Roger Federer a fêté un quarantième anniversaire aux forts relents de funérailles tennistiques, Murat Yakin a gagné au loto, Vladimir Petkovic, Xherdan Shaqiri et Uli Forte ont été relégués dans les ligues mineures, alors que le mercato de Premier League a miraculeusement évité le courroux twitto-pharisaïque de Massimo Lorenzi. Bref, la trêve des mois de juvembre, juicembre et aoûvier (aussi appelée estivale dans certains lieux épargnés par la mousson) a été longue. Il n’y a finalement qu’à Paris où il ne s’est strictement rien passé. Gageons d’ailleurs qu’il ne s’y passera rien jusqu’en 2024 et la disparition scandaleuse du karaté de la liste des disciplines à l’occasion des Jeux de la XXXIIIème Olympiade. Fort heureusement, en ce qui concerne nos latitudes valdo-vaudoises, le club dont l’armoire à trophées est sponsorisée par Marie Kondo est de retour aux affaires.
L’avant-match
On attendait ça depuis la réouverture de son shop online le 19 août dernier (au moins). Elle est enfin de retour. « Elle », c’est bien sûr la dulcinée de toute la rédac’ (à l’exception notable de nos 13 collègues), la faramineuse, la fabuleuse, l’inouïe Champions Hockey League. Si les forces en présence cette saison ne vous sont pas encore familières, n’hésitez pas à aller jeter un œil ici et là. Oui, l’auto-promo reste un incontournable des colonnes de Carton-Rouge en 2021/22, faut bien payer les factures.
Le Saint Graal, ni plus ni moins.
Bref, on se réjouissait. Jusqu’au samedi 28 août et son désormais fameux Cardiffgate. Après avoir signé un hold-up que Steven Soderbergh et Alex Pina n’auraient certainement pas renié jeudi dernier en Finlande, les hommes du sosie de Michael Rosenbaum dans ses années Smallville se sont proprement vautrés au Pays de Galles. Oui, AU PAYS DE GALLES BON DIEU. Non, pas en pêl-law, en cnapan ou en bando (merci de nous avoir suivis, c’était notre pub mensuelle pour la rubrique des jeux du cirque). En hockey sur glace.
Certes, le HC Davos, les Växjö Lakers, Mountfield et les Graz 99ers d’Oliver Setzinger avaient déjà mordu la poussière à la Ice Arena (oh le sobriquet original que voilà !) en CHL par le passé, mais le LHC pourra se targuer d’avoir courbé l’échine face à une formation de Cythreuliaid Caerdydd littéralement faite de bric et de broc. En effet, les Devils sortent d’une saison blanche (la Elite Hockey League britannique avait posé les plaques en 2020/21), seuls 5 joueurs pré-covid font encore partie du cadre gallois, le nouveau contingent s’est réuni pour la première fois le 13 août dernier (probablement autour d’une tournée de scones à la marmelade et triple crème), leur seul match précédemment joué en cette année dépourvue de préparation estivale s’est soldé par une défaite 5-0 à domicile face à Mannheim et leur nouveau coach (un certain Jarrod Skalde dont le nom restera pour toujours synonyme de gloire éternelle sur les bords du Léman) ainsi qu’une partie de l’effectif étaient absents pour cause de « protocole covid ». Tout pour bien faire donc face à des Vaudois dont la suffisance n’était pas restée coincée dans l’ascenseur, elle.
C’est donc sur les traces d’un record – devenir la première formation défaite par Cardiff à domicile dans la longue et tortueuse histoire de la CHL – que les terrifiants Lions de Malley débutaient leur semaine européenne face aux serruriers de Rauma, avec le ferme espoir de trouver la clé qui ferait sauter le verrou nordique.
Le match en deux mots
Zéro-trois.
L’homme du match
Josh « tradez-moi » Jooris et son magnifique revers dans la lucarne de Tobias Stephan sur le 0-2 attribué au joueur le plus woke de Lukko Rauma Sebastian Repo (57ème). Si Svoboda hésitait encore, le transfert du fils de Mark est probablement acté à l’heure qu’il est.
