Pigeon de mai 1 : Claudius Schäfer

Claudius ? C’est un vrai prénom ? Ou juste celui d’un Romain efféminé dans un sketch du Palmashow ? Il semblerait en réalité que ce soit surtout celui du boss de la SFL, dont l’incompétence crasse a été soulignée par la crise du COVID (mais oui, vous savez, ce truc qui nous empêche de vivre depuis trois mois). Comme disait Desproges, « Il vaut mieux se taire et passer pour un con plutôt que de parler et de ne laisser aucun doute sur le sujet ». Une maxime que ce brave Schäfer n’a semble-t-il pas comprise puisqu’il arrive à être très clair sur son cas tout en ne disant (et ne décidant) presque rien.

Mais qu’a donc fait ce brave Claudius pour être ici ? En gros, tout et son contraire. Suite à l’annonce du Conseil Fédéral du 28 février dernier, la SFL a suspendu avec effet immédiat ses championnats. Cela avait surpris à l’époque mais au vu des conditions, il est vite apparu que cette mesure s’imposait. Très bien. Mais alors que le hockey suisse a rapidement annoncé que la saison était purement et simplement annulée, décision radicale et potentiellement injuste mais qui avait le mérite de tout clarifier, son pendant footballistique s’est révélé être une véritable pétaudière d’où n’émerge aucune décision concrète. Si elle n’a jamais caché sa volonté de reprendre le championnat, même à huis clos, l’instance a changé d’avis et de date aussi souvent que le FC Sion change de coach.

En effet, d’abord très temporaire, la mesure de suspension du championnat s’est ensuite étendue jusqu’à nouvel ordre. Normal me direz-vous. Mais c’est ensuite que ça se gâte. Plus préoccupée par les questions financières et notamment le droit au chômage partiel pour les clubs, notre ami Claudius s’est montré particulièrement emprunté dans sa démarche de fixer une date de reprise valable, se reposant en permanence sur le Conseil Fédéral avant de tenter quoi que ce soit. En d’autres mots, là où nos voisins de la ligue allemande ont, par exemple, travaillé sur divers scénarios viables et les ont ensuite soumis aux autorités, Schäfer et sa bande se sont contentés de balancer des dates à la technique du doigt mouillé sans rien préparer en amont, puis de les annuler dès que le timing devenait trop short. Alors oui, depuis le 29 mai, on est enfin fixés. Mais ce ne fut pas sans mal (et pas sûr que l’histoire soit terminée). D’abord annoncée, comme permis par le Conseil Fédéral, au 8 juin (annonce qui a passablement fait stresser CC, qui s’est empressé d’aller rechercher certains des bannis – ceux avec les moins gros salaires, cela va sans dire), la reprise a été logiquement reportée lorsque, le 7 mai, Claudius et ses petits copains se sont rendus compte qu’ils avaient oublié d’en discuter avec les clubs, pourtant les premiers concernés. Branle-bas de combat à Muri, la SFL convoque donc les clubs le 29 mai… Soit 10 jours seulement avant la reprise prévue des championnats ! Re-branle-bas de combat à Muri, puis communiqué qui annonce donc que le retour au jeu se fera, au mieux, le week-end des 19, 20 et 21 juin, le délai étant trop court pour le 8.

Au mieux donc. Parce que si aucun arrangement n’avait été trouvé lors de cette discussion avec les clubs (ce qui a finalement été le cas, état des lieux à la sauce CR en cliquant ici), on se demande bien où cela aurait pu mener. D’autant que les intérêts des clubs, principalement romands, étaient radicalement opposés. Si Servette et surtout Lausanne étaient prêts à tout pour reprendre, l’avis des deux autres welsches diffèrent. Au-delà du manque à gagner dû au huis clos qui va toucher toutes les équipes et qui est difficilement quantifiable, on sait désormais que par exemple le FC Sion, via la voix de son trop présent président, va enclencher les grands moyens pour ne pas reprendre alors que la moitié de l’équipe a été virée (puis en partie récupérée…) et que le club sédunois sauve pour l’instant ses miches en Super League, ce qui serait nettement moins certain en cas de reprise du championnat. Dans le même ordre d’idées, notre cher ami Collet à Xamax avait déjà annoncé à demi-mots avant le vote qu’il était contre et qu’il préférerait une saison blanche, comme pour le hockey. Bien qu’il se soit défendu à ce sujet, on peut affirmer sans trop de risque de se tromper qu’autant il s’en fout pas mal de l’équité sportive et de la santé des joueurs, autant il a souci pour son pognon si son nouveau joujou venait à culbuter à l’échelon inférieur. Car, comme il le dit lui-même dans une élocution digne d’un Alex Song discutant avec Nicolas Anelka, « J’ai des craintes sur comment cela pourrait se passer. Parce qu’engager toute cette énergie et cette pétée de ronds, si c’est pour me dire de tout arrêter le 15 juillet, je serai vénère! » (sic!)

Pour résumer, on imagine que la discussion du 29 mai a déjà été tendue. Mais quand on sait que CC va continuer à se battre pour une annulation et que Collet va continuer à pleurnicher dans les journaux (malgré la branlée reçue pendant le vote, qui a été à l’image de la saison de leurs clubs respectifs), la suite s’annonce pas mal non plus. Et on peut légitimement se demander ce que la SFL espérait voir ressortir de cette discussion. Schäfer pensait-il que tout le monde allait se donner la main et choisir la solution qui serait la meilleure pour tous, dans un monde où tout le monde s’aime et se fait des bisous ? On est dans le foot, c’est évident que chacun va regarder où est son pognon et défendre son os (même si nos représentants romands se montrent particulièrement casse-couilles à ce sujet, il faut bien le dire). Sachant cela, bien malin est celui qui pourra prédire quels vont être les futurs rebondissements de cette histoire, vu que la seule chose acquise depuis des semaines est que la SFL va systématiquement choisir la plus mauvaise solution à tout problème qu’elle a à régler. Dans ce monde d’incertitudes, d’égoïsme et de débilité, il vous appartient, à vous, lecteurs, de nous offrir un phare pour nous guider. Celui de désigner Claudius comme Pigeon d’Or du mois de mai, pour l’ensemble de ses décisions à la tête de sa troupe de bureaucrates depuis le début de cette crise, pour enfin démontrer que, peu importe les intérêts personnels, nous sommes tous d’accord pour dire que le Bernois gère cette crise aussi mal que possible et avec autant d’incompétence que nécessaire.

A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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