« Mettre l’accent sur le juste »

Cette nouvelle énormité sortie par l’entraîneur du LHC traduit bien le décalage irréel qui règne entre une équipe en totale déliquescence et un directoire en plein déni. Le fiasco enregistré à Martigny n’a donc servi à rien et les maux sont bien trop nombreux pour susciter le moindre optimisme au sujet d’une équipe qui va droit dans le mur.

Se faire battre au bouillant Forum est déjà, en soi, considéré comme une intolérable humiliation ; alors pourquoi ne pas mettre une deuxième fois le couvert ? De quoi définitivement valider le nouveau postulat du championnat : le LHC est passé du statut de favori à celui de simple faire-valoir. De quoi imaginer la larme à l’œil les improbables scènes de liesse populaire qui viendront sanctionner une extraordinaire mais hypothétique victoire en play-off contre un adversaire mieux classé que le LHC. Dramatique constat pour une formation aux ambitions assumées mais honteuses, dotée d’un budget que nul n’ose désormais évoquer. Au niveau des joueurs, l’apathie prévaut. A l’opposé, tout le monde voyait Ajoie lutter pour la huitième place des play-off. Au lieu de ça, les "amateurs qui se battent avec le ©œur" se promènent en tête du championnat. Et compte tenu de leur profondeur de banc, avec une proportion comparable de blessés que le LHC.

Mais sortez-vous les doigts du cul !

Ne nous inquiétons pas ! Les priorités sont bien établies dans l’organisation lausannoise. Il est d’abord très important de bien paraître, d’avoir l’air propre sur soi. Soignons les apparences, montrons-nous sous notre meilleur jour à l’aide de complets costard-cravate pour bien faire plaisir aux sponsors intérimaires du club se faisant servir champagne et petits fours par des aspirantes modèles en quête d’existence. Souvenons-nous avec une délicieuse nostalgie de l’ère Doug McKay, le premier à avoir lancé la mode du vestimentairement correct avec les résultats que l’on connaît…


Le LHC va tout faire pour ne pas se faire enfiler. Enfin, presque…

Si le monde du hockey a inévitablement changé entre aujourd’hui et il y a vingt ans, il est nullement stipulé que les interactions dans le triumvirat joueurs-dirigeants-fans doit nécessairement suivre la tendance de la course effreinée à la professionnalisation frénétique et outrancière. Les héros de la promotion de 1995 entretenaient une relation symbiotique avec les partisans ainsi qu’avec le directoire du club. En 2001, les joueurs étaient parvenus à se souder dans une adversité aux vertus néfastes. Actuellement, les joueurs lausannois sont hermétiquement encaqués dans un cocon ne tolérant plus la moindre déviation, le moindre excès, infoutus qu’ils sont à devoir assumer et rendre des comptes dans un collectif inexistant. Une barrière s’est insidieusement érigée entre deux entités qui furent longtemps indissociables. La communion s’est éteinte sous les coups de boutoirs d’une vision considérée à tort comme la meilleure, sans jamais en avoir obtenu la moindre preuve. Lors du dernier LHC – Chaux-de-Fonds, le seul qui ait daigné descendre au bar peuplé des derniers aficionados de la soirée fut le néo-Chaux-de-fonnier Julien Staudenmann… Au royaume des snobs, les starlettes sont reines.

Une gestion sportive extraordinaire

L’espoir fut de courte durée, mais surtout superficiel : le congédiement de John van Boxmeer a bien permis au LHC d’enregistrer une série intéressante mais attendue de succès, mais les défauts profonds d’un effectif bancal ont rapidement ressurgi. Gerd Zehnäusern est un gars sympa. Très sympa. Trop sympa même. N’ayant pas les épaules assez larges pour un commando sauvetage doublé du mandat d’une promotion déjà fortement compromise – tout en bénéficiant du célèbre pacte de non-agression intrinsèque dont jouit tout élément du club ou ayant marqué l’histoire du club –, le Valaisan a aussi montré ses limites dans le coaching. L’obstination maladive de maintenir la composition d’une ligne qui ne fonctionne pas (la première, ô combien décisive dans ce championnat), la propension à faire jouer certains joueurs contre nature et dans des mauvais rôles (à l’aile au lieu du centre et vice-versa, en situation défensive nonobstant toute prédisposition offensive), les innombrables erreurs effectuées dans la stratégie (ne pas sortir le gardien en double avantage numérique en tirant de l’arrière au score) sont parmi les principaux griefs que l’on peut légitimement adresser au successeur de "Boxy".
La direction sportive du LHC est de facto également coupable. Se séparer d’un gars prometteur qui tourne à plus d’un point par match avec le leader Ajoie sous prétexte qu’il a fait une saison en demi-teinte se révèle être une gigantesque connerie faite avec une précipitation inacceptable traduisant un amateurisme criant. Tout comme Barbero. Quant à Ulmer, une autre solution aurait bien pu être trouvée mais son engagement avec une formation de LNA montre la valeur du gars. Ajoutons aussi la fantastique gestion des gardiens, avec dans le désordre l’engagement d’un gardien au format mondial que l’on fait surjouer, l’envoi du numéro deux dans un club exsangue, nécessitant du coup un troisième gardien sans aucune compétition dans les jambes tout en faisant jouer un quatrième provenant de l’équipe-fanion genevoise. Un véritable exploit indigne d’une équipe dont l’arrogance n’a d’égal que sa suffisance. Ce cas illustre aussi les relations inter-dépendantes entre Lausanne et Genève qui devront être une fois pour toutes clarifiées. Dans les faits, rien n’a changé depuis le renvoi manu militari du précédent directoire lausannois.

