David J. Stern : Monsieur le Proviseur (1/4)

Samedi était un jour spécial pour les fans de basketball. Après 30 ans à la tête de la NBA, autant dire une éternité, David J. Stern se retire et cède sa place à son bras droit, Adam Silver. CartonRouge.ch te propose de te souvenir de certaines facettes du pontificat Stern.

Le Micro-Manager

David Joel Stern aura été – globalement – un grand dirigeant pour la NBA. Certainement le plus important d’entre eux. Pendant 30 ans, il aura été omniprésent. De la négociation d’accords cadres avec le syndicat des joueurs aux reventes de franchises, en passant par la globalisation du jeu, il aura eu une influence gigantesque sur la perception que nous pouvons avoir de son sport et de sa ligue.
Néanmoins, bien qu’initiateur de projets de longue haleine, David Stern était très soucieux du détail. Allant de l’habillement des joueurs blessés sur le banc aux petites vidéos de lancement des programmes télévisés consacrés à la NBA, rien ne lui a échappé. Sa formation d’avocat l’a amené à considérer la ligue comme sa cliente et, dès lors, de tout mettre en œuvre pour la protéger – c’est ce que sont censés faire les avocats – mais aussi pour améliorer le moindre aspect de l’organisation.
A la tête de 24 employés occupant un étage d’un immeuble new yorkais en 1984, David Stern est devenu le boss de 1200 employés dans 15 bureaux tout autour du monde. Pourtant, jamais, son souci du détail n’aura pris une ride.
Son sens de la discipline et son art pour la faire régner sont légendaires. Le moindre faux pas, le moindre mauvais geste, le moindre gros mot a été traqué, analysé et sanctionné par le Commissionner pendant 30 ans. Et tous les joueurs NBA vous le diront, recevoir un appel de David Stern est une chose qu’ils préfèrent éviter.

Monsieur le Proviseur

L’une des casquettes de David Stern était celle de proviseur, ou préfet de discipline. Il était responsable de sanctionner les comportements portant atteinte à l’image de la ligue et, d’une manière générale, toute sorte d’écart. Ses sanctions ont souvent été considérées comme sévères, et il y a honnêtement de quoi.
La saison passée, Gregg Popovich, le génie qui a crée la magnifique machine à succès que sont les San Antonio Spurs, décide de ménager 4 de ses principaux joueurs pour un match face au Miami Heat. Tim Duncan, Tony Parker, Manu Ginobili et Danny Green sont renvoyés au Texas et donc, absents de la salle lors du match. Cette stratégie de gestion du repos n’est pas nouvelle. Duncan et Ginobili sont largement trentenaires et il vaut mieux mettre tout en œuvre pour prolonger leur carrière, et les garder frais pour les matchs qui comptent, dès avril, et le début des play-offs. Quitte à sacrifier quelques matchs de saison régulière.

Ménager des joueurs n’est en soi pas un problème pour le Commissionner, qui n’a jamais bronché auparavant. Seulement, il s’agit ici d’une affiche diffusée en direct à la télévision dans tout le pays. Un choc. Très remonté de n’avoir pas été prévenu des intentions de Popovich pour ce match, Stern va considérer ce «benching» comme un comportement allant «contre les meilleurs intérêts de la ligue».
Les franchises NBA sont en effet tenues d’informer les bureaux de la ligue, l’équipe adverse et les médias dans les meilleurs délais de l’absence de joueurs, ce qui n’a pas été fait. 250’000 dollars d’amende à l’organisation texane. Et peu importe au «Proviseur» s’il s’agit d’une ingérence dans la gestion du temps de jeu d’une équipe. Après tout, Stern est capitaine d’une industrie dont le chiffre d’affaire annuel est estimé à 5 milliards de dollars, et ne tolère pas que les équipes ne montrent pas leur meilleur «produit» lors de matchs hautement médiatisés. Prends ça, coach irresponsable !

Le cas Cuban

Mark Cuban est un des propriétaires de franchises les plus particuliers du monde sportif. Il a fait fortune en revendant «broadcast.com» à Yahoo et a ensuite investi environ 285 millions de dollars pour acquérir la majorité des parts des Dallas Mavericks.
Cuban est un passionné de basketball, qui semble vivre et mourir avec son équipe, en tribune. Il est également une forte personnalité et le «mouton noir» de Stern. Ses nombreuses déclarations, notamment sur l’arbitrage, lui auront valu pas mal d’amendes. Enormément d’amendes même. A ce jour, et depuis 2000 et son rachat des Mavs, David Stern l’a sanctionné en tout cas 20 fois (certaines amendes n’ont semble-t-il jamais été rendues publiques) pour un montant total d’environ 2 millions de dollars. La dernière amende que Stern a infligé à Cuban date d’il y a deux semaines, l’incorrigible milliardaire s’en étant pris aux arbitres du match opposant ses Mavs aux Los Angeles Clippers.
Les deux hommes ne partiront probablement pas en vacances ensemble, mais il est certain qu’ils se respectent. Stern est impressionné par l’amour du jeu qui anime Cuban, qui, lui, apprécie particulièrement la gestion du Commissionner, qui a permis de décupler la valeur de sa franchise.  
La main de fer de Stern a également permis de sortir la ligue d’impasses qui paraissaient insurmontables. Comme on le verra dans la 2ème partie.

Écrit par Arnaud Antonin

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2 Commentaires

  1. Pourquoi faire en 4 parties alors qu’un Mouquin arrive à nous chi..euh, à nous pondre un truc indigeste de longueur en une seule fois?

  2. Comme d’hab, excellent (début d’) article de Arnaud Antonin. ça change de Mouquin et ça fait du bien à cartonrouge.ch ! Vivement la suite !

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