Quel dommage !

Le 28 janvier aurait pu être une date importante pour Sven Andrighetto, le prometteur attaquant zurichois qui évolue dans l’organisation des Canadiens de Montréal. Joe Sakic et Patrick Roy souhaitaient en effet l’enrôler à l’Avalanche du Colorado par le biais d’un échange avec le Tricolore. Malheureusement pour l’attaquant zurichois, le directoire du Canadien en a décidé autrement.

Depuis quelques matchs, les Canadiens de Montréal se retrouvent dans un creux dont ils n’arrivent pas à s’extirper. Au vu de l’effectif de l’équipe, cela correspond à une certaine logique tant le Tricolore, en plus d’exceller dans l’inconstance, évoluait en surrégime jusqu’alors. Depuis le début de la série noire, Carey Price, le gardien partant de l’équipe du Canada à Sotchi, encaisse en moyenne plus de trois buts par match et présente un pourcentage d’arrêt inférieur à 90%. Le pire est que l’ancien champion du monde junior marche sur l’eau, n’a strictement rien à se reprocher dans cette déconfiture et demeure de loin le meilleur joueur de l’équipe. Cherchez l’erreur.Du côté de Montréal, on s’active en coulisses tout en cherchant des excuses pour tenter de colmater la brèche. Le 27 janvier dernier, la direction du Canadien a tenté de refourguer le peu prolifique et surpayé Rene Bourque à l’Avalanche du Colorado en échange de Pierre-Alexandre Parenteau, en disgrâce du côté de Denver. Le deal semblait être parfait pour Montréal, mais le nouveau directoire de l’Avalanche a judicieusement décliné l’offre. La bande à Joe Sakic a toutefois suggéré d’y inclure un autre élément dans la transaction.
Et c’est là qu’entre en scène Sven Andrighetto. Pour ceux qui ne le connaissent pas vraiment, le Zurichois avait décidé de quitter les GCK Lions en 2011 afin de tenter sa chance en Amérique du Nord. Il prend alors la direction de Rouyn-Noranda, petite ville minière perdue au milieu de la forêt boréale. Figée dans la neige et le blizzard six mois par an, la bourgade de l’Abitibi ferait presque passer Viège pour une ville cosmopolite, animée et ouverte sur le monde. Bref, Rouyn-Noranda est l’environnement parfait pour que Sven Andrighetto progresse.
L’attaquant de poche ne se contente pas de progresser, il explose. En deux saisons, il amasse la bagatelle de 204 points en 133 matchs, et tourne à une moyenne de plus de 2 points par rencontre lors des play-off 2012-2013. Durant cette saison, les Huskies de Rouyn-Noranda et un Sven Andrighetto en feu écrasent les Remparts de Québec de Patrick Roy en séries éliminatoires. A la suite de cette saison, le Québécois prend la direction de Denver et devient l’entraîneur-chef de l’Avalanche. Il en profite pour prendre dans ses bagages Alain Tourigny, l’ancien coach des… Huskies. Il en fallait pas plus pour que l’attaquant suisse soit dans le viseur de l’équipe de Denver.

C’est donc logiquement que le staff de l’Avalanche propose de mettre Andrighetto dans la proposition. Sélectionné par les Habs au troisième tour du dernier repêchage – un véritable vol, le Zurichois réalise pour l’instant une excellente saison au sein des Bulldogs d’Hamilton, le club ferme du Canadien. Sa petite taille reste un relatif handicap, mais sachant que certaines brillantes têtes pensantes avaient affirmé que des gars comme Martin St-Louis et David Desharnais ne pourraient jamais s’imposer en NHL, tout est possible. Bosseur infatigable, Andrighetto peut compter sur sa vitesse, sa technique et une vision du jeu hors-normes.
Hélas pour lui, la direction du Canadien de Montréal a refusé la transaction. Cette dernière aurait été une excellente chose pour Sven Andrighetto et la suite de sa carrière. Depuis que Marc Bergevin a repris la direction générale du club, de l’ordre a été remis au sein de la formation mais une ligne directrice claire peine a en ressortir. Entre signatures de joueurs laissés de côté, additions superflues d’éléments possédant le même rôle, incessants mouvements entre le club ferme et la première équipe et multiples rocades dans l’alignement, une véritable cacophonie règne dans l’univers de l’autoproclamée plus grande franchise du hockey professionnel. Franchise qui peine toujours autant dans la gestion de ses jeunes recrues. Hormis Michaël Bournival cette année, il est rare de voir le directoire montréalais lancer l’un de ses éléments dans le grand bain et le voir s’y imposer. A côté du Québécois, il n’y a pas grand monde qui peut prétendre à une évolution favorable; les cas de Louis Leblanc et Martin St-Pierre sont éloquents. Ken Dryden est d’ailleurs le dernier joueur de Montréal à avoir remporté le trophée Calder récompensant le meilleur joueur de la Ligue nationale à sa première saison: c’était en 1972…
L’audace, on la retrouve davantage à Denver. Patrick Roy a complètement revu la philosophie de son groupe et n’a pas hésité à donner sa chance à son premier choix Nathan McKinnon qui le lui rend bien. Débarrassé de cette traditionnelle pression négative qui règne dans la métropole anglophone du Québec, Sven Andrighetto se serait retrouvé dans un cadre bien plus favorable pour son développement et sa progression; l’environnement du Tricolore étant plus propice à freiner une carrière que la lancer. Quitter le Canadien a du reste été le meilleur choix de Mark Streit depuis son aventure nord-américaine. Depuis lors, fini les rôles alternés d’attaquant et de défenseur. Streit est devenu un pilier défensif, a obtenu un temps de glace accru, davantage de responsabilités tout en encadrant les jeunes. Souhaitons que Raphael Diaz – en stagnation depuis un certain temps déjà – ait prochainement l’opportunité de changer d’air en compagnie de Sven Andrighetto. Ce serait la meilleure chose qui puisse leur arriver à tous les deux.

Écrit par Mathieu Nicolet

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5 Commentaires

  1. 204 points en 133 matchs purée! Être une star suisse dans le pays du hockey ça doit quand même être spéciale! On se réjouis de le voir d’avantage ce garçon!

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