Neuchâtel Xamax : l’improbable défaite

5.8, c’était la cote pour une victoire de YF Juventus face aux Xamaxiens sur Sporttip. La 2ème plus grosse de ce dimanche sportif. Il y a d’ailleurs fort à parier qu’aucun pronostiqueur n’a tenté ce coup là. Et pourtant…

Evoluant avec une défense quelque peu remaniée et un duo d’attaque Coly – Bieli pour l’occasion, les rouges et noirs s’efforçaient timidement d’entrer dans la partie et de faire tourner le ballon. Sans grand enthousiasme ni inspiration toutefois, ce qui laissa présager que le match de Bellinzone avait laissé des traces. En face, les Zurichois très regroupés se contentaient avec un certain brio de maintenir les Neuchâtelois à distance raisonnable de leurs buts et de profiter des approximations à mi terrain. Pêchant par manque d’initiative et de vitesse, c’est donc sur coups de pieds arrêtés que les Xamaxiens parvenaient à se montrer les plus dangereux. L’excellent Szlykowicz enroulait les coups francs les uns après les autres, sans pour autant que Mangane ni Coly ne puissent toucher le cuir et inquiéter Leite, le portier des autres «Jeunes Gars» du championnat. D’excessivement appliqués, les Xamaxiens devenaient progressivement brouillons, comme tétanisés par un sentiment d’impuissance naissant. Ni la tête de Bieli (29e) ni la frappe de Munoz (31e) ne pouvaient libérer les pensionnaires de la Maladière, pas plus, d’ailleurs, que la ribambelle d’autres occasions souvent gâchées soit par précipitation soit par manque de communication (soit des deux en même temps). On retrouvait ainsi régulièrement deux voire trois Xamaxiens en embuscade sur une même trajectoire, mais personne juste derrière ni à l’orée des 16 mètres pour récupérer le ballon dans l’espace libre. Une précipitation et une envie de bien faire coupable qui n’eurent que le don de galvaniser des outsiders qui sentaient que l’incroyable pouvait se produire… Symbole d’une première mi-temps en decrescendo pour Xamax, les arrêts de jeux voyaient un certain Quaresima obtenir la meilleure occasion du match et obliger Zuberbühler à se coucher très rapidement, exercice dans lequel notre portier national se montre toujours très à son aise.

Et l’incroyable se produisit. A peine après le thé, sur une séquence anodine, ce même Quaresima, décidément très en vue, avait une intuition géniale. Voyant Zuberbühler comme souvent avancé de plusieurs mètres, il tentait une frappe à 35 mètres. Le géant thurgovien pouvait reculer, en vain. Le geste de l’Italien était parfait et finissait sa course dans la lucarne. Le début d’un long cauchemar pour les 4’300 spectateurs.
C’était dès lors parti pour un festival offensif «Pearl Harbouresque». Baettig, Bieli, Coly, Szlykowicz, Mangane et Nuzzolo (dans l’ordre croissant de l’énormité de leur occasion) s’inclinaient de manières diverses et variées au plus grand désarroi d’une maigre assistance qui ne savait plus quels cheveux s’arracher. Le mérite des hommes de Castella aura été de se révolter plutôt que de se résigner. La moindre des choses face à un club d’amateurs au budget 20 fois inférieur. Mais les bonnes intentions ont cela de cruel, c’est qu’elles se montrent d’une inefficacité rageante et parfois pathétique tant que la panique prend le dessus. Le jeu ultra stéréotypé des Neuchâtelois aura donné l’impression d’un match lassant et d’une équipe xamaxienne volontaire mais sans doute fatiguée. Fatiguée de ne pas savoir comment prouver sa supériorité sur le tableau d’affichage. Fatiguée de nier ressentir la pression d’un Kriens harcelant. Fatiguée enfin d’évoluer face à des équipes regroupées en défense et jouant (avec raison) l’opportunisme.
Sur ses cinq dernières rencontres, Xamax n’a gagné que deux matches. Trop peu pour un prétendant à la première place. Plus grave encore, la dernière victoire «facile» des Xamaxiens (comprenez par deux buts d’écart ou plus) remonte à la 12ème journée, c’était le 28 octobre 2006, face à Winterthur.
Après avoir frisé le code à plusieurs reprises, Xamax voit cette fois la 2ème place lui échapper, et la 1ère s’éloigner encore plus. Peut-être ne fallait-il rien d’autre qu’un hold-up dans son joyau pour enfin créer un réel sentiment de révolte et rendre plus humbles ceux qui étaient clairement les favoris à l’ascension. Tel un Erik Zabel qui prépare son sprint final, Xamax a-t-il bien fait de se faire quelque peu oublier derrière les leaders ? L’avenir nous le dira, mais pour les Neuchâtelois, l’avenir commence le week-end prochain.

NE Xamax – YF Juventus 0-1 (0-0)

Maladière : 4300 spectateurs.
Arbitre : M. Studer.
But : 50e Quaresima 0-1.
NE Xamax : Zuberbühler; Geiger (57e Nuzzolo), Quennoz, Delgado, Munoz (76e Melunovic); Lombardo (57e Merenda), Baettig, Mangane, Szlykowicz; Bieli, Coly.
YF Juventus : Leite; Ferricchio, Castillo, Piano, Quaresima; Huber, Y. Senaya, De Azevedo, Colacino (29e Solomun-Egg); J. Senaya (65e Coubageat), Guerrero (63e Drmic).
Notes : Xamax sans Gentile, Jaquet, Sehic, Bah (blessés), ni Besle, suspendu.
Cartons jaunes : Y. Senaya (20e, faute sur Mangane), Quaresima (29e, faute sur Lombardo), Mangane (45e, faute sur Solomun-Egg), Quaresima (95e, perte de temps).
A la fin du match, un protêt est déposé par Neuchâtel Xamax, étant donné que Quaresima a écopé d’un 2ème carton jaune sans être expulsé.

Écrit par Roby Steedman

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.