin de rester crédible, notifions une interdiction totale de toute mention de diplômes olympiques, de certificats de 32es de finale, d’attestations de participation et autres conneries du genre. Si notre Roger national n’était pas passé à côté de sa finale, la situation aurait été inversée mais comment lui en vouloir après tout ce qu’il a accompli. Le voir ainsi contraint de poser avec sa médaille d’argent autour du cou, un sourire crispé et forcé aux lèvres, ça fait mal et cela relève du sadisme le plus abject qui soit. Saleté de JO !

Les Jeux, c’est aussi l’occasion de voir des disciplines aussi débiles que le pentathlon moderne, le BMX, la lutte, le hippisme ou le tir au pistolet. Le genre d’épreuve dont le simple mortel se fout éperdument mais qui prend soudainement une importance nationale des plus hypocrite sitôt qu’elle permet de rapporter une médaille. C’est l’occasion de jouer les spécialistes du dimanche en étalant sa science sur les aspects techniques et mentaux du beach-volley après avoir vu des reflets filmés d’une durée de 2 minutes chrono. C’est l’occasion de rester planté devant son tout nouvel écran plat 51 pouces sous prétexte qu’il fait soit trop chaud dehors, soit trop froid, ou alors les deux à la fois. C’est l’occasion de voir l’émergence de tous ces nationalismes exacerbés, chantant fièrement leur hymne la larme à l’oeil ou le torrent sur le visage. C’est l’occasion de voir concrètement en chair et en os – plutôt en béton et en métal – le montant de la dette abyssale contractée par la Grande-Bretagne dont ses concitoyens vont devoir se dépêtrer dans les prochaines décennies.

De l’argent qui ne vaut rien

Au final, combien ce grand raout de 2 semaines a-t-il rapporté à la Suisse ? En termes de notoriété et de visibilité, pas grand-chose. Dans quelques jours, les gens n’en auront plus rien à cirer du saut d’obstacle, ne se rappelleront plus du nom de la lauréate du triathlon féminin, et Roger Federer sera toujours Roger Federer. On peut aussi sérieusement douter du soudain engouement pour le hippisme, ce hobby (oui, hobby et non sport) élitiste restant réservé à une minime frange de la population qui en a l’intérêt ainsi que les moyens. Les VTT seront-ils en rupture de stock ? Pas vraiment. Quant au triathlon, il faut faire 3 sports en série ; déjà qu’un seul est suffisamment pénible comme ça. Aucune congestion en vue sur le réseau de pistes cyclables ainsi que dans les bassins. Bref, sitôt la cérémonie de clôture terminée, tout le monde est tranquillement retourné vaquer à ses occupations. Financièrement parlant, ça n’a pas d’importance puisque la situation n’évolue pas. Tout le noeud du problème est là : pas de fric, pas de médaille. On aura beau aboyer sur la médiocrité de nos athlètes, cela ne va rien changer. De toute façon on s’en fout : on a déjà passé à autre chose.

Il paraît que les derniers Jeux Olympiques d’été se sont déroulés à Londres ! Moi qui croyais que c’était à Paris… Et combien ils ont récolté de médailles les Suisses ? Quoi, seulement quatre ? Quelle bande de nuls !

Écrit par Mathieu Nicolet

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9 Commentaires

  1. Vous êtes aigri sur CR ou quoi ? 2e article pour descendre les JO.

    Evidemment que c’est une machine à fric, comme toute rassemblement, sportif ou non, qui génère de l’audience. Mais moi je me suis quand même éclaté devant bon nombre des compétitions proposées !

  2. Les Jeux, c’est aussi l’occasion de voir des disciplines aussi débiles que le pentathlon moderne, le BMX, la lutte, le hippisme ou le tir au pistolet

    Hahaha énorme ;-))

  3. Les Jeux, c’est aussi l’occasion de voir des disciplines aussi débiles que le pentathlon moderne, le BMX, la lutte, le hippisme ou le tir au pistolet

    Hahaha énorme ;-))

  4. Du pur CR. Y a du vrai: le nationalisme, les disciplines auxquelles on s’intéresse que pour les médailles, le fait que ça n’apporte rien à la Suisse (ni à aucun pays), si ce n’est à distraire les masses des vrais problèmes, le côté « Monsieur Je-sais-tout » de « Monsieur Tout-le-monde ».

    Mais y a aussi du carrément exagéré: heureusement que les JO se sont professionnaliser pour faire venir les meilleurs sportifs; et puis c’est cool de voir des disciplines comme le BMX ou le VTT, absents le reste de l’année. Evidemment, on évitera pas les sports chiants… mais peut-on exclure un sport du giron olympique parce qu’il est chiant?

    Dans les points noirs des JO, il y a quand même la part de triche évidente en boxe ou la disqualification dégueulasse des joueuses de badminton.

  5. Sports débiles
    c’est sur que football, handball, beach volley,
    tennis etc.. qu’on nous fourrent toute l’année sont tout aussi débiles et en plus sont des sports de tarlouzes gâtées

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