Il faut de tout pour faire un Mondial

Vendredi passé et ce mardi, le monde s’est rapproché d’un événement attendu – comme à chaque fois – depuis trop longtemps. Si l’excessive durée de ces éliminatoires vous a fait perdre le fil, ou si vous étiez occupés à encadrer votre copie du certificat médical de Zahia sur votre cheminée, entre votre poster de Georges Bregy et votre buste de Marco Grassi, CartonRouge.ch a sélectionné pour vous les faits marquants de ces tours éliminatoires.

Les billets validés

– L’Italie a composté son ticket pour le Brésil, avec deux victoires sur la Bulgarie d’abord, puis la Tchéquie, pour couronner une campagne de qualification gérée à merveille. Les deux adversaires battus par les Transalpins étaient aussi les deux seuls à leur avoir fait perdre des points jusqu’alors.
S’il ne fallait retenir qu’une action, il s’agirait bien évidemment de la parade sensationnelle de Gigi Buffon face à la Bulgarie. Après les inusables Dino Zoff et, plus récemment, Gianluca Piagliuca, Buffon prouve que les portiers de la Squadra s’accrochent plus à leur poste, et résistent mieux aux changements de boss, que les chefs de services du gouvernement valaisans.
Vu le niveau affiché par Gigi, et en partant du principe qu’il le maintienne, on mettrait bien une pièce sur lui pour devenir le premier portier quinquagénaire à disputer une Coupe du Monde, ou, au moins, le Thomas N’Kono européen.
– Egalement qualifiés dans la Zone Europe, les Pays-Bas ont sans doute livré leur plus pauvre «back-to-back» en éliminatoires depuis des années. Après avoir frisé la correctionnelle en Estonie (égalisation sur pénalty de Van Persie à la 93ème), les Oranjes se sont tranquillement imposés, en joggant, sur la pelouse d’Andorre, grâce à un doublé de ce même RVP. Ça suffit pour le Brésil, mais le temps où les Néerlandais mettaient des baffes à toutes les équipes affrontées en qualifs semble révolu. Au Brésil, il faudra absolument désactiver le mode économie d’énergie activé cette semaine, sous peine de grosse désillusion.
– Autour du monde, on notera la qualification de l’équipe méga-exotique de la zone  CONCACAF. Le Costa Rica succède ainsi à nos bourreaux honduriens, à Trinidad-et-Tobago et à la Jamaïque. A noter que le Mexique – en difficulté – est à la lutte pour une place de barragiste (contre la Nouvelle-Zélande) avec, justement, la Jamaïque.
Sont qualifiés : Argentine, USA, Costa Rica, Japon, Corée du Sud, Australie (nouvellement asiatique), Iran, Brésil (organisateur) et, donc, Pays-Bas et Italie.

Ils ont 9 orteils dans l’avion

Dans cette catégorie seront regroupées les équipes qui, par un contretemps lié au calendrier, une infime possibilité mathématique ou le hat-trick d’un joueur de l’AZ Alkmaar, ne sont pas encore officiellement qualifiés. Mais le seront tout bientôt :
– La victoire 2-0 des Belges en Ecosse fait probablement, à l’heure actuelle, de Marc Wilmots le sélectionneur actif au meilleur bilan comptable. En effet, sous sa direction, les Belges ont remporté près de 92% des points qu’ils ont disputés en match officiel. Certes, il s’agit de la première campagne du «Taureau de Dongelberg» à la barre et l’échantillon est un peu limité pour être sérieusement pris en compte. N’empêche, la stat impressionne et annonce la couleur, il faudra se méfier des Belges.
Il faut aussi l’admettre, leur vie a été facilitée par le buteur… d’Anderlecht, Mitrovic, qui a permis aux Serbes de tenir les Croates en échec. A noter que ce joueur est le transfert entrant le plus cher de l’histoire du championnat belge (5 millions d’euros, soit le prix d’une chaussette de Gareth Bale, selon les normes du Real Madrid) et que le Pays de Galles de Gareth Bale ferme justement la marche dans ce groupe. C’est beau, la démesure…
– En venant à bout d’une des techniques défensives les plus dangereuses d’Europe, j’ai nommé la brume recouvrant en permanence l’aéroport de Thorshavn, aux Féroé, les Allemands ont quasiment validé leur ticket pour le Brésil et se retrouvent dans la position du type qui attend sa monnaie au péage pour y aller. Sauf double gigantesque catastrophe face à une équipe d’Eire sans sélectionneur et en Suède (mais, la catastrophe doit être pire que celle du match aller, c’est dire), c’est gagné. On s’en réjouit, un Mondial sans Allemands, c’est un peu comme une Birkenstock sans chaussette, ça pue.
– Vous le savez tous ! Et pour notre plus grand plaisir, la Suisse est quasiment qualifiée, et ce, malgré un nul affligeant concédé face à l’Islande. La troupe à Ottmar n’a pas flanché en Norvège. Et heureusement. En prime, la Nati s’est découvert un buteur providentiel en la personne de Fabian Schär. Mais quand on voit que le but de l’Islandais Sigthorsson et la plus grosse occasion norvégienne viennent de ses approximations défensives, on peut se demander si le jeune Fabian ne serait pas encore plus pratique en pointe ?
– Champions d’Europe, du Monde et de la Galaxie en titre, l’Espagne est venue à bout – poussivement – de la Finlande et profite du nul de la France en Géorgie pour se faire une place tranquille dans un groupe quasi aussi faible que le nôtre. Certes, mathématiquement on n’y est pas encore, mais il paraît impossible qu’une équipe de France avec un match en plus et une confiance en berne ne puisse perturber les Ibères. Tant mieux, un Mondial sans le champion sortant, c’est un peu comme un mojito sans paille, dur à avaler.

