Une bienheureuse jubilaire

La Bundesliga entamera vendredi prochain sa cinquantième édition et a priori la quinquagénaire se porte bien : stades pleins, record d’abonnements dans 16 clubs sur 18, la plupart du temps après avoir dû refuser de nouveaux abonnés, finances saines, droits TV en forte hausse, résultats en progression avec une quatrième place bétonnée en Ligue des Champions, suspense et spectacle garantis, ambiances magnifiques… Présentation, en commençant par les principaux candidats à la relégation.

Fortuna Düsseldorf

De retour dans l’élite après 15 ans d’absence au terme d’un barrage rocambolesque contre le Hertha Berlin, le Fortuna Düsseldorf n’a guère eu le temps de savourer sa promotion. Il a d’abord fallu se battre en justice contre les Berlinois qui demandaient que le barrage soit rejoué en raison de l’envahissement prématuré du terrain par les supporters des Flingeraner. Ensuite, une fois les recours du Hertha rejetés, il a fallu reconstruire une équipe après le départ de nombreux cadres : le gardien Ratajczak, le défenseur central Lukimya, le meneur de jeu Beister, les buteurs Rösler et Bröker, le joker Jovanovic… De la colonne vertébrale de l’équipe qui a fêté la promotion, il ne subsistait plus guère que le défenseur central Langenecke, les latéraux van den Bergh et Levels et les milieux de terrain Fink et Lambertz. Autour, tout était à reconstruire mais le Fortuna n’a pas des moyens immenses pour assumer une promotion qui n’avait pas forcément été planifiée, trois ans seulement après avoir quitté la Dritte Liga.

Il y a bien eu une quinzaine d’arrivées mais la plupart des renforts sont des joueurs qui n’ont jamais vraiment réussi s’imposer en Bundesliga, à l’instar du gardien Giefer, ex-numéro 2 à Leverkusen, devenu numéro 4 après une ou deux bourdes, ou des attaquants Nando Rafael et Stefan Reisinger, remplaçants à Augsburg et Freiburg. A presque chaque poste, on peut avoir des sérieux doutes sur la capacité des joueurs concernés à s’imposer en Buli. Certes, il y a eu le transfert d’Andrei Voronin (ex-Leverkusen, Liverpool et Berlin), dont la roublardise et la capacité à conserver le ballon vont être précieuses. Mais on a vu lors du dernier Euro que l’Ukrainien n’avançait plus trop. L’entraîneur Norbert Maier a fait des miracles depuis qu’il a repris un club qui végétait dans le ventre mou de la Dritte Liga mais là, malgré l’euphorie de la promotion et l’immense engouement provoqué par ce retour dans l’élite, le défi s’annonce compliqué.

Départs : Ratajczak (?), Matuschyk et Bröker (Köln), Beister (Hambourg), Lukimya (Brême), Rösler et Schwertfeger (Aachen), Jovanovic (Duisburg).

Arrivées : Voronin (Dynamo Moscou), Malezas (PAOK Salonique), Wegkamp (Osnabrück), Müller (Bayern II), Reisinger (Freiburg), Du-Ri Cha (Celtic Glasgow), Rafael et Bellinghausen (Augsburg), Giefer (Leverkusen), Garbuschewski (Chemnitz), Paurevic (Dortmund II), Schahin (Fürth), Balogun (Brême II), Soares (Duisburg), Fomitschow (Wolfsburg).

Equipe type présumée : Giefer ; Levels, Malezas, Langenecke, van den Bergh ; Lambertz, Fink ; Cha, Voronin, Bellinghausen ; Reisinger (Rafael).

Pronostic : 18e

SpVgg Greuther Fürth

Dans ce qui est devenu la ligue de tous les superlatifs en terme d’affluences dans les stades avec plus de 45’000 personnes en moyenne par match la saison dernière, la présence du Greuther Fürth et de sa minuscule (bien qu’agrandie en hâte à 18’500 places) Trolli-Arena (!) fait figure d’incongruité. Pourtant, Kleeblatt a pleinement mérité sa promotion avec un titre de champion de Zweite Liga en produisant un football magnifique. Néanmoins, vu la modestie des moyens à disposition, la pérennité dans l’élite du 52ème club de l’histoire de la Bundesliga paraît douteuse dans une région désormais saturée d’équipes dans l’élite (Bayern, Nürnberg et Augsburg en Buli, 1860, Ingolstadt et Regensburg en 2. Liga). Fürth a toutefois pu garder son entraîneur à succès, Mike Büskens, pourtant très convoité. En revanche, deux héros de la promotion sont partis, le milieu de terrain Schröck et le buteur canadien Occean. Laisser partir ses meilleurs éléments et les remplacer par des joueurs inconnus et pas cher, cela fait des années que Kleeblatt fonctionne ainsi et cela ne l’a jamais empêché de squatter les premières places de la Zweite Liga. Sauf que là, on est monté d’un cran.

