YB, tellement prévisible…

Une fois encore, Young Boys s’est effondré au moment fatidique. Dimanche, les Bernois n’ont jamais donné l’impression de pouvoir l’emporter et doivent laisser filer le titre du côté de Bâle après avoir mené au classement durant la majeure partie du championnat.

On avait été  frustrés de notre finale au Wankdorf en Coupe de Suisse la semaine dernière, alors on rattrape le coup avec la finale du championnat. C’est l’occasion de constater que l’organisation des matchs est aussi défectueuse à Berne qu’à Bâle. C’est vraiment désolant de constater qu’en plus de vingt matchs de Bundesliga cette saison avec généralement 50’000, 60’000 ou 80’000 spectateurs, on n’a jamais patienté plus de cinq minutes à l’entrée au stade et qu’en deux matchs à 30’000 personnes sur sol helvétique en l’espace d’une semaine, il nous faille chaque fois plus d’une demi-heure pour pénétrer dans l’enceinte.

Ici c’est la Suisse !

Pourtant, ce n’est pas compliqué : on connaît le nombre de billets vendus, la capacité de chaque tribune et le débit des tourniquets, il suffit de prévoir les entrées en conséquence. Un service de sécurité incapable de faire rentrer tous les supporters avec moins de dix minutes d’attente devrait être viré avec effet immédiat pour faute professionnelle grave : on sait que, bien plus que l’alcool ou les fumigènes, le grand danger autour d’un stade, ce sont les attroupements devant les grillages, avec le risque d’un drame au moindre mouvement de foule. C’est bien joli d’imposer des classeurs fédéraux de règlements sur la configuration des stades si ensuite on confie la sécurité des matchs à des clowns qui seraient incapables d’organiser un match de cinquième ligue sans heurts.

Tenerife, Unterhaching ? Connais pas !

Ainsi donc, après 2006 (Bâle–Zurich) et 2008 (Bâle–YB), le championnat suisse a eu sa «finalissima», un duel entre les deux prétendants au titre lors de l’ultime journée. Bien sûr, ce type d’affiche excite les médias et les supporters mais, personnellement, ça me navre qu’on arrange le calendrier à Noël pour arriver systématiquement à ce genre de duel lors de la dernière journée. Déjà, on prend le risque d’avoir un choc au sommet pour beurre si l’écart est conséquent au classement. Ensuite, des titres gagnés ou perdus sur la pelouse de sans grades ont écrit l’histoire du foot. Jamais Tenerife ou Unterhaching ne seraient entrés dans la légende avec nos chers dirigeants du football suisse. Mais c’est bien connu : si aucun pays au monde ne pratique ce genre d’artifice, à part la Suisse, c’est que tous les autres n’ont rien compris, à l’exception des cerveaux de Muri, c’est pour ça que notre pays domine la planète football depuis vingt ans.

YB isch nervös

On termine avec les coups de gueule et on parle du match ? En fait, il n’y a pas grand-chose à en dire. Les deux équipes sont très tendues en début de partie, les accrochages et les mauvaises passes se succèdent. «YB isch nervös» (ou quelque chose y ressemblant), chantent les supporters bâlois. On sent en effet les Rhénans, revenus de nulle part au classement et qui peuvent se contenter d’un nul, un poil plus sereins. Ce sont d’ailleurs eux qui se créent les premières escarmouches, un tir de Chipperfield bloqué par Wölfli, un centre sur lequel Zoua, seul au point de penalty, manque de promptitude et une reprise de la tête ratée d’un rien par Stocker. C’est au moment où YB obtient (enfin) son premier corner que ce championnat 2009-2010 va définitivement basculer : le contre fuse par Zoua et Carlitos, Valentin Stocker paraît manquer son contrôle mais il parvient à redresser la course du ballon et à lober la sortie calamiteuse de Marco Wölfli d’une pichenette improbable. Si l’on excepte une reprise juste à côté de Regazzoni dans les arrêts de jeu de la première mi-temps et quelques essais de Doumbia une fois le match plié, les Bernois ne donneront jamais l’impression de pouvoir revenir, encore moins de pouvoir remporter l’indispensable victoire.

L’histoire se répète

Bâle assurera définitivement son sacre sur un centre de Valentin Stocker repris comme à l’entraînement par l’incroyable Scott Chipperfield, milieu de terrain de formation, un temps reconverti latéral et désormais attaquant de pointe, c’est quand qu’il va jouer aux buts ? Même s’il restait une demi-heure à jouer, les supporters bernois commençaient à quitter le stade. Aussi tétanisés que leur équipe, les fans bernois n’auront jamais donné l’impression de jouer leur rôle de douzième homme et de pousser leur équipe à l’exploit. On a presque cru revivre la finale de la Coupe vécue une semaine auparavant, tant YB n’a pas paru davantage capable de bousculer le FC Bâle que le LS. Quelques similitudes peuvent être également décelées avec la finale du championnat 2007-2008 à Saint-Jacques, avec déjà un score de 2-0 pour Bâle grâce à un but et un assist de Stocker, seul Chipperfield ayant remplacé Streller comme deuxième buteur.