Une équipe sans âme

Le recrutement ? Un échec consommé, résultat d’un manque évident de vision à long terme, de connaissance du marché, le tout en ignorant superbement le concept de "risque". On casse la tirelire pour Gailland ? Lausanne fait dans le recyclage, rien de nouveau sous le soleil… Une bien brillante idée, bien que sa blessure soit imputable à un gros manque de chance, mais là se situe la seule circonstance atténuante. Le Valaisan était tout de même privé de compétition durant un long moment, pas étonnant qu’il finisse à l’infirmerie alors qu’il devait encore se renforcer et peaufiner sa préparation physique. Le même constat peut être fait pour Seydoux et Helfenstein alors que leur état physique n’était un secret pour personne.


Lequel est le meilleur : celui de gauche ou de droite ?

Si certaines blessures peuvent, comme dit précédemment, être le fruit d’une certaine dose de malchance, la gestion du groupe sur le plan médical est également calamiteuse. En lançant dans le bain des joueurs encore non suffisamment remis – sans compter que certaines blessures sont la conséquence directe d’une préparation inadéquate –, le directoire lausannois a clairement échoué dans ce domaine. A force de trop vouloir tirer sur la machine lorsqu’elle surchauffe, ce sont les pièces les plus importantes qui pètent sans surprise. Toutes les autres formations possèdent un nombre largement inférieur d’éclopés alors que la charge de travail, sans compter les matchs, est comparable. Invoquer la scoumoune des Lausannois est une mauvaise excuse, une de plus, pour masquer les fautes inqualifiables de l’organisation du LHC.

14 avril 2005 revival

Le LHC possède une faculté unique – inique même – dans le milieu du hockey suisse : celui de réduire le potentiel de tout joueur à un niveau insoupçonné. Le dernier élément a en être victime est Thomas Déruns. Son passage au CP Berne a certes catalysé la modification, mais depuis la réaction en chaîne matérialisée par le choc mou contre un Setzinger accéléré, le Neuchâtelois n’est plus que l’ombre de lui-même depuis qu’il porte le maillot maudit du Lausanne Hockey Club. Dénicher des renforts se transformant en boulets, telle est la spécialité du club vaudois, et pas besoin de justifier des compétences en la matière pour confirmer la tendance d’une équipe dépourvue de meneur. Le LHC ne se fait pas mal, ne fait plus mal, mais fait mal à voir. A cinq matchs des séries, le LHC a mis toutes les chances de son côté pour avoir un quart de finale hideux et pouvoir compromettre cette fameuse montée en puissance. A contrario, nous nous référerons a ce qu’a dit Sacha Weibel dans le 24 Heures : "Il y a autant de pression négative ici que chez le perdant des play-out qui se retrouve en barrage". La panoplie d’excuses bidons est donc déjà toute prête en vue d’être ressortie lors du futur naufrage lausannois.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Langenthal 0-4 (0-1 0-0 0-3)

Malley, quelques masos çà et là.
Arbitres : MM. Mollard ; Huggenberger et Zimmermann.
Buts : 12e Carbis (Guyaz) 0-1, 45e Carbis (Tschannen, Müller) 0-2, 52e Lüssy (Kämpf) 0-3, 54e Kämpf (Moser) 0-4.
Pénalités : 1 x 2′ contre Lausanne ; 4 x 2′ contre Langenthal.
Lausanne : personne.
Langenthal : Eichmann; Müller, Schefer; Guyaz, Cadonau; Leuenberger, Bucher; Minder, Wolf; Lemm, Dommen, Kelly; Tschannen, Bodemann, Carbis; Hobi, Lüssy, Moser; Kämpf, Meyer, Schnyder.
Notes : Langenthal sans Campbell (blessé).

Écrit par Alexandre Krimine

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4 Commentaires

  1. Bel article qui résume notre sentiment de supporter du LHC.

    Espérons que la machine se mette en route même si à 2 semaines des play-offs ont peu légitimement avoir certaines craintes !

  2. Excellente analyse très pointue et sans complaisance d’un grand malade autour duquel gravitent une nuée de pique-assiette, de profiteurs et de vautours, qui il faut bien le dire, sont alimentés par la crédulité de fidèles supporters dont je fais (pour combien de temps? ) encore partie. Cela fait la huitième saison que l’on nous sert la même rengaine, cette fois-ci c’est la bonne, promis juré! Résultat : chaque saison nous offre son lot de déconvenues diverses et variées àu fur et à mesure que le budget augmente, financé en partie par des supporters qui doivent débourser 5 francs pour une bière microscopique! Conclusion : Messieurs les dirigeants, prenez la mesure de votre incompétence qui n’a d’égal que votre arrogance et présentez votre démission, les supporters en ont marre d’être pris pour des imbéciles, doublés de vaches à lait!

    Remettons les pieds sur terre, et surtout un peu d’humilité dans cette organisation, cette fois-ci, la coupe est pleine!

    À bon entendeur, salut!

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