TDF 2019 : étapes 1 à 10

Une fois n’est pas coutume, Carton-Rouge s’est fixé l’objectif de vous faire vivre le Tour de France 2019 sous un angle différent, sous un angle typiquement roman(d). On attaque, on tombe, on se moque et on profite de la première journée de repos, un verre de rosé à la main sur le Léman, pour vous résumer les dix premiers jours de la prétendue plus grande course du monde.

1. Bruxelles –> Bruxelles : 194,5 km

Le Tour de France s’élance de Belgique pour honorer les 50 ans du premier triomphe d’Eddy Merckx sur la Grande Boucle. Le vainqueur du dernier Dauphiné Jakob Fuglsang chute à 18 kilomètres de l’arrivée, saigne du visage mais rentre grâce à l’aide de ses équipiers. Dans l’emballage final, c’est au tour de Dylan Groenewegen, le meilleur sprinteur du monde actuel, d’aller tâter le bitume. Du coup, c’est son poisson-pilote Mike Teunissen qui s’impose d’un boyau devant Peter Sagan pour décrocher le premier maillot jaune de ce Tour 2019. La victoire d’un inconnu néerlandais sur ses terres bruxelloises ne fait pas d’ombre au Cannibale Merckx. L’essentiel est préservé.

2. Bruxelles Palais Royal –> Bruxelles Atomium : 27,6 km (c.l.m par équipes)

La seconde étape voit une première explication de texte entre les favoris avec un contre-la-montre par équipes organisé dans les rues de Bruxelles. Si tous les meilleurs font à peu près jeu égal sur la ligne, l’équipe Jumbo-Visma, euphorique depuis la veille grâce au succès de Teunissen, écrase le chrono à 57 km/h de moyenne. Deuxième succès en deux jours pour les Geel néerlandais, et non les Oranje comme en football pour éviter toute confusion ! Mike Teunissen conforte son maillot jaune, Dylan Groenewegen rêve du vert quand Steven Kruijswijk ambitionne la victoire finale à Paris. L’éléphant Jumbo nage en plein délire. Ce qui n’est pas le cas de Romain Bardet, relégué loin d’entrée au classement général par la faute d’une équipe AG2R des plus bancales.

3. Binche –> Epernay : 215 km

Julian Alaphilippe avait prévenu dès le départ du Tour. Il mettrait toute son énergie dans cette troisième journée au parcours digne d’une Flèche Wallonne qu’il affectionne afin d’aller chercher étape et maillot jaune. Problème : déjà relégué à 31 secondes du leader Teunissen, le gain de l’étape au sprint ne lui suffira vraisemblablement pas pour prendre conjointement les commandes du classement général. Alors il prend le risque de tout perdre en partant de loin, à 16 kilomètres du but, en numéro un mondial, dans la côte terrible de Mutigny, à 12% de moyenne. Personne ne le suit à la pédale. L’Auvergnat insiste, dévale les toboggans des vignobles marnais pour couper seul la ligne d’arrivée sur les hauteurs d’Epernay. Il braque en costaud l’étape, le maillot jaune et la caisse de champagne. Chapeau l’artiste !

Dans un remake des Ardennaises, exploit monumental de Julian Alaphilippe à Epernay !

4. Reims –> Nancy : 213,5 km

Un jour après la bataille de la Marne et la prise de pouvoir sans concession de Julian Alaphilippe, une longue étape sans intérêt se déroule en région Grand Est. Dans le final vers Nancy, Lilian Calmejane tente une « Alaphilippe » mais l’Albigeois reste davantage doué pour aligner les stories instagram que les succès prestigieux. Au sprint, Elia Viviani décroche sa première victoire sur le Tour de France. Place Stanislas, l’Italien entre dans le club prestigieux des vainqueurs sur les trois Grands Tours. Après les deux triomphes de Jumbo-Visma, c’est au tour de la Deceuninck-Quick Step de signer son doublé. Toujours proche de ses terres belges, le Wolfpack reste affamé.

5. St Dié des Vosges –> Colmar : 175,5 km

La Grande Boucle arrive en Alsace et dans les premiers contreforts vosgiens. On croit à la réussite de la première échappée massive sur ce Tour. Mais les équipes de sprinteurs ne l’entendent pas de cette oreille. Après une année compliquée marquée par des résultats décevants et un divorce rocambolesque avec sa belle Katarina, Peter Sagan souhaite réapparaître au firmament. Il fait rouler toute la journée son équipe Bora-Hansgrohe pour s’imposer au sprint sans la moindre contestation possible. Sur la ligne, tout de vert vêtu, il mime de nouveau L’Incroyable Hulk. Le coureur le plus charismatique au monde est de retour au sommet. Il visera bien un septième maillot vert à Paris.