Triste fin de match

La fin de match n’ajoutera rien à la gloire du foot suisse, entre les incessantes simulations bâloises, quelques gestes de frustration bernois et le déploiement ridicule des forces de l’ordre. Le match n’était même pas terminé qu’il y avait déjà des flics sur le terrain ! A priori, le but était d’empêcher les fans bâlois d’entrer sur la pelouse, ça a été raté, ça a juste servi à faire ressembler la fête d’après-match à un sommet du G8. Le pire, c’est que si des supporters mal intentionnés avaient voulu pénétrer sur le synthétique du Wankdorf pour en découdre, ils auraient eu tout loisir de le faire, tant les cordons de policiers étaient mal disposés. Encore une fois, de l’amateurisme à l’état pur.
C’est toujours un peu gênant d’assister au sacre de clubs surendettés qui s’achètent des succès à coup de millions qu’ils n’ont pas. En hockey sur glace, les Bernois ont heureusement pu éviter l’imposture, cela n’a pas été le cas en football : Bâle et ses dix millions de déficit annuel s’offrent leur 13e titre national dans une ligue où des clubs se voient refuser la licence pour quelques milliers francs de dettes. Les Rhénans pourront renflouer leurs caisses avec une Ligue des Champions qui leur tend les bras puisque le champion suisse tombera dans le tableau des champions des pays de «seconde zone»

YB est maudit

En revanche, YB s’est offert le parcours du combattant : Urziceni puis Auxerre serait un tirage «facile» mais ça pourrait tout aussi bien être Fenerbahçe puis Tottenham… Ce n’est sans doute pas sur la rencontre de dimanche que les Bernois pourront avoir des regrets mais bien lorsqu’ils ont laissé fondre leur confortable avance sur le FCB. Car sur ce dernier match, entre le couac de Lucerne, la remontée de Bâle, le poids de l’histoire et de plus de deux décennies d’échecs, la signature de Yapi (bien mal remplacé par Doubai) au FCB et l’immense attente populaire, il y avait trop d’éléments contraires pour un sacre d’YB, bien que ce titre eût été amplement mérité sur l’ensemble de la saison. Il faudra donc attendre au moins une année de plus pour voir les Bernois vaincre le signe indien qui les voit systématiquement échouer depuis leur dernier titre et leur dernière Coupe en 1986 et 1987.

BSC Young Boys – FC Bâle 1893 0-2 (0-1)

Stade de Suisse, 31’120 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : M. Laperrière, assisté de MM. Navarro et Hidber.
Buts : 39e Stocker (0-1), 61e Chipperfield (0-2).
Young Boys : Wölfli ; Affolter, Dudar, Schneider ; Sutter (64e Coly), Hochstrasser, Doubai, D.Degen (77e C.Schneuwly) ; Regazzoni (56e Raimondi), Bienvenu, Doumbia.
Bâle : Costanzo ; Inkoom, Abraham, Atan, Shaqiri ; Carlitos, Huggel, Da Silva (63e Gelabert), Stocker (83e Ferati) ; Zoua (54e Frei), Chipperfield.
Cartons jaunes : 5e Da Silva, 23e Regazzoni, 66e Degen, 80e Costanzo, 82e C.Schneuwly.
Carton rouge : 86e Hochstrasser.
Notes : YB sans M.Schneuwly, Traoré (blessés), ni Yapi (non convoqué, a déjà signé à Bâle) ; Bâle sans Safari (suspendu).

Écrit par Julien Mouquin

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22 Commentaires

  1. Je rejoins la majorité des commentaires ici.

    Critiquer la situation financière de Bâle alors qu’on est soit-même un supporter du BVB?! L’exemple type d’un club sainement géré qui n’a jamais eu la moindre dette!

    Bref, moi Bâle j’adore! Un club ambitieux qui mets les moyens, le meilleur public de Suisse et chaque année de nouveaux jeunes qui sortent .. Qu’est-ce que tu veux de plus?

  2. @Vimo
    Les Romands adorent Bâle (la ville), un endroit génial, avec des gens très sympas, à cheval sur les frontières, un endroit où il fait bon venir.