Il y a quelques éléments intéressants dans l’effectif : le défenseur Sobiech, prêté par Dortmund où il est pressenti pour remplacer à terme Hummels ou Subotic, le milieu offensif hongrois Stieber qui avait réussi une magnifique saison 2010-2011 à Aachen avant d’être freiné par une longue blessure, le prometteur demi axial Prib, l’international turc Sararer, l’international danois Mikkelsen, le buteur Nöthe, l’ancien Asamoah ou le globe-trotter sénégalais Fall. On peut compter sur Mike Büskens pour faire de son équipe une escouade qui sera bien organisée et difficile à bouger, il n’y a guère de doutes là-dessus. Et la pression sera moindre, le maintien serait sans doute fêté comme un miracle pour le club de la banlieue de Nuremberg. Néanmoins, l’absence de joueurs véritablement confirmés et décisifs pour la Bundesliga risque d’être un handicap important. A Fürth, on essaiera sûrement de prendre exemple sur un autre promu bavarois, Augsburg, qui, la saison dernière, avait obtenu son maintien avec un contingent présentant un peu les mêmes caractéristiques.

Départs : Rahn (Regensburg), Schröck (Hoffenheim), Schahin (Düsseldorf), Fejcic (Aalen), Baumgärtel (Aachen), Karaslavov (Botev Plovdiv), Occean (Eintracht Francfort).

Arrivées : Ohandza (Buriram United), Fall (Lokeren), Mikkelsen (Nordsjaelland), Ndoye (Volyn Lutsk), Sobiech (Dortmund), Pledl (Munich 1860), Petsos (Leverkusen), Hesl (Dresden), Hefele (Unterhaching), Stieber (Mainz), Baba (Asante Kotoko).

Equipe type présumée : Grün ; Nehrig, Kleine (Sobiech), Mavraj, Schmidtgal; Petsos, Prib; Sararer, Mikkelsen, Asamoah (Stieber); Nöthe.

Pronostic : 17e

FC Augsburg

La saison passée, Augsburg a obtenu un maintien auquel pas grand monde ne croyait, surtout lorsque le club se traînait à la dernière place du classement en début de championnat. Mais, malgré ce départ difficile, les Bavarois ont su faire preuve de sérénité et de patience, laissant l’entraîneur Jos Luhukay travailler en toute quiétude pour faire progresser l’équipe et en former un bloc soudé et très difficile à manier. Mais cette belle harmonie a été rompue au printemps dernier par l’arrivée d’un nouveau manager qui a voulu imposer ses vues en rechignant à prolonger les contrats de certains membres du staff de l’entraîneur Luhukay. Fâché, ce dernier a claqué la porte et s’en est allé au Hertha Berlin. Son successeur, Markus Weinzierl, reste sur un magnifique exploit en ayant amené Regensburg en Zweite Liga mais il est jeune (37 ans) et n’a aucune expérience à ce niveau : sa position pourrait vite être fragilisée si Augsburg devait mal entamer son championnat.

Le contingent lui paraît légèrement supérieur à celui de la saison dernière. La défense n’a quasiment pas bougé, le milieu de terrain perd les précieux Hosogai et Bellinghausen mais récupère deux éléments d’expérience avec le Tchèque Petrzela et l’ancien joueur du Bayern Ottl. L’attaque sort elle renforcée du mercato, puisque Hain, Mölders et Oehrl seront désormais épaulés par l’espoir d’Hoffenheim Musona et l’ancien Sédunois Sio, prêté par Wolfsburg. Mais le gros coup de l’été à Augsburg, c’est le retour en Bundesliga du soliste Aristide Bancé (ex-Mainz) après une escapade lucrative dans le Golfe. Le fantasque attaquant burkinabé, aussi imprévisible sur que hors du terrain, peut représenter un renfort intéressant par son jeu de tête et sa capacité à marquer des buts en étant complètement esseulé à la pointe de l’attaque. Après, reste à voir s’il pourra se fondre dans le collectif augsbourgeois. Si Markus Weinzierl parvient à inculquer à son équipe la même homogénéité et la même combativité que son prédécesseur, alors le FCA peut raisonnablement envisager un deuxième maintien consécutif. Si tel ne devait pas être le cas, alors les limites de l’effectif vont apparaître au grand jour et la saison s’annonce compliquée.