Le tournant du match
La 30ème minute et la première pénalité sifflée par le quatuor arbitral de cette rencontre jusque-là fort amicale en termes de contacts appuyés. Quatre autres sanctions allaient suivre en l’espace de 10 minutes, rappelant soudain au public (qui avait probablement oublié les règles du hockey sur glace depuis le temps) qu’on n’assistait pas à une partie de tchoukball. Aurélien Marti n’allait d’ailleurs pas tarder à s’illustrer en se retrouvant à moins de 240 secondes de passer autant de temps sur le banc d’infamie que sur la glace au cours de la soirée.
Le moment que John Fust redoutait le plus: annoncer à ses 4 lignes de parade qu’il n’y aurait que 2 unités de power play.
Les orchidoclastes de service
Les trois buteurs finlandais.
Il y aurait même pu en avoir un quatrième si effleurer la peinture bleue du bout du patin ne suffisait pas à faire annuler une réussite en Champions Hockey League. Vous avez déjà vu un visage finlandais exprimer une expression quelconque ? Nous non plus. Un membre du staff de Lukko s’est tout de même méchamment approché de cet état émotionnel extrême lorsqu’il a littéralement bondi de son siège en tribune de presse pour protester contre cette injustice. On aurait même juré que certains de ses muscles faciaux s’étaient contractés au point de faire frémir son sourcil gauche.
Le joueur souffrant d’encéphalorectalite au retour des vacances
Non, il n’y aura pas de jeu de mots foireux aux dépens de Mikko Petman dans cette rubrique. Pour qui nous prenez-vous, voyons ?
Le chiffre à la con
390. Comme le nombre de secondes dédiées aux pauses publicitaires pompeusement appelées « power breaks » (oui, 65 secondes l’unité, c’est diablement précis). On ne peut s’empêcher de s’étonner qu’ils ne soient pas sponsorisés par Stefanos « flushing » Tsitsipas lui-même. La seule explication qui nous vienne à l’esprit est que leur durée totale n’est pas suffisamment impressionnante pour mériter l’attention du plus incontinent des joueurs grecs.
L’anecdote
En CHL, le meilleur pointeur de chaque formation répond au doux nom de LGT Top Scorer. A une lettre et six couleurs près, le siège alémanique de la compétition recevait des dizaines de lettres outrées de parents d’élèves vaudois les accusant de militantisme progressiste.
Et sinon, les tribunes étaient-elles remplies d’oligophrènes ?
Pas de heurts à déplorer malgré la présence de 3531 porteurs du certificat covid (dont 10 Finlandais) avides d’émotions fortes après pas loin d’une saison d’abstinence. Il est toutefois à noter que bizarrement, les contrôles d’identité vaccinale ennuient beaucoup moins les ultras que se faire tirer le portrait pour le trombinoscope de la police zougoise lors d’une rencontre à l’extérieur.
Devinez quel corps de métier kiffait le huis clos.
La minute tetracapilectomie
Couper les cheveux en quatre, c’est notre spécialité à la rédac’. Se donner beaucoup de peine, en avoir et nous en faire parfois un peu, c’est aussi dans les cordes du LHC, foi de témoin de scènes parfois innommables dans l’enceinte de feu le Centre Intercommunal de Glace de Malley entre 2004 et 2013. Ce soir c’est Joël Genazzi qui s’est rappelé à notre bon souvenir avec une passe sur l’ouverture du score adverse dont la version filmée fera assurément l’objet d’une restriction d’âge sur YouTube tant elle était épouvantable.
Nous tenons à rassurer nos fidèles lecteurs tenaillés par l’inquiétude, la minute Jonas Junland sera de retour dès le prochain épisode.
La rétrospective du prochain match
Rendez-vous demain sur les coups de 20 heures pour la venue de Brenden Mikkelson et ses potes dont la préparation face à Mannheim hier soir est d’excellent augure car extraordinairement similaire à celle qui avait précédé leur exploit du match aller (défaite 7-2 en Allemagne). Tous les feux sont donc au vert pour une démonstration galloise qui restera dans les annales.
On ne peut que s’incliner bien bas pour remercier un estimé collègue, enseignant de français émérite de son état, qui nous a soufflé quelques termes aussi pédants que tordants et dont on s’est évidemment sauvagement saisi pour nourrir nos rubriques pour cette première sortie de la saison 2021/22.
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