    Par contre, c’est plus difficile avec le FCB. En-dehors de Constanzo et l’excellent Chipperfield, l’équipe que tu supportes peine à attirer les sympathies. Frei est un vicieux et une tête à claques, détestée dans tout le pays. Streller et ses contestations lassent tout le monde. Gelabert et Hüggel sont des bourrins. Et les largesses arbitrales concédées au FCB tendent à lasser les fans de tous les autres clubs suisses.

    Voilà j’espère que tu comprendras que ce FCB-là (loin du mythique FCB de Benthaus) ne puisse pas attirer les sympathies en Romandie (ou en dehors de Bâle).

    Je reconnais quand même que sur la longueur c’est la meilleure équipe suisse qui a eu le titre; Bâle n’a rien volé. Quant au déficit de 10 millions, Bâle aurait tord de se priver vu qu’Oery bouche les trous. D’ailleurs quel club européen pourrait faire la morale au FCB de ce point de vue ? Aucun.

  3. @Romand:
    Benjamin Huggel est un très bon joueur, fondamental au milieu de terrain de notre équipe nationale.
    Le définir  »bourrin » me paraît un peu simpliste… Des gars comme Huggel, il en faut dans chaque équipe.

    Cet article exagère avec ses comparaisons avec la Bundesliga.
    Si Mouquin n’aime pas le foot CH il n’a qu’à pas se rendre au stade, qu’il aille tous les jours à Dortmund!

  4. Hé les gars, qu’est-ce que vous dégueulez sur Julien Mouquin comme ça ? Comme vous tous (moi le premier), l’ami Julien est bourré de contradictions et c’est ce qui fait le charme d’une personne. Non ? Pis n’oubliez pas, ici c’est CR (Le Torchon Orange, Le Poubelliste ou La Turbine de G’nève c’est ailleurs).

    Je ne crois pas que l’auteur chie sur le foot suisse, il exprime un mécontentement légitime sur le comportement d’une bande d’incapables ayant atteint largement leur niveau d’incompétence. J’étais aussi à Bâle pour la finale de la coupe, j’ai vu ce cirque pour entrer dans un stade qui, s’il fallait en comparer la taille avec celle du Westfalenstadion, serait plus proche du Censuy que de Maracaña. C’est vrai aussi que faire entrer 80’000 personnes à Dortmund (ou à SanSiro, ou à Gelsenkirchen, ou au Stadio delle Alpi… mais ces exemples sont plus « sensibles » pour l’auteur) se fait en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.

    Faites un tour sur ce site, à défaut dans les archives de 24Heures, et vous verrez qu’il est le premier à faire des comptes-rendus pour des matchs de foot régionaux dont tout le monde se fout (sauf peut-être les 22 joueurs sur le terrain du match en question). Et ça, depuis des années…

    Vous en faites autant depuis votre canapé, vous ?

    Cordialement
    ES

  5. Euh… Si mécène il y a, ce n’est pas un titre à crédit ! Sans mécène, le foot suisse, que j’ai tant décrié – ce qui m’a été grandement reproché -, n’existerait plus depuis des lustres.

    Quelle(s) équipe(s) de Super League gagne de l’argent ? Ou à défaut n’en perd pas ? Neuchâtel ? Humpf…

  6. Franchement la pique sur GSHC est tellement nul à chier. En 2008, Cartonrouge.ch affirme que ZSC à évité l’imposture d’une équipe qui était que tombé sur des ptits bras, et mnt Mouquin affirme que le SCB évite l’imposture d’un titre Servettien pour manque d’argent….

    Vraiment pathétique!

  7. Bravo aux Bernois pour les titres de vice-champions 2010, 2009, 2008,… ainsi que pour les titres de vice-champions de la Coupe Suisse 2009, 2006,…

    Continuez comme ça 😀

  8. Je ne comprendrais jamais pourquoi le FC Basel 1893 est autant détesté des romands. Vous parlez de club surendetté, mais le football est comme ça maintenant et pour pouvoir régater (régater, je suis gentil encore) au niveau européen, il faut se mettre au niveau…financier aussi! L’exploit est possible sur une saison sans avoir de moyen, mais sur la durée…

    Bref, le titre est mérité pour Bâle et son nouvel entraîneur quoiqu’on puisse en dire, maintenant place à la Coupe du Monde!

  9. Super article… Bon bah une nouvelle fois on a vu que l’expérience joue un rôle important dans ce genre de match… Je te rejoins à propos des arrangements de la mafia de muri et sur l’organisation catastrophique… Je crois qu’il faudra malheureusement attendre un drame pour qu’on se rende enfin compte que les accès aux stades sont mal gérés…

    Sinon on remercie une nouvelle fois les « fans » qui s’amusent en cassant et en se battant… bande de mononeurones !