Départs : Bellinghausen et Rafael (Düsseldorf), Hosogai (Leverkusen), Sinkala (?), Kapllani (FSV Frankfurt), de Roeck (Leuven), Brinkmann (Cottbus), Ndjeng (Hertha), Gogia (St. Pauli).

Arrivées : Sio (Wolfsburg), Klavan (Alkmaar), Bance (Al-Ahli), Vogt (Bochum), Musona (Hoffenheim), Philp (Regensburg), Petrzela (Viktoria Pilsen), Ottl (Hertha).

Equipe type présumée : Jentzsch ; Verhaegh, Langkamp, Sankoh, Ostrzolek; Ottl, Baier (Callsen-Bracker); Musona, Koo (Hain), Werner (Sio); Bancé.

Pronostic : 16e

SC Freiburg

Lanterne rouge à Noël la saison passée, Freiburg semblait se condamner en laissant filer ses meilleurs éléments durant le mercato hivernal. Mais le miracle s’est accompli : avec un effectif rajeuni et sans expérience, les Breisgauer ont réussi un deuxième tour magnifique pour obtenir finalement assez facilement un maintien auquel personne ne croyait à Noël. Dès lors, pas question de modifier une recette qui a permis en même temps de récolter de l’argent sur le marché des transferts, de diminuer la masse salariale et d’améliorer les résultats. Freiburg mise donc sur la continuité et fait confiance aux jeunes joueurs, pour certains issus des juniors du club, et à l’entraîneur miracle Christian Streich, qui ont été chercher ce maintien inattendu.

Freiburg ne déplore aucun départ majeur et enregistre l’arrivée d’un espoir norvégien, Hedenstad, en défense et de deux milieux offensifs, l’espoir espagnol Calvente, et Max Kruse, lequel reste sur une très bonne saison à St. Pauli.  S’ils continuent sur leur lancée du printemps dernier, les Breisgauer peuvent réussir une bonne saison, surtout que les jeunes Baumann, Diagne, Ginter, Höhn, Sorg, Schmid et autres Caligiuri paraissent avoir une bonne marge de progression. Il n’en demeure pas moins que la stratégie fribourgeoise est à haut risque : les éléments d’expérience sont rares (Makiadi, Schuster, Krmas) et aucun des attaquants (Freis, Santini, Jendrisek et le fantasque Dembelé) n’a prouvé de manière indubitable qu’il valait plus de 5 buts par saison en Buli. Si Freiburg parvient à surfer sur la dynamique positive du printemps dernier, il peut assurer son maintien sans trop de problèmes. En revanche, au moindre accroc, blessures, manque de réussite, spirale négative, il n’y a guère d’éléments chevronnés dans l’effectif susceptibles de tirer l’équipe hors de la gonfle et le danger de relégation redeviendra bien présent.

Départs : Reisinger (Düsseldorf), Lumb (Zénith St. Pétersbourg), Barth (Aalen), Hinkel (?).

Arrivées : Calvente (Sabadell), Hedenstad (Stabaek), Kruse (St. Pauli), Terrazzino (Karlsruhe).

Equipe type présumée : Baumann ; Mujdza (Hedenstad), Ginter, Diagné, Sorg ; Makiadi, Schuster; Schmid, Kruse, Caligiuri (Calvente); Freis (Dembelé).

Pronostic : 15e

Écrit par Julien Mouquin

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3 Commentaires

  1. Toujours aussi sympa cette présentation de la Bundesliga.

    En ce qui concerne Fürth, c’est le point de départ de la ligne ferroviaire pour Cadolzburg (Hans Schaudi, Lieselotte,Lumpi,etc…) que l’on atteint après une trentaine de minutes à travers forêts et campagne. voilà pour la page géographico-culturelle

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