Ils devront se battre

– En regardant le classement, le groupe F parait plus serré qu’il ne l’est. Heureusement, un coup d’œil au calendrier permet d’y voir plus clair. En tête avec un point d’avance sur le Portugal, la Russie devra se contenter de rester sérieuse en octobre, au moment d’affronter le Luxembourg et l’Azerbaidjan, afin de confirmer sa présence au Brésil. Les Russes ont cependant déjà montré d’importantes baisses de régime par le passé (notamment en perdant en Irlande du Nord) et il est de notoriété publique qu’ils supportent beaucoup moins bien la pression que la vodka. Toujours est-il qu’un minimum d’application devrait leur suffire. Deuxième, le Portugal  – équipe d’un seul homme (parfaitement coiffé, en plus) –  sera, comme la France, une équipe à éviter en barrages.
– Situation quasi identique dans le Groupe G, où la Bosnie et la Grèce sont à égalité en tête du classement et ont fait le trou sur leurs poursuivants. Cette intéressante opposition de styles entre l’attaque hyperactive des Bosniens et le jeu soporifique des Hellènes devrait néanmoins tourner en faveur des premiers nommés. Avec une différence de buts nettement à leur avantage (+20 contre +5 aux Grecs) et un calendrier les opposant successivement au Liechtenstein et à la Lituanie, on voit mal ce qu’il pourrait arriver aux coéquipiers d’Hajrovic. A moins que les Grecs ne trouvent aussi subitement le moyen de marquer des buts que notre Nati a trouvé le moyen d’en encaisser vendredi, une première qualification à un événement majeur est dans la poche pour la Bosnie.
– Angleterre, Ukraine, Pologne et Monténégro sont encore en lice pour une qualification à deux journées de la fin. Autant dire que le suspense sera insoutenable dans un mois. Le calendrier semble être plus favorable à l’Ukraine, mais l’Angleterre a encore toutes les cartes en mains. Le choc Angleterre – Monténégro se déroulera le même jour qu’Ukraine – Pologne, autant dire qu’on en saura déjà beaucoup plus à l’entame de la dernière journée. Ça n’y changera rien, et tout le monde s’en moque, mais mon soutien ira aux Anglais, pour ce bon vieux Roy Hodgson et parce qu’un Mondial sans Anglais, c’est comme une bière sans gaz… imbuvable.

Écrit par Arnaud Antonin

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3 Commentaires

  1. Et encore un article super sympa, plein de pertinence, d’humour et de petites piques savoureuses ! Faites plaisir ces temps, les gars, je trouve ! Après un gros passage à vide, CartonRouge retrouve toute son énergie et tout son mordant ! Superbe ! C’mon !

  2. Dommage que vous ne traitiez pas des qualifs en Afrique : parce que le Maghreb s’est fait entuber (Tunisie et Maroc sont out), l’AfSud a encore une fois déçu, le Cap Vert a confirmé sa bonne CAN 2012 et les gros sont là : Egypte, Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Algérie, Sénégal, Cameroun pour en découdre dans un 2e tour décisif.
    Il reste 5 matches (aller/retour) pour désigner les 5 qualifiés africains.
    les 10 vainqueurs de poules :
    l’Egypte, la Côte d’Ivoire, l’Algérie, le Sénégal, le Nigeria, le Burkina-Faso, le Ghana, l’Ethiopie, le Cap-Vert et le Cameroun.
    Tirage des play-offs : le 16 septembre 2013.

  3. Curieux rebondissement hier : le Cap Vert a perdu son match sur tapis vert (3-0) ayant aligné lors de sa victoire à Tunis un joueur suspendu. la Tunisie is back in game.

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