  10. Et bien, tout le monde en a pris pour son grade dans cet article, dis donc, mon cher Julien ! Les stadiers, les génies de Muri, les forces de l’ordre, la Gigi-Mme FC Basel-Oeri !
    Vive le foot suisse et ses classeurs fédéraux !

    Sinon, si j’ai bien compris M. Vimo ci-dessus, pour régater, il faut se mettre au niveau…d’endettement ? Ah bon, plus t’as de dettes, plus tu pourra régater ! Vive le foot européen et ses merveilleux mécènes !

  11. @J. Mouquin

    Pas que l’article ne me plaît, mais tu n’arrêtes pas de nous écrire en boucle depuis quelques temps à quel point « le foot suisse c’est nul » « vive la bundesliga, la bundesliga c’est le top ».

    Ca devient franchement lassant, à tel point que j’ai de mon côté arrêter de lire tes articles sur le foot allemand. Alors lorsque je vois un article sur cartonrouge traitant de YB-Bâle, j’avais osé espérer ne pas avoir à lire les habituelles comparaisons avec la Bundesliga. Malheureusement on y a le droit dès le premier paragraphe…

  12. +1 à EconomieSuisse

    Arriver à prétendre que Julien Mouquin n’aime pas le foot suisse, c’est comme dire que Frédéric Chassot n’aime pas le vin blanc…

    A part ça totalement d’accord avec lui sur le FC Bâle. Ce club est le plus antipathique de Suisse. Je ne sais pas pourquoi mais YB, Zurich, GC, Lucerne ou même St-Gall me sont nettement plus sympathiques.

  13. hei ei ei no mauu!!!
    Mes 2 equipes de coeur finissent leurs beau (enfin parfois, faut pas exagerer) parcours contre ces memes Baloi$.. En tout cas on est vraiment maudit du cote de Berne en foot! immer wiider dr glieche schei$$e depuis 25 ans 🙁 Pis c’est pas cette annee qu’on va pauffiner notre coeff. uefa mais bon, tant pis.
    Mir si di treu
    hopp YB quand meme hein 🙂

  14. @Romand
    Non, tous les romands n’adorent pas Bâle(la ville). Cette ville est totalement dépourvue de charme, à l’image de sa fameuse banque, l’UBS, elle pue. La culture aussi est surtout téléguidée par la chimie et l’argent. Résultat, à Bâle il y a surtout des machins réservés aux castes de l’élite. Mais t’as raison, le truc sympa à Bâle, c’est les frontières, t’es vite loin.

  15. « Bâle et ses dix millions de déficit annuel  »

    Ben mémé Oeri offre le déficit aux FCB. Je ne vois pas ou est le problème. Les comptes sont équilibrés. Le fooball suisse est un des plus exigeants en matière de santé financière des clubs, mais c’est dans l’ahbitude du site de dégommer tout ce qui ne plaît pas aux rédacteurs sans se renseigner.

  16. Il est ou le problème avec le déficit, cette année, au FCB?!? C’est exceptionnel et grandement lié au licenciement de Gross (ben oui, faudrait que CC montre à Gigi comment on fait un contact en bois pour son entraîneur…).
    En bref, j’vois pas ou est l’problème dans les rapports Oeri-FCB. Je serait plus dérangé par la revente de club à des pseudo-mécènes provenant du pétrole ou d’ailleurs (cf ManU…) et par la capitalisation boursière, jeu avec lequel ton BVB s’est littéralement « vautré », mon cher Julien…
    Donc on polémique un peu gratuitement, là…

    Pour ce qui est des critiques sur le championnat suisse, franchement, je trouve ça d’une nullité… Moi aussi je vénère la Bundesliga et trouve qu’un match de Champions League ça passe souvent bien. Et non, la LNA n’est pas et ne sera jamais dans les meilleures championnats européens. Mais bon, y’a tout de même eu de bons (voire d’excellents) matchs, et le championnat fut haletant, particulièrement sa deuxième partie. Quelqu’un pour dire le contraire? Enfin, quelqu’un qui a vu et peut par conséquent me contredire? Les supporters de canapé, fans du Barça parce que c’est à la mode… surtout ne changez rien, continuez à zapper, sans rien y comprendre.

    Ah, j’oubliais: MIR SIND MAISCHTER !!!

    LG

  17. @Dad
    Si jamais historiquement l’UBS c’est Zurich. Bâle est la ville de la SBS (absorbée par l’UBS c’est vrai). Le centre de Bâle vaut le détour, de plus la ville offre de nombreux espaces verts. Enfin chacun son truc.

  18. @keca : mouais, Bern l’est tout autant, sans parler de St-Gall ou même (et ça me fait mal au ***) Sion (enfin là c’est plutot un canton…

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