Qui vivra Evra

Trois. Soit le tour de poitrine (en mètres) de Serena Williams, le nombre d’heures que passe quotidiennement CR7 dans sa salle de bain, ou encore le pourcentage de chances de voir le LS en Super League la saison prochaine. C’est aussi le nombre de voix qui a finalement départagé Sacha Weibel et Patrice Evra, le grand gagnant du mois d’octobre.

A l’image de l’équipe de France, le défenseur des Bleus a attendu d’être acculé dans les cordes avant de porter l’estocade dans les dernières minutes. Et ça a passé ! Avec 443 voix, le meilleur pote des médias français remporte l’édition d’octobre du Pigeon d’Or. Pour Sacha Weibel c’est encore raté. Pour sa deuxième tentative, le top-model préféré de Malley avait pourtant mis la sauce : communication désastreuse, méthodes cavalières, dialogues belliqueux, mépris cordial envers la populace lausannoise et étouffement de toute forme de contestation. Avec 440 suffrages, le bellâtre réussit néanmoins l’exploit de finir le meilleur deuxième de toute l’histoire du Pigeon d’Or. Et pour le battre, il fallait du lourd. Du très lourd. Un mec capable de rétamer à lui seul Sylvester Stallone, Steven Seagal, Schwarzie et Chuck Norris, ainsi que l’armée entière des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine réunies ; un gars capable de soulever Pierre Ménès et Guy Carlier avec son annulaire gauche ; un type qui ne bouge pas d’un millimètre lorsqu’il se prend quatre typhons Haiyan en pleine poire. Cette star, c’est Patrice Evra en personne.Admettons que les médias français ne sont pas réputés pour faire preuve de retenue au moment d’ouvrir la boîte de pandore avec une bombe H avant d’allumer une bougie de réchaud à l’aide d’un lance-flamme, le tout avec l’élégance d’un rhinocéros débarqué en plein bal de Vienne. Au moment où l’équipe de France péclotait en qualifications, les critiques ont plu, inondant l’opinion générale de propos particulièrement secs. Cela ne saurait toutefois disculper le défenseur mancunien de ses sorties édifiantes.
Tout avait commencé en 2010, lors de la Coupe du Monde sud-africaine. La bande à Raymond nous sort un premier tour digne de sa campagne nippo-coréenne et sort la tête basse, sans manières ni panache. Dans l’adversité, les Bleus implosent sous le coup d’un putsch fomenté notamment par Patrice Evra. Le clash est bruyant, grotesque, irréel. La présumée unité de la France black-blanc-beur vole en éclats et doit se rebâtir une crédibilité ; merci Patrick.

Le souci est que la reconstruction d’un édifice passe par de nouvelles fondations. En conservant un élément qui gangrène un collectif de par son manque de talent couplé à une attitude exécrable, les successeurs d’un autre pigeondorisé ont placé leur effectif dans une position des plus inconfortable, devant se farcir un barrage casse-gueule contre la république soviétique d’Ukraine. L’intouchable Espagne avait beau faire partie de leur groupe, les (festivals de) nuls de la France n’ont à aucun moment suggéré un quelconque optimisme. C’est donc au plus fort de la tempête que Patrice Evra a décidé d’alimenter cette dernière en s’en prenant directement à la presse hexagonale.
Dans un entretien accordé à Téléfoot, le défenseur s’est d’abord mis en mode vierge effarouchée en geignant sur les méchants commentateurs trop pas gentils et leurs vilaines remarques à son encontre. La strarlette montre ensuite les crocs en menaçant de représailles les vils coupables. Puis vient le moment d’attaques plus ciblées : Luis «Fernandel» Fernandez se croit à Eurodisney quand il visite Old Trafford en plus d’être un suceur de Chupa Chups. Lizarazu n’a pas son palmarès et il ne lui a pas serré la main lors de son intronisation en équipe de France, Pierre «Menez» Ménès est incapable de faire 8 jongles et Rolland «Tournevis» Courbis ne sait rien faire d’autre que parler. Finalement, Patrice Evra se met en mode Marie-Josée Pérec version Sydney 2000, que le problème c’est eux, les Chinois du FBI, et que s’ils n’arrêtaient pas, il allait leur péter sa gueule. Du grand art couplé à un comportement d’un gamin de 6 ans et demi éduqué par des racailles de banlieue.
Au-delà des reproches adressés à ses détracteurs, c’est surtout l’intelligence des propos, leur justesse et leur crédibilité qui détonnent. Une tirade toute en profondeur articulée avec la délicatesse d’un concerto de piano joué avec des gants de boxe. De quoi mettre tout le monde dans sa poche et de partir l’esprit serein au Brésil en ayant fait table rase. S’il avère peu probable que les Bleus remportent le titre mondial, Patrice Evra s’en contrefout puisqu’il pourra au moins se targuer d’avoir remporté le

Pigeon d’Or d’octobre

Avant même d’avoir mis les pieds en Amérique du Sud. Et c’est tout de même un bel accomplissement pour celui qui est aujourd’hui aussi populaire que François Hollande et Mickaël Vendetta réunis dans ce si beau pays qu’est l’Hexagone.
Classement final :
1. Patrice Evra : 443 votes – 43 %
2. Sacha Weibel : 440 votes – 42.7 %
3. Michel Decastel : 42 votes – 4.1 %
4. Fatih Terim : 41 votes – 4 %
5. Michel Zeiter : 33 votes – 3.2 %
6. Mario Gavranovic : 21 votes – 2 %
7. Thorsten Fink : 10 votes – 1 %
Nombre de votes : 1030

Écrit par Alexandre Krimine (texte) et Robert Johanson (dessin)