Mon cher FC Bâle

Avec mon nom bien franchouillard et l’absence d’accent, il est rare que l’on ne soit pas étonné lorsque j’annonce fièrement que je suis fan du FC Bâle. En tant que Bâlois, je voue un véritable culte à cette équipe.

Je me souviens des matches de Ligue B, assis à même le béton du vieillissant stade St Jacques, et de ces «chocs» contre Baden, Carouge ou encore Schaffhouse ! La montée en 94 après tant d’années au purgatoire. La lente reconstruction de l’équipe et la difficile succession de nos chers Dario Zuffi et Massimo Ceccaroni, héros de tout un peuple. L’inauguration du magnifique Joggeli contre le Lausanne Sport. Et bien sûr l’épopée en Champions League… J’en frissonne encore lorsque je me remémore la frappe au ras du poteau de Chris Sutton dans les arrêts de jeu, ou encore ce 3-0 infligé à Liverpool en 30 minutes (score final 3-3), le «pétard» d’Hakan contre la Corogne ou le but victorieux de Christian Gimenez en toute fin de partie contre la Juventus ! Les 30’000 supporters ne faisant qu’un dans un élan de chants et de joie ! J’en ai la chair de poule en y repensant ! Que de souvenirs !

Une lente progression, une lente dégringolade

Mais voila, chaque bonne chose a une fin. Lorsque j’ai quitté la Suisse pour l’Asie il y a deux ans, je laissais le FC Bâle champion de Suisse, sans panache il est vrai mais sans concurrents non plus. Et tout s’est arrêté un soir de printemps 2006, lorsqu’à deux minutes de la fin du championnat Lulu Favre et sa bande nous chipent le titre. Mérité je l’accorde. Et aujourd’hui nous ne sommes même plus favoris de ce qui a été, à une époque pas si lointaine, notre jardin, la Super League. Mais comment un club avec un budget pharaonique si on le compare à ses concurrents a-t-il pu en arriver là ? Je me pose encore la question…
Coup de gueule ? Oui si l’on peut dire ! Il va falloir m’expliquer comment on peut être convaincu d’obtenir les mêmes résultats en remplaçant Hakan, Jimmy (Gimenez), Luppo (Cantaluppi), Murat, Haas, Degen, Atouba, ou encore plus récemment Delgado par des Nakata, Buckley, Burgmeier (sic), Sterjovski ou Eduardo… Tiens mon préféré : César Carignano ! Transfert le plus cher de l’histoire du club, arrivé à grand renfort de «futur Crespo», «énorme talent», il n’a disputé depuis la saison 2005-2006 que… trois matches ! Je crois que Gimenez a joué plus souvent à Marseille… Ca veut tout dire ! Et ne me sors pas que c’est compréhensible à cause des blessures à répétition, car entre lui et Ivan Ergic on pourrait carrément remplacer les vestiaires du Stade St Jacques par des lits d’hôpitaux ! Ce n’est plus «Maître Gros », mais «Docteur Gross» !

Je ne vais par contre pas cracher sur le travail de Christian Gross, mais je vais juste me permettre une petite remarque : ça fait deux ans approximativement que le FC Bâle décline irrémédiablement, ça fait deux ans également que Hitzfeld est sur le marché du travail, libre comme l’air… Je me souviens le croisant dans les couloirs du Parc St Jacques durant les matches de la grande époque. Mais loin de moi l’idée de penser quoi que ce soit ! On a, après tout, une Gigi qui y aurait depuis longtemps pensé, elle connaît tellement bien le foot…
Relégué à dix points en championnat, quasiment éliminé en Coupe d’Europe, la saison 2006-2007 s’annonce d’ores et déjà catastrophique. Pour le meilleur public de Suisse (et je vois déjà des commentaires se lever du côté du Valais contre cette affirmation !), c’est très dur à avaler. Mais c’est le prix à payer lorsque l’on se permet de faire jouer Chipperfield arrière latéral ou encore Nakata arrière central (sic, sic et re-sic !). Heureusement que l’on n’a pas gardé Zubi, Gross l’aurait sans doute essayé aux cotés de Petric en attaque ! Tiens Mladen, la seule satisfaction de cette saison. Dommage qu’il n’ait pas choisi d’évoluer avec la Nati, ça aurait été plus utile qu’un certain Helvetico-Colombien… Mais ne vous inquiétez pas, concurrents du FC Bâle, vu la politique actuelle de nos dirigeants, il sera vendu en fin de saison, voire cet hiver, à un riche club turc ou italien… Quelle tristesse !

Pourquoi acheter suisse si on peut acheter australien ?

Je me permet un autre coup de gueule : lorsque nous étions au sommet de notre art, nous comptions dans notre effectif une ossature de six internationaux helvétiques : Zubi, Haas, Murat, Hakan, Cantaluppi, Zwyssig ainsi que deux Argentins (Rossi, Gimenez) et deux Camerounais (Tum, Atouba).
Si l’on compare avec l’équipe actuelle : 2 Australiens, 2 Brésiliens, 2 Argentins, 1 Japonais, 1 Suédois, 1 Croate, 1 Sénégalais, 1 Liechtensteinois (sic), 1 Sud-Africain, 1 Serbe, 1 Equatorien, 1 Géorgien et quelques Suisses brouillons au possible (Smiljanic, Zanni, Berner…). Le joueur suisse est-il donc devenu si cher que cela ?

Au moment où Zurich devient champion suisse avec des joueurs «du cru» tels que Margairaz, Von Bergen, Dzemaili ou encore Schneider, aidés par quelques joueurs étrangers, on est en droit de se demander s’il n’existe pas finalement une corrélation entre ces deux exemples… Je commence vraiment à être d’accord avec ceux – comme Beckenbauer – qui prônent le retour vers un 6 + 5 (6 joueurs nationaux et 5 étrangers dans le onze de départ). Mais ceci est un autre débat…
Bon je m’en vais lire le contre rendu des matches du week-end, histoire de m’apitoyer un peu plus sur mon sort de Bâlois et me rendre compte, une fois pour toute, que les belles années sont définitivement derrière nous.

Écrit par Eric Laurent