Les révoltés de Bom Senso FC, dignes fils de Socrates

Le FC Bom Senso, le mouvement de révolte orchestré depuis 2013 par une centaine de joueurs professionnels brésiliens ne faiblira pas. Il s’accorde juste une trêve durant la Coupe du monde. Mais le club des mécontents du «Brasileirão» tient son os et ne va pas le lâcher de sitôt. Plusieurs revendications ont été fermement adressées à la Confédération, la toute puissante CFB.

Il faut savoir qu’au Brésil, la majorité des clubs ne joue en moyenne que 17 matchs par saison. Sur 20’000 professionnels, environ 16’000 reçoivent ainsi moins de deux fois le salaire minimum et sont au chômage six mois par an. En revanche, les clubs de l’élite peuvent aligner jusqu’à 85 matchs pour la même période (droits TV et contrats pub obligent !)

Inspirés par les contestations sociales de juin 2013 en marge de la Coupe des Confédérations, les joueurs du championnat de première division ont manifesté leur mécontentement. En première ligne, les sociétaires des gros clubs qui en ont marre d’être pris pour des bêtes de somme. Devant le refus des autorités sportives à établir un dialogue constructif, les joueurs ont ensuite passé la vitesse supérieure: grèves sur le terrain, bras croisés, assis ou faisant une minute de silence, ou se passant la balle sans bouger sur la pelouse. Les arbitres, dépassés par les événements, ont sanctionné en brandissant des cartons à tout va. Rien n’y a fait. Du Nord au Sud, les joueurs ont fait passer le message.

Effet boule de neige

Une nouvelle étape a été franchie avec la création d’un club, Bom Senso FC (Le bons sens FC). Parmi les membres fondateurs, 80 joueurs de l’élite dont les cracks Dida, Alex, Bruno, Rogério, Ceni ou Paulo André. Plus de 1000 joueurs de toutes divisions confondues, des entraîneurs, des dirigeants, se lâchent et crient désormais leur ras-le-bol au sujet de la mainmise de la Confédération sur les juteux revenus générés par le football, sur les calendriers entre autres. Le mouvement est soutenu par quelques joueurs de la Seleção comme Neymar et les ex-stars internationales Romario et Ronaldo. Leur mot d’ordre: «pour un football meilleur pour tous».

Au bord du «collapse»

Le calendrier du football brésilien est gargantuesque, insensé et confus. Il exige que les footballeurs entrent sur la pelouse toutes les 72 heures. Ce rythme démesuré cause de nombreuses blessures, contusions, déchirures musculaires etc., faute de temps de récupération entre les matchs. Les déplacements sont interminables d’un stade à l’autre dans ce gigantesque pays (3140 kilomètres à vol d’oiseau entre Manaus et Porto Alegre !).
A titre d’exemple, en 2013, Corinthians était engagé dans cinq compétitions officielles et a disputé 79 matchs au terme de l’exercice. Dans le même laps de temps, Barcelone en a joué 60. La cause de ce rythme infernal? Les sommes astronomiques lâchées par les chaînes de TV (Red OGlobo, principalement) pour les droits de retransmissions. En dénonçant ce genre d’absurdités, les joueurs entendent bien faire valoir leurs droits élémentaires.

Leurs exigences sont légion mais légitimes: agencement des calendriers avec sept matchs au maximum par mois (au lieu 9 actuellement), un mois complet d’arrêt et de repos. Une pré-saison plus longue (4 à 6 semaines), des garanties de versements de salaires réguliers et ce en veillant à l’équilibre des finances des clubs, la mise en place d’une commission composée de joueurs et d’entraîneurs au sein de la CBF. La Confédération a déjà fait savoir que, pour cause de Coupe du monde, il sera de toute façon impossible de bouleverser le calendrier de la prochaine saison.
Ce Brasileirão 2014 s’est donc achevé sur un goût amer mais les contestations reprendront au-delà de la Coupe du Monde. Car Bom Senso FC attend désormais des signes forts de la part de la CBF qui n’a, de son côté, pas l’intention de céder à ces requêtes qu’ils qualifient de caprices.
Mais l’action de Bom Senso est gentiment en train de s’étendre à d’autres sports, comme le basketball et le volleyball qui se mobilisent pour exiger également plus de respect des droits des joueurs sans qui, il est bon de le rappeler, ces messieurs les dirigeants en complet-cravate – qui mangent des petits fours dans les salons climatisés des stades – ne seraient rien !

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10 Commentaires

  1. Oh les pauvres chous…

    Pendant ce temps, les hockeyeurs et basketteurs en Amérique du Nord enquillent plus de 80 matchs par saison sans compter les playoffs ainsi que les kilomètres qui vont avec, et sans sourciller. Même topo chez les juniors.

    Le jour où les footeux seront des hommes, des vrais…

  2. C’est pas tout à fait comparable, au niveau de la débauche d’énergie, mais surtout ça démontre un problème, quelque soit le sport.

    Trop de matchs pour contenter les sponsors, trop de match inutiles avec des enjeux superficiels.

  3. Mr Jinks
    le temps de récupération après un match de foot, ou de basket et de hockey n’est pas le même.
    Le football est plus exigeant pour les organisme. Celui qui a testé ces trois sports sera d’accord.

  4. En parlant de la toute puissance de TV Globo, ce sont également eux qui imposent des coups d’envoi à 22h, pour cause de Telenovela à 21h ! Ici c’est le Brésil….

  5. Mr Jinks a-t-il déjà joué au foot plus de 15 minutes sur un vrais terrain de foot…? La question mérite d’être posée =)

  6. Vous vous foutez de moi ? Les 15 minutes, ça comprend les 13 minutes où tu marches à défaut de trottiner pour te replacer ?

    Vous avez raison, ce n’est pas comparable. Le hockey est bien plus éprouvant.

    Pour votre gouverne, j’ai pratiqué les 2 sports.

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