Peter Sagan avec son masque de plongée replonge dans le grand bain à Colmar.

6. Mulhouse –> La Planche des Belles Filles : 160,5 km

Fini de blaguer. La montagne arrive avec les plus grands cols vosgiens au menu de cette sixième étape. En régional de l’étape, Thibaut Pinot a fait garder ses animaux à la ferme pour mieux faire le show sur ses pentes. Alors que tout le monde voit Julian Alaphilippe craquer à la Planche, c’est lui qui démarre en patron dans le dernier kilomètre non bitumé. Seul Geraint Thomas et Thibaut Pinot parviennent à le suivre sur ce chemin en terre digne des Strade Bianche. Mais au sommet, l’Auvergnat doit rendre son maillot jaune pour six misérables petites secondes à Giulio Ciccone, le fils caché de Madonna échappé en compagnie de Dylan Teuns qui s’impose dans l’indifférence générale des belles filles répandues au sommet.

7. Belfort –> Châlon sur Saône : 230 km

L’étape la plus longue de ce Tour de France 2019 est aussi la plus ennuyeuse. Stéphane Rossetto et Yoann Offredo, spécialistes des échappées publicitaires comme des punchlines bien placées, tentent de tuer l’ennui à l’avant de la course. Une nouvelle fois, ils ne sont pas récompensés de leurs efforts. A Châlon sur Saône, c’est Dylan Groenewegen qui l’emporte d’un rien face à Caleb Ewan. La Jumbo-Visma signe là son troisième succès en une semaine. Julian Alaphilippe, frustré d’avoir dû laisser son maillot jaune la veille à Giulio Ciccone, prépare déjà la riposte en sous-sol. Romain Bardet, l’autre Auvergnat du peloton, s’interroge lui avec sa philosophie caractéristique sur sa forme précaire au cœur d’une saison compliquée.

8. Mâcon –> Saint Étienne : 200 km

Entre Saône et Loire, voici une prétendue étape de transition. Il n’en est rien puisque les monts du Lyonnais arpentés sous une chaleur accablante proposent quasiment le même dénivelé qu’une étape de montagne. Thomas De Gendt, le meilleur baroudeur du peloton, l’a bien compris. Il s’échappe en compagnie de trois autres coureurs dont il se débarrasse tour à tour. Dans la côte de la Jaillère, à 13 kilomètres du but, Julian Alaphilippe reproduit le coup d’Epernay. Ce coup-ci, seul Thibaut Pinot l’accompagne, ce qui ne convient visiblement pas à Jakob Fuglsang qui accuse les deux Français d’avoir été remorqués par une moto de la télévision. A Saint Étienne, De Gendt s’impose in extremis devant Pinot qui devient le premier des favoris et Alaphilippe qui retrouve le maillot jaune.

Pinot et Alaphilippe partagés entre le braquage du maillot jaune et l’amour de jeunesse.

9. Saint Étienne –> Brioude : 170,5 km

Le Tour de France arrive chez Romain Bardet, l’homme qui annonce haut et fort depuis 2017 vouloir gagner la Grande Boucle, mais qui ne remporte plus la moindre course de prestige depuis. Pour se remettre dans le sens de la marche, l’intellectuel de Brioude effectue une pâle attaque dans la côte finale de Saint Just qu’il connaît pourtant comme sa poche. Mais n’est pas Julian Alaphilippe ou Thibaut Pinot qui veut ! La victoire se joue devant et à ce jeu-là, c’est le Sud-Africain Dayl Impey qui s’impose échappé. Il dédie sa victoire à Roger Federer en train de ferrailler au même moment sur le Centre Court de Wimbledon en finale contre l’imbuvable Novak Djokovic. Mauvais présage.

10. Saint Flour –> Albi : 217,5 km

Roger Federer a laissé échapper à Londres un 21ème Grand Chelem la veille sans la moindre explication rationnelle, ce qui a plongé toute la Suisse et ses supporters aux quatre coins du monde dans une immense dépression. La Groupama-FDJ à forte consonance helvétique n’échappe pas à la sanction. A 35 kilomètres d’Albi, un coup de bordure conjoint des Ineos et des Deceuninck-Quick Step piège l’équipe de Thibaut Pinot. Le Français perd 1 min 40 dans l’opération et voit ses rêves de triomphe à Paris s’envoler brusquement. Devant, Wout Van Aert s’impose face aux meilleurs sprinters du monde. C’est le quatrième bouquet récolté par la Jumbo-Visma en dix jours. Vous avez dit razzia ?

A propos Thierry Bientz 47 Articles
Après avoir parcouru 250 000 kilomètres à vélo en 20 ans, j'ai décidé de prendre un peu la plume pour raconter le cyclisme...

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