Alex Frei unique buteur du Borussen-Derby

L’idée m’était venue durant la Coupe du monde en juin dernier lors d’une inoubliable Fan Party sur la Friedensplatz de Dortmund : organiser mon prochain anniversaire au Westfalenstadion, le plus grand stade d’Europe dans lequel on vend de la bière (et pas n’importe quelle bière, la fameuse DAB).

Transporter, loger, nourrir et surtout abreuver une quarantaine de personnes jusque dans la Ruhr a nécessité un petit effort d’organisation mais ça en valait la peine. Bon nombre de mes amis n’avaient jamais vu de match de foot dans un stade : pour une initiation au football, un Borussen-Derby au Westfalenstadion devant plus de 70’000 spectateurs c’est tout de même plus exaltant qu’un Lausanne – Wohlen à la Pontaise.Le Borussia Dortmund et le Borussia Mönchengladbach sont deux des clubs les plus prestigieux d’Allemagne mais ils vivent des heures difficiles. Les Fohlen sont en grand danger de relégation, alors que le BVB, après un début de deuxième tour tonitruant contre le Bayern, reste sur trois défaites (Mainz, Stuttgart, Hambourg) sans inscrire le moindre but. Les supporters de Dortmund ne sont pas contents et une réunion de crise a été organisée avec les joueurs dans la semaine. Il en est ressorti que les supporters voulaient bien pardonner les médiocres prestations de l’équipe et continuer à l’encourager, à condition que les joueurs s’engagent à tout faire pour battre Schalke 04 lors de l’avant-dernier match de la saison et, si possible, priver le club de Gelsenkirchen du titre. Ce qu’il y a de bien à Dortmund, c’est qu’une saison ratée peut toujours être sauvée par une victoire contre le rival honni (le mot est faible). D’ailleurs, les stands aux alentours du stade proposent toute une collection d’écharpes couvertes de gentillesses sur les Knappen. Un de mes amis ne parvient pas à résister et s’achète une écharpe «anti-GE» (l’initiale de Gelsenkirchen sur les plaques minéralogiques) pour un prochain déplacement aux Vernets.

Après les traditionnels «Never Walk Alone» et «Heja BVB» d’avant match, Dortmund prend d’emblée le match en main, se crée les premières occasions. Le gardien international américain Kasey Keller doit s’interposer à trois reprises dans le quart d’heure initial devant Frei, Metzelder et Degen. Mais il ne pourra rien faire devant Alex Frei à la 19e : parti dans le dos de la défense adverse, le buteur suisse profitera d’une ouverture de Tinga  pour marquer son 9e but de la saison. Lors des trois matches du BVB auxquels j’ai assisté cette saison, Alex a marqué 4 buts, contre seulement 5 lors des 19 autres matches. S’il veut finir meilleur buteur du championnat, il serait bien inspiré de m’offrir un abonnement au Westfalenstadion pour la saison prochaine ! La Südtribüne, toujours aussi impressionnante, explose de joie : le BVB n’avait plus marqué depuis 322 minutes et le but victorieux de Tinga contre le Bayern.
Alexander Frei se créera plusieurs occasions de s’offrir un doublé : il échouera devant le gardien à la 54e après un centre de Pienaar, expédiera un somptueux coup-franc sur la latte d’un  Keller archi-battu en la circonstance (59e) et sera floué d’un penalty à la 72e lorsque l’un de ses tirs sera stoppé des deux mains par le défenseur Zé Antonio. Une superbe parade digne d’un grand gardien qui a totalement échappé à l’arbitre qui préférera mettre un carton à Frei pour réclamations. Cette erreur ne portera finalement pas à conséquence car Mönchengladbach n’a jamais donné l’impression de pouvoir revenir, malgré les entrées en jeu de David Degen et du buteur vedette de l’équipe de Belgique Wesley Sonck pour les vingt-cinq dernières minutes. Le gardien du BVB, Roman Weidenfeller, a passé un après-midi assez tranquille, en dehors d’un superbe réflexe sur un coup de tête à bout portant de Zé Antonio, après une remise de Steve Gohouri (55e). L’ancien joueur d’Yverdon, Vaduz et Young Boys, injustement expulsé lors de la dernière finale de Coupe de Suisse, a gagné sa place de titulaire en Bundesliga. Passer du stade Municipal au Westfalenstadion, c’est tout de même une sacrée promotion !

La Südtribüne pouvait fêter la quatrième victoires du BVB à domicile cette saison (en treize matches, c’est peu), alors que retentit la pathétique chanson «Borussia». Malgré ce succès, Dortmund reste à huit longueurs des places européennes mais s’éloigne au moins de la zone dangereuse. En revanche, le réveil d’Hambourg et de Van der Vaart (il était temps !) condamnent Mönchengladbach à la lanterne rouge. Le monument du foot allemand, cinq fois champion dans les années 70 et vainqueur de la Coupe UEFA en 1975, est en péril et pourrait bien retrouver une 2e Bundesliga qu’il a déjà connue entre 1999 et 2001. Pourtant, le contingent est de qualité mais les entraîneurs Jupp Heynckes (qui a démissionné il y a trois semaines) et Jos Luhukay (l’assistant promu calife à la place du calife) ne parviennent pas à en tirer le meilleur parti. Peut-être que le retour prochain d’Oliver Neuville permettra aux Fohlen de remonter au classement. Sinon, on n’aura plus qu’un Borussia en première Bundesliga la saison prochaine.
On a un petit regret en quittant le stade : malgré les hectolitres de DAB consommés, on n’a pas réussi à dénicher l’une des magnifiques choppes du BVB à l’effigie d’Alexander Frei (sur fond du mur jaune de la Südtribüne), on doit se contenter de Wörns et Weidenfeller. Du coup, on va être obligé de revenir. En revanche, pour le plus grand bonheur de mes invités, on a trouvé la compilation des chants du BVB. Dans le car du retour puis dans la soirée très arrosée qui a suivi dans une maison située dans la région, on ne manque pas de passer en boucle la chanson «Borussia», qui réunit les générations, les religions, les nations, les riches et les pauvres parce que, dans la tribune, on est tous égaux. C’est tellement mièvre mais ça nous plaît quand même bien. Ceci dit, je reconnais volontiers que mon sens critique n’est plus très aiguisé dès lors que j’ai franchi le pont sur la Ruhr. Quand je pense que cette région est généralement considérée comme défavorisée et inhospitalière, alors qu’avec des stades extraordinaires, des équipes de premières divisions chaque trente kilomètres, des derbies tous les week-ends, des ambiances de feu et des excellentes bières, elle a tout du jardin d’Eden pour les fans de football.

Dortmund – M’gladbach 1-0 (1-0)

Signal Iduna Park : 73 600 spectateurs.
Arbitre : M. Schmidt.
But : 19e Frei (1-0).
Dortmund : Weidenfeller ; P. Degen, Brzenska, Metzelder, Kringe ; Ricken, Kruska (43e Sahin), Pienaar (65e Smolarek), Tinga ; Valdez (74e Amedick), Frei.
Mönchengladbach : Keller ; Bögelund, Gohouri, Zé Antonio, Compper ; Delura (77e Rafael), Kluge, Insua, Polanski (65e D. Degen), Jansen ; Kahe (65e Sonck).
Cartons jaunes : 15e Kruska, 54e Brzenska, 64e Bögelund, 73e Frei, 80e Tinga.
Notes : Le BVB sans Dede (suspendu), Kehl , Meier, Wörns ni Vrzogic (blessé), Mönchengladbach sans Neuville ni Daems